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ABOYEUR, -EUSE, substantif et adjectif.

Publié le 27/09/2015

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ABOYEUR, -EUSE, substantif et adjectif. 
I.— [En parlant d'un animal ou d'une personne] Qui aboie ou pousse des cris semblables à l'aboiement. 
A.— CYNÉGÉTIQUE. [En parlant du chien de chasse] Qui aboie à la vue du sanglier, sans s'en approcher (confer Dictionnaire de l'Académie Française 1835) : 
Remarque : L'Encyclopédie tome 1, 1751 définit ainsi aboyeur : \" c'est ainsi qu'on nomme des chiens qui annoncent la présence ou le départ du sanglier, ou d'une autre bête chassée, qui ne manquent jamais de donner à sa vue et d'avertir le chasseur \". Dictionnaire universel françois et latin contenant la signification et la définition avec des remarques d'érudition et de critique (dictionnaire de Trévoux) 1771 distingue parmi les chiens les aboyeurs, les trouveurs, les veneurs, les muets (confer chacun des vocables). 
— Emploi adjectival. Des dogues aboyeurs. « Rien n'empêche d'employer aboyeur au féminin : aboyeuse. » (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ) ). 
Remarque : Dogue aboyant (confer aboyant) est plus fréquent. 
Ø 1. L'aboyeuse Gorgô vole et grince des dents
Par la plaine où le sang exhale ses buées.
CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes barbares, Le Combat homérique, 1878, page 45. 
Ø 2.... les moutons ondulent, pourchassés par des chiens aboyeurs...
ELSA TRIOLET, Le Premier accroc coûte deux cents francs, 1945, page 375. 
B.— ORNITHOLOGIE. \" Nom usuel d'un oiseau du genre chevalier, dit aussi \" chevalier gris \", dont le cri a quelque rapport avec l'aboiement du chien. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 
C.— Par extension. [En parlant de personnes gagnant leur vie par des cris] Qui lance des cris semblables à un aboiement, qui fait le boniment : 
Ø 3. Terme de mépris. Nom que l'on donne aux crieurs des rues, et qui servoit, pendant la Révolution, à désigner les esprits exagérés, que les chefs de parti mettoient en avant pour exciter le peuple à l'insubordination et à la révolte.
JEAN-FRANÇOIS ROLLAND, Dictionnaire du mauvais langage, 1813, page 2. 
Ø 4.... les remords du connétable de Bourbon n'exciteraient pas moins l'intérêt et l'admiration du peuple, qui ne connaît les noms célèbres de notre histoire que parce que les héritiers des hommes qui les ont illustrés se font appeler quelquefois par les aboyeurs à la porte de nos spectacles.
VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 269. 
Ø 5.... les détenus, dits aboyeurs, qui appellent les autres détenus au parloir, se font payer deux sous par le prisonnier pour crier son nom distinctement. C'est un vol.
VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 588. 
Ø 6. Aboyeur : Commissionnaire appelant les voitures au départ du champ de courses. — « Les aboyeurs malins connaissent leur personnel. » (Paffon [lire Laffon] , [18] 80).
Les excentricités du langage français (LORÉDAN LARCHEY) 1872, page 2. 
Ø 7. Employé chargé d'avertir et d'appeler les acteurs en scène... Sa façon d'appeler sur un ton généralement aigu et d'une voix monocorde ressemble souvent à un aboiement, d'où le surnom.
HUBERT GENIN, Le Langage des planches, 1911, page 9. 
Ø 8. Aboyeur, Sous-officier (Et « tout type qui commande et crie tant soit peu »; 40e. article, octobre 1918).
DICTIONNAIRE HISTORIQUE DES ARGOTS FRANÇAIS (GASTON ESNAULT) Notes complémentaires au \"Poilu tel qu'on le parle\" (Gaston Esnault) [1919] 1957 1919, page 229. 
Ø 9. Il y avait quelqu'un qui, ce soir-là comme les précédents, pensait beaucoup au duc de Châtellerault, sans soupçonner du reste qui il était : c'était l'huissier (qu'on appelait dans ce temps-là « l'aboyeur ») de Mme. de Guermantes.
MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 634. 
— Syntagmes stylistique : 
·  Aboyeuse de guillotine : 
Ø 10.... ces furies qu'... on appelait (en 1793) les aboyeuses de guillotine... (payées pour) suivre les charrettes... (et) accabler ces malheureux d'injures et d'imprécations, pour éviter que le peuple s'émût en leur faveur.
LOUIS-FRANÇOIS RABAN, DIT SIR PAUL ROBERT, Les Mystères du Palais-Royal, 1845, II, page 6. 
·  Aboyeurs de journaux : 
Ø 11. Mardi 23 janvier. Je me rends au dîner du Temps, au milieu des vociférations d'aboyeurs de journaux, criant la démission du ministère.
EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1883, page 228. 
·  Aboyeur de trottoir : 
Ø 12. Aboyeur de trottoir : Les camelots qui aboient les journaux, le cours de la Banque et de la Bourse, cinquante chansons nouvelles pour un sou.
CHARLES VIRMAÎTRE, Dictionnaire d'argot fin-de-siècle, Supplément 1899, page 10. 
D.— Au figuré, familier, [En parlant de pers] Qui harcèle de cris, de criailleries importunes : 
Ø 13. Hier.
— Gavarni nous avait dit qu'il y avait une belle chose à faire : une série contre le prêtre; que cela était difficile, qu'il ne fallait pas avoir l'air d'être de la bande des oppositionnistes et des aboyeurs...
EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1853, page 107. 
Ø 14. Ces phénix-là, qu'ils se lèvent! Aucun d'eux, j'en suis sûr, ne décrochera le soleil! on les a vus à l'oeuvre, ces aboyeurs, ces dévorants. Si le piqueur qui les a si souvent fouaillés n'est plus là, nous y sommes encore, et por dios! On apprendra que nous avons aussi, nous, tout ce qu'il faut pour tenir un fouet et pousser les chiens au chenil!
LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 85. 
Ø 15. Elle invita le directeur du journal qui menait la meute des aboyeurs;...
ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Les Amies, 1910, page 1240. 
Remarque : Dictionnaire de l'Académie Française 1835 donne les exemples suivants : \" Ce créancier est un dangereux aboyeur. Ce critique n'est qu'un aboyeur. Un aboyeur fatigant Il est familier dans les deux acceptions \" 
E.— Argot. [En parlant d'une arme] Qui par son bruit rappelle l'aboiement du chien : 
Ø 16. Aboyeur, substantif masculin pistolet revolver. Faisons bamboche et si les flics nous emmouscaillent, nous sommes parés, ils seront reçus à coups d'aboyeur.
ÉVARISTE NOUGUIER, Notes manuscrites interfoliées au dictionnaire de Delesalle, 10-01-1900, page 3. 
Ø 17. Le canon de 75, à lui seul, est tour à tour, — d'après son bruit l'aboyeur, le râleur, le roquet, — ...
ALBERT DAUZAT. L'Argot de la guerre, d'après une enquête auprès des officiers et soldats. 1918, page 74. 
II.— Vieux. Celui qui désire, qui poursuit ardemment une chose. 
— « Un aboyeur d'emplois, de bénéfices. Ce sens a vieilli. » (Dictionnaire de l'Académie française. 1835). 
— « Un aboyeur de places. Un aboyeur de successions. Un aboyeur de fortunes. » (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 
 
 
 
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 30. 


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