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ACCOLADE, substantif féminin.

Publié le 29/09/2015

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ACCOLADE, substantif féminin.  

A.—  Témoignage donné en public, consistant à embrasser quelqu'un. 

1. FÉODALITÉ. (Témoignage donné en public, consistant à embrasser quelqu'un) En lui passant les bras autour du cou, en vue de lui conférer, dans la cérémonie de l'adoubement, le titre de chevalier : 

Ø 1. Puis après lui avoir donné l'accolade et l'avoir frappé trois fois de son épée sur le cou, il ajouta : au nom de Dieu, de saint Michel et de saint Georges, je te fais chevalier : sois preux, hardi et loyal.

VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 4, 1813, page 67. 

Ø 2. Jean-Marie de Villacourt s'attachait au service de la France. Après la Journée de Landrecies, le roi le faisait chevalier et lui donnait l'accolade.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Renée Mauperin,  1864, page 245. 

Remarque : La tradition lexicographique du XIXe.  et du XXe.  siècle a souvent confondu l'accolade avec la colée, grand coup que du plat de la main, ou de l'épée selon l'usage du Moyen Âge finissant, le parrain assenait sur la nuque (le cou) ou l'épaule du jeune aspirant. 

2. Cérémonies militaire, patriotiques.  (Témoignage donné en public, consistant à embrasser quelqu'un) En appuyant les joues les unes contre les autres en vue de manifester à quelqu'un l'estime officielle : 

Ø 3. Philippe n'était pas au bout de ses épreuves; il avait encore bien des mains à serrer, bien des accolades à recevoir; il lui fallait encore envoyer bien des baisers, saluer bien bas les passants, venir bien des fois, au caprice de la foule, chanter la Marseillaise sur le balcon des Tuileries.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 632. 

Ø 4. Et c'est ainsi que Joseph Rouletabille, de l'époque, fut créé officier de Sainte-Anne de Russie par l'empereur lui-même, qui lui donna l'accolade. « Ils embrassent tout le temps dans ce pays! » se dit Rouletabille, qui était si ému qu'il s'essuyait les yeux avec sa manche.

GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar,  1912, page 175. 

Ø 5. Tous les Officiers, pendant l'accolade, claironnant l'air « Au drapeau ».

Tarata ta taire, etc.

GEORGES FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's,  1914, II, 1. page 30. 

Ø 6. Accolade. Roulement de tambour, sonnerie de trompettes. Changement de position dans le port des armes sur les côtés du grand carré.

—  Au nom du ministre de la guerre... 

MAURICE DRUON, Les Grandes familles,  1948, page 165. 

—  Par analogie. 

·    Entre ecclésiastiques ou religieux. Synonyme : baiser de paix :  

Ø 7. Cependant, les deux novices sont allés ensuite donner l'accolade à chacun des religieux, dans un geste plein de tendresse et qui demeurait à la fois spirituel et humain, ressuscitant à mes yeux tout un Moyen âge que je croyais aboli.

JULIEN GREEN, Journal,  1946, page 10. 

·    Dans certains sports, entre adversaires avant le combat : 

Ø 8. Après l'accolade classique, les lutteurs échangèrent quelques coups, plus d'exploration que de prise réelle.

GERMAINE GUÈVREMONT, Le Survenant,  1945, page 224. 

3. (Témoignage donné en public, consistant à embrasser quelqu'un) En accomplissant le même geste, ou encore en serrant quelqu'un dans ses bras pour lui manifester de l'amitié, de l'affection : 

Ø 9. Le laboratoire d'Isaac Zaphara... (Entre Maurice, Zaphara veut l'embrasser.)

Ne me touche pas, vieux maudit!

ISAAC. —  Vous m'affligez sensiblement, Maurice : refuser mon accolade, c'est me donner quasiment à croire que vous ne m'aimez plus.

OCTAVE FEUILLET, Scènes et proverbes,  1854, page 114. 

Ø 10. Marc-Aurèle avait... pour Rusticus l'affection la plus tendre... toujours il lui donnait l'accolade avant de la donner au préfet du prétoire.

ERNEST RENAN, Histoire des origines du Christianisme, Marc-Aurèle et la fin du monde antique, 1881, page 33. 

Ø 11. Le gendarme qui avait amené Guillergues se précipita dans ses bras. Le président l'appela et lui donna l'accolade fraternelle.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif,  1912, page 153. 

Ø 12. C'était Lesueur, les trois hommes commencèrent par se donner l'accolade.

LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Copains,  1913, page 145. 

Ø 13. Weissberger, organisa la fête, nettoya la penderie et le derrière des volets en son honneur, força la Weissberger à l'embrasser publiquement, et nous avons su depuis que de cette fausse accolade était reparti l'amour.

JEAN GIRAUDOUX, Siegfried et le Limousin,  1922, page 232. 

Ø 14. Renonçant à cette accolade qu'elle se préparait déjà à donner, elle se contenta de tendre sa main au jeune homme; et il fut seul à percevoir le tremblement de cette main, l'émotion, l'acquiescement caché, la tendresse, que la pauvre femme mettait dans cette banale étreinte.

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 656. 

Ø 15. Il faut donc, si l'on peut dire, commencer par l'accolade et le reste viendra de surcroît, sans même qu'on y pense. C'est cela la vraie Pentecôte des bonnes volontés. Car tout est dans la bonne volonté. Tout est simple si le coeur y est :...

VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 196. 

—   Syntagmes communs aux emplois 1, 2 et 3 : donner, recevoir l'accolade; Syntagmes rencontrés pour l'emploi 3 : refuser l'accolade; accolade fraternelle, tendre, vigoureuse, furieuse, particulière, etc. 

Remarque : 1. L'exemple 11 reprend un syntagme accolade fraternelle qui avait cours dans les premières années de la Révolution. On appelait ainsi \" un baiser que le président d'un corps constitué ou d'une société patriotique accordait à quelqu'un en signe de fraternité ou d'amitié. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 2. L'emploi 3 est parfois voisin de embrassement ou de étreinte, avec lesquels il a dès lors en commun la valeur superlative et l'absence de toute référence à des témoins de la scène, confer notamment l'usage dans un certain style poétique noble et solennel : 

Ø 16. Oui, partout où je marche une voix me rappelle,

Voix du berceau lointain qui ressaisit le coeur, (...)

Étreinte dans l'absence, accolade éternelle,

Mystérieux sanglot dont les pleurs sont en nous,

Que de fois, comme un cri de frayeur maternelle,

M'avez-vous fait bondir et tomber à genoux!

MARCELINE DESBORDES-VALMORE, Élégies, Départ de Lyon, 1859, page 94. 

Ø 17. On dit que je suis fort malade,

Ami; j'ai déjà l'oeil terni;

Je sens la sinistre accolade 

Du squelette de l'infini.

VICTOR HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Nivôse, 1865, page 274. 

B.—  Familier ou régionalisme. 

1. Familier.  Donner l'accolade à une bouteille, pour la vider (confer accoler I A, remarque 2) : 

Ø 18. Les comédiens firent de leur mieux honneur au menu de maître Chirriguirri, et, sans y trouver les exquisités promises, assouvirent leur faim, et surtout leur soif par de longues accolades à l'outre presque désenflée, comme une cornemuse d'où le vent serait sorti.

THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse,  1863, page 65. 

—  Argot, par ironie : 

Ø 19. Accolade, substantif féminin... soufflet (sur la joue).

ALFRED DELVAU, Dictionnaire de la langue verte,  1866, page 3. 

2. Régionalisme. Société du Parler français au Canada, 1930 offre les acceptions suivantes :  

a) Galanterie. Ce garçon-là est d'une accolade qui plaît à tout le monde : la galanterie de ce garçon-là plaît à tout le monde.  

b)   Croc-en-jambe.  

c)   Croc-en-jambe (au figuré). Ruse pour supplanter quelqu'un. 

 

 

Forme dérivée du verbe \"accolader\"

 accolader

ACCOLADER, verbe transitif.  

1. Rare.  Donner l'accolade (confer ce mot, I). 

2. TYPOGRAPHIE.  Réunir par une accolade des mots ou des lignes (confer accolade2 ) : 

Ø Schéma d'une opération accoladée.

ÉMILE LECLERC, Nouveau manuel complet de typographie,  1897, page 174. 

 

 

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