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ACHÈVEMENT, substantif masculin.

Publié le 01/10/2015

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ACHÈVEMENT, substantif masculin.  

A.—  [En parlant d'inanimés concrets ou abstraits]  Action de mener à son terme; état de ce qui est arrivé à son terme. 

1. Achèvement de quelque chose : 

Ø 1. Tous les efforts des travailleurs tendirent donc à l'achèvement de la coque [du bateau] .

JULES VERNE, L'Île mystérieuse,  1874, page 605. 

Ø 2. Nous montrerons le triple ramassement, le ramassement de ce triple faisceau, la culmination, l'achèvement, le couronnement, la triple promotion de ces trois oeuvres en une.

CHARLES PÉGUY, Victor-Marie, Comte Hugo,  1910, page 803. 

Ø 3. J'étais encore au lit lorsque Max C. est arrivé, m'annonçant son départ pour Rome. « Je vais voir s'il n'y a pas moyen de débarrasser le Capitole du monument au pompier. J'appartiens à une société « pro Roma »... Et puis on peut toujours compter sur l'intervention de la providence : ce monument étant une injure gratuite au pape, on peut espérer le voir réduit en poudre, au jour de l'achèvement, par le tonnerre de Dieu!

VALÉRY LARBAUD, A. O. Barnabooth,  1913, page 124. 

Ø 4. Mais en même temps, parce que c'est de l'être que Dieu est la perfection, il n'en est pas seulement la complétion et l'achèvement, il en est aussi l'expansion absolue, c'est-à-dire l'infinité.

ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 1, 1931, page 59. 

Remarque : Dans cet emploi, comme aussi dans les suivants, il s'agit tantôt d'un terme voulu par un agent (exemple 1, 2), tantôt de l'aboutissement d'un processus commandé par la nature ou l'essence d'un être ou de l'être (exemple 4 et infra 7 à 9). 

2. Emplois absolus : 

Ø 5. Il n'y a de bon dans les innovations, que ce qui est développement, accroissement, achèvement.

JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 347. 

Ø 6. La vie et la conscience s'ordonnent dans une échelle de causalités qui sont l'une et l'autre comme une préparation et un achèvement.

PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté,  1949, page 397. 

—  Au pluriel. 

a) Domaine de la philosophie (confer sup. exemple 4, 6) : 

Ø 7. La perfection de l'être ne requiert pas seulement tous les achèvements, elle exclut toutes les limites, engendrant par là même une infinité positive qui nie toute détermination.

ÉTIENNE GILSON, L'Esprit de la philosophie médiévale, tome 1, 1931, page 59. 

Ø 8. Survirilisation ou surféminisation, comme un certain suradultisme, sont de véritables déséquilibres, non des achèvements : le sexe sacrifié proteste alors de manière désordonnée et clandestine.

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère,  1946, page 157. 

Ø 9. En dehors des maxima fixés, en dehors des achèvements consolidés, rien (ni sous forme de « témoins », ni même à l'état de traces) ne subsiste de ce qui a été avant nous.

PIERRE TEILHARD DE CHARDIN, Le Phénomène humain,  1955, page 129. 

b) Néologisme d'auteur, vieilli.  Résultat de l'action, entreprises menées à leur terme, hauts faits : 

Ø 10. Va, Michel, Prince des armées célestes, et toi, immédiatement après lui en achèvemens militaires, Gabriel : conduisez au combat ceux-ci, mes invincibles enfans...

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Paradis perdu, traduit de John Milton, tome 2, 1836, page 9. 

Remarque : Dans ce passage, achèvement correspond dans le texte original de Milton à prouess qui signifie « valeur, vaillance »; il s'agit d'entreprises, d'actions menées à leur terme, mais aussi d'actions d'éclat, de prouesses. Peut-être s'agit-il d'éviter prouesses, devenu familier en français usuel; le modèle a pu être le latin res gestae. 

B.—  Au figuré.  [En parlant d'une oeuvre d'art, en particulier d'une oeuvre littéraire]  Qualité de perfection visée par une oeuvre, perfection effective de sa facture : 

Ø 11. Il n'a pas pris le temps et les soins nécessaires pour l'achèvement de son ouvrage.

Dictionnaire de l'Académie française.  1835. 

Ø 12. Mon père n'a jamais séparé la vie de la littérature. C'est le secret de son influence. L'art, pour lui, c'était l'achèvement.

LÉON DAUDET, Alphonse Daudet,  1898, page 17. 

Ø 13. Que restait-il de puissance créatrice à Racine au moment de Phèdre? Ou du moins quelles ressources lui réservait encore la tragédie? Pour y voir clair, il faut remonter à la naissance de toute l'oeuvre racinienne, la plus achevée qui existe dans notre littérature et qui atteint dans Phèdre son achèvement.

FRANÇOIS MAURIAC, La Vie de Jean Racine, introduction, 1928, page 107. 

Ø 14. Cet ouvrage n'est pas arrivé à son dernier degré d'achèvement.

Dictionnaire de l'Académie française.  1932. 

C.—  Emplois techniques. 

1. ARCHITECTURE.  \" Construction presque finie. \" (François Raymond, Dictionnaire général de la langue française, Paris, Pitois-Levrault et Cie, tome 1, 3e.  édition, 1840). 

2. DESSIN, PEINTURE.  \" Soin que l'artiste a mis à perfectionner toutes les parties de son ouvrage. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

3. RHÉTORIQUE.  Vieux.  [Spécialement en parlant d'une oeuvre épique ou dramatique]  \" Ce qui complète le dénouement d'un ouvrage \". (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)) : 

Ø 15. Dans l'Iliade, la réconciliation d'Achille et d'Agamemnon est le dénouement; la mort d'Hector est l'achèvement.

Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ). 

Ø 16. L'unité d'obstacle dans la comédie, l'unité de péril dans la tragédie, voilà pour Pierre Corneille le premier pas vers une juste définition de la fable dramatique. C'est qu'on l'accusait parfois d'avoir laissé ses pièces inachevées, et l'on entendait alors par achèvement la mort ou le mariage.

ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille,  1938, page 374. 

Remarque : Emploi attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, mais non dans les différentes édition d'Dictionnaire de l'Académie française; plus anciennement confer étymologie et Dictionnaire universel françois et latin contenant la signification et la définition avec des remarques d'érudition et de critique (dictionnaire de Trévoux) 1704-1771. 

4. TEINTURERIE.  \" Terme employé par les teinturiers. C'est l'action de finir le teint d'une étoffe en noir, ou de lui donner le dernier ton noir. \" (G. Doin, Dictionnaire des teintures, 1828). 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 328. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 149, b) 158; XXe.  siècle : a) 614, b) 812. 

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