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ACCABLÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 29/09/2015

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ACCABLÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.  

Participe passé en emploi adjectif, exprimant un état d'accablement en train de se produire ou déjà produit. 

A.—  [En parlant d'un animé généralement humain, parfois animal ou végétal; moins fréquemment du comportement physique ou moral d'une personne. Correspond à accabler, B]  Que l'on accable, qui est dans l'accablement, en raison notamment : 

1. D'une charge matérielle excessive; synonyme : chargé : 

Ø 1.... Gmelin vit en Sibérie, à l'apparition d'un froid soudain, les oiseaux tomber de toutes parts sur la terre, faisant de vains efforts pour s'élever dans l'air, quoiqu'ils agitassent leurs ailes librement et avec force; ce que le célèbre voyageur et naturaliste attribue à la pesanteur et à l'extrême densité de l'air, dont ils étaient, en quelque sorte, accablés.

PIERRE CABANIS. Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 2, 1808, page 18. 

Ø 2. Cachez-moi ces soldats sous le nombre accablés, 

Domptés par la fatigue, écrasés par la foudre,

Ces membres palpitans dispersés sur la poudre,

Ces cadavres amoncelés.

CASIMIR DELAVIGNE, Messéniennes, La Bataille de Waterloo, 1824, page 22. 

Ø 3.... j'avais la puissance, pourvu que je pusse me hausser jusqu'à vouloir, et néanmoins, je n'avais pas cette puissance, à cause que j'étais accablé sous le poids de vingt Atlantiques ou sous l'oppression d'un crime inexpiable. Plus profondément que jamais n'est descendu le plomb de la sonde, je gisais immobile, inerte.

CHARLES BAUDELAIRE, Les Paradis artificiels, Un Mangeur d'opium, 1860, page 435. 

Ø 4.... il n'y avait que des femmes autour des guéridons, des femmes aux cheveux huileux, accablées de fourrures, de bijoux et de cellulite qui s'acquittaient religieusement de leur gavage quotidien.

SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins,  1954, page 86. 

—  En construction absolue : 

Ø 5. Leur oeil triste rendait la nature farouche;

Et là, sans qu'il sortît un souffle de leur bouche,

Les mains sur leurs genoux et se tournant le dos,

Accablés comme ceux qui portent des fardeaux,

Sans autre mouvement de vie extérieure 

Que de baisser plus bas la tête d'heure en heure,

Dans une stupeur morne et fatale absorbés, 

Froids, livides, hagards, ils regardaient, courbés 

Sous l'être illimité sans figure et sans nombre,

L'un, décroître le jour, et l'autre, grandir l'ombre;...

VICTOR HUGO, Les Contemplations, tome 3, 1856, page 171. 

2. Du climat, de la fatigue, de la maladie, du grand nombre ou de la pesanteur des obligations ou souffrances physiques ou morales, etc. : 

Ø 6. Ô ma patrie! (...) affaiblie par tes pertes, exténuée par le jeûne, je te vois encore couverte de blessures et baignée dans ton sang. Accablée sous le poids de tes maux, longtemps tu gémis en silence : l'excès de tes tourments t'a enfin arraché des cris de désespoir;...

JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Offrande à la patrie, 1790, page 3. 

Ø 7. L'Indien, accablé de préjugés, enchaîné par les liens sacrés de ses castes, végète dans une apathie incurable.

CONSTANTIN-FRANÇOIS CHASSBOEUF, COMTE DE VOLNEY, Les Ruines ou Méditations sur les révolutions des empires,  1791, page 114. 

Ø 8.... nous tombâmes malades, ma soeur et moi. Je parus d'abord la plus mal : c'était une fièvre maligne, le pourpre, la petite vérole et une fluxion de poitrine. Ma soeur n'était qu'accablée mais elle était moins forte.

NICOLAS-EDME RESTIF, DIT RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas,  1796, page 112. 

Ø 9.... j'étais tombé à genoux; mes cheveux étaient trempés de sueur, une oppression affreuse fatiguait mon sein; un froid mortel raidissait mes bras. J'ai voulu me lever; mais, accablé de faiblesse, je suis retombé, et je me suis couché le visage contre terre, cherchant à me calmer. Je te l'avoue, un instant j'avais espéré que j'allais expirer...

BARBARA JULIANE VON VIETINGHOFF, BARONNE DE KRÜDENER, Valérie, préface de 1803, 1803, page 217. 

Ø 10. J'ai été accablé d'injures, de pamphlets, de parodies, de critiques, de plaisanteries en prose et en vers; mes phrases traînent dans toutes les saletés des boulevards;...

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, préface, tome 1, 1810, page 107. 

Ø 11.... j'étais souffrant et accablé; je suis rentré chez moi et n'ai pu m'attacher à aucune occupation fixe : le sommeil me gagnait, le farniente n'est pas dans mes habitudes. Je suis malheureux toutes les fois que je ne puis pas occuper mon esprit et que j'ai la conscience de cette incapacité...

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal,  1816, page 123. 

Ø 12. La vie se présentait devant moi comme un champ immense et stérile, où je ne pouvais faire un pas sans dégoût et sans désespoir. Je me sentais accablé sous le fardeau de mon existence comme sous un manteau de plomb. Un instant peut me délivrer de ce supplice! pensai-je; et une tentation affreuse, mais irrésistible, me précipita du côté de la rivière!

CLAIRE DE KERSAINT, DUCHESSE DE DURAS, Édouard,  1825, page 209. 

Ø 13. Un tronc noueux, cannelé, creusé par la vieillesse comme par des rides profondes, s'élève en large colonne sur ces groupes de racines, et, comme accablé et penché par le poids des jours, s'incline à droite ou à gauche, et laisse pendre ses vastes rameaux entrelacés, que la hache a cent fois retranchés pour les rajeunir. Ces rameaux vieux et lourds, qui s'inclinent sur le tronc, en portent d'autres plus jeunes qui s'élèvent un peu vers le ciel,...

ALPHONSE DE LAMARTINE, Souvenirs, impressions, pensées et paysages pendant un voyage en Orient (1832-1833) ou Note d'un voyageur, tome 1, 1835, page 423. 

Ø 14. Il est des heures dans la nuit où je me sens accablée d'une épouvantable douleur. D'abord, c'est une tristesse vague, un malaise inexprimable. La nature tout entière pèse sur moi et je me traîne brisée, fléchissant sous le fardeau de la vie comme un nain qui serait forcé de porter un géant.

AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia,  1839, page 538. 

Ø 15. Je suis accablé, abruti; j'aurais bien besoin de reprendre ma vie calme, car j'étouffe d'ennui et d'agacement. Quand retrouverai-je ma pauvre vie d'art tranquille et de méditation longue!

GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1846, page 198. 

Ø 16. Je retrouvais El-Aghouat à la même heure, avec le désert de moins, mais avec une stupeur encore plus grande dans l'intérieur de cette ville accablée de chaleur. On n'entendait rien, on ne voyait rien remuer.

EUGÈNE FROMENTIN, Un Été dans le Sahara,  1857, page 247. 

Ø 17. Gibelotte, longue, délicate, blanche d'une blancheur lymphatique, les yeux cernés, les paupières tombantes, toujours épuisée et accablée, atteinte de ce qu'on pourrait appeler la lassitude chronique, levée la première, couchée la dernière, servait tout le monde, même l'autre servante, en silence et avec douceur, en souriant sous la fatigue d'une sorte de vague sourire endormi.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 316. 

Ø 18. Ajoute la complication désolante des classes qui coupent la journée et me brisent la tête, car je suis peu respecté, et même, parfois, accablé de papier mâché et de huées. Mais, grâce à ma volonté et aux carafes de café, je veux triompher.

STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance,  1865, page 168. 

Ø 19. Le temps gris et triste rend le corps mou. Les promeneurs, même jeunes, s'asseyaient accablés. Nature endormie et ouatée. L'héroïsme est moins facile avec cette fadeur d'atmosphère, qui soustrait aux nerfs leur ton et leur électricité. On se sent désoxydé et appauvri. Le farniente serait de saison. Mais ce n'est pas le moment de flâner : au contraire. Secouons nos esprits assoupis et travaillons.

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime,  27 juin 1866, page 347. 

Ø 20. Elle retombait encore de là, plus lasse de lutter et se sentant plus vaincue qu'avant l'aspiration d'indépendance et de liberté de ses pensées, accablée, défaillant sous les phénomènes moraux contre lesquels elle se sentait désarmée, impuissante; et glissant aux choses religieuses comme par un attirement irrésistible à la pente d'un doux abîme, elle s'abandonnait à l'angoisse et à la langueur d'une conscience absolument découragée.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Madame Gervaisais,  1869, page 122. 

Ø 21. Les hommes avaient la barbe longue et sale, des uniformes en guenilles, et ils avançaient d'une allure molle, sans drapeau, sans régiment. Tous semblaient accablés, éreintés, incapables d'une pensée ou d'une résolution, marchant seulement par habitude, et tombant de fatigue sitôt qu'ils s'arrêtaient. On voyait surtout des mobilisés, gens pacifiques, rentiers tranquilles, pliant sous le poids du fusil;...

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Boule de suif, 1880, page 114. 

Ø 22. Ils montrent la créature humaine dominée par les choses ambiantes et quasi incapable de réaction personnelle. De là dérive ce fatalisme accablé qui est la philosophie de toute l'école des romanciers actuels. De là ces tableaux d'une humanité à la fois très réelle et très mutilée.

PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine,  1883, page 126. 

Ø 23. Je me sentais las, accablé sans raison, incapable de travailler, sans force même pour lire. Une pluie fine mouillait les vitres; j'étais triste, tout pénétré par une de ces tristesses sans causes qui vous donnent envie de pleurer, qui vous font désirer de parler à n'importe qui pour secouer la lourdeur de notre pensée.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Lui?, 1883, page 854. 

Ø 24. Son enfance avait été funèbre. Menacée de scrofules, accablée par d'opiniâtre fièvres, elle parvint cependant, à l'aide de grand air et de soins, à franchir les brisants de la nubilité, et alors les nerfs prirent le dessus, matèrent les langueurs et les abandons de la chlorose,...

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours,  1884, page 2. 

Ø 25. La fille, âgée peut-être de vingt-quatre ou vingt-cinq ans, était petite, fort maigre aussi, fort pâle, avec un air las, fatigué, accablé. On rencontre ainsi des gens qui semblent trop faibles pour les besognes et les nécessités de la vie, trop faibles pour se remuer, pour marcher, pour faire tout ce que nous faisons tous les jours.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Le Tic, 1884, page 951. 

Ø 26. Il finissait, après des heures de luttes, par échouer, vaincu, chez cette fille, et il en partait, accablé, mourant de dégoût et de honte, sanglotant presque. Et il n'éprouvait aucun allègement de ces fatigues; c'était même le contraire; loin de fuir, le charme exécré s'imposait plus violent encore et plus tenace.

GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, En route, tome 1, 1895, page 160. 

Ø 27.... ayant perdu force et courage elle n'était plus bonne à rien qu'à souffrir et à être traînée par les pieds ou par les cheveux dans les immondices. Elle ne répondit pas, s'étonnant elle-même d'être sans un mot de protestation. Accablée de lassitude, elle parut s'incliner.

LÉON BLOY, La Femme pauvre,  1897, page 29. 

Ø 28.... la tonalité est plus sombre; et la réponse de l'âme souffrante, pleurante, suppliante, accablée, est d'un accent plus intense et plus frémissant, dans l'abattement, comme dans l'acceptation.

ROMAIN ROLLAND, Beethoven, Les Grandes époques créatrices, tome 1, 1903, page 268. 

Ø 29. Un grand artiste se décharge de sa peine dans l'oeuvre d'art. Il n'est pas, comme le pense le public, plus accablé après avoir exprimé la tristesse. Il est soulagé et prêt à recevoir la visite de la joie.

ROMAIN ROLLAND, Beethoven, tome 2, 1903, page 495. 

Ø 30.... il se mit à chanter pour lui-même une sorte de plainte gémissante et monotone qui, malgré l'air vif, me tournait le coeur. C'était une chanson si accablée et si gisante qu'on craignait que les mouches ne s'y missent.

MAURICE BARRÈS, Le Voyage de Sparte,  1906, page 178. 

Ø 31.... nous voilà tellement enchaînés, opprimés, accablés d'institutions sociales, nous voilà tellement livrés aux autres dès notre naissance, que nous n'avons plus rien de libre que la pensée, etc.

JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, prologue, 1952, page 31. 

Ø 32. La moitié des vivants restent soumis à un régime d'économie infra-humaine. Accablés par la mort, la maladie, l'ignorance, ils ressemblent à des bêtes traquées.

FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe.  siècle.  1964, page 349. 

3. D'un grand nombre de présents, d'un excès de bonheur inattendu, etc. : 

Ø 33.... en vain je cherche à tracer quelques lignes qui te peignent ce que je sens; les termes me manquent, ma plume se traîne péniblement, et si mon dernier besoin n'étoit pas de verser dans ton coeur tous les sentimens qui m'oppressent, effrayé de la grandeur de ma tâche, je me tairois, accablé sous ta puissance, et sentant trop pour pouvoir penser.

SOPHIE COTTIN, Claire d'Albe,  1799, page 169. 

Ø 34.... j'y passais ma vie, aimée d'elle, caressée, gâtée par tous ses amis, accablée de présens, vantée, exaltée comme l'enfant le plus spirituel et le plus aimable.

CLAIRE DE KERSAINT, DUCHESSE DE DURAS, Ourika,  1824, page 28. 

Ø 35. Lumière brûlante et tendre... Le coeur défaille et se tait, accablé par une douceur trop grande. Silence, langueur de fièvre, sourire de la terre qui frissonne aux premiers soleils de printemps...

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 336. 

Ø 36.... je suis assis tout l'après-midi dans les vastes jardins, demi-accablé de plein air, de lumière et de bien-être. C'est en vain que je veux réfléchir. Mon regard est enchanté par la surface des choses. Ce miroir d'eau, ce mur de feuillage, ce ciel bleuâtre arrêtent ma pensée, émoussent toute pointe de curiosité, me contentent, me dissolvent. Quelle douceur! J'accepte des mensonges si beaux et ne veux rien savoir de plus que cette volupté qui m'endort.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 9, 1912, page 280. 

Ø 37.... il est accablé sous le poids des découvertes, des connaissances, incapable de se reprendre à cette activité illimitée. Il songe à l'ennui de recommencer le passé, à la folie de vouloir innover toujours. Il chancelle entre les deux abîmes,...

PAUL VALÉRY, Variété I,  1924, page 20. 

Ø 38. Cependant la distribution de tous ces points nous échappe. Nous nous trouvons accablés, lapidés, englobés, négligés par ce nombreux étincellement. Nous pouvons compter ces étoiles, nous qui ne pouvons croire que nous existions à leur regard.

PAUL VALÉRY, Variété I,  1924 page 157. 

—  En construction absolue : 

Ø 39. C'est une dangereuse épreuve que l'excès de bonheur. Les anciens n'avaient pas tort de redouter une chance trop constante : la créature comblée finit toujours par être accablée. Il est des êtres sur qui le bonheur humain s'acharne, comme s'il était le malheur;...

FRANÇOIS MAURIAC, Journal, 1, 1934, page 38. 

B.—  Emploi comme substantif (sans complément).  Être que l'on accable. 

1. Au pluriel, avec valeur de générique : 

Ø 40. Ne nous lassons pas de le répéter, songer, avant tout, aux foules déshéritées et douloureuses, les soulager, les aérer, les éclairer, les aimer, (...) amoindrir le poids du fardeau individuel en accroissant la notion du but universel, (...) avoir comme Briarée cent mains à tendre de toutes parts aux accablés et aux faibles,...

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 209. 

2. Au singulier, avec un article à valeur démonstrative : 

Ø 41. Elle pleurait, et lui il la regardait sans rien dire. Dans ce vide un peuple d'ombres naquit de l'air derrière l'accablée, commença de passer en silence.

HENRI DE MONTHERLANT, Le Songe,  1922, page 180. 

Remarque : 1. Comme pour les formes personnes du verbe, on rencontre le participe passé avec ou sans complément prépositionnel; les prépositions sont les mêmes (de, et plus rarement par et sous). —  L'emploi absolu, c'est-à-dire sans complément, est fréquent; accablé se charge alors du sens d'un complément implicite (fatigue, tristesse, etc.) et devient synonyme au superlatif de fatigué, écoeuré, ennuyé, triste, etc. Il tend à désigner, indistinctement, les états affectifs les plus extrêmes. Terme fortement expressif, il nécessite rarement l'adjonction d'un adverbe d'intensité —  Sauf dans le cas où accablé est employé en construction absolue, et notamment lorsqu'il est déterminé par un adverbe intensif (si, exemple 30) ou de degré (plus, exemple 29) ou associé à un adjectif qualificatif (exemple 8, 17, 21, 23, 25, etc.), il est souvent impossible de préciser si l'on a affaire à un emploi participial ou à un adjectif 2. Contrairement à accablant, accablé détermine généralement un substantif d'animé (personne); il correspond à accabler A et B. 3. a) Les substantifs rencontrés dans les compléments circonstanciels peuvent se classer comme suit du point de vue de leur fréquence : —  très fréquents : affaires, besogne, chaleur, douleur, fatigue, lassitude, malheurs, maux, poids, sommeil, travaux, tristesse; —  fréquents : chagrin, ennui, fardeau, infirmités, lettres, maladies, nombre, pensée, remords, sentiment, soucis, souvenirs, visites; —  moins fréquents : âge, air, amour, angoisse, années, beauté, bêtise, caresses, compliments, correspondance, coups, courses, désespoir, émotion, événement, faiblesse, gloire, honte, idée, ignorance, impôts, indifférence, injures, mépris, misère, mort, occupations, outrages, ouvrages, peine, perte, peur, questions, richesses, rigueurs, silence, soif, soleil, solitude, souffrance, stupeur, vie, vieillesse. b) Adjectifs et participes associés à accablé : —  très fréquents : triste; —  fréquents : ébloui, fatigué, las, lourd, malade, morne, muet, souffrant; —  moins fréquents : abandonné, absorbé, affaibli, affaissé, affligé, amer, anéanti, bas, chargé, comblé, couché, désespéré, désolé, écrasant, effrayé, enivré, épuisé, étonné, exalté, faible, heureux, immobile, incapable, lâche, lamentable, malheureux, misérable, mort, mou, mourant, pauvre, pendant, perdu, pesant, pressé, résigné, seul, silencieux, stupéfait, stupide, surpris, tourmenté, vaincu. —  Antonymes : vif, fort. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 497. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 2 686, b) 2 445; XXe.  siècle : a) 2 134, b) 1 480. 

 

Forme dérivée du verbe \"accabler\"

 accabler

ACCABLER, verbe transitif.  

Généralement péjoratif.  [L'objet désigne un animé, notamment une personne, ou un aspect du comportement ou l'oeuvre d'une personne]  Faire ployer sous une charge physique ou morale excessive, de manière à anéantir toute possibilité ou volonté de réaction. 

A.—  [Le sujet désigne un animé, notamment une personne, une faculté ou un aspect de la personne humaine; le complément d'objet direct est généralement accompagné d'un complément indirect, introduit par les prépositions de, plus rarement par ou sous, et précisant la nature de la charge accablante] 

1. Rare.  La charge est un objet physique : 

Ø 1. Hercule, sans effroi, voit renaître la guerre,

Part, vole, le saisit, le combat et l'atterre, 

L'accable de son poids, presse de son genou

Sa gorge haletante et son robuste cou;...

ABBÉ JACQUES DELILLE, L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises,  1800, page 87. 

Ø 2. SMARH. —  Est-ce que je ne suis pas supérieur au cheval, et le cheval à la fourmi, et la fourmi au caillou?

SATAN. —  Oui, puisque tu es sur le cheval et que tu l'accables, et que le cheval écrase la fourmi, et que la fourmi creuse la terre.

GUSTAVE FLAUBERT, Smarh,  1839, page 47. 

2. Au figuré.  [La charge consiste dans la pesanteur ou la quantité extrême des difficultés, souffrances, obligations] :

Ø 3. Les valétudinaires n'ont pas, comme les autres hommes, une vieillesse qui accable leur esprit par la ruine subite de toutes leurs forces.

JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 229. 

Ø 4.... je suis bonne. Ils le savent, et ils en abusent... Ils me tourmentent, ils m'accablent d'embarras, d'affaires et de demandes; il leur faut des places; ils en veulent tous!

EUGÈNE SCRIBE, Le Verre d'eau,  1840, III, 1, page 671. 

Ø 5.... sa volonté de rester de sa race, son esprit de famille, son sincère respect du peuple, sa propre honnêteté, préoccupaient Louis-Philippe presque douloureusement, et par instants, si fort et si courageux qu'il fût, l'accablaient sous la difficulté d'être roi.

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 28. 

Ø 6.... et, le secouant avec colère, il se mit à l'accabler sous une volée de reproches furibonds.

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1543. 

Ø 7. On augmenta cruellement le nombre des entraves des muses. On édicta une restriction très redoutable du nombre de leurs pas et de leurs mouvements naturels. On chargea le poète de chaînes. On l'accabla de défenses bizarres et on lui intima des prohibitions inexplicables. On lui décima son vocabulaire. On fut atroce dans les commandements de la prosodie.

PAUL VALÉRY, Variété IV,  1938, page 46. 

—  En particulier.  [En paroles humiliantes ou contrariantes, ou en témoignages ou accusations pouvant entraîner condamnation] :

Ø 8. L'empereur était en bonne humeur, un mot n'attendait pas l'autre; il accablait le docteur de questions, d'arguments spirituels et subtils qui l'embarrassaient fort;...

EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 407. 

Ø 9.... une multitude de Grecs de Sicile et d'autres provinces, déposèrent contre Verrès, et l'accablèrent de leurs témoignages. Les sénateurs qui composaient le tribunal, se hâtèrent de le condamner, dans l'espoir de sortir plus vite de ce procès terrible, et de rendre inutiles les éloquentes invectives que Cicéron avait préparées;...

JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 208. 

Ø 10. Voilà assez long-temps, vois-tu, que les républicains me couvrent de boue et d'infamie; voilà assez long-temps que les oreilles me tintent, et que l'exécration des hommes empoisonne le pain que je mâche; j'en ai assez de me voir conspué par des lâches sans nom, qui m'accablent d'injures pour se dispenser de m'assommer, comme ils le devraient.

ALFRED DE MUSSET, Lorenzaccio,  1834, III, 3, page 194. 

Ø 11. Ils étaient là, assistant aux assises, l'homme et la femme, petits rentiers de province, exaspérés contre cette traînée qui avait souillé leur maison. Ils auraient voulu la voir guillotiner tout de suite, sans jugement, et ils l'accablaient de dépositions haineuses devenues dans leur bouche des accusations.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Rosalie Prudent, 1886, page 643. 

—  Accabler sous le nombre : 

Ø 12. C'était un samedi. Deux Italiens pris de boisson rencontrèrent une dizaine de Juifs, qui remontaient de l'oued où ils avaient fêté le sabbat. Un des ivrognes, tirant son couteau, fonça tête baissée dans le groupe, Il fut accablé sous le nombre et tomba sous les matraques.

JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Fête arabe,  1912, page 190. 

Ø 13. C'est la retraite des éléments placés à l'ouest et à l'est du fort et accablés sous le nombre qui permet à l'ennemi d'aborder les coffres.

HENRY BORDEAUX, Les Derniers jours du fort de Vaux,  1916, page 285. 

Ø 14. Le même écrivain nous parle d'une héroïne franque, couverte d'une mante verte, qui ne cessait de lancer des flèches et mit hors de combat plusieurs musulmans. « Elle fut enfin accablée sous le nombre. Nous la tuâmes et nous portâmes son arc au sultan. »

RENÉ GROUSSET, L'Épopée des Croisades,  1939, page 268. 

3. Par extension.  [En parlant de cadeaux, bienfaits, attentions, etc. dont l'excès inattendu produit un effet d'écrasement] :

Ø 15. Tout ce peuple importun et serviable nous accablait de présents. Ils nous prodiguèrent le miel de leurs abeilles, le lait de leurs chèvres, les olives de leurs vergers, le fromage frais et salé de leurs brebis, un vin résiné que Garnier apprécia, et deux ou trois espèces de vin muscat en bouteille.

EDMOND ABOUT, La Grèce contemporaine,  1854, page 277. 

—   Avec un sujet désignant un nom de chose personnifiée (Confer infra remarque 1 b, exemple 36). 

—  Construction absolue : 

Ø 16. C'était là le faire de Napoléon; il est connu que son premier bienfait en amenait presque toujours immédiatement beaucoup d'autres. Dans ce cas, il ne donnait pas, il accablait; mais encore fallait-il savoir profiter de cet instant : il pouvait être sans bornes ou s'évanouir sans retour.

EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 176. 

Remarque : Le verbe peut être affaibli à la valeur d'un superlatif de combler, et perd alors sa connotation péjorative. 

B.—  [Le sujet est un nom de chose indiquant la nature de la charge accablante; il n'y a généralement un complément indirect que si l'idée de poids reste sensible]  Les catégories sémantiques sont les mêmes que pour l'objet indirect sous A. 

1. Rare.  [La charge est un poids physique] :

Ø 17.... et ces orages électriques, qui, au milieu des chaleurs brûlantes de la canicule, nous accablent sous le poids des grêles de l'hiver, et souvent nous laissent à peine la paille de nos moissons;...!

MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute-Pensylvanie et dans l'État de New-York, tome 2, 1801, page 361. 

Ø 18.... mon fardeau me fait-il chanceler? 

Le poids d'un diadème est loin de m'accabler. 

Deux, trois autres encor, devenant ma conquête,

Ne m'accableraient pas, et sur ma vieille tête 

Accumulés tous trois, lui seraient moins pesans Qu'une toque d'azur...

CASIMIR DELAVIGNE, Louis XI,  1832, III, 5, page 123. 

2. Au figuré.  [En parlant de la lourdeur ou de la quantité excessive des souffrances physiques ou morales, des difficultés, des obligations, etc.] :

Ø 19.... j'ai été malade. En finissant ma dernière lettre, je me sentois oppressée, triste, sans savoir pourquoi, et faisant une très-maussade compagnie à la vive et brillante Adèle. Je remettois chaque jour à t'écrire, à cause de l'abattement qui m'accabloit enfin la fièvre m'a pris.

SOPHIE COTTIN, Claire d'Albe, préface, 1799, page 124. 

Ø 20. Quand la tourmente s'annonce sur les mers orageuses, le pilote appelle son art, et son art lutte contre la tourmente. Quand le calme le saisit sur les plages de la Pacifique, il n'est plus d'art, plus d'effort, on se consume lentement, on périt dans l'abattement, c'est un calme de mort. L'homme de génie s'élève contre de grands malheurs, il les combat, il les surmonte. Quand de lentes douleurs l'oppriment froidement, quand les ennuis le harcèlent et l'accablent, il est terrassé sans combat, il s'éteint sans résistance.

ÉTIENNE PIVERT DE SENANCOUR, Rêveries sur la nature primitive de l'homme,  1799, page 82. 

Ø 21.... ces affections, quand elles sont portées à leur dernier terme, tantôt se transforment en démence et fureur (état qui résulte directement de l'excès des concentrations et de la dissonnance des impressions que cet excès entraîne); tantôt accablent et stupéfient le système nerveux, par l'intensité, la persistance et l'importunité des impressions, d'où s'ensuivent et la résolution des forces, et l'imbécillité.

PIERRE CABANIS. Rapports du physique et du moral de l'homme, tome 1, 1808, page 433. 

Ø 22. Le crépuscule mourait. Vous m'aviez chargé de tristesse quelques heures auparavant; le soir, qui aggrave cette affection de l'âme, en s'affaissant doublait de puissance, tout m'accablait et conspirait à m'accabler. Il y a des pensées si tristes qu'elles attendent la nuit pour se rassembler et assaillir l'esprit. Quel essaim s'est abattu sur moi!

MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance,  1837, page 264. 

Ø 23. Elle était paresseuse à parler, à répondre. : Non, je n'ai rien... Je vais bien... » Elle laissait seulement cela tomber de ses lèvres avec un accent de souffrance, de tristesse et de patience. L'oppression l'accablait maintenant C'était comme un poids qu'elle se sentait dans la poitrine et que sa respiration avait peine à soulever. Une gêne, un malaise vague, se répandant de là par tout son être et la remplissant d'énervement, lui ôtait toute énergie vitale, brisait en elle toute volonté de mouvement et la tenait écrasée, inclinée, sans forces pour sortir et se relever d'elle-même.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Renée Mauperin,  1864, page 298. 

Ø 24.... l'infini masqué de noirceur, voilà la nuit. Cette superposition pèse à l'homme. Cet amalgame de tous les mystères à la fois, du mystère cosmique comme du mystère fatal, accable la tête humaine.

VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer,  1866, page 300. 

Ø 25. À quoi bon ces ivresses d'un moment, suivies d'angoisses qui durent de longs jours, de longues nuits, qui me serrent la gorge et m'inspirent pour tout au monde, occupations, obligations, devoirs, plaisirs, jouissances de l'esprit, distractions de l'intelligence, un dégoût que je ne puis vaincre, qui... oui, qui m'accable, qui m'oppresse et m'étouffe, et m'achève si lentement?

JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Les Pléiades,  1874, page 295. 

Ø 26.... le comble de la douleur atteint à la délivrance. Ce qui abat, ce qui accable, ce qui détruit irrémédiablement l'âme, c'est la médiocrité de la douleur et de la joie, la souffrance égoïste et mesquine, sans force pour se détacher du plaisir perdu, et prête secrètement à tous les avilissements pour un plaisir nouveau.

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, page 648. 

Ø 27. Maxence, sur les ruines, s'asseoit. Mais soudain une étrange oppression l'accable. Tout l'ennui de l'islam est devant lui, et la servitude, et l'immense découragement, et le morne « à quoi bon » de ces esclaves!

ERNEST PSICHARI, Le Voyage du centurion,  1914, page 224. 

Ø 28. J'ai offensé deux êtres, sans réparation possible. Mais la mort du premier, de mon père chéri, oui ce fut une délivrance; la mort de l'autre, de la femme détestée qui a été l'ennemie du bonheur, m'accable sous un poids que je ne soulèverai plus jamais.

PIERRE-JEAN JOUVE, Paulina 1880,  1925, page 136. 

Ø 29. Le destin m'accable! On m'exaspère à plaisir! On me harcèle! On me crible! On me ruine! On me piétine! On m'afflige de cent mille façons! Et maintenant? Que veut-il encore? Quelles prétentions? M'extorquer ma dernière gamelle!... à Dache!

LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936, page 500. 

—  En particulier.  [En parlant d'attitudes, de propos désagréables, de jugements ou preuves pouvant entraîner condamnation, etc.] :

Ø 30. Déclamations contre le luxe et scandales vertueux, haine de la toilette et maximes morales, mots à double entente et haussements d'épaules, tout fut employé à l'envi pour accabler cette femme qui, à en juger au contraire par l'acharnement de ces rustres, devait être de manières élégantes, de nature relevée, avoir des nerfs délicats et, sans doute, quelque jolie figure.

GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, page 359. 

Ø 31. De l'éternel azur la sereine ironie 

Accable, belle indolemment comme les fleurs,

Le poëte impuissant qui maudit son génie

À travers un désert stérile de douleurs.

STÉPHANE MALLARMÉ, Poésies, L'Azur, 1898, page 37. 

3. Par extension.  [En parlant d'un excès de bien, de bonheur, de faveurs, etc.] :

Ø 32. Ce bonheur me tue, il m'accable Ma tête est trop faible, elle éclate sous la violence de mes pensées. Je pleure et je ris, j'extravague. Chaque plaisir est comme une flèche ardente, il me perce et me brûle!

HONORÉ DE BALZAC, Louis Lambert,  1832, page 178. 

Ø 33. Plus elle l'aimait, le lui disait et s'épanchait en lui, et plus cette tendresse l'accablait comme un fardeau trop fort; son dévouement, sans retour de sa part, lui semblait le plus amer des reproches, et tout ce qu'elle lui donnait d'amour et de caresses une sorte d'aumône, de prodigalité écrasante.

GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale.  1845, page 202. 

Ø 34.... cet amour ne va pas sans une inexprimable mélancolie. Tout ce qui est souverainement beau ravit à la fois et torture, exalte et accable;...

PAUL BOURGET, Nouveaux essais de psychologie contemporaine, 1885, page 129. 

Ø 35. Jamais Mozart n'avait été joué avec autant de perfection que la veille. Lui, Moïse, en était encore pénétré... Sa haine pour les ennemis, son amour du gain, la rapidité même de sa parole en avaient été relâchés au profit d'un bien-être physique qui l'accablait depuis son lever. Cette rouille dans ses genoux, cet engourdissement de ses oreilles, en effet, il le reconnaissait maintenant, c'était bien la nonchalance divine, l'acide urique suprême, c'était bien Mozart.

JEAN GIRAUDOUX, Bella,  1926, page 89. 

Remarque : 1. a) La préposition de, suivie d'un nom sans article, indique la nature de la charge accablante; par et surtout sous, suivis d'un nom avec article défini, soulignent en outre l'idée de poids ou d'écrasement. b) Si le complément introduit par de est accompagné d'un qualificatif ou d'un complément caractérisant, il est précédé de l'article indéfini : 

Ø 36. Voilà pourquoi aussi l'homme ne peut ni produire ni supporter beaucoup de poésie; c'est que le saisissant tout entier par l'âme et par les sens, et exaltant à la fois sa double faculté, la pensée par la pensée, les sens par les sensations, elle l'épuise, elle l'accable bientôt, comme toute jouissance trop complète, d'une voluptueuse fatigue, et lui fait rendre en peu de vers, en peu d'instants, tout ce qu'il y a de vie intérieure et de force de sentiment dans sa double organisation.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Des Destinées de la poésie,  1834, page 387. 

Ø 37. Ô Seigneur, accablez notre âme et nos paupières

D'un sommeil plus pesant et plus sourd que la pierre; 

(...)

Et que la paix des morts nous gagne, et qu'on oublie

Toute cette tristesse immense de la vie!

CHARLES GUÉRIN, Le Coeur solitaire.  1904, page 49. 

c) Exceptionnellement [Le conplément prépositionnel désigne une personne] :ép. désigne une personne] . : 

Ø 38. Vous avez un tel charme dans votre manière de vous intéresser, que je vous accable de moi. Cet été serait encore bien doux si je le passais avec vous...

GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Correspondance générale, Lettres diverses, tome 2, 12 mars 1794, page 580. 

Remarque : 2. S'accabler, réfléchi, est rare : 

Ø 39. Puisqu'on ne pouvait condamner les autres sans aussitôt se juger, il fallait s'accabler soi-même pour avoir le droit de juger les autres.

ALBERT CAMUS, La Chute,  1956, page 1544. 

L'emploi passif semble plus fréquent, mais est souvent difficile à déterminer comme tel (confer accablé, participe passé, remarque 1). Quelques exemples sûrs où l'auxiliaire est à un temps narratif du passé (cf accablé, exemple 10, et supar exemple 12, 14). 

Remarque : 3. a) Les verbes avec lesquels accabler est le plus souvent en association paradigmatique sont : —  très fréquent : faire tomber; —  fréquent : écraser, épuiser; —  moins fréquents : accuser, affaisser, atterrer, charger, combler, courber, détruire, éblouir, ennuyer, exalter, (en) finir, fléchir, frapper, humilier, insulter, lasser, opprimer, faire souffrir, stupéfier, traîner, triompher, tourmenter. b) Les substantifs apparaissant le plus souvent dans les compléments du verbe sont : —  très fréquents : caresses, injures, invectives, mépris, questions; —  fréquents : colère, compliments, dédain, douleur, haine, lettres, maux, poids, reproches, sarcasmes, tendresses, travail; —  moins fréquents : affaires, amitié, amour, arguments, bonté, cadeaux, calomnies, conseils, demandes, désespoir, éloges, ennui, fardeau, force, gloire, honneur, honte, impôts, injustices, insultes, ironie, louanges, malédictions, malheurs, menaces, mots, outrages, paroles, peine, plaisanteries, politesses, preuves, prévenances, railleries, recommandations, regards, rigueurs, soins, torts, tristesse. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 553. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 2 850, b) 2 111; XXe.  siècle : a) 2 106, b) 1 774. 

 

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