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ABSOLUTION, substantif féminin. Définition.

Publié le 28/09/2015

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ABSOLUTION, substantif féminin.  

I.—  Sens religieux. 

A.—  THÉOLOGIE.  Sentence par laquelle le confesseur, dans le sacrement de pénitence, remet les péchés au pénitent : 

Ø 1.... je vous rappellerois avec les historiens que la reine Jeanne étoit mineure; (...) que le contrat dont nous parlons étoit le prix de l'absolution qu'elle négocioit avec le pape, au tribunal duquel elle étoit citée pour le meurtre de son mari...

MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE, Discours, Pétition du peuple avignonais, 1790, page 587. 

Ø 2. Le pape lui donna l'absolution en lui imposant pour condition de se réconcilier avec l'archevêque de Mayence et tous ceux à qui il avait fait tort, de construire et de doter un monastère au lieu de ceux qu'il avait brûlés, de faire publiquement amende honorable sur les ruines de Fritzlar, et enfin d'entrer lui-même dans un ordre religieux.

CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231),  1836, page 293. 

Ø 3. Mais au bout de sa confession que, dans son innocence, Richepin croyait effroyable, le confesseur des chenapans sortit de son confessionnal, l'embrassa, lui dit : « Je t'administrerai le coup de torchon —  l'absolution —  samedi et nous mangerons ensemble le Bon Dieu dimanche. »

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  mai 1882, page 174. 

Ø 4. Enfin, reprit-il, et si, à la Trappe, le moine, révolté par l'outrage prolongé de mes fautes, me refuse l'absolution et m'empêche de communier?

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 246. 

Ø 5. La pénitence fut lourde, l'absolution ajournée.

PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz,  1902, page 192. 

Ø 6.... le visage impénétrable, la main droite levée, il murmurait la formule de l'absolution.

ROGER MARTIN DU GARD, In memoriam,  1920, page 567. 

Remarque : Le prêtre donne l'absolution (exemple 2) ou administre l'absolution (exemple 3). L'absolution est une formule que le prêtre accompagne d'un geste de bénédiction (exemple 6). L'absolution peut être refusée (exemple 4), ajournée (exemple 5), donnée sous certaines conditions (exemple 2) et a pu même être négociée (exemple 1). 

B.—  DROIT CANON.  \" Sentence écclésiastique qui, revêtue de certains caractères et d'une certaine solennité, relève une personne de l'excommunication et des autres censures qu'elle avait pu encourir. \" (Dictionnaire des dictionnaires (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892). 

C.—  LITURGIE.  Courte prière qui termine chaque nocturne des matines et les heures canoniales. 

II.—  Par extension, langage courant.  Effacement d'une faute dont on obtient le pardon, la rémission : 

Ø 7. Adieu, ma chère amie; je t'embrasse, et donne-moi l'absolution, avec Eugénie, de ma très vénielle faute.

MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance,  1835, page 234. 

Ø 8. La direction jésuite n'est point sévère, elle n'a pas la dureté que lui prête le préjugé populaire : elle est plutôt faite à l'image du gouvernement romain, de ce gouvernement généralement doux, un gouvernement d'indulgence presque paternelle et de facile absolution pour les fautes qui ne s'attaquent pas à son principe,...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Madame Gervaisais,  1869, page 189. 

Ø 9.... le fond de tout notre système philosophique et littéraire, c'est l'absolution de tout ce qui est humain.

ERNEST RENAN, L'Avenir de la science,  1890, page 355. 

Ø 10. Mon cher fils, regarde seulement cette foule, et tu comprendras ce qu'est Hélène. Elle est une espèce d'absolution. Elle prouve à tous ces vieillards que tu vois là au guet et qui ont mis des cheveux blancs au fronton de la ville, à celui-là qui a volé, à celui-là qui trafiquait des femmes, à celui-là qui manqua sa vie, qu'ils avaient au fond d'eux-mêmes une revendication secrète, qui était la beauté. Si la beauté avait été près d'eux, aussi près qu'Hélène l'est aujourd'hui, ils n'auraient pas dévalisé leurs amis, ni vendu leurs filles, ni bu leur héritage. Hélène est leur pardon, et leur revanche, et leur avenir.

JEAN GIRAUDOUX, La Guerre de Troie n'aura pas lieu,  1935, I, 6, page 50. 

III.—  DROIT (confer Vocabulaire juridique (HENRI CAPITANT), 1936).  Décision de justice par laquelle un accusé est déclaré non punissable, bien que convaincu du fait qui lui est reproché. Parmi les circonstances qui procurent l'impunité, on peut noter les suivantes : 

·    Le fait dont l'accusé est déclaré coupable n'est pas défendu par une loi pénale. 

·    Le fait est défendu par une loi pénale, mais l'action publique est éteinte par la prescription, l'amnistie, la chose jugée. 

·    Il existe au profit de l'accusé reconnu coupable une excuse légale absolutoire. 

L'absolution occupe une place intermédiaire entre la condamnation qui est prononcée contre un individu à la fois coupable et punissable et l'acquittement qui suppose que l'inculpé n'est pas coupable. 

—  Par extension, dans la langue courant.  Acquittement, déclaration d'innocence : 

Ø 11.... les chefs, même ignorants et imprévoyants, ne risquaient jamais rien de plus qu'une souffrance de vanité, sans rien qui ressemblât à une punition. C'est que l'affaire d'un chef c'est de punir, non d'être puni. (...) Quelquefois on a réuni trois généraux pour en juger un; le résultat était toujours l'absolution majeure. (...) Tout est réglé d'avance; on devine les conclusions et les considérants.

ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos,  1934, page 1200. 

Ø 12.... il l'exige comme un accusé dont on n'instruirait jamais le procès. Il réclame une absolution ou une condamnanation totale.

JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, prologue, 1952, page 10. 

IV.—  Argot  \" Cuvette. Les filles s'y \" absolvent \" sans repentir puis récidivent. \" (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)). 

 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 281. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 373, b) 365; XXe.  siècle : a) 487, b) 387. 

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