AISSELLE, substantif féminin.
Publié le 18/10/2015
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AISSELLE, substantif féminin.
A.— ANATOMIE. Creux situé au-dessous de la jonction du bras avec l'épaule :
Ø 1. Les deux races dont elle procède ne sont pas mêlées en elle, mais marquées sur différentes parties de son corps. Le sein blanc, comme sa mère de race anglaise; le ventre et les fesses un peu bruns comme son père languedocien. Les cuisses ont moins de finesse de peau que les jambes, qui sont très blanches (de sa mère?). Le poil noir des bras, brun du ventre et le poil un peu roux des aisselles semblent réunir leurs couleurs diverses dans ses jolis cheveux d'un châtain chatoyant
JULES MICHELET, Journal, août 1857, pages 349-350.
Ø 2.... auprès des bifurcations des branches, des trous bâillent, des orifices où l'écorce fait bourrelet sur des entailles en ovale, des hiatus plissés qui simulent d'immondes émonctoires ou des natures béantes de bêtes. Ce sont encore, à des coudes de branches, d'autres visions, des fosses de dessous de bras, des aiselles frisées en lichen gris;...
GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 2, 1891, page 20.
Ø 3. — « Et là, ça te fait mal? » Il palpe l'avant-bras gonflé, puis le bras jusqu'aux ganglions enflammés de l'aisselle.
— « Pas très... », murmure le petit, qui s'est raidi et ne quitte pas son aîné des yeux.
— « Si », fait Antoine, d'un ton bourru. « Mais je vois que tu es un bonhomme courageux. »
ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, La Consultation, 1928, page 1053.
Ø 4. Il y avait un paradis terrestre, mais non pas taillé dans l'étoffe molle de la rêverie, mais non pas viande creuse de symbole, — mais au contraire avec ses feuilles vertes de vrais arbres, le délice rafraîchissant de ses vraies eaux et logé, comme au creux d'une aisselle, à la flexion d'une aine, dans un repli ineffable du monde vierge.
JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux, 1945, page 65.
Ø 5. Ils se turent et considérèrent le mort avec embarras.
— Qu'est-ce qu'on en fait? On le porte en terre?
— Y a plus rien d'autre à faire.
Ils le prirent aux aisselles et sous les genoux. Il leur souriait toujours mais, de minute en minute, il avait l'air plus mort.
JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 102.
Remarque : 1. Aisselle est le terme employé en anatomie où il a pour synonyme plus savant creux axillaire. La langue courante le désigne aussi par dessous de bras (exemple 2). 2. Associations rencontrées creux de l'aisselle (ex 4), glandes de l'aisselle (GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 4, 1805, page 103), ganglions de l'aisselle (exemple 3), muscles de l'aisselle (GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 2, 1805, page 264), odeur d'aisselle (MARCEL AYMÉ, La Jument verte, 1933, page 262), poil des aisselles (exemple 1), sueur de l'aisselle (JULES RENARD, Journal, 1903, page 845), se raser une aisselle après l'autre (SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 325).
— Spécialement.
1. Argot. Blague sous les aisselles :
Ø 6. Blague sous les aisselles. Expression de l'argot des ouvriers, pour signifier (...) qu'ils vont parler sérieusement, et pour inviter (...) à en faire autant
ALFRED DELVAU, Dictionnaire de la langue verte, 1866, page 35.
2. Par métaphore. Aisselle peut désigner un lieu situé dans un angle ou dans un creux intime et caché du paysage :
Ø 7. Cent mètres plus loin, dans l'aisselle de la jetée, Pastecchi tient bal et débit de boissons.
GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Naissance du jour, 1928, page 60.
Ø 8. Soudain, dans un fouillis d'arbres, un pan de mur apparut. Un mur, un toit, toute une maison. Deux, trois maisons, plusieurs maisons l'une après l'autre, séparées l'une de l'autre par une épaisseur de feuilles, comme des fruits dans un panier. Tout un petit village se blottissait ainsi dans l'aisselle de la terre.
LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Copains, 1913, page 113.
Ø 9. L'église de Cervatos, comme celle de Lebena, est à l'écart de la route, dans l'aisselle d'un coteau aride, et l'on n'y accède que par un sentier. Tout est pauvre autour d'elle : le petit village aux maisons basses, sous des toits galeux de lichens; une ligne de poteaux électriques faits de troncs d'arbres tordus, blancs et lisses comme de vieux os; et tout près de l'église, des ormeaux ébranchés par le vent qui, d'un bout à l'autre de l'année, comme aujourd'hui, se rue à travers ce territoire désolé. Quelle grandeur ont ces paysages nus, et comme ils font comprendre l'âme du pays!
ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 321.
B.— BOTANIQUE. Angle situé au point d'attache de la feuille avec la partie supérieure de la tige :
Ø 10. C'étaient autant de colonnes exactement calibrées qui se comptaient par centaines. Elles s'épanouissaient à une excessive hauteur en chapiteaux de branches contournées et garnies à leur extrémité de feuilles alternes; à l'aisselle de ces feuilles pendaient des fleurs solitaires dont le calice figurait une urne renversée.
JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 2, 1868, page 159.
Remarque : Groupe associatif fréquent aisselle des feuilles « endroit où naissent les fleurs dans certaines plantes et les bourgeons dits bourgeons axillaires ».
C.— Par analogie.
1. MUSIQUE. Tambour d'aisselle :
Ø 11.... le tambour en forme de sablier dit tambour d'aisselle, et dont le son glissant, mouillé, est si caractéristique de l'Afrique noire...
ANDRÉ SCHAEFFNER, Les Origines des instruments de musique 1936, page 162.
2. TECHNOLOGIE. Aisselle désigne l'angle aigu formé par la jonction d'un élément de base (tronc) avec un élément long et mince (membre) ou encore une cavité en architecture.
· Aisselles d'une ancre. \" Angles formés par la verge et les bras de l'ancre. \" (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)).
· Aisselles d'une couleuvrine :
Ø 12. En 1590, le comte de Fontaine occupant le château au nom du roi, les habitants de la ville conspirent; ils gagnent deux soldats du comte qui laissent tomber pendant la nuit du haut de la Générale une corde attachée aux aisselles d'une couleuvrine.
FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 42.
· Aisselle d'un four. \" Partie de la voûte d'un four, prise à partir de sa naissance jusqu'à l'aplomb de la clef. \" (Nouveau Larousse illustré).
STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 296. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 269, b) 579; XXe. siècle : a) 452, b) 446.
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