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ACCEPTILATION, substantif féminin.

Publié le 29/09/2015

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ACCEPTION, substantif féminin.  

I.—  Sens variable, nuance sémantique d'un mot suivant ses conditions d'emploi ou d'interprétation : 

Ø 1. Mais par l'habitude d'employer un mot dans un sens figuré, l'esprit finit par s'y arrêter uniquement, par faire abstraction du premier sens; et ce sens, d'abord figuré, devient peu à peu le sens ordinaire et propre du même mot. Les prêtres, qui conservèrent le premier langage allégorique, l'employèrent avec le peuple qui ne pouvait plus en saisir le véritable sens, et qui, accoutumé à prendre les mots dans une seule acceptation, devenue leur acception propre, entendait je ne sais quelles fables absurdes, lorsque les mêmes expressions ne présentaient à l'esprit des prêtres qu'une vérité très simple.

ANTOINE MARQUIS DE CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain,  1794, page 42. 

Ø 2. Ces nouvelles géorgiques n'ont rien de commun avec celles qui ont paru jusqu'à ce jour, et le nom de géorgiques, ainsi que dans d'autres poèmes français, et particulièrement dans le poème des saisons du cardinal de Bernis, est employé ici dans un sens plus étendu que son acception ordinaire.

ABBÉ JACQUES DELILLE, L'Homme des champs ou les Géorgiques françaises, préface, 1800, page XXIII. 

Ø 3.... comme si pour peindre un événement si soudain et si malheureux, les termes avoient changé d'acception, et que le langage fût bouleversé comme le coeur.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Génie du christianisme, tome 2, 1803, page 125. 

Ø 4. Le mot liberté, comme tous ceux qui expriment des idées abstraites très-générales, est souvent pris dans une multitude d'acceptions différentes, qui sont autant de portions particulières de sa signification la plus étendue...

ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY, Commentaire sur l'Esprit des lois de Montesquieu.  1807, page 139. 

Ø 5. Les jeux de mots sont des équivoques fondées sur un mot employé de manière à présenter plusieurs idées. L'esprit sourit aux jeux de mots; la raison même ne les désapprouve pas, quand ils renferment un sens également juste sous leur double acception. À la faveur de ces équivoques, on peut tout dire et tout entendre; la même phrase est à-la-fois maligne et innocente, licencieuse et chaste...

VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 225. 

Ø 6. Permettez-moi de vous dire encore que je n'adopte point le mot de romantique avant qu'il ait été universellement défini. Mme.  de Staël lui a donné un fort beau sens et je déclare ne pas lui reconnaître d'autre acception.

VICTOR HUGO, Correspondance,  1824, page 387. 

Ø 7. Je ne puis vous laisser dans l'erreur sur le sens de cette expression créer un mot. Je maintiens que Racine a créé l'acception que je donne à décevant Les mots sont susceptibles de prendre plusieurs significations; et, leur en donner de nouvelles est ce que j'appelle créer, c'est enrichir une langue, une langue s'appauvrit en gagnant des mots, elle s'enrichit en en ayant peu et leur donnant beaucoup de significations. Si l'Académie a négligé cette face du mot décevant, elle a eu tort, comme en beaucoup d'autres occasions.

HONORÉ DE BALZAC, Correspondance,  1844, page 690. 

Ø 8.... Mais encore les mots sont comme des pièces de monnaie dont l'empreinte s'efface, qui s'usent et se déprécient par la circulation : leur sens propre tombe en oubli; on perd la trace des analogies qui ont successivement amené les diverses acceptions figurées; il n'y a plus entre les idées et les images, entre les pensées et leur expression sensible, entre la construction matérielle des éléments du langage et leur valeur représentative, cet accord que la raison réclame.

AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 324. 

Ø 9. Peut-être faudrait-il distinguer connaissance et familiarité en prenant ce dernier mot dans son acception originelle —  non dans le sens d'accoutumance. Il n'est pas sûr d'ailleurs qu'entre familiarité et amour il n'y ait pas encore une autre distinction à établir.

GABRIEL MARCEL, Journal métaphysique,  1918, page 146. 

Ø 10. Le mot de conscience, il faut le prendre dans toutes ses acceptions : psychologique pure, intellectuelle, esthétique pure.

CHARLES DU BOS, Journal,  juillet 1922, page 140. 

Ø 11.... mais peu importe, pourvu qu'on se rende compte de ce qu'on fait, et qu'on ne s'imagine pas (illusion constante des philosophes!) posséder l'essence de la chose quand on s'est mis d'accord sur le sens conventionnel du mot. Disposons alors toutes les acceptions de notre mot le long d'une échelle, comme les nuances du spectre ou les notes de la gamme...

HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion, 1932, page 183. 

Ø 12. Sous toutes les acceptions du mot sens, nous retrouvons la même notion fondamentale d'un être orienté ou polarisé vers ce qu'il n'est pas, et nous sommes ainsi toujours amenés à une conception du sujet comme ek-stase et à un rapport de transcendance active entre le sujet et le monde.

MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 491. 

Ø 13. Nous voilà au seuil du domaine de la plastique. Le mot, à la différence de « pictural » n'est pas parfaitement clair; il s'en faut. Que d'acceptions n'a-t-il pas reçues! Or, nous aurons désormais souvent à en faire usage. Il importe donc de préciser le sens qu'il revêtira ici.

RENÉ HUYGHE, Dialogue avec le visible,  1955, page 74. 

—   Locution. dans l'acception du mot, dans toute l'acception de ce mot (pour suggérer que le mot employé est le mot juste) : 

Ø 14. Fille de cuisine, sale, dégoûtante, la maritorne dans l'acception du mot.

CHARLES VIRMAÎTRE, Dictionnaire d'argot fin-de-siècle, Supplément, 1899, page 171. 

II.—  Par analogie : 

—   Dans le domaine de la musique [En parlant de la valeur d'une tonalité] : 

Ø 15. Le charme troublant [des] transitions (dites inharmoniques), lorsqu'elles sont (...) employées sobrement, provient de la double acception que prennent les tonalités : l'esprit les saisit d'une façon, l'oreille d'une autre.

FRANÇOIS-AUGUSTE GEVAERT, Cours méthodique d'orchestration,  1885, page 102. 

—   Dans le domaine de la peinture. [En parlant de l'effet d'une touche] : 

Ø 16. Les écrivains actuels ont perdu ou dénaturé « l'acception » des mots et les peintres, l'acception de la touche. Elle est posée par à peu près et selon l'effet le plus voyant, non le plus juste.

JOSÉPHIN PÉLADAN, Salon de 1883,  1883, page 134. 

—   Dans le domaine de la physionomie [En parlant du sens d'une expression du visage] : 

Ø 17. Enfin j'étais embarrassé devant certains de ses regards, de ses sourires. Ils pouvaient signifier moeurs faciles, mais aussi gaîté un peu bête d'une jeune fille sémillante mais ayant un fond d'honnêteté. Une même expression, de figure comme de langage, pouvant comporter diverses acceptions, j'étais hésitant comme un élève devant les difficultés d'une version grecque.

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 882. 

Remarque : 1. Sens et acception sont souvent synonymes (confer en particulier l'exemple 9). Le sens d'un mot désigne son contenu notionnel, l'acception concerne les divers sens particuliers qu'il prend ou dans lesquels il est pris suivant les domaines ou son environnement immédiat (confer en particulier l'exemple 12). 2. Pour la confusion de acception et de acceptation, confer ce dernier. 

 

ACCEPTILATION, substantif féminin.  

DROIT ROMAIN.  Mode solennel d'extinction des obligations qui s'appliquait à celles contractées verbalement et exigeait l'emploi d'une formule verbale; remise de dette à la suite de ce paiement fictif par le créancier en faveur du débiteur (confer Dictionnaire de droit de A. Perraud-Charmantier (RAYMOND BARRAINE) 1967) : 

Ø L'acceptilation ne pouvait éteindre que les obligations contractées par voie de stipulation. Mais le prêteur Aquilius Gallus imagina une formule de stipulation appelée de son nom aquilienne par laquelle toute obligation peut être réduite en une stipulation, puis éteinte par acceptilation.

Dictionnaire des dictionnaires (PAUL GUÉRIN)  1892. 

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