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AIDE1, substantif féminin.

Publié le 17/10/2015

Extrait du document

AIDE2, substantif.  

A.—  Personne qui assiste, seconde ou supplée quelqu'un dans un travail, une fonction, et qui lui est le plus souvent subordonnée : 

Ø 1. Le service du four [locomobile] exige un personnel de quatre hommes, le chef ou brigadier, deux pétrisseurs et un aide ou servant 

LOUIS SER, Traité de physique industrielle, tome 2, 1890, page 2. 

—  MARINE.  substantif masculin. Aide. \" (...) Fonctions d'un officier marinier, de canonnage, timonerie, charpentage, calfatage, voilerie, sous le maître et le second maître de chacun de ces états; (...). \" (Dictionnaire de marine (JEAN-BAPTISTE PHILIBERT WILLAUMEZ), 1831). 

B.—  Emplois techniques. Syntagmes usuels : 

1. Aide + adjectif : 

Ø 2. L'aide familiale rurale est une travailleuse familiale spécialisée en milieu rural et venant en aide aux familles rurales surchargées en cas de naissance ou de maladies, pour aider ou remplacer dans ses tâches ménagères la mère de famille, au sein de la famille.

J.-A. NÉRET, Emplois et travaux féminins,  1956, page 52. 

Ø 3. Un certificat d'aptitude aux fonctions d'aide soignante a été institué par l'arrêté du 25-1-56, J. O. 25-1-56.

Vocabulaire de psychopédagogie et de psychiatrie de l'enfant (ROBERT LAFON)  1963. 

2. Aide + à + substantif. 

—   [Le substantif est le nom d'une machine]  Aide aux barattes; aide aux mixers; aide aux presses trempeuses... (confer Dictionnaire des métiers et appellations d'emploi, 1955). 

—  Aide. Personne employée par le service de l'aide aux mères : 

Ø 4. Aide aux mères. Service ayant pour but de mettre une travailleuse familiale à la disposition de toute mère de famille, sans distinction du nombre d'enfants, du milieu social, des opinions ou des ressources, en cas de naissance, maladie, surmenage. L'aide, avec la mère, ou à sa place, si sa santé l'exige, soigne les enfants et assure les travaux habituels de cette dernière au foyer.

Vocabulaire de psychopédagogie et de psychiatrie de l'enfant (ROBERT LAFON)  1963. 

3. Aide + de + substantif (nom du domaine professionnel). Aide de cuisine. 

—  MILITAIRE.  Aide de camp. Officier attaché au service d'un chef militaire, chargé en particulier d'assurer la transmission de ses ordres et de veiller à leur exécution. (On dit aujourd'hui officier d'ordonnance) : 

Ø 5. Des bateaux à vapeur (...) allaient et venaient portant des ordres d'une division à l'autre, comme des sirènes ou comme les aides de camp de l'amiral.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 578. 

Ø 6. Les généraux de brigade ont deux aides de camp, savoir : un capitaine et un lieutenant; les généraux de division, trois : un chef d'escadron et deux capitaines; les maréchaux de France, quatre : un colonel, un chef d'escadron, et deux capitaines. Les souverains attachent aussi à leur personne un certain nombre d'aides de camp, et en accordent un nombre plus limité aux membres de leur famille.

Dictionnaire universel des Sciences, des Lettres etd es Arts (MARIE-NICOLAS BOUILLET)  1859. 

—  HISTOIRE.  Aide des cérémonies. Officier qui, à la cour de France, secondait ou suppléait le grand maître des cérémonies. 

4. Sous-aide. Personne subordonnée à l'aide dans l'exercice de la même fonction ou du même travail. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 871. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 5 576, b) 5 882; XXe.  siècle : a) 4 855, b) 5 628. 

 

Forme dérivée du verbe \"aider\"

 aider

AIDER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif. 

A.—  Emploi transitif direct. 

1. [Le complément d'objet désigne une personne] 

a) Prêter son concours à quelqu'un pour lui faciliter l'accomplissement d'un acte, la réalisation de quelque chose; secourir une personne dans le besoin. Aider sa mère, un ami : 

Ø 1. Appelez à votre secours le courage et la fermeté, ils viendront vous aider, soutenir vos pas chancelans, jusqu'à ce que l'éponge du temps et le baume de l'habitude aient adouci l'amertume de ces premiers momens.

MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York, tome 3, 1801, page 26. 

Ø 2. Je me confessais... Je venais à vous... Je venais vous dire comme une honnête femme à un honnête homme : j'ai peur de moi... Je me sens faible... Mes forces s'en vont... L'abîme est là... Aidez-moi... Secourez-moi... Sauvez-moi! Vous, mon secours, vous, mon aide... Vous, mon mari!...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly,  1860, page 335. 

b) [Avec un complément secondaire introduit par les prépositions à, dans, de, par, pour ou contre] 

·    Aider quelqu'un à (ou pour) + infinitif.  Contribuer à l'aboutissement de l'action exprimée par l'infinitif. Aider quelqu'un à comprendre; à monter un escalier, à mourir; à porter un fardeau; à se relever; à retrouver confiance; à sortir; à supporter...; à trouver; à vivre; aider un enfant pour descendre d'un siège. 

·    Aider quelqu'un dans (ou pour) + substantif (surtout substantif d'action).  [Dans ou pour introduisent un substantif qui précise le domaine ou l'objet de l'assistance]  Aider quelqu'un dans son travail; dans son ascension; dans ses affaires; dans ses fonctions; dans le malheur; dans son infortune; aider l'esprit dans son effort; aider quelqu'un pour des repas, pour une réception. 

·    Aider quelqu'un de (ou par) + substantif.  [De ou par introduisent un substantif exprimant la nature des moyens mis en oeuvre pour secourir]  Aider quelqu'un de ses conseils, de son expérience, de sa bourse; par ses actions; par ses attentions. 

—  Par extension.  [L'objet désigne un animal] 

·    MANÈGE.  Aider un cheval. \" Le faire travailler selon les règles, lui faire marquer ses temps et ses mouvements avec précision et facilité. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

Remarque : Attesté également dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Grand dictionnaire universel du XIXe.  siècle (Pierre Larousse). 

—  emploi absolu.  [Le complément d'objet sous-entendu désigne toujours une personne]  Prêter son concours, rendre service, servir : 

Ø 3.... l'égocentrisme foncier de ces coeurs tendres devient parfois besoin et même manie de dévouement : ils aiment faire des cadeaux, rendre des services, aider, cajoler, relever. Mais ces dévouements sont aussi impatients de se faire reconnaître, sinon remercier, aussi accaparants sinon exigeants que le don de leur coeur.

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère,  1946, page 491. 

·    [Le complément secondaire est exprimé]  Contribuer à : 

Ø 4. S'il avait eu affaire aux Allemands, ce n'était pas aux autorités allemandes, mais à des personnalités civiles. Ces transactions étaient restées actes de commerce privé. Qu'il eût importé de Hollande du bétail et des beurres, cela n'avait été qu'utile à la population. Il avait aidé à la nourrir tandis que d'autres aidaient à l'affamer.

MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14,  1935, page 463. 

·    Proverbe. Dieu aidant Avec l'aide, le concours de Dieu. 

·    L'habitude, l'exemple, l'expérience, la fatigue, le progrès, le succès, le temps, aidant L'habitude, l'exemple, etc. y contribuant : 

Ø 5. Mais la défiance, l'ajournement, la timidité, l'indolence, m'ont fait prendre une mauvaise voie, puis une mauvaise pente, et l'habitude aidant, je suis devenu simplement passif, et de plus oublieux. De là infécond et même incapable; médiocre ou plutôt nul;...

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime,  3 avril 1866, page 214. 

2. [Le complément d'objet désigne une chose] (par, dans, avec + substantif; à + infinitif; en + participe présent).  Favoriser, faciliter quelque chose; contribuer au développement, à l'exécution, à la réussite de quelque chose. 

a) [Le complément d'objet désigne une fonction, etc. ou un aspect de la condition humaine]  Aider la mémoire par tous les moyens; aider la nature; aider l'exil par des secours; aider l'esprit dans ses recherches. 

—  Plus rare, vieilli. Aider une action (aujourd'hui plutôt : aider à une action, infra B 2) : 

Ø 6.... l'Assemblée nationale attend du patriotisme du district des Cordeliers qu'il aidera l'exécution du décret, loin d'y porter obstacle. 

JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Appel à la nation, 1790, page 148. 

Ø 7. Quant à moi, je croirais plutôt que si cet ordre, cette grande harmonie sociale a un but, c'est d'aider le libre progrès, de favoriser l'avancement de tous par tous.

JULES MICHELET, Le Peuple,  1846, page 359. 

b) [Le complément d'objet désigne une chose mécanique] 

—  MARINE.  \" [Aider] un bâtiment dans son mouvement, c'est joindre la manoeuvre de la voilure à celle du gouvernail. On aide aussi les évolutions des petits bâtimens, avec des avirons ou par des canots, lorsqu'il fait presque calme. \" (Dictionnaire de marine (JEAN-BAPTISTE PHILIBERT WILLAUMEZ), 1831). 

Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 avec l'expression \" aider une ancre, lui mettre des planches aux pattes, quand le fond de la mer tient mal \". 

B.—  Emploi transitif indirect. 

1. Vieilli.  [Le complément d'objet désigne une personne]  Aider à quelqu'un (à + infinitif; par + substantif) : 

Ø 8.... si une parole n'avoit agi, comment l'édifice du monde auroit-il donc reçu l'être? Si une parole n'avoit agi, comment l'homme auroit-il senti sa sublime destination? Quelle difficulté que la même parole agisse encore pour lui offrir des consolations dans ses abymes, et pour lui aider à en sortir?

LOUIS-CLAUDE DE SAINT-MARTIN, L'Homme de désir,  1790, page 46. 

Ø 9. La mère filait du chanvre, les petits garçons aidaient au père, les petites avaient soin du ménage et s'élevaient les unes les autres...

EDMOND ABOUT, Le Nez d'un notaire,  1862, page 106. 

—   Proverbes. Dieu aide à trois sortes de personnes : aux fous, aux enfants et aux ivrognes (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842); À qui se lève matin Dieu aide et prête la main (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). Confer également la formule inusitée aujourd'hui ainsi m'aide Dieu, ou ainsi Dieu m'aide! (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

Remarque : Le verbe aider hésite entre le régime direct et le régime indirect Certains grammairiens, dont l'Académie française, estiment qu'à cette différence de constructions correspond une différence de significations (aider quelqu'un jouirait d'une plus large extension et pourrait notamment servir à désigner une aide morale; aider à quelqu'un ne pourrait exprimer qu'une aide matérielle ou physique de caractère momentané). L'usage ne confirme guère cette distinction. En revanche, il y a lieu de souligner que la construction aider à quelqu'un, habituelle en ancien français et fréquemment dans la langue classique, est aujourd'hui très vieillie. 

2. [Le complément d'objet désigne une chose]  Aider à quelque chose (de + substantif). Aider à la carrière de quelqu'un; aider au succès d'un livre; aider aux travaux du ménage : 

Ø 10. Là, l'air plus vif, l'attrait des rocs pleins de retraits et de surprises, la profondeur inconnue des vallons, aidant à ma force, à ma joie, favorisèrent mon élan.

ANDRÉ GIDE, L'Immoraliste,  1902, page 400. 

Ø 11.... Blum considère la race juive comme supérieure, comme appelée à dominer après avoir été longtemps dominée, et croit qu'il est de son devoir de travailler à son triomphe, d'y aider de toutes ses forces.

ANDRÉ GIDE, Journal,  1914, page 396. 

—  Par ironie : 

Ø 12. Tandis qu'il vivait au cercle, sa femme, une blonde molle et placide, aidait à la ruine de la maison Rougon par un goût prononcé pour les toilettes voyantes et par un appétit formidable, très curieux chez une créature aussi frêle.

ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon,  1871, pages 64-65. 

Remarque : Confer également les expressions aider à la banqueroute; aider à ruiner; aider à perdre (DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

—  Vieilli. Aider à la lettre. Suppléer à ce qui manque dans une phrase, un texte; pénétrer le sens d'un texte obscur en entrant dans l'intention de son auteur. 

·    Par extension.  Interpréter un texte à sa fantaisie; altérer la vérité pour amuser ou tromper son auditoire : 

Ø 13. Alors, en examinant avec soin son extrait de baptême, dans l'original, il reconnut que l'L étoit formé de telle manière qu'il pouvoit hardiment passer pour un D : on n'oseroit pas affirmer que l'astucieux maître d'école n'ait pas un peu aidé à la lettre. 

HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 3, 1824, page 18. 

Remarque : Aider à quelque chose concurrence la construction aider quelque chose; il semble que la 1re.  l'emporte nettement sur la seconde lorsque aider à est suivi d'un substantif d'action. 

II.—  Emploi pronominal. 

A.—  Emploi pronominal réfléchi. 

—  S'aider de quelque chose (ou de quelqu'un). Se servir de quelque chose (ou de quelqu'un), en tirer parti pour se faciliter l'accomplissement de certaines entreprises. S'aider des pieds et des mains : 

Ø 14. Les rues sont disposées en échelle et, socialement, on y grimpe, comme le perroquet, en s'aidant du bec et des ongles.  

PAUL MORAND, New-York,  1930, page 272. 

—  S'aider dans quelque chose (par...); s'aider par quelque chose; s'aider à quelque chose; s'aider à + infinitif; s'aider soi-même (de quelque chose) 

—  Emploi absolu, vieux. S'aider. Faire soi-même et le premier tout ce qui est en son pouvoir pour se sortir d'une situation difficile ou pour réussir dans une entreprise : 

Ø 15. Le hasard m'a un peu servi, je me suis aussi aidé beaucoup, et me voici marquis de Chamery.

PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 4, Les Exploits de Rocambole, 1859, page 41. 

Remarque : L'expression usuelle est s'aider soi-même, qu'on trouve aussi dans le proverbe aide-toi, le Ciel t'aidera (LA FONTAINE, Le Charretier embourbé) : 

Ø 16.... le docteur et ses amis n'avaient pas perdu de vue la maxime : Aide-toi le ciel t'aidera! et ils ne voulaient compter que sur eux-mêmes. 

JULES VERNE, Les Cinq cents millions de la Bégum,  1879, page 173. 

B.—  Emploi pronominal réciproque. 

—  S'aider mutuellement; s'aider les uns les autres...; s'aider à (ou pour) + infinitif; s'aider dans (ou pour) quelque chose. 

—  Absolument, vieilli. S'aider..  S'assister, se secourir réciproquement. Synonyme usuel : s'entraider :  

Ø 17. La Maternité? est-ce tout? non, la vie commune introduit l'insecte au seuil d'un ordre plus haut encore de sentiments. Même chez ceux qui sont isolés, chez les nécrophores, par exemple, et les scarabées pilulaires, la coopération fraternelle commence. Ils se rendent des services, vont au secours les uns des autres, s'aident pour certains travaux.

JULES MICHELET, L'Insecte,  1857, page 372. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 832. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 7 588, b) 9 065; XXe.  siècle : a) 9 152, b) 12 221. 

 

AIDE1, substantif féminin.  

I.—  Action d'aider quelqu'un, concours que l'on prête, soutien moral ou secours matériel que l'on apporte (confer aider I A 1). 

A.—  Généralement au singulier : 

Ø 1. Les violences du fisc envers les misérables sont rares, les remises d'impôts plus fréquentes, les secours plus nombreux. Le roi augmente tous les fonds destinés à créer des ateliers de charité dans les campagnes ou à venir en aide aux indigents, et souvent il en établit de nouveaux. Je trouve plus de 80 000 livres distribués par l'État de cette manière dans la seule généralité de la Haute Guyenne en 1779...

ALEXIS DE TOCQUEVILLE, L'Ancien Régime et la Révolution 1856, page 273. 

Ø 2.... après avoir, pour ma part, pleuré dans un coin une bonne demi-heure, je me résignai et commençai, d'une voix lamentable, à solliciter de nouveau les aumônes des passants.

Il ne manquait pas de gens charitables, et tout le monde sait que, grâces soient rendues au Dieu tout-puissant! il y a dans l'Islam grande bonne volonté à venir en aide aux malheureux. Les femmes, surtout, se pressaient en grand nombre autour de nous...

JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Nouvelles asiatiques, La Guerre des Turcomans, 1876, page 230. 

Ø 3.... il acceptait de laisser l'entretien de son foyer à la charge de son fils, mais il exigeait, avec des grâces de grand seigneur, qu'on lui remît le chiffre exact des sommes versées; et il ne manquait pas une occasion d'en témoigner sa reconnaissance à Daniel. Il affectait d'ailleurs de considérer cette aide pécuniaire comme une avance, à lui consentie par son fils, et qu'il rembourserait dès que possible.

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 186. 

Ø 4. —  Si! ma petite Simone, vous êtes envers moi d'une dureté, d'une injustice...

—  Je vous rappelle simplement une parole, une autre parole que vous m'avez donnée, à moi. « Notre vie privée ne regarde que nous. Portons notre fardeau côte à côte, mais n'en échangeons rien... », je crois encore vous entendre. Il est vrai qu'alors c'était moi qui me sentais tomber : je cherchais une aide, un appui, une main fraternelle... 

GEORGES BERNANOS, Un Mauvais rêve,  1948, page 917. 

Ø 5. Pour reprendre pied à Paris, Copeau avait besoin d'aide. Il savait pouvoir compter sur Jean Schlumberger, sur sa femme et moi. Nous nous sommes laissés réquisitionner avec entrain, et l'avons assisté de notre mieux.

ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques et littéraires,  1955, page LXXXI. 

Remarque : 1. Syntagmes fréquents apporter, chercher une aide; appeler à l'aide, offrir son aide; avoir besoin d'aide; venir en aide à quelqu'un; demander, refuser l'aide de quelqu'un. 2. Syntagmes propres au monde féodal, vieillis en dehors des ouvrages d'histoire accorder aide et protection; prêter aide et secours, aide et assistance; porter aide et appui : 

Ø 6.... le duc de Bourbon s'adressa à tous les plus grands seigneurs de la famille royale et du royaume pour porter plainte du comte de Savoie, et demander aide et protection. Nul prince n'était plus aimé. Il y eut grand empressement en sa faveur. Des secours lui furent donnés. Son fils, le comte de Clermont, se trouva à la tête d'une forte armée,...

PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 3, 1821-1824, page 139. 

Ø 7. À vous donc, roi de France,

Son frère par le sang, comme par l'alliance,

Moi, venu sur son ordre et parlant en son nom,

J'expose ici les faits pour en avoir raison.

Je me plains qu'au mépris de la foi mutuelle,

Vous avez des cantons embrassé la querelle.

Prêtant aide et secours à leurs déloyautés,

Vous les protégez, sire; et quand ces révoltés

Nous jettent fièrement le gage des batailles,

Vous recevez leurs chefs, présens dans ces murailles.

CASIMIR DELAVIGNE, Louis XI,  1832, II, 11, page 73. 

B.—  Au pluriel, littéraire.  Formes concrètes de l'aide : 

Ø 8.... la liberté humaine a donc besoin d'être protégée : voilà le grand mot. « La condition de la liberté humaine étant telle, il lui fallait une protection; il lui fallait des aides et des secours capables de diriger tous ses mouvements vers le bien et de les détourner du mal : sans cela le libre arbitre eût été pour l'homme une chose très nuisible. »

JACQUES MARITAIN, Primauté du spirituel,  1927, pages 212-213. 

C.—  Locutions diverses. 

1. Locutions prépositives. Avec l'aide de (quelqu'un); sans l'aide de (quelqu'un ou quelque chose); avec l'aide de Dieu; sans l'aide de personne : 

Ø 9. Samedi 6 juin. Chez Edmond Rothschild. Vraiment, c'est dans ces antres de la richesse que l'on touche le néant auquel arrive le capital, même avec l'aide des conseilleurs que donne l'argent. C'est là qu'il vient à de pauvres diables comme moi l'orgueil de ce qu'ils ont fait avec du goût, du temps, des privations.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  juin 1874, page 981. 

Ø 10. Mourlan (...), avait fondé un bulletin de combat, tiré à la polycopie, et qu'on se passait, alors, chaque semaine, de main en main. Par la suite l'Étendard était devenu un petit organe révolutionnaire, que Mourlan continuait à diriger, avec l'aide de quelques collaborateurs bénévoles.

ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 202. 

—  À l'aide de (quelqu'un ou quelque chose). En se servant de, au moyen de, grâce à. À l'aide de la raison, d'un dictionnaire, d'une échelle. 

2. Locution exclamative, littéraire. À l'aide! Au secours! 

—  Vieux. Dieu vous soit en aide! Se disait lorsque quelqu'un éternuait; équivalent moderne : À vos souhaits! 

3. Locutions proverbiales. Bon droit a besoin d'aide. Un peu d'aide fait grand bien. 

II.—  Emplois techniques. 

A.—  Singulier.  Service d'aide ou mesures prises pour venir en aide. 

1. ARMÉE.  Aide technique (service de l'armement). Service de coopération technique avec les départements et territoires d'outre-mer qui représente une forme particulière du service national actif et auquel on affecte des éléments volontaires et qualifiés du contingent. 

2. ASTRONAUTIQUE.  Aide au sol. Assistance technique fournie aux appareils en vol par le personnel et le matériel terrestres : 

Ø 11. Du point de vue de la sécurité du vol, la démonstration faite avec une femme dans l'un des véhicules a montré que la technique avait mis au point des méthodes de pilotage et d'aide au sol excellentes.

Le Parisien.  20 juin 1963, page 2, colonne 7 (LOUIS GUILBERT Le vocabulaire de l'astronautique 1967, page 206 ). 

3. ÉCONOMIE POLITIQUE.  Aide conditionnelle. \" Système employé par les États-Unis dans le plan Marshall (...), qui prévoyait l'octroi d'allocations à certains pays en y mettant la condition que ces derniers les transfèrent à leurs débiteurs, en les libellant dans leurs propres devises. Ce mécanisme permettait à ces débiteurs, qui en fait étaient leurs clients, de payer des achats que sans cela ils auraient dû interrompre. \" (Dictionnaire de l'économie contemporaine (FERNAND BAUDHUIN) 1968). 

·    Aide au développement. Assistance directe en nature, commerciale, technique et financière fournie par les pays développés à ceux qui le sont moins. Le Comité d'aide au développement (C.A.D.) comprend quinze pays. 

·    Aide à l'exportation. \" Ensemble de mesures destinées à faciliter et à stimuler les exportations. Citons : mesures d'ordre économique, agissant sur l'économie générale du pays (exemple mesures monétaires). Mesures agissant directement ou indirectement sur les prix à l'exportation (exemple mesures fiscales, exonérations, primes). Facilités diverses : information, financement, assurance, libération de produits, etc. \" (Petit dictionnaire de douane et de commerce extérieur (GEORGES R. MATHURIN) 1967). 

4. SERVICES SOCIAUX.  Aide aux mères (Confer aide2  exemple 4). Aide sociale. Nom donné en 1953 à l'ensemble des oeuvres d'assistance et de bienfaisance régies par les collectivités publiques (aide sociale aux personnes âgées; aide sociale aux infirmes, aveugles et grands infirmes; aide médicale; aide sociale aux familles dont les ressources sont insuffisantes; aide sociale pour le logement et l'hébergement) : 

Ø 12. Tout Français malade, privé de ressources suffisantes peut recevoir, soit à domicile, soit dans un établissement hospitalier et à la charge totale ou partielle de l'aide médicale, les soins que nécessite son état.

Code de la famille et de l'aide sociale, décret n° 56-149, 24 janvier 1956, article 179, page 59. 

·    Aide sociale à l'enfance. À l'échelon départemental, service public particulier responsable de la protection de l'enfance : 

Ø 13. Les services d'aide sociale à l'enfance ont pour mission : 1o.  de recueillir, élever les enfants abandonnés (...) dans les meilleures conditions. 2o.  traiter de la même manière les enfants recueillis temporairement. 3o.  secourir efficacement les mères délaissées. 4o.  surveiller les établissements privés d'aide à l'enfance.

G. GODEAU, Associations nationales des communautés d'enfants, Journées d'études, 1956, page 41. 

B.—  Singulier ou pluriel.  Chose qui aide. 

1. ADMINISTRATION ECCLÉSIASTIQUE.  régionalisme.  Chapelle qui sert de succursale à l'église paroissiale : 

Ø 14. L'aspect et la dimension des paroisses varient beaucoup. Certaines paroisses urbaines s'étendent loi au delà des faubourgs, des paroisses rurales ont dans leur ressort des villes de développement récent. Il en est de très peu étendues et d'autres fort spacieuses, composées de plus de vingt villages ou hameaux assez éloignés. Il y en avait en Bretagne de cinq grandes lieues de long sur quatre, constituant un vrai pays particulier, dont on parlait comme d'une province (...).

Pour cette raison et la commodité du peuple, certaines paroisses ont une ou plusieurs églises succursales (anglais vicarhedge, vicariat) desservies par un vicaire dépendant du curé, qui sont appelées, suivant les pays, secours, aide, fillette, annexe, vicairerie, trève...

Le langage des géographes (FRANÇOIS DE DAINVILLE)  1964. 

2. AVIATION, MARINE.  au pluriel. Aides à la (ou de) navigation. Les appareils (radioélectriques en particulier) et les installations qui permettent, à bord ou au sol, de situer l'avion ou le navire et de faciliter sa navigation. 

3. BÂTIMENT.  souvent au pluriel.  Petites pièces qui servent de dégagement aux grandes. 

4. DROIT ANCIEN.  surtout au pluriel. Les aides. D'une façon générale, assistance, sous forme de prestations pécuniaires, prêtée par les sujets à leur souverain pour subvenir à ses besoins et aux charges de l'État. 

Remarque : Le mot aides a désigné des choses sensiblement différentes au cours de l'histoire À l'origine il désignait le service militaire que le vassal devait à son seigneur (aide). Or il était possible au vassal de se racheter de ce service en versant une certaine somme et c'est probabablement pourquoi le mot aides a finalement désigné toutes les subventions que les seigneurs exigeaient de leurs vassaux, puis des impôts que les rois levaient en France. Il y a en effet lieu de distinguer principalement 1. Sous le régime féodal, les aides seigneuriales : subsides de caractère temporaire et extraordinaire versés par le vassal au seigneur, perçus par voie de taille ou taxe directe, le plus souvent dans quatre cas fixés par la coutume (aides coutumières) : mariage de la fille aînée du seigneur; adoubement du fils aîné; départ en croisade; paiement de la rançon permettant la libération du seigneur fait prisonnier. Des aides pouvaient également être offertes dans des circonstances exceptionnelles (aides libres et gracieuses). Les évêques levaient eux aussi des aides sur leurs diocésains pour subvenir aux dépenses extraordinaires. 2. Sous l'Ancien régime, les aides royales : impôts publics, permanents et indirects perçus par le roi sur les biens de consommation et les marchandises. À la fin du XVIIIe.  siècle, le terme ne s'applique plus qu'aux impôts levés sur les boissons. En 1790, l'Assemblée nationale abolit les aides qui reparaîtront plus tard sous d'autres désignations. (Équivalent moderne contributions indirect) : 

Ø 15. On gaspillait quelque peu les lourds trésors amassés, si péniblement, par l'économe Charles V. Si les finances diminuaient, l'on augmentait les dîmes, tailles, corvées, aides, subsides, séquestres, maltôtes et gabelles jusqu'à merci.

PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, La Reine Ysabeau, 1883, page 260. 

—  Cour des aides. Ancienne cour instituée sur l'initiative des États généraux de 1355, érigée en cour souveraine au XVe.  siècle pour trancher le contentieux en matière d'impôts, pour juger en dernier ressort et entre toutes personnes de tous procès tant civils que criminels au sujet des aides, gabelles, tailles et autres impositions. Elle fut supprimée en 1790 ainsi que toutes les autres institutions judiciaires de l'Ancien régime. Les attributions des anciennes cours des aides sont aujourd'hui dévolues au Conseil d'État sous le rapport administratif et aux tribunaux ordinaires sous le rapport civil correctionnel et criminel : 

Ø 16. M. Étienne Pascal, fils de Martin Pascal, trésorier de France, et père de l'illustre Blaise, venant jeune dans la capitale pour y faire son droit, avait été recommandé au père de M. D'Andilly et du grand docteur. À son retour à Clermont, il acheta une charge d'élu, et devint ensuite second président de la Cour des Aides. 

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 454. 

—   Locution familière, vieille. Aller à la cour des aides. Aller aux emprunts; se décharger d'une partie de son travail sur quelqu'un d'autre; se dit aussi à propos d'une femme légère. 

5. HORTICULTURE.  Sarment qui soutient un cep de vigne. 

6. MANÈGE.  au pluriel. Les aides. Moyens par lesquels le cavalier agit sur son cheval et le dirige. On distingue les aides supérieures (action des mains sur les rênes, le mors,...); les aides inférieures (pression des jambes, des éperons,...); les aides accessoires ou supplémentaires (appel de la langue, cravache,...). 

 

 

 

 

Forme dérivée du verbe \"aider\"

 aider

AIDER, verbe transitif.  

I.—  Emploi transitif. 

A.—  Emploi transitif direct. 

1. [Le complément d'objet désigne une personne] 

a) Prêter son concours à quelqu'un pour lui faciliter l'accomplissement d'un acte, la réalisation de quelque chose; secourir une personne dans le besoin. Aider sa mère, un ami : 

Ø 1. Appelez à votre secours le courage et la fermeté, ils viendront vous aider, soutenir vos pas chancelans, jusqu'à ce que l'éponge du temps et le baume de l'habitude aient adouci l'amertume de ces premiers momens.

MICHEL-GUILLAUME-JEAN, DIT SAINT-JOHN DE CRÈVECOEUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie et dans l'État de New-York, tome 3, 1801, page 26. 

Ø 2. Je me confessais... Je venais à vous... Je venais vous dire comme une honnête femme à un honnête homme : j'ai peur de moi... Je me sens faible... Mes forces s'en vont... L'abîme est là... Aidez-moi... Secourez-moi... Sauvez-moi! Vous, mon secours, vous, mon aide... Vous, mon mari!...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly,  1860, page 335. 

b) [Avec un complément secondaire introduit par les prépositions à, dans, de, par, pour ou contre] 

·    Aider quelqu'un à (ou pour) + infinitif.  Contribuer à l'aboutissement de l'action exprimée par l'infinitif. Aider quelqu'un à comprendre; à monter un escalier, à mourir; à porter un fardeau; à se relever; à retrouver confiance; à sortir; à supporter...; à trouver; à vivre; aider un enfant pour descendre d'un siège. 

·    Aider quelqu'un dans (ou pour) + substantif (surtout substantif d'action).  [Dans ou pour introduisent un substantif qui précise le domaine ou l'objet de l'assistance]  Aider quelqu'un dans son travail; dans son ascension; dans ses affaires; dans ses fonctions; dans le malheur; dans son infortune; aider l'esprit dans son effort; aider quelqu'un pour des repas, pour une réception. 

·    Aider quelqu'un de (ou par) + substantif.  [De ou par introduisent un substantif exprimant la nature des moyens mis en oeuvre pour secourir]  Aider quelqu'un de ses conseils, de son expérience, de sa bourse; par ses actions; par ses attentions. 

—  Par extension.  [L'objet désigne un animal] 

·    MANÈGE.  Aider un cheval. \" Le faire travailler selon les règles, lui faire marquer ses temps et ses mouvements avec précision et facilité. \" (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

Remarque : Attesté également dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, Grand dictionnaire universel du XIXe.  siècle (Pierre Larousse). 

—  emploi absolu.  [Le complément d'objet sous-entendu désigne toujours une personne]  Prêter son concours, rendre service, servir : 

Ø 3.... l'égocentrisme foncier de ces coeurs tendres devient parfois besoin et même manie de dévouement : ils aiment faire des cadeaux, rendre des services, aider, cajoler, relever. Mais ces dévouements sont aussi impatients de se faire reconnaître, sinon remercier, aussi accaparants sinon exigeants que le don de leur coeur.

EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère,  1946, page 491. 

·    [Le complément secondaire est exprimé]  Contribuer à : 

Ø 4. S'il avait eu affaire aux Allemands, ce n'était pas aux autorités allemandes, mais à des personnalités civiles. Ces transactions étaient restées actes de commerce privé. Qu'il eût importé de Hollande du bétail et des beurres, cela n'avait été qu'utile à la population. Il avait aidé à la nourrir tandis que d'autres aidaient à l'affamer.

MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14,  1935, page 463. 

·    Proverbe. Dieu aidant Avec l'aide, le concours de Dieu. 

·    L'habitude, l'exemple, l'expérience, la fatigue, le progrès, le succès, le temps, aidant L'habitude, l'exemple, etc. y contribuant : 

Ø 5. Mais la défiance, l'ajournement, la timidité, l'indolence, m'ont fait prendre une mauvaise voie, puis une mauvaise pente, et l'habitude aidant, je suis devenu simplement passif, et de plus oublieux. De là infécond et même incapable; médiocre ou plutôt nul;...

HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime,  3 avril 1866, page 214. 

2. [Le complément d'objet désigne une chose] (par, dans, avec + substantif; à + infinitif; en + participe présent).  Favoriser, faciliter quelque chose; contribuer au développement, à l'exécution, à la réussite de quelque chose. 

a) [Le complément d'objet désigne une fonction, etc. ou un aspect de la condition humaine]  Aider la mémoire par tous les moyens; aider la nature; aider l'exil par des secours; aider l'esprit dans ses recherches. 

—  Plus rare, vieilli. Aider une action (aujourd'hui plutôt : aider à une action, infra B 2) : 

Ø 6.... l'Assemblée nationale attend du patriotisme du district des Cordeliers qu'il aidera l'exécution du décret, loin d'y porter obstacle. 

JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Appel à la nation, 1790, page 148. 

Ø 7. Quant à moi, je croirais plutôt que si cet ordre, cette grande harmonie sociale a un but, c'est d'aider le libre progrès, de favoriser l'avancement de tous par tous.

JULES MICHELET, Le Peuple,  1846, page 359. 

b) [Le complément d'objet désigne une chose mécanique] 

—  MARINE.  \" [Aider] un bâtiment dans son mouvement, c'est joindre la manoeuvre de la voilure à celle du gouvernail. On aide aussi les évolutions des petits bâtimens, avec des avirons ou par des canots, lorsqu'il fait presque calme. \" (Dictionnaire de marine (JEAN-BAPTISTE PHILIBERT WILLAUMEZ), 1831). 

Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845 avec l'expression \" aider une ancre, lui mettre des planches aux pattes, quand le fond de la mer tient mal \". 

B.—  Emploi transitif indirect. 

1. Vieilli.  [Le complément d'objet désigne une personne]  Aider à quelqu'un (à + infinitif; par + substantif) : 

Ø 8.... si une parole n'avoit agi, comment l'édifice du monde auroit-il donc reçu l'être? Si une parole n'avoit agi, comment l'homme auroit-il senti sa sublime destination? Quelle difficulté que la même parole agisse encore pour lui offrir des consolations dans ses abymes, et pour lui aider à en sortir?

LOUIS-CLAUDE DE SAINT-MARTIN, L'Homme de désir,  1790, page 46. 

Ø 9. La mère filait du chanvre, les petits garçons aidaient au père, les petites avaient soin du ménage et s'élevaient les unes les autres...

EDMOND ABOUT, Le Nez d'un notaire,  1862, page 106. 

—   Proverbes. Dieu aide à trois sortes de personnes : aux fous, aux enfants et aux ivrognes (Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842); À qui se lève matin Dieu aide et prête la main (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). Confer également la formule inusitée aujourd'hui ainsi m'aide Dieu, ou ainsi Dieu m'aide! (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

Remarque : Le verbe aider hésite entre le régime direct et le régime indirect Certains grammairiens, dont l'Académie française, estiment qu'à cette différence de constructions correspond une différence de significations (aider quelqu'un jouirait d'une plus large extension et pourrait notamment servir à désigner une aide morale; aider à quelqu'un ne pourrait exprimer qu'une aide matérielle ou physique de caractère momentané). L'usage ne confirme guère cette distinction. En revanche, il y a lieu de souligner que la construction aider à quelqu'un, habituelle en ancien français et fréquemment dans la langue classique, est aujourd'hui très vieillie. 

2. [Le complément d'objet désigne une chose]  Aider à quelque chose (de + substantif). Aider à la carrière de quelqu'un; aider au succès d'un livre; aider aux travaux du ménage : 

Ø 10. Là, l'air plus vif, l'attrait des rocs pleins de retraits et de surprises, la profondeur inconnue des vallons, aidant à ma force, à ma joie, favorisèrent mon élan.

ANDRÉ GIDE, L'Immoraliste,  1902, page 400. 

Ø 11.... Blum considère la race juive comme supérieure, comme appelée à dominer après avoir été longtemps dominée, et croit qu'il est de son devoir de travailler à son triomphe, d'y aider de toutes ses forces.

ANDRÉ GIDE, Journal,  1914, page 396. 

—  Par ironie : 

Ø 12. Tandis qu'il vivait au cercle, sa femme, une blonde molle et placide, aidait à la ruine de la maison Rougon par un goût prononcé pour les toilettes voyantes et par un appétit formidable, très curieux chez une créature aussi frêle.

ÉMILE ZOLA, La Fortune des Rougon,  1871, pages 64-65. 

Remarque : Confer également les expressions aider à la banqueroute; aider à ruiner; aider à perdre (DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE  (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845). 

—  Vieilli. Aider à la lettre. Suppléer à ce qui manque dans une phrase, un texte; pénétrer le sens d'un texte obscur en entrant dans l'intention de son auteur. 

·    Par extension.  Interpréter un texte à sa fantaisie; altérer la vérité pour amuser ou tromper son auditoire : 

Ø 13. Alors, en examinant avec soin son extrait de baptême, dans l'original, il reconnut que l'L étoit formé de telle manière qu'il pouvoit hardiment passer pour un D : on n'oseroit pas affirmer que l'astucieux maître d'école n'ait pas un peu aidé à la lettre. 

HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 3, 1824, page 18. 

Remarque : Aider à quelque chose concurrence la construction aider quelque chose; il semble que la 1re.  l'emporte nettement sur la seconde lorsque aider à est suivi d'un substantif d'action. 

II.—  Emploi pronominal. 

A.—  Emploi pronominal réfléchi. 

—  S'aider de quelque chose (ou de quelqu'un). Se servir de quelque chose (ou de quelqu'un), en tirer parti pour se faciliter l'accomplissement de certaines entreprises. S'aider des pieds et des mains : 

Ø 14. Les rues sont disposées en échelle et, socialement, on y grimpe, comme le perroquet, en s'aidant du bec et des ongles.  

PAUL MORAND, New-York,  1930, page 272. 

—  S'aider dans quelque chose (par...); s'aider par quelque chose; s'aider à quelque chose; s'aider à + infinitif; s'aider soi-même (de quelque chose) 

—  Emploi absolu, vieux. S'aider. Faire soi-même et le premier tout ce qui est en son pouvoir pour se sortir d'une situation difficile ou pour réussir dans une entreprise : 

Ø 15. Le hasard m'a un peu servi, je me suis aussi aidé beaucoup, et me voici marquis de Chamery.

PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 4, Les Exploits de Rocambole, 1859, page 41. 

Remarque : L'expression usuelle est s'aider soi-même, qu'on trouve aussi dans le proverbe aide-toi, le Ciel t'aidera (LA FONTAINE, Le Charretier embourbé) : 

Ø 16.... le docteur et ses amis n'avaient pas perdu de vue la maxime : Aide-toi le ciel t'aidera! et ils ne voulaient compter que sur eux-mêmes. 

JULES VERNE, Les Cinq cents millions de la Bégum,  1879, page 173. 

B.—  Emploi pronominal réciproque. 

—  S'aider mutuellement; s'aider les uns les autres...; s'aider à (ou pour) + infinitif; s'aider dans (ou pour) quelque chose. 

—  Absolument, vieilli. S'aider..  S'assister, se secourir réciproquement. Synonyme usuel : s'entraider :  

Ø 17. La Maternité? est-ce tout? non, la vie commune introduit l'insecte au seuil d'un ordre plus haut encore de sentiments. Même chez ceux qui sont isolés, chez les nécrophores, par exemple, et les scarabées pilulaires, la coopération fraternelle commence. Ils se rendent des services, vont au secours les uns des autres, s'aident pour certains travaux.

JULES MICHELET, L'Insecte,  1857, page 372. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 832. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 7 588, b) 9 065; XXe.  siècle : a) 9 152, b) 12 221. 

 

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