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AÈDE 1 , substantif masculin.

Publié le 06/10/2015

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AÈDE 1 , substantif masculin. A.- Poète épique ou hymnique de la Grèce archaïque, généralement aussi chanteur-récitant de ses oeuvres : Ø 1. Et pour charmer encor la table hospitalière, L' aède aux chants aimés va célébrer les dieux. CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, poèmes antiques, Niobé, 1852, page 180. Ø 2. L' aède qui chantait la colère d'Achille trouvait sur sa lyre une quarte, une quinte et peut-être une octave, qui guidaient la voix dans les cadences;... LOUIS LALOY, Aristoxène de Tarente, 1904, page 275. Ø 3. Le griot des nègres d'Afrique est aussi digne de l'attention de l'observateur que l' aède grec;... JULES COMBARIEU, La Musique, 1910, page 12. Ø 4. Tel est l'art de l' aède, qui est comme la mémoire des guerriers. L'orateur et le poète sont soumis à cette condition de se conformer à une sorte de modèle de leur parole; sans quoi on entend mal ce qu'ils disent. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1923, page 482. Ø 5. C'est le rôle de la musique même rassemblant, dès l'antiquité la plus haute, le nomade et le sauvage autour de la loi qui se chante. C'est le rôle des aèdes orphiques ou homériques relevant les ruines morales de l'hellénisme primitif dispersé dans les îles par l'invasion des Doriens. ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 44. Ø 6.... il existe peut-être des littératures, il n'existe pas de littérateur. Or c'est la psychologie du littérateur qui nous occupe ici. Le littérateur nous semble, d'ailleurs, se montrer de très bonne heure. L' aède, bien qu'il ne fît guère que des récits légués par la tradition et ne parlât jamais de soi, y insérait certains morceaux de son cru, que ses auditeurs savaient être de son cru et pour lesquels il devait souhaiter, et sans doute obtenir, un succès personnel. L' aède est bien déjà un littérateur. Pour la même raison, et plus encore, le récitant des chansons de geste, et quoi qu'on en ait dit, le barde breton, le scalde scandinave. JULIEN BENDA, La France byzantine ou le Triomphe de la littérature pure . 1945, page 152. B.- Par extension . 1. Poète d'une période reculée et d'un style rappelant celui des aèdes grecs : Ø 7. Le grand interprète de la passion vénusiaque, l' aède de la splendeur et suavité féminine, de l'attachement physique (...), c'est Ronsard. LÉON DAUDET, Mes Idées esthétiques, 1939, page 166. 2. Poète présentant ses oeuvres à un public populaire ou dans un lieu public : Ø 8. Ce sont des aèdes que ces gens-là. Leur instrument est grotesque? Soit, mais l'intention demeure. Transformez leur boîte à polkas en un orgue d'Alexandre et la main qui tourne leur manivelle en celle de Lefébure-Wély et vous ne rirez plus. STÉPHANE MALLARMÉ, Correspondance, 1862, page 58. Ø 9.... M. Jean Moréas marche, suivi, dit-on, de cinquante poètes (...). On cite le café où chaque soir l' aède du symbolisme enseigne les rhapsodes de l'avenir. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire, tome 4, 1892, page 145. Ø 10. T'as l'air du petit vendeur d'un bijoutier de la rue Royale... Raoul Jemmequin (...) est l' aède de la bande. ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 29. Ø 11.... l'épopée titanique, la lumière olympienne du grand aède Spitteler, les traditions vivantes des fêtes populaires, et la sève de printemps qui travaille l'arbre rude et antique : tout cet art encore jeune, qui tantôt râpe la langue, comme les fruits pierreux des poiriers sauvages, tantôt a la fadeur sucrée des myrtils noirs et bleus, mais du moins sent la terre, est l'oeuvre d'autodidactes qu'une culture archaïque ne sépare point de leur peuple et qui lisent, avec lui, dans le même livre de vie. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Nouvelle journée, 1912, page 1436. Ø 12. Les chansons des vendanges, en Bourgogne, m'avaient (...) enseigné que les aèdes populaires parlent une langue musicale plus riche que celle des professionnels. MAURICE EMMANUEL, Pelléas et Mélisande, avant-propos, 1929, page 5. 3. Compositeur de musique d'opéra d'inspiration préchrétienne : Ø 13. Il y a deux natures dans la personne artistique de Gounod : la nature chrétienne et la nature païenne, l'élève du séminaire et le pensionnaire de l'École de Rome, l' apôtre et l' aède. CAMILLE SAINT-SAËNS, Portraits et souvenirs, Charles Gounod, 1909, page 47. 4. Orateur parlant en style épique ou lyrique à un public étendu : Ø 14. Les moeurs politiques américaines, peu connues chez nous, avec leur mélange de lenteur cérémonieuse et de langage direct, brutal, décoraient d'un charme cinématographique une action si agréable à un coeur français. Rien ne faisait plus obstacle à ce que nos oreilles donnassent audience aux accents de l' aède. Les pipeaux de Wilson firent entendre le mode neuf après lequel tout le monde soupirait. JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle, 1931, page 86. Ø 15. Parmi ces nombreux talents [d'orateurs] , on peut signaler le général Foy, l' aède enflammé du sentiment national... DOCTEUR A. WICART . Les puissances vocales : l'orateur, tome 2, 1936, page 80. Remarque : 1. a) Syntagmes les plus courants : accents, art, chant, paroles, récit, voix de l'aède. b) Autres syntagmes : aède grec, - homérique (exemple 3, 5); l'aède s'accompagne généralement de la lyre (exemple 2), il occupe un rôle de premier plan dans la transmission de la tradition orale (exemple 6), parle ou chante pour un public devant lequel il célèbre les dieux (exemple 1), les exploits des héros, réels ou légendaires (exemple 2) ou les hauts faits qui ont marqué l'histoire de son peuple (exemple 4, 5). Il a ses analogues dans le récitant de chanson de geste, le barde breton, le scalde scandinave, le griot des nègres, qui comme lui chantent l'histoire plus ou moins légendaire de leur peuple, conservée par la tradition (exemple 3, 6). D'où le syntagme : aède populaire. 2. Les extensions de sens se sont produites sur 2 axes : a) Sur les sèmes antique et style (confer B 1 et 3). b) Sur le sème présentation d'oeuvres à un public (confer B 2 et 4). 3. Il y a eu d'autre part passage du domaine primitif où poésie, chant et accompagnement musical sont réunis, à des domaines plus récents et plus différenciés : a) Poésie seulement verbale (B 1), puis orateur d'un certain style (B 4). b) Compositeur de musique d'opéra (B 3).      

« CAMILLE SAINT-SAËNS, Portraits et souvenirs, Charles Gounod, 1909, page 47. 4. Orateur parlant en style épique ou lyrique à un public étendu :  14.

Les moeurs politiques américaines, peu connues chez nous, avec leur mélange de lenteur cérémonieuse et de langage direct, brutal, décoraient d'un charme cinématographique une action si agréable à un coeur français.

Rien ne faisait plus obstacle à ce que nos oreilles donnassent audience aux. »

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