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AH, AHA, AHAH, HA1, interjection et substantif masculin.

Publié le 16/10/2015

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AH, AHA, AHAH, HA1, interjection et substantif masculin.  

I.—  Interjection. 

A.—  Interjection qui, dans la langue parlée et dans le discours écrit qui la reflète, sert à marquer, avec l'aide d'intonations appropriées (que l'écriture note uniformément par un point d'exclamation), divers mouvements affectifs très vifs. 

1. La douleur, l'indignation, l'impatience : 

Ø 1. Ah! c'est atroce, Mon Dieu!

GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 171. 

Ø 2. «... Ah!... pauvre enfant!... » La malheureuse femme accompagnait de ce cri toujours plus poignant chaque détail du récit que lui faisait le secrétaire de la mairie.

LOUIS-ÉMILE-EDMOND DURANTY, Le Malheur d'Henriette Gérard,  1860, page 343. 

Ø 3. Parti comme cela, sans m'attendre! ah! quel mufle!

HENRI DE MONTHERLANT, Un Incompris,  1944, 2, page 412. 

2. Le bonheur, le plaisir, la joie : 

Ø 4. Ah! quel bonheur!

EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres,  1838, page 204. 

Ø 5. « Ah! que l'amour est agréable! »

HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème,  1851, page 242. 

Ø 6.... « Ah, que c'était beau! »

ANDRÉ GIDE, Journal,  1913, page 390. 

3. La surprise, l'admiration, l'enthousiasme : 

Ø 7. —  Vous ne savez pas danser!... fit le bonhomme. Ah! ciel! c'est prodigieux... mais moi, j'ai su danser avant de savoir lire.

HENRI MURGER, Scènes de la vie de jeunesse,  1851, page 143. 

Ø 8. Dans la cour, un groupe d'amis. Dans la salle, la mère, Marguerite Audoux (ah! que la qualité de sa douleur me paraît belle!)...

ANDRÉ GIDE, Journal, La Mort de Charles-Louis Philippe, 1909, page 282. 

Ø 9. Je m'assis en face d'un couple. Entre l'homme et la femme, l'enfant, tant bien que mal, avait fait son creux, et il dormait. Mais il se retourna dans le sommeil, et son visage m'apparut sous la veilleuse. Ah! quel adorable visage! il était né de ce couple-là une sorte de fruit doré.

ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes,  1939, page 260. 

B.—  Interjection qui ne sert souvent qu'à donner un tour plus énergique à la phrase ou à introduire une idée nouvelle : 

Ø 10. Ah! tu veux plaisanter encore, dit-elle;...

MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé,  1853, page 190. 

Ø 11.... Ah! je comprends tout maintenant : tu es la fausse Corilla!... à ton âge, mon enfant, tu entames un vilain métier!

GÉRARD DE NERVAL, Les Filles du feu, Corilla, 1854, page 677. 

C.—  Interjection qui, redoublée, exprime la surprise, l'ironie, la satisfaction (confer aha) : 

Ø 12. Ah! ah! bel ermite! tu ne le sauras pas! tu ne le sauras pas!

GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine,  1874, page 33. 

Ø 13. Ruprecht, un grand gaillard au teint rose et superbe, qui tenait en laisse un énorme dogue d'Ulm, tapait sur l'épaule de Roche : —  Ah! ah, policeman français!

MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14,  1935, page 190. 

Remarque : Dans la forme redoublée, on rencontre fréquemment les graphies aha et ahah : 

Ø 14. Ah! ben, on voit que Monsieur ne connaît pas Monsieur! mais je lui confierais ma femme, Monsieur!

MONGICOURT. —  Aha! vous êtes marié!

ÉTIENNE. —  Moi? Ah! non, alors!... mais c'est une façon de parler!... pour dire que s'il n'y a pas plus noceur que Monsieur...!

GEORGES FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's,  1914, I, 1, page 4. 

Ø 15. Le Général, au mot de « Madame », poussant à l'intention de Petypon une petite exclamation de triomphe. —  Aha!

GEORGES FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, I, 12  1914, page 18. 

Ø 16. Le médecin d'accourir : aha! s'écria-t-il en se frottant les mains avec un air de jubilation, nous ne nous y laisserons plus prendre!

JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle,  1931, page 181. 

D.—  Locution exclamative, familière ou populaire. 

—  Ah bah (exprime l'insouciance) : 

Ø 17. —  Tais-toi donc, eh! farceur, y a du bon.

Du coup, Croquebol se tut. Calmé net, il dégringola de son « plumard ».

—  Ah bah! demanda-t-il, y a du bon? Et en quoi f'sant qu'y a du bon?

GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47,  1888, première partie, 6, page 66. 

—  Ah bien (exprime l'étonnement, la protestation, etc.) : 

Ø 18. Ah bien, non, ah bien, non, là je trouve que tu exagères.

RAYMOND QUENEAU, Pierrot mon ami,  1942, page 34. 

·    Ah bon (exprime l'accord, etc.) : 

Ø 19. « Hahaha! » « quoi? Voilà l'atout, il vient de le jouer. » « Je ne sais pas, je n'ai pas vu... » « Si, maintenant je viens de jouer atout. » « Ah bon, alors atout coeur. »

JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée,  1938, page 36. 

·    Ah çà (exprime le mécontentement, l'agacement, l'impatience) : 

Ø 20. MICHEL. —  Maman voulait appeler la police, me faire arrêter.

MADELEINE, stupéfaite. —  La police? pourquoi?

MICHEL. —  Ah çà! c'est le style de maman, le style de la chambre de maman...

MADELEINE. —  C'est...

MICHEL et MADELEINE, ensemble. —  In-cro-yable!

JEAN COCTEAU, Les Parents terribles,  1938, II, 1, pages 230-231. 

·    Ah là là (exprime l'agacement) : 

Ø 21. On le repousse avec horreur, avec haine, avec ironie. ou, ce qui est pire, avec ennui, en bâillant, d'un geste excédé et mou. Ce n'est même pas la peine de discuter. Ah, là là! quand est-ce qu'il aura fini! en v'là assez! nous en avons assez de toutes ces histoires! la barbe! qu'il nous laisse tranquille!

PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix,  1938, page 272. 

·    Ah mais (exprime la protestation, l'opposition, le refus) : 

Ø 22. Elle finit par avouer son inquiétude.

—  Ah! mais, je vais retourner voir l'abbé Maurois.

—  Mais enfin, monsieur l'abbé, vous ne m'aviez pas dit ça, s'écria-t-elle dès l'entrée, en mordant sa joue.

PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie,  1939, page 36. 

·    Ah misère (exprime le dépit, etc.) : 

Ø 23. —  L'oiseau s'est envolé, dit-il. Sacrée nouvelle!

—  Envolé? mais ses habits sont sous clef, ses chaussures, tout. Il est en pyjama, pieds nus. Ah! misère!

GEORGES BERNANOS, Monsieur Ouine,  1943, page 1512. 

·    Ah mon Dieu ou ah Dieu (exprime l'effroi, l'affliction, etc.) : 

Ø 24. Il prend facilement en pitié le bonheur des autres. Il dit, ou semble dire : « Ah! Dieu! comment pouvez-vous faire du bonheur avec ça? À votre place, je... », et au lieu de plaindre, il conseille.

ANDRÉ GIDE, Journal,  1906, page 200. 

Ø 25. Je les vois, (...) les familles rivales éparses et déchargées les unes dans les autres, s'agiter et se dire : ah! mon Dieu, voici Électre. Nous étions si tranquilles!

JEAN GIRAUDOUX, Électre,  1937, I, 2, pages 34-35. 

·    Ah nom de Dieu ou ah bon Dieu (populaire, exprime la protestation, la colère, etc.) : 

Ø 26. Il faut introduire les moyens de l'art dans la vie, mon b'bon, non pour en faire de l'art, ah! bon Dieu non! mais pour en faire davantage de la vie. Pas un mot!

ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine,  1933, page 399. 

·    Ah non, ah oui (appuie une négation, une affirmation) : 

Ø 27.... nous dire que cet homme est soumis à des supplices atroces pour que nous puissions exister, que c'est là une condition fondamentale de l'existence en général, ah non! plutôt accepter que plus rien n'existe!

HENRI BERGSON, Les Deux sources de la morale et de la religion,  1932, page 76. 

Ø 28. —  Peinture?... ah oui!... mais... Le monsieur regardait Wazemmes. Évidemment, s'il s'agissait d'un atelier d'artistes-peintres, cette façon bohème de prendre les choses ne l'étonnait plus.

LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre 1932, page 238. 

·    Ah voilà (exprime la compréhension, souvent par ironie) : 

Ø 29. —  Je croyais que vous n'aimiez que les femmes faciles. —  J'aime les femmes qui ont beaucoup de tenue, et qui en même temps sont faciles. —  Ah, voilà!

HENRI DE MONTHERLANT, Pitié pour les femmes,  1936, page 1120. 

II.—  Substantif masculin invariable.  Ce qui exprime des sentiments divers (douleur, joie, etc.) Pousser des ah! ou pousser des oh! et des ah! : 

Ø 30. Puis il allait à l'orchestre la voir danser et, quand elle faisait un petit ah! de douleur, il se disait : « je sais ce que c'est. »

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  mars 1865, page 139. 

Ø 31. La voix d'Alexandre Dumas se fait entendre. Aussitôt, c'est un recueillement religieux; puis bientôt, de petits rires bienveillants, des applaudissements caressants, des ah! pâmés.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  février 1875, page 1041. 

Ø 32. Les copains sifflent et fument. Jusserand se plaint des guêpes. L'amoureux de la grandeur pousse des oh! oh! et des ah! ah! Il esquisse de ronflantes colères vocales. Quand on a une belle voix, il faut s'en servir.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Désert de Bièvres, 1937, page 190. 

Remarque : Dans Dictionnaire technique du bâtiment et des travaux publics (Maurice Barbier, Roger Cadiergues) 1963, on trouve ahah substantif avec le sens de \" ouverture exécutée dans un mur de clôture pour prolongement d'une perspective ou dégagement d'une vue \", pour lequel il n'a pas été possible de trouver une référence étymologie. 

 

 

 

 

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