AFFAMER -> FAIM 1 AFFECTER v., forme attestée au XIVe s., recouvre en français moderne trois verbes distincts et deux ou même trois sources latines, toutes issues de facere « faire* ». En latin, ad-ficere (afficere) signifie « mettre (qqn) dans une certaine disposition ; toucher, notamment en mal » ; ce verbe produit affectus e t affectio, q ui traduisent d'abord le grec d iathesis, puis se spécialisent (affectus correspondant à pathos -> patho-), et afficere coexiste avec le verbe fréquentatif affectare « se mettre à (faire) », puis « rechercher », qui se confondra plus tard, pour la forme, avec un verbe bas latin °affectare « arranger », doublet de °affactare. C e dernier est l'altération du latin classique affectare d 'après le participe de facere, factus, e t a donné l'ancien français affaitier « arranger, disposer » (-> afféterie). Le participe passé de cet °affectare e st affectatus, attesté en latin médiéval (864). La recomposition de ad- e t du thème fact- ou fect- a conduit à de nombreuses formes (affact, affect-, affait-) mêlées en latin médiéval, et les trois verbes ci-dessous distingués ont dû être en général confondus, ce qui s'exprime par de nombreuses interférences sémantiques. 1 affecter v. t r. est emprunté (XIVe s.) au latin classique affectare. + ? Il signifie d'abord « rechercher, désirer » et spécialement « rechercher par ambition (le pouvoir, etc.) ». Ces valeurs latines sont sorties d'usage après le XVIIe s. ; on les rencontre encore au XIXe s. par archaïsme. ? Un autre sens du latin, « prendre ostensiblement (une forme, une manière d'agir) », passe en français (XVIe s. ; un exemple antérieur est incertain), soit à propos de personnes avec la double idée de mensonge et de manque de naturel, sens vivant et usuel, soit de choses, dans un usage littéraire, pour « prendre (telle forme) ». ? L'emprunt correspondant au dérivé latin affectatio, 1 AFFECT AT ION n. f . d ésigne d'abord un désir, une recherche (1541), sens archaïque, puis (XVIe s., Montaigne) un comportement peu naturel, sens à rapprocher de celui d'afféterie, e t aussi (1701) un comportement trompeur. AFFECT É, ÉE a dj. suit la même évolution, de « porté à » (déb. XVe s.), sens disparu, à « simulé » (1546), valeur très vivante. ? ? signifiant (XVe s., Chastellain) « toucher par une impression physique ou morale », procède des autres sens du verbe, notamment de 1 affecter, mais peut aussi être dérivé de affectus, comme le moyen français affect « attaché, passionné », et malaffect « malade ». Il a en outre subi l'attraction sémantique de affection* e t a influencé affectif. 2 AFFECT ER v . t r. Le verbe est d'abord attesté au sens psychologique, puis (1636) en médecine ; d'où s'affecter (1863) pour « contracter une lésion ». Le sens moral se précise au XVIIe s., et s'affecter, « ressentir une impression pénible », est attesté en 1740, à peu près en même temps que AFFECT É, ÉE a dj. (chez Lesage). ? ? « d estiner », est attesté au milieu du XVIe s. (1551) mais doit être antérieur (voir cidessous 2 affectation ). Il est emprunté au bas latin, plutôt qu'au latin classique (voir ci-dessus) et relatinise probablement l'ancien français afaitier (1080), issu du latin populaire °affactare au sens d'« arranger, mettre en état », « préparer » (1240), « instruire, élever » (XIIe s.), d'où « apprivoiser » et aussi « transmettre (un bien) » (XIIIe s.). ? On trouve la forme affaictier (1530), affaicter (1573) pour ce verbe, dont l'usage est constant au moyen âge et jusqu'à la fin du XVIe s. avec de nombreux dérivés. 3 AFFECT ER v . t r., Affecter a d éveloppé ses emplois modernes au XVIIe s., d'abord à propos de choses (affecter un rôle, un droit à qqn, av. 1690), d'abstractions (1680), de sommes d'argent en comptabilité, et plus tard de personnes, pour « désigner (qqn) dans une fonction » (1830). ? En français d'Afrique, le verbe correspond à « nommer à un poste » et parfois à « muter, changer de poste ». De même, d emander son affectation signifie en général « demander sa mutation ». ? Le participe passé AFFECT É, ÉE a dj., q ui signifie d'abord « attaché, porté à qqch. » (déb. XVe s.), a pris au XXe s. les acceptions du verbe et de affectation ; d e là un emploi substantivé, affecté spécial (1946), tiré de affectation spéciale. ? Le dérivé 2 AFFECT AT ION n. f . e st attesté dès 1413 pour « fait d'attribuer (un bénéfice ecclésiastique) à certains dignitaires ». Puis il signifie « application (d'une chose) à un usage » (XVIe s.). Le mot a des spécialisations juridiques, notamment « fait d'hypothéquer » (1611), et comptables. ? Il s'applique beaucoup plus tard (1899) aux personnes, en général dans le contexte militaire et souvent au passif (être affecté à...). Pour le sens de ce nom en français d'Afrique, voir à affecter. ? ? AFFECT AT AIRE n. d ésigne la personne qui est affectée à un poste (1877). ? Le préfixé DÉSAFFECT ER v. t r. signifie (1877) « cesser d'affecter (une somme) à un emploi » et (v. 1900) « enlever à (un édifice) sa destination », d'où DÉSAFFECT AT ION n. f . (1876) et DÉSAFFECT É, ÉE a dj., plus courant (église désaffectée). ? v oir AFFECT ION. AFFECTION n. f . e st emprunté (1190) au latin affectio « modification », en latin impérial « attitude psychologique résultant d'une influence », dérivé de afficere (-> affecter). ? Le mot apparaît à la fois au sens général de « sentiment, émotion » et de « sentiment d'attachement tendre » (1190, F . e. w.), les connotations modernes se précisant à la Renaissance (1546, Rabelais). Il conserve le premier sens dans l'usage didactique (les affections de l'âme) e t signifie aussi en moyen français « ardeur », « désir » (XIVe s., jusqu'au XVIIIe s.). ? Une autre acception, « maladie » (1539), correspond aux valeurs étymologiques d'influence, d'effet, et est à rapprocher des emplois correspondants d'affecter. ? Le dérivé AFFECT IONNÉ, ÉE a dj. (XIVe s.), « qui a de l'attachement pour qqn » et aussi « dévoué, zélé » (XVIe -XVIIe s.), s'est employé dans la langue de la politesse (votre affectionné...), e t comme substantif. ? Il a pour dérivé AFFECT IONNÉMENT a dv. (1541). Le verbe AFFECT IONNER v. t r. (mil. XVIe s.) « aimer, être attaché à » (fin pronominal s'affectionner à ou d e qqn (XVIe s.) ont vieilli. ? XVIe s.), et le ? Une série préfixée, DÉSAFFECT ION n. f . (1787) « perte de l'affection », DÉSAFFECT IONNÉ, ÉE a dj. (1743), (SE) DÉSAFFECT IONNER v. (1794, v. t r. ; 1834, p ron.), d'où DÉSAFFECT IONNEMENT n. m. (1838), est littéraire (désaffection) ou rare (les autres). ? AFFECT IF, IVE a dj., e mprunt (XVe s.) au dérivé latin affectivus, e st contemporain du verbe 2 affecter. Il s'emploie d'abord en philosophie pour qualifier des sentiments éprouvés et non manifestés, amour, dévotion, etc., par opposition à e ffectif, puis pour « émouvant » (v. 1600) et, à propos des personnes, « sensible, impressionnable » (XVIe -XVIIe s.), ces acceptions étant sorties d'usage. L'adjectif prend sa valeur moderne au XVIIIe s. et se répand au XIXe s. (Cf. affectivité). ? Le dérivé AFFECT IVEMENT a dv. (1616) suit la même évolution. AFFECT IVIT É n. f ., autre dérivé de affectif, e st plus récent (1865) et correspond au développement de la psychologie. ? Il en va de même pour AFFECT n. m., repris (1908) à l'allemand Affekt, après avoir signifié « état, disposition de l'âme » en moyen français, où il représente la réfection de affet (v. 1235), par emprunt au latin affectus. ? ? Ce même mot latin produit en bas latin un adjectif affectuosus q ui donne par emprunt AFFECT UEUX, EUSE a dj., d 'abord (XIIIe s.) « ardent », puis « émouvant » (1568), sens disparus. ? Le sens moderne de cet adjectif apparaît en français classique, d'abord en parlant des sentiments qui témoignent de tendresse (1611), puis des personnes (1718) et des actes. Il a pour dérivé AFFECT UEUSEMENT « avec affection ». ? a dv., d 'abord (XIIIe s.) « avec zèle, ardeur », puis (1611) L'adverbe comme l'adjectif, dont il dérive, sont usuels, alors qu'affectif e t affect relèvent d'un usage didactique. ? ? v oir AFICIONADO. 1 AFFÉRENT , E NTE a dj. e st la réfection (XVIIe s. ; in F uretière, 1690) de l'ancien et moyen français aferant (XIIIe s.), aufferant (XIIe s.), participe présent du verbe aférir, impersonnel, dans il afiert, il affiert « il convient ». C'est un emprunt au latin populaire °afferire, d e afferre « apporter », affert « cela convient ». Afferre e st formé de ad- (-> à) e t de ferre « porter » (-> -fère), d ont les dérivés sont présents en français (-> fertile ; conférer, déférer, différer, inférer, proférer, référer, transférer). ? L'adjectif, construit avec a-, correspond à « qui concerne (qqch.) » ; il s'emploie encore en droit (les documents y afférents). e st emprunté en médecine (1814-1820, Nysten) au latin afferens, d e afferre (ci-dessus). ? Il qualifie les vaisseaux, nerfs, etc. qui vont de la périphérie au centre de l'organisme, et s'emploie abstraitement en psychologie. ? ? 1 ? 2 AFFÉRENT , ENT E a dj. AFFÉRENCE n. f ., 2 d érivé moyen français (av. 1481) de 1 afférent, a d isparu. e st un terme didactique (attesté 1957, Jankélévitch, en psychologie) qui afférent. AFFÉRENCE n. f . correspond à AFFERMER -> AFFERMIR -> 2 2 FERME (n. f.) 1 FERME (ad j.) AFFÉTERIE n. f . e st un dérivé (v. 1500) de affété, ée (XVe s.) [afaitié, XIIIe s., « façonné »], participe passé de l'ancien verbe afaitier ou affaitier, affeter (-> affecter), repris sous l'influence de l'italien affetato, d e même origine. C'est le quasi-doublet de 2 affectation, mais il est archaïque et littéraire. Parmi les dérivés de affaitier, plusieurs représentent le même sémantisme, à côté d'« action de préparer, de dresser, etc. » (afaiture, afaitaison, affaitage...), d e « circonstance, manière » (afaite, afaitement...). Affaicterie e n particulier a signifié « apprivoisement » (1611), affeterie « ruse, tromperie », avant ou à côté de la reprise de ce mot au XVIe s., sous l'influence de l'italien, l'isolant de la série de afaitier, q ui était sur le point de disparaître. ? Le mot correspond à certaines valeurs de afaitié, affété, forme première de affecté, e t qui prend le sens de ce dernier au XVIe siècle. ? À côté de l'idée de recherche artificielle dans les manières, les apparences, il a eu aussi dans la langue classique des connotations de joliesse apprêtée. ? AFFÉT É, ÉE a dj. se dit encore dans un usage très littéraire des manières caractérisées par