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ACACIA, substantif masculin.

Publié le 28/09/2015

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ACACIA1, substantif masculin.  

I.—  Langue commune.  Arbre ou arbuste au bois dur portant souvent des aiguillons, à feuillage fin, dont les fleurs, odorantes ou non, en grappes ou en touffes, sont de couleur blanche, rose ou jaune, et dont le fruit est une gousse : 

Ø 1. Nous devons à cet industrieux colon, presque toutes les plantations de mûriers, d'acacias, de platanes, de hycoris, qui ombragent nos chemins, et commencent à occuper les terrains inutiles; car, accoutumés à ne considérer les arbres que comme des intrus et des êtres nuisibles, les habitants de ces états ont jusqu'ici trop négligé de réparer l'inattention de leurs ancêtres.

MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York, tome 3, 1801, page 39. 

Ø 2. Outougamiz veut paroître tranquille, il ne l'est plus; il veut se reposer, et il ne sait comment les joncs de sa natte sont plus piquants que les épines de l'acacia.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Natchez,  1826, page 385. 

Ø 3. Auprès des guinguettes furent plantés des acacias, ombrage des pauvres, comme l'eau de Seltz est le vin de Champagne des gueux.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 167. 

Ø 4. Il y a chez moi (en Russie) une petite maison en bois, le jardin est planté d'acacias jaunes, —  nous n'avons pas d'acacias blancs. À l'automne, la terre est toute couverte de gousses, qui crépitent quand on marche dessus; et c'est tout rempli de ces oiseaux qui imitent les autres,...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  mai 1876, page 1133. 

Ø 5. Enfin on chevillait toujours avec de l'acacia. Ce bois, sec, prend l'aspect et la dureté de la corne lisse. Il n'est pas d'exemple qu'un tenon chevillé d'acacia ait lâché.

JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, tome 2, 1928, page 135. 

Remarque : L'exemple 5 indique l'usage de ce bois, particulièrement dur, pour la fabrication de chevilles. 

II.—  BOTANIQUE.  langue commune.  [Pour les botanistes et de plus en plus pour la langue commune, le terme recouvre deux espèces] 

A.—  Arbre appelé robinier ou faux-acacia (acacia dans la langue commune), de la famille des légumineuses papilionacées, à feuilles composées pennées, à aiguillons et à grappes de fleurs blanches odorantes ou roses non odorantes, utilisé comme arbre d'ornementation. Dans les exemple suivants l'indication de la couleur montre que acacia désigne le robinier : 

Ø 6. Il y avait plaisir à passer sous les voûtes parfumées de ces acacias en fleurs qui balançaient leurs longues grappes d'albâtre sur les froments en épis qui ondoyent à leurs pieds...

CHARLES-JULIEN LIOULT DE CHÊNEDOLLÉ, Extraits du journal,  1824, page 127. 

Ø 7. On entendait caqueter les oiseaux d'une volière voisine; les branches des faux ébéniers et des acacias roses venaient border de leurs grappes les rideaux de velours bleu.

ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 728. 

Ø 8.... il était le jardin des femmes; et —  comme l'allée de myrtes de l'Énéide — , plantée pour elles d'arbres d'une seule essence, l'allée des acacias était fréquentée par les beautés célèbres. (...) bien avant d'arriver à l'allée des acacias leur parfum qui, irradiant alentour, faisait sentir de loin l'approche et la singularité d'une puissante et molle individualité végétale, puis, quand je me rapprochais, le faîte aperçu de leur frondaison légère et mièvre, d'une élégance facile, d'une coupe coquette et d'un mince tissu, sur laquelle des centaines de fleurs s'étaient abattues comme des colonies ailées et vibratiles de parasites précieux, enfin jusqu'à leur nom féminin, désoeuvré et doux, me faisaient battre le coeur, mais d'un désir mondain, comme ces valses qui ne nous évoquent plus que le nom des belles invitées que l'huissier annonce à l'entrée d'un bal.

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, page 418. 

Remarque : 1. Le robinier est planté dans les villes (cours et places) comme arbre ornemental. Les variétés plus petites peuvent être taillées et forment des haies. 2. Les syntagmes : acacia blanc, -boule (GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale, 1845, page 24) ou -bullé, -parasol, -nain sont notés par la plupart des dictionnaires La documentation fournit en outre les syntagmes notant : a) certains aspects descriptifs de l'acacia : branche des acacias (exemple 7), parfum d'acacia (J. PEYRÉ, Matterhorn, 1939, page 172), épines d'-, haricot d'- (B. CENDRARS, Bourlinguer, 1948, page 283); b) les utilisations ornementales de l'arbre : bosquet d'acacias (R. VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 126), bouquet d'acacias (M. GENEVOIX, Raboliot, 1925, page 290), avenue des acacias (MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swann, 1913, page 427), allée des acacias (exemple 8). 

B.—  Arbre exotique de la famille des légumineuses (acaciées, mimosées), à feuilles divisées en folioles, à aiguillons et à fleurs jaunes dont une variété, le mimosa, est cultivée dans le midi de la France et produit les fleurs vendues au marché. Dans les 3 exemple suivants, l'acacia représente une variété méditerranéenne ou australienne, qui s'oppose au mimosa, à la cassie, au gommier, etc. : 

Ø 9. Dans les compartiments tracés à droite et à gauche de la tonnelle par des arbres nains taillés en cône, verdoyaient des grenadiers, des sycomores, des tamarisques, des périplocas, des mimosas, des acacias, dont les fleurs brillaient comme des étincelles coloriées sur le fond immense du feuillage dépassant la muraille.

THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, prologue, 1858, page 195. 

Ø 10.... des portions (du jardin) n'avaient reçu que des arbres d'agrément, tamarix, acacias, cassies, myrtes, mimosas, et quelques essences plus rares trouvées au-delà des cataractes du Nil, sous le tropique du cancer, dans les oasis du désert libyque et sur les bords du golfe Erythrée :...

THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie, prologue, 1858 page 241. 

Ø 11.... après une dizaine de milles rapidement franchis, le chariot circula entre de hauts bouquets d'acacias, de mimosas et de gommiers blancs, dont l'inflorescence est si variable.

JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 2, 1868, page 102. 

—   Dans l'exemple suivant, apparaît nettement l'acacia à fleurs jaunes (plumage doré) : 

Ø 13. Les conifères, heureusement disposés, jetaient sur le tableau de profondes ombres bleues et les acacias balançaient à la face des nues leur opulent plumage doré.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, page 141. 

—   En dehors de la variété du mimosa, cet arbre exotique est surtout connu comme producteur de la gomme arabique, d'où le composé acacia-gommier : 

Ø 12.... on arrive dans la plaine sablonneuse d'Elbakara, dont l'étendue ne présente qu'une plage immense et stérile; on rencontre seulement dans l'enfoncement des rochers, et sur le bord des torrens d'hiver, un peu de verdure, des acacias qui produisent la gomme arabique, le séné, le bois de scorpion et quelques autres plantes;...

SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 1, 1805, page 306. 

Ø 14. Il [le méhari] resta une fois deux jours sans manger, arrachant seulement, de-ci, de-là, une branche à quelque acacia-gommier, dont les hideuses épines blanches, longues de près de dix centimètres, me remplissaient de crainte pour l'oesophage de notre ami.

PIERRE BENOIT, L'Atlantide,  1919, page 296. 

Remarque : Le nom de l'acacia est associé à celui d'autres arbres exotiques de la flore méditerranéenne, africaine ou australienne. Les associations sont surtout d'ordre scientifique et déterminent une variété : acacia catéchu, -gommier (exemple 14), -seyal, immense-sophora (ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 395), -eburnea (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Suzanne et les jeunes hommes, 1941, page 177). Quelques associations uniques dans la documentation : acacia rouge (JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 40), énorme- (ANDRÉ GIDE, Voyage au Congo, 1927, page 847), acacias géants (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 6, 1908, page 173), touffes d'acacia (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Vue de la terre promise, 1934, page 87), les bouquets de l'- (PAUL CLAUDEL, La Ville, 1re.  version, 1893, II, page 365). 

III.—  Emplois spéciaux. 

A.—  ARGOT.  

1. Argot du port du Havre.  Manoeuvre halant les bateaux. 

Remarque : Cet emploi métaphorique est indiqué dans les dictionnaires d'argot et dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ) (repris par DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES  (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892). Un seul exemple (DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (ÉMILE LITTRÉ)) : 

Ø 15. Il y a aussi les acacias qui comblent les lacunes faites par les lamaneurs, lesquels sont quelquefois insuffisants pour le grand mouvement de navigation ou autre cas : ils halent les navires qui ne prennent pas de remorqueurs entre les jetées;...

Journal du Havre. dans Journal Officiel, 1er.  septembre 1873, 3e.  colonne, page 5673. 

2. Argot parisien. Faire ses acacias. \" Se promener par chic, par genre dans l'allée dite des Acacias qui va de la Porte-Maillot à la Concorde. On fait ses Acacias comme on fait son tour de lac. \" (Alfred Delvau, Dictionnaire de la langue verte). 

—   De l'idée de \" promenade mondaine \" Feydeau passe à celle de \" divertissement mondain \" (emploi unique dans la documentation) : 

Ø 16.... le marché du vendredi, ce sont nos acacias à nous!... on se contente... de ce qu'on a!

GEORGES FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's,  1914, II, 2, page 33. 

B.—  ÉSOTÉRISME.  (Branche d')acacia. Emblème de la Franc-maçonnerie, figurant l'amour de Dieu. 

Remarque : Dans la légende maçonnique, cette branche fut plantée sur la tombe d'Hiram, grand architecte de Salomon et « premier grand-maître », par ses meurtriers (confer P. NAUDON, La Franc-maçonnerie, Presses Universitaires de France, 1963, pages 11-12) 

Ø 17. Ces réflexions paraîtront, j'en ai peur, tout à fait choquantes et scandaleuses aux délégués cantonaux, qui font la chasse au catéchisme dans le pupitre des écoliers, comme s'il s'agissait d'un livre obscène, et qui, presque tous francs-maçons, connaissant « l'acacia », et ayant vu la « lumière du troisième appartement », sont à ce qu'il paraît, mieux renseignés que d'humbles chrétiens sur le mystère de la vie et sur la destinée de l'âme humaine.

FRANÇOIS COPPÉE, La Bonne souffrance, préface, 1898, page 174. 

Ø 18. Des Juifs esséniens Jean-Baptiste acceptait la branche d'acacia, sceptre d'Abel, emblème de l'amour dont l'homme-Dieu, comme la révolution, éblouit les siècles. Donc les deux thèses, l'ecclésiastique et la maçonnique, se combinaient.

PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz,  1902, page 195. 

C.—  PHARMACOLOGIE.  Confer étymologie et historique I 3 a. 

 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 258. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 289, b) 404; XXe.  siècle : a) 480, b) 344. 

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