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AJONC, substantif masculin.

Publié le 18/10/2015

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AJONC, substantif masculin.  

BOTANIQUE.  Arbuste épineux à fleurs jaunes qui croît sur les terres pauvres : 

Ø 1. Comment exprimer ce que j'ai éprouvé en m'enfonçant encore une fois dans la solitude, et dans une solitude qui me rappelle le pays de mes plus doux songes, la Bretagne? (...) L'aspect des champs est à peu près le même : il y a des chemins creux et couverts de verdure, des sentiers le long des blés, des échaliers, des clôtures d'ajonc, de genêts et de chênes rabougris;...

MAURICE DE GUÉRIN, Journal intime,  25 juin 1834, page 208. 

Ø 2. Les oiseaux chantaient comme au printemps et se poursuivaient dans la lande. Les bruyères étaient en fleur; la colchique étoilait les prés; sur la marge des sentiers, l'or des ajoncs commençait à poindre. Comme une fiancée qui sent sa fin prochaine et veut mourir dans ses habits de fête, la nature, près de se voiler, se parait de ses plus riches couleurs et répondait par un dernier sourire aux derniers adieux du soleil.

JULES SANDEAU, Sacs et parchemins,  1851, page 36. 

Ø 3. L'ajonc rit près du chemin;

Tous les buissons des ravines

Ont leur bouquet à la main;

L'air est plein de voix divines.

VICTOR HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Liberté, 1865, page 244. 

Ø 4.... par terre, des feuilles mortes amoncelées et de l'humidité froide, le chemin creux, bordé d'ajoncs verts, devenait sombre sous les branchages, puis se resserrait entre les murs de quelque hameau noir et solitaire, croulant de vieillesse, qui dormait dans ce bas-fond;...

JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Pêcheur d'Islande,  1886, page 274. 

Ø 5.... sa conversation s'imprégnait un peu du charme mélancolique des pardons et, comme dirait ce vrai poète qu'est Pampille, « de l'âpre saveur des crêpes de blé noir cuites sur un feu d'ajoncs ».

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, page 36. 

Ø 6.... des applaudissements isolés et vigoureux claquèrent çà et là comme des cosses d'ajoncs touchées par le feu.

GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, La Seconde,  1929, page 211. 

Remarque : 1. Syntagmes usuels.  L'espèce la plus répandue est l'ajonc d'Europe (ulex europaeus), qui atteint une hauteur de 2 mètres. On en connaît 2 variétés, l'une à rameaux spinescents, sans feuilles, l'autre au feuillage vert foncé. On trouve aussi l'ajonc nain, abondant en Provence. On l'appelle vulgairement ajonc marin, jomarin, ajonc commun ou landier, jonc épineux, vigneau, genêt épineux. BRARD 1838 ajoute : \" lande épineuse, bruse, sainfoin d'hiver \". 

Remarque : 2. Les emplois soulignent naturellement l'aspect utilitaire de l'arbuste, l'ajonc incinéré fournit un excellent moyen d'amendement des terres. Il sert comme combustible, comme clôture, pour la litière des animaux. Confer d'autre part : \" L'ajonc constitue un fourrage fort apprécié des animaux dans les landes granitiques où il pousse spontanément. \" (T. BALL, Machines agricoles, 1933, page 539). 

—   Considéré sous son aspect esthétique, l'ajonc est un élément de la poésie de la lande, de la Bretagne : 

Ø 7. « Tout ce que je voudrais c'est de retourner encore une fois à Rennes. » —  À travers les haies de genêts et d'ajoncs, les routes voûtées de verdure où l'on peut se tenir à peine debout à cause des branches; quelquefois une avenue de hêtres, deux vallons laissant voir la campagne, dans le brouillard, toute cicatrisée de haies; et puis des cavées profondes, des pentes nues, jaunâtres d'ajoncs; pas d'oiseaux, pas de village, pas d'hommes; la verdure sombre et muette au pays féodal et triste.

GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, page 269. 

Ø 8. Ils s'en allaient, au vent froid du soir qui avait l'odeur de la mer, rencontrant çà et là, sur la rase lande, les chaumières déjà fermées, bien sombres sous leur toiture bossue, pauvres nids où des pêcheurs étaient blottis; rencontrant les croix, les ajoncs et les pierres.

JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Pêcheur d'Islande,  1886, page 101. 

Ø 9.... la lande de Carnac, qui parmi les bruyères et les ajoncs dresse ses pierres inexpliquées; la forêt de Brocéliande, pleine de rumeur et de feux follets, où Merlin par les jours d'orage gémit encore dans sa fontaine;...

MAURICE BARRÈS, La Colline inspirée,  1913, page 71. 

Ø 10. Albert se réjouissait comme un enfant de sa mystérieuse demeure, il se laissait aller au charme d'une nature vierge. La Bretagne prodiguait alors ses séductions pauvres, ses fleurs humiliées : les genêts, les ajoncs, les bruyères croissaient en foule sur les landes qu'Albert parcourait chaque jour à cheval dans d'interminables promenades.

JULIEN GRACQ, Au château d'Argol,  1938, page 39. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 109. 

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