ACTUALISME, substantif masculin.

ACTUALITÉ, substantif féminin.  

I.—  Langue courante. 

A.—  Intérêt actuel (de quelque chose) : 

Ø 1.... il n'a pas même compris l'actualité qu'il y a dans cette blague [la farce satirique À bas le progrès!] , de tout ce qui occupe ou embête en ce moment Paris.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  octobre 1891, page 151. 

Ø 2. Il faut que nous décidions de vivre pour ce que nous avons reconnu de plus haut et de mieux réussi en nous, ne rien céder à l'actualité, à la mode, à l'opinion.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 14, février -juillet 1922, page 30. 

Ø 3. Aussi bien les fragments suivants, tirés des lettres qu'il [Alain-Fournier] m'écrivit en 1909-1910, lesquelles fourmillaient d'appréciations qui, à vingt ans d'intervalle, conservent toute leur actualité, donneront-ils une idée de son goût et de la sûreté de son jugement :...

ANDRÉ LHOTE, Peinture d'abord,  1942, page 31. 

Ø 4. Chaque patrie ne trouve pas dans son seul état national le moyen certainement efficace de son autonomie, et chaque état national n'a pas de moyens économiques à la mesure de sa souveraineté définie selon le droit. Très vieux débat dont l'actualité est aiguë et pressante.

FRANÇOIS PERROUX, L'Économie du XXe.  siècle.  1964, page 173. 

Remarque : Syntagmes fréquents : être d'actualité (G. CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 60), l'actualité d'un problème (ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 35). 

B.—  Emploi collectif.  Ensemble des faits tout récents, et offrant un intérêt pour cette raison : 

Ø 5.... j'ai achevé hier, après plus de quinze jours de travail, une exceptionnelle chronique, —  nouvelle, sur l'actualité politique du jour —  c'est une sorte de pétard aussi amusant, cette fois, qu'il m'a été possible de le rendre,...

PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance générale,  10 novembre 1887, page 201. 

Ø 6.... mais, dira-t-on, un théâtre si loin de la vie, des faits, des préoccupations actuelles... de l'actualité et des événements, oui! des préoccupations, dans ce qu'elles ont de profond et qui est l'apanage de quelques-uns, non! et, dans le Zohar l'histoire de Rabbi-Siméon, qui brûle comme le feu, est actuelle comme le feu.

ANTONIN ARTAUD, Le Théâtre et son double,  1939, page 117. 

Remarque : Syntagmes fréquents.  Substantif + adjectif : l'actualité politique (exemple 5; A. MAUROIS, La Vie de Disraëli, 1927, page 239), l'actualité quotidienne (A. LHOTE, Peinture d'abord, 1942, page 160). 

—  Spécialement, au pluriel.  Informations, nouvelles, généralement brèves, récapitulant les principaux événements du moment (dans la presse, au cinéma, à la télévision, etc.) : 

Ø 7.... ayant acquis par ses échos une souplesse de plume et un tact qui lui manquaient lorsqu'il avait écrit sa seconde chronique sur l'Algérie, il [Duroy] ne courait plus aucun risque de voir refuser ses actualités.

GUY DE MAUPASSANT, Bel-Ami,  1885, page 73. 

Ø 8. Elle jeta un coup d'oeil vers la salle, où la lumière venait de s'éteindre.

—  « Par quoi commence-t-on? »

—  « Par des actualités. »

—  « Et puis? »

—  « Un film à grand spectacle, qui doit être idiot. »

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Belle saison, 1923, page 994. 

Remarque : Le singulier (collectif) n'apparaît guère que dans le syntagme écran de l'actualité : 

Ø 9. Cependant, le jour même où je conférais avec l'envoyé du président, un fait nouveau concernant la France apparaissait sur l'écran de l'actualité.

CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, page 28. 

II.—  PHILOSOPHIE.  Qualité de ce qui est actuel ou actualisé, c'est-à-dire en acte et non en puissance : 

Ø 10. On peut assimiler ce rapport entre l'effort et le laisser-passer au rapport de l'actualité à la potentialité, tel que le révèle le champ d'attention. Husserl a fortement insisté sur le caractère universel de ce rapport : le flux du vécu, dit-il, ne peut être constitué de pures actualités;...

PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté,  1949, page 312. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 270. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 9, b) 150; XXe.  siècle : a) 148, b) 969. 

ACTUALISME, substantif masculin.  

—  GÉOLOGIE.  Explication géologique du passé de la Terre par l'étude des phénomènes géologiques effectifs actuels. (Attesté dans Larousse du xxe. siècle en six volumes, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes et Larousse trois volumes en couleurs) : 

Ø 1. Charles Lyell et Constant Prévost se firent les champions d'une théorie fort différente [de la théorie cataclysmique] : l'uniformitarisme ou actualisme. Considérant, à la suite de Hutton, que « le présent est la clef du passé », Lyell (Principles of geology, 1830-1833) retrouva à chaque période géologique les mêmes phénomènes réalisés par les mêmes agents et le même mécanisme. Constant Prévost alla plus loin, disant que les causes anciennes n'étaient pas différentes des causes actuelles et qu'elles produisaient des effets identiques à ceux que nous pouvons étudier dans la nature actuelle.

Histoire générale des sciences (sous la direction de René Taton)  tome 3, volume 1, 1961, page 381. 

—  MORALE. (D'après F. Rauh (CONFER ÉTYMOLOGIQUE)).  Étude du passé dans la mesure où il agit directement sur le présent. (Attesté dans Larousse du xxe. siècle en six volumes, Grand Larousse encyclopédique en dix volumes et Larousse trois volumes en couleurs). 

Remarque : Sous la plume d'un philosophe contemporain, actualisme semble désigner la tentation d'actualiser un concept par pur conformisme verbal et sans égard à la réalité qu'il recouvre : 

Ø 2.... nous devinons l'infini sans pouvoir l'évaluer à tant ou tant En l'espèce, nous ne pouvons décider s'il est pair ou impair, tout nombre pair renvoyant à un nombre impair plus grand que lui et réciproquement. C'est le quantum fixé, nombré, assigné qui consacre la méconnaissance de l'infini. En vertu d'un actualisme nominaliste valable pour ce monde d'alternative et machiavéliquement appliqué au tout-autre-ordre par l'effet de notre mauvaise foi, la détermination implique finitude comme la représentation particulière implique un arrêt de la pensée.

VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque rien, 1957, pages 61-62. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1.