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ABEILLAGE, ABOILAGE, substantif masculin.

Publié le 27/09/2015

Extrait du document

ABEILLE, substantif féminin.  

Insecte hyménoptère vivant en colonie et produisant la cire et le miel. 

A.—  ENTOMOLOGIE et.  langue commune : 

Ø 1. Dans le calice d'une fleur

La guêpe un jour voyant l'abeille, 

S'approche en l'appelant sa soeur.

JEAN-PIERRE CLARIS DE FLORIAN, Fables, La Guêpe et l'abeille, 1792, page 190. 

Ø 2. C'est parmi les hyménoptères que se trouvent les insectes les plus industrieux, et notamment les abeilles.

GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée,  1805, page 87. 

Ø 3. La raison est abeille, et l'on n'exige d'elle que son produit; son utilité lui tient lieu de beauté. Mais l'esprit n'est qu'un papillon, et un esprit sans agrément est comme un papillon sans couleurs : il ne cause aucun plaisir.

JOSEPH JOUBERT, Pensées,  1824, page 165. 

Ø 4. Lorsque sous la colline, au creux de la prairie,

Je puis errer enfin, tout à ma rêverie,

Comme loin des frelons une abeille à son miel,

Et que je suis bien seul en face d'un beau ciel;

Alors...

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Poésies complètes, Promenade, 1829, page 78. 

Ø 5. Chaque flot du temps superpose son alluvion, chaque race dépose sa couche sur le monument, chaque individu apporte sa pierre. Ainsi font les castors, ainsi font les abeilles, ainsi font les hommes. Le grand symbole de l'architecture, Babel, est une ruche.

VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris,  1832, page 132. 

Ø 6. Ces animaux apprivoisés avaient l'air de lui faire cortège et de comprendre son amitié pour eux. Je n'aurais pas été étonné de le voir suivre par les abeilles et par les insectes de l'enclos.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Le Tailleur de pierre de Saint-Point, 1851, page 443. 

Ø 7. Ni l'araignée, hydre étoilée,

Au centre du mal se tenant,

Ni l'abeille, lumière ailée, 

Ni la fleur, parfum rayonnant;

Ni l'arbre où sur l'écorce dure

L'amant grave un chiffre d'un jour,

Que les ans font croître à mesure

Qu'ils font décroître son amour.

VICTOR HUGO, Les Contemplations, Magnitudo parvi, 1856, page 317. 

Ø 8. La solidarité profonde, merveilleuse, qui existe dans les insectes supérieurs (abeilles, fourmis, etc.), ne se trouve point chez les oiseaux. Les bandes y sont communes, mais les vraies républiques, rares.

JULES MICHELET, L'Oiseau,  1856, page 291. 

Ø 9. Puis comme elle avait fait la veille,

Au joug du labeur se mettant,

Cigale en même temps qu'abeille, 

Elle travaillait en chantant

HENRI MURGER, Les Nuits d'hiver, Marguerite, 1861, page 84. 

Ø 10. Le fait est que les anglaises sont d'adorables filles. Cette blondeur douce (...); cette taille si harmonieusement grecque : non pas une taille d'abeille prétentieuse, mais une taille d'ange qui reploierait ses ailes sous son corsage!

STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance,  1862, page 27. 

Ø 11. Dans l'exemple qui nous occupe, la nature veut donc, en vue de la fécondation croisée, que l'accouplement du faux bourdon et de la reine abeille ne soit possible qu'en plein ciel.

MAURICE MAETERLINCK, La Vie des abeilles,  1901, page 225. 

Ø 12. Les bourdons, ces grosses abeilles velues, sonores, effrayantes mais pacifiques et que nous connaissons tous, sont d'abord solitaires.

MAURICE MAETERLINCK, La Vie des abeilles,  1901 page 287. 

Ø 13. Mais que ne devrait pas savoir le petit scarabée dont on a si souvent raconté l'histoire, le sitaris? Ce coléoptère dépose ses oeufs à l'entrée des galeries souterraines que creuse une espèce d'abeille, l'antophore.

HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice,  1907, page 147. 

Ø 14. Ainsi, l'étude comparative qu'on a faite, dans ces dernières années, de l'instinct social chez les diverses apides établit que l'instinct des méliponines est intermédiaire, quant à la complexité, entre la tendance encore rudimentaire des bombines et la science consommée de nos abeilles : pourtant entre les abeilles et les méliponines il ne peut pas y avoir un rapport de filiation.

HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice,  1907 page 172. 

Ø 15. La meilleure abeille ed' not' jardin, ça n'est plus rien qu'un' mouche sitôt qu'elle a perdu sa ruche...

ROGER MARTIN DU GARD, La Gonfle,  1928, III, 1, page 1217. 

Ø 16. Des avions ronflent dans le ciel, comme des abeilles.

PAUL MORAND, Londres,  1933, page 137. 

Ø 17. Si « l'architecte le plus malhabile se distingue de l'abeille la plus experte en ce qu'il porte d'abord la maison dans sa tête », tandis que l'abeille ne construit sa ruche que dans une suite de moments extérieurs les uns aux autres, c'est que la présence de la triple extériorité du temps dans le projet humain du travail en fait une extase...

JULES VUILLEMIN, L'Être et le travail,  1949, page 22. 

Remarque : 1. Le mot abeille fonctionne généralement en opposition avec des noms d'animaux (confer exemple 5), des noms d'insectes (confer exemples 1, 3, 4, 9, 11, 12, 15) ou encore avec des termes généraux (exemples 2, 6, 8) et des noms scientifiques (exemples 13, 14), abeille étant un terme intermédiaire entre hyménoptère (plus généralement) et anthophore (plus particulier). 2. Abeille est en opposition avec les noms d'êtres ou de choses avec lesquels elle présente des points communs : petitesse, bruit, mode de vie, supériorité, etc.; d'où des comparaisons fréquentes chez de nombreux auteurs entre l'abeille, l'homme et l'univers. 3. Aucune attestation, dans la documentation, des synonymes traditionnels relevés par les dictionnaires des synonymes et appartenant à des niveaux de langue différents : mouche à miel (courant et populaire), avette (vieilli et dialectal), apis (sciences). 4. Dans l'exemple 3 abeille, sans article, prend une valeur de qualificatif. 

—  Associations syntagmatiques.

 Syntagmes les plus fréquents

a) Verbes dont abeilles(s) est le sujet :

bourdonner (É. ZOLA, Une page d'amour, 1878, page 1077)

butiner (A. GIDE, Les Nourritures terrestres, 1897, page 189)

travailler (H. BARBUSSE, Le Feu, 1916, page 96) confer aussi exemple 9

voler (M. DESBORDES-VALMORE, Œuvres poétiques, 1833, page 6)

chanter (R. ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1565)

ronfler (H. POURRAT, Gaspard des montagnes, Le Château des sept portes, 1922, page 148); confer aussi exemple 30

b) Adjectif construit avec abeille :

domestique (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 139)

petite (J. GREEN, Journal, Les Pays lointains, 1928-1930, page 294)

sauvage (J.-R. BLOCH, Destin du siècle, Seconds essais pour mieux comprendre mon temps, 1931, page 35)

prompte (CharlesMarie LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1874, page 169)

travailleuse (P. REIDER, Mademoiselle Vallantin, 1862, page 45)

laborieuse (F.-R. DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 4, 1848, page 586)

infatigable (L.-C. DE SAINT-MARTIN, L'Homme de désir, 1790, page 315)

experte (J. VUILLEMIN, L'Être et le travail, 1949, page 22)

matinale (A. DE LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, page 990)

joyeuse (V. HUGO, Les Feuilles d'automne, 1831, page 792)

blonde (Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 2, 1834, page 162)

c) Substantif associés à abeille :

ruche (P. VIDAL DE LA BLACHE, Principes de géographie humaine, 1921, page 205)

miel (A. DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 38); confer aussi exemple 4

nectar (A. CHÉNIER, Bucoliques, 1794, page 257)

bourdonnement (H. BOSCO, Le Mas Théotime, 1945, page 89)

murmure (A. BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve, 1939, page 174)

bruit (Charles GUÉRIN, Le Coeur solitaire, 1904, page 70)

activité (J. MICHELET, L'Insecte, 1857, page 300)

essaim (R. MARAN, Batouala, 1921, page 176); confer aussi exemple 31

cellule (E. MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 428)

rayon (A. DE LAMARTINE, Harmonies poétiques et religieuses, 1830, page 385)

colonie (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 117)

élevage (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 1)

éleveur (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 30)

2. Il a paru intéressant de relever quelques syntagmes rares rencontrés dans la documentation.

a) Sexe :

la mère-abeille (J. MICHELET, L'Insecte, 1857, page 320)

l'abeille-mère (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 2, 1923, page 38)

la reine abeille (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 156)

une abeille-reine (H. POURRAT, Gaspard des montagnes, A la belle bergère, 1925, page 250)

roi des abeilles (J. BARBEY D'AUREVILLY, Premier mémorandum, 1838, page 161)

jeune roi d'abeilles (P. CLAUDEL, La Ville, 1re.  version, 1893, page 408)

b) Qualités physiques de l'abeille :

mielleuse abeille (A. CHÉNIER, Bucoliques, 1794, page 303)

cuivrer une abeille (J. BARBEY D'AUREVILLY, Premier mémorandum, 1838, page 208)

couper une abeille en deux (Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Mes Poisons, 1869, page 101)

abeille camuse (Ch.-M. LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, 1874, page 231)

abeilles de phosphore (SAINT-JOHN PERSE, Exil, 1942, page 292)

la taille d'une abeille (COLETTE, La Maison de Claudine, 1922, page 68)

abeilles jaunes,... (ANATOLE FRANCE, Sur la pierre blanche, 1905, page 208)

c) Qualités morales de l'abeille. —  Le mot abeille est accompagné dans la plupart des textes d'épithètes à valeur laudative (généralement abeille laborieuse, active, rapide, prévoyante, etc.). Il a semblé intéressant de noter les exemples dans lesquels les qualificatifs attribués à l'insecte sont dépréciatifs :

perfide abeille (H. DE BALZAC, Correspondance, 1832, page 144)

abeille prétentieuse (S. MALLARMÉ, Correspondance, 1871, page 27)

abeilles ténébreuses (V. HUGO, Les Misérables, 1862, page 410)

abeille importune, imprudente (R. DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, page 291)

insensible abeille (COLETTE, L'Envers du Music-hall, 1913, page 77)

d) Activité ou organisation :

l'abeille picore (Ch.-A. SAINTE-BEUVE, Poésies, 1829, page 104)

maîtresses-abeilles (J. MICHELET, L'Insecte, 1857, page 332)

abeilles qui taraudent leur nid (M. MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 284)

les abeilles nidifient (J. DE GAULTIER, Le Bovarysme, 1902, page 143)

des abeilles qui mellifient (M. BARRÈS, Colette Baudoche, 1909, page 146)

vrombissement d'abeilles (M. GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 313)

zonzonnement des abeilles (F. FOCH, Mémoires, tome 1, 1929, page 52)

unités abeilles (P.-J. PROUDHON, Qu'est-ce que la propriété?, 1840, page 319)

la monarchie des abeilles (L. MENARD, Rêveries d'un paien mystique, 1876, page 142)

une république d'abeilles (ANATOLE FRANCE, Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1881, page 414)

e) L'abeille et ses relations :

—  En relation avec les plantes :

ophris-abeille (G. DUHAMEL, Chroniques des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 159)

arbres à abeilles (J. DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'état de New-York, 1801, page 46)

—  Espèces d'abeilles :

abeille arcture (G. APOLLINAIRE, Alcools, 1913, page 137)

abeilles coupeuses de feuilles (G. CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, 1805, page 316)

—  En relation avec l'être humain :

femme abeille (V. HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 296)

charmeur d'abeilles (L. CLADEL, Ompdrailles, 1879, page 218)

chasseur d'abeilles (Ch. GUÉRIN, Le Coeur solitaire, 1904, page 177)

au magasin des abeilles (A. GIDE, Souvenirs de la Cour d'Assises, 1913, page 649)

—  Espace et temps :

à vol d'abeille (J. VERNE, Le Tour du monde en 80 jours, 1873, page 186)

en ligne d'abeille (ANATOLE FRANCE, Balthazar, 1889, page 180)

une ligne d'abeille (J. GREEN, Journal, 1935, page 141); ligne d'abeille est la traduction littérale et fautive de l'américanisme bee-line « route la plus courte pour se diriger d'un point à l'autre »; faute de Baudelaire dans ses traductions d'E. Poë

un temps d'abeilles (G. BATAILLE, Maman Colibri, 1904, page 15) « très beau temps permettant aux abeilles de sortir de la ruche »

—  Astres :

abeilles-comètes (V. HUGO, La Légende des siècles, 1859, page 908) 

Remarque : Journet-Petit 1966 remarquent que abeille est \" souvent employé en vers et surtout dans la poésie descriptive, parce que les travaux et les moeurs des abeilles offrent des comparaisons gracieuses (confer Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 qui donne de nombreux exemple) \". 

B.—  Au figuré. 

1. Écrivain au style pur comme le miel (confer historique) : 

Ø 18.... la Cyropédie me paraît être, à peu de chose près, le vrai modèle des romans historiques. Je dis à peu de chose près, parce que les endroits où la narration m'y semble déparée par des détails minutieux, ou par un badinage de mauvais goût, sont rares, et peut-être même ennoblis dans le texte par le choix exquis, la douceur, la pureté du style de celui que les Grecs appelaient l'abeille.

JEAN-FRANÇOIS MARMONTEL, Essai sur les romans,  1799, page 351. 

Ø 19. D'Andilly, par la façon heureuse dont il enchaîne et assortit ces simples histoires, en peut être dit le Rollin et enchante comme lui : c'est l'abeille des déserts.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 280. 

Ø 20. C'est l'abeille de la France. Un tel éloge, dans la bouche de Montesquieu, à l'égard de Rollin, ressemble à une noble et bonne action, et mouille vraiment les yeux de larmes.

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 545. 

2. Terme d'affection, de tendresse pour désigner une personne : 

ma pauvre abeille (Jean-Paul Sartre, Les Mains sales, 1948, page 60) 

ma petite abeille (Jean-Paul Sartre, Les Mains sales, 1948, page 116) 

ma petite pauvre abeille (Jean-Paul Sartre, Les Mains sales, 1948, page 134) 

C.—  Emplois techniques. 

1. [Par référence à la forme de l'insecte] 

a) ASTRONOMIE.  Constellation australe appelée aussi mouche indienne (Dictionnaire universel françois et latin contenant la signification et la définition avec des remarques d'érudition et de critique (DICTIONNAIRE DE TRÉVOUX) 1771 et Dictionnaire de la langue française (Émile Littré)). 

b) BRODERIE.  Point d'arrêt en forme d'abeille stylisée \" Broderie plate, faite avec un cordonnet de soie. Sa forme et la disposition des brins de cordonnet lui donnent l'aspect schématique de l'abeille. \" (Vie et Langage 1966, n° 169, page 226) : 

Ø 21. Un autre [smoking] a ses découpes, le coin de ses poches marqué d'une « abeille » brodée [chez le couturier O' Rossen] .

Article Mode, L'Œuvre.  31 mars 1941. 

c) HÉRALDIQUE. (Confer historique B 2) : 

Ø 22. En 1817, dans les contre-allées de ce même champ de Mars, on apercevait de gros cylindres de bois, gisant sous la pluie, pourrissant dans l'herbe, peints en bleu avec des traces d'aigles et d'abeilles dédorées. C'étaient les colonnes qui, deux ans auparavant, avaient soutenu l'estrade de l'empereur au champ de Mai.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 144. 

d) JOAILLERIE.  Dans l'expression. épingle-abeille : 

Ø 23. 25 samedi. Noël. Point d'Institut. Extrait Élie Benoit, rendu le manuscrit à M. Haag; puis, au Palais-Royal, cherché une épingle-abeille pour ma femme.

JULES MICHELET, Journal,  1858, page 449. 

—  Association syntagmatique : 

abeilles d'or (Louis Bertrand, dit Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit, 1841, page 224; Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1848, page 8; François-René de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 547) 

semé(e) d'abeilles (Émile Zola, La Bête humaine, 1890, page 275) 

variante: parsemé d'abeilles (en or) (Louis-Ferdinand Céline, Mort à crédit, 1936, page 161) 

semis d'abeilles (Céline Buisson de La Vigne, vicomtesse de Chateaubriand, Mémoires et lettres, 1847, page 120) 

2. Nid d'abeilles [Par référence à la forme des alvéoles construites par les abeilles et dont l'ensemble forme un nid d'abeilles] 

a) AUTOMATIQUE et AVIATION.  Radiateur en nids d'abeilles : 

Ø 24. (les) Radiateurs en « nids d'abeilles »... sont des radiateurs à tubes d'air accolés par soudure à leur extrémité,...

JEAN GUILLEMIN, Précis de construction, calcul et essai des avions et hydravions,  1929, page 214. 

b) COUTURE ou INDUSTRIE DU TEXTILE.  Pour désigner un ornement en forme de nids d'abeilles (appelé aussi smock) obtenu par le travail du tissu : tissu, serviettes en nids d'abeilles. 

3. [Par référence aux mouvements de l'abeille, et peut-être à la danse qu'elle effectue pour communiquer des informations à ses compagnes]  Nom d'une danse égyptienne, réputée lascive : 

Ø 25. Un jour que le vent fraîchissant enflait les voiles et que les matelots chantaient en jouant du darabouk autour de l'un d'eux qui dansait l'abeille, j'entendis de grandes clameurs sortir des eaux.

MAXIME DU CAMP, Le Nil, Égypte et Nubie,  1854, page 105. 

Ø 26. Nous obtenons la danse de l'abeille, purement inepte!

EUGÈNE FROMENTIN, Voyage en Égypte,  1869, page 107. 

4. [Par référence au sifflement des ailes d'un essaim en vol. Dans le langage populaire]  Balle, éclat d'obus : 

Ø 27. Plus perfides que les sifflements d'obus, les abeilles nous passent au-dessus de la tête, mais lui-même ne se presse nullement.

HENRY BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux,  1916, page 63. 

Remarque : 1. Confer le rapprochement abeilles et balles : 

Ø 28. Aussi la laissa-t-il au fond du jardin, assise par terre en plein soleil, devant une ruche dont les abeilles ronflaient comme des balles d'or sur son cou, le long de ses bras nus, dans ses cheveux, sans la piquer.

ÉMILE ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret,  1875, page 1271. 

Ø 29. Parfois les balles nous accompagnaient comme un essaim d'abeilles et l'eau semblait prolonger leur plainte.

HENRY BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux,  1916, page 45. 

(Emploi enregistré dans \"Le Poilu tel qu'on le parle\" (GASTON ESNAULT) 1919. Confer historique B 8 et 9).

2. Par référence à l'activité de l'abeille, le mot est devenu nom propre de sociétés, de journaux, etc. : 

Ø 30. 26 lundi. Remercié M. Chennevières de son article dans l'Abeille.

JULES MICHELET, Journal,  1857, page 362. 

Ø 31. De cet instant la guerre fut déclarée, Bar prenant partie pour l'Abeille, Commercy se rangeant tout entier sous les étendards de la Mouche; les deux journaux semaient la haine et l'incendie aux quatre coins du département,...

GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, page 226. 

Confer en outre, comme noms de journaux : 

·    l'Abeille de la Nouvelle-Orléans (Victor Hugo, Correspondance, 1866, page 256). 

·    l'Abeille d'Étampes (Henri Barbusse, Le Feu, 1916, page 190). 

 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 513. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 524, b) 2 421; XXe.  siècle : a) 3 590, b) 1 676. 

ABEILLAGE, ABOILAGE, substantif masculin.  

I.—  DROIT.  Dans le langage féodal, droit seigneurial sur les abeilles et leurs productions. 

II.—  En dehors de la langue du droit.  

A.—  Élevage des abeilles (synonyme : apiculture, seul employé au XXe.  siècle, confer historique). 

B.—  Essaim d'abeilles (synonyme : abeillon, tous deux inusités au XXe.  siècle, confer historique). 

 

ABEILLÉ, -ÉE, adjectif.  

ARMOIRIES.   [En parlant d'un objet, généralement un vêtement]  Garni d'abeilles : 

Ø 1. Le manteau impérial était abeillé.

Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ). 

Ø 2. Manteau abeillé d'or.

Dictionnaire des dictionnaires (PAUL GUÉRIN)  1892. 

 

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