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ALBÂTRE, substantif masculin.

Publié le 19/10/2015

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ALBÂTRE, substantif masculin.  

I.—  [L'albâtre désigne une matière] 

A.—  [L'albâtre en tant que minéral]  Espèce minérale (variété de carbonate ou de sulfate de calcium) caractérisée par les propriétés suivantes : couleur variable —  généralement blanc laiteux —  unie ou veinée, semi-transparence, pâte homogène et plus ou moins tendre, grain fin, possibilité de prendre un beau poli : 

Ø 1. Être ultra, (...) c'est trouver dans le pape pas assez de papisme, dans le roi pas assez de royauté, et trop de lumière à la nuit; c'est être mécontent de l'albâtre, de la neige, du cygne et du lys au nom de la blancheur;...

VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 742. 

Ø 2. Nous longeons à la toucher la longue et haute chaîne du Djebel-Abou-Fêdah. Anciennes carrières de calcaires et d'albâtre. Excavations visibles du fleuve. À toutes les hauteurs on aperçoit les entrées taillées carrément, en forme, soit de portes étroites, soit de portes très écrasées.

EUGÈNE FROMENTIN, Voyage en Égypte,  1869, page 71. 

Ø 3. La pierre est dans la terre; âpre et froide, elle ignore;

Le granit est la brute informe de la nuit,

L'albâtre ne sait pas que l'aube existe et luit,

Le porphyre est aveugle et le marbre est stupide;

Mais que Ctésiphon passe, ou Dédale, ou Chrespide,

Qu'il fixe ses yeux pleins d'un divin flamboiement

Sur le sol où les rocs dorment profondément

Tout s'éveille; un frisson fait remuer la pierre;

(...)

Et l'albâtre enfoui ne veut plus être noir;...

VICTOR HUGO, La Légende des siècles, Les Sept merveilles du monde, Le Temple d'Éphèse, tome 4, 1877, pages 496-497. 

Ø 4. Il me montre d'abord, dans un vestibule, de très belles statues grecques ou romaines. De la main et parfois à l'aide d'une lampe de poche, il guide mon regard le long d'une épaule; il est amoureux de tout ce marbre dont il me fait remarquer qu'il est translucide (du marbre pentélique : la lampe, appliquée à la cornée de l'oeil aveugle donne au nez une qualité d'albâtre, couleur de miel ou de soleil).

JULIEN GREEN, Journal,  1944, page 143. 

—  Syntagmes usuels (principales variétés de l'albâtre) 

1. Albâtre calcaire ou albâtre véritable. Variété de carbonate de calcium, déposée en concrétions diverses par les eaux d'infiltration, caractérisée par sa couleur variant du blanc laiteux au jaune miel et au roux, sa composition en couches parallèles et diversement nuancées, sa translucidité remarquable, sa dureté relative, sa réaction effervescente sous l'effet des acides et sa qualité supérieure (confer la plupart des dictionnaires généraux ou techniques) : 

Ø 5. L'albâtre vrai, albâtre calcaire, est rarement assez blanc pour justifier la comparaison vulgaire que l'on fait en parlant d'un objet dont on veut indiquer l'éclatante blancheur. Cette propriété appartient bien plutôt à l'alabastrite. Les caractères les plus apparens de l'albâtre calcaire sont d'être composé de couches ondoyantes parallèles, plus ou moins translucides, d'un blanc de lait tirant au jaune beurre frais, ou jaunâtres, rousses...

Dictionnaire du commerce et des marchandises (sous la direction de M.G.U.G.)  tome 1 1837. 

2. Différentes sortes d'albâtre calcaire (parmi les plus connues). Albâtre algérien (confer Grande Encyclopédie) : 

Ø 6. L'Algérie fournit un albâtre dit algérien, dont les veines sont presque rectilignes et parallèles entre elles; sa structure est rubanée; ses teintes sont très-variées; il est même quelquefois incolore et transparent ou blanc laiteux. Il est très propre à la décoration.

Dictionnaire des termes employés dans la construction (PIERRE CHABAT) 1875. 

·    Albâtre fleuri (confer Dictionnaire des termes employés dans la construction (PIERRE CHABAT) tome 1 1875) : 

Ø 7.... on nomme albâtre fleuri celui qui a des tâches [sic] irrégulières et de couleurs variées...

Dictionnaire du commerce et des marchandises (sous la direction de M.G.U.G.)  tome 1 1837. 

·    Albâtre gris (confer Viollet 1875 et exemple 12). Albâtre oriental, dit encore albâtre égyptien, albâtre onyx, marbre onyx (confer la plupart des dictionnaires généraux ou techniques et exemple 10, 13, 21) : 

Ø 8. Lorsqu'il est jaune-roux ou rougeâtre, et que les zones ou ondulations ont des couleurs qui tranchent les unes près des autres, on le nomme vulgairement albâtre oriental, et même albâtre onyx, lorsque les veines sont droites et bien distinctes. (...) on lui attribue encore l'épithète d'oriental, lorsqu'il n'a qu'une légère teinte jaunâtre avec des ondulations couleur de suif.

Dictionnaire du commerce et des marchandises (sous la direction de M.G.U.G.)  tome 1  1837. 

·    Albâtre rubané (confer Grande Encyclopédie et exemple 22). 

3. Albâtre gypseux, dit encore alabastre, alabastrite, albâtre blanc vulgaire, faux albâtre. Variété de sulfate de calcium hydraté, caractérisé par sa blancheur éclatante, sa qualité inférieure à celle de l'albâtre calcaire (moindre transparence, plus faible dureté, poli éphémère), sa réaction nulle aux acides, son aptitude à se transformer en plâtre sous l'action du feu (confer la plupart des dictionnaires généraux ou techniques et exemple 5) : 

Ø 9. L'albâtre gypseux de Thorigny-les-Vallières (Seine-et-Marne) sert à la fabrication d'un plâtre aluné, cuit à haute température.

JEAN CAHEN, EDMOND BRUET, Carrières, plâtrières, ardoisières, 1926, page 184. 

B.—  [L'albâtre en tant que matière utilisée dans les arts d'agrément] 

1. Au singulier. D'albâtre, en albâtre. 

a) Domaine de l'architecture. : 

Ø 10. Vu la citadelle et la mosquée de Méhémet-Ali. D'un goût baroque (XVIIe.  ou XVIIIe.  siècle italien), mais d'un grand luxe. L'immense cour en arcades, tout entière en albâtre oriental, la fontaine aux ablutions en albâtre, le grand dallage en marbre blanc. L'intérieur du temple, en albâtre aussi, d'une extrême somptuosité. 

EUGÈNE FROMENTIN, Voyage en Égypte,  1869, page 152. 

b) Domaine de la sculpture. : 

Ø 11. Avec son air impassible, son front pâle et froid et ses riches habits, on l'eût volontiers prise pour une de ces madones d'albâtre que la dévotion des femmes italiennes couvre de robes de soie et de chiffons brillants.

AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia,  1833, page 137. 

Ø 12.... dans un grenier, un tas de figurines coloriées, en albâtre gris, débris d'un mausolée quelconque, mais admirable, de la Renaissance; c'est là tout ce qu'un sonneur bossu et souriant a pu me faire voir...

VICTOR HUGO, Le Rhin,  1842, page 106. 

Ø 13. Il existe, dans la cathédrale de Narbonne, une statue de la Sainte Vierge, plus grande que nature, d'albâtre oriental, du XIVe.  siècle, qui est un véritable chef-d'oeuvre. Les belles statues d'albâtre de cette époque, en France, ne sont pas rares; malheureusement cette matière ne résiste pas à l'humidité. (...) Les artistes du moyen âge polissaient toujours l'albâtre lorsqu'ils l'employaient pour la statuaire, mais à des degrés différents.

Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XVe au XVIe.  siècle (EUGÈNE-EMMANUEL VIOLLET-LE-DUC)  1875. 

c) Domaine de l'ameublement.  Syntagmes fréquents. coupe d'albâtre, lampe d'albâtre, pendule d'albâtre, urne d'albâtre, vase d'albâtre : 

Ø 14. Je m'en souviens, c'était un cabinet tout tendu de blanc et tout rempli de pièges et d'embûches. D'abord je crus que je marchais sur la laine douce et fine d'un tapis, je crus voir des roses blanches dans des vases d'albâtre et des lumières douces et blanches dans des globes de verre mat. Je crus aussi voir une femme vêtue de blanc et couchée sur un lit de satin blanc; mais quand elle tourna vers moi sa face livide, quand je rencontrai son regard d'airain, le charme qui pesait sur moi s'évanouit;...

AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Lélia,  1833, page 79. 

Ø 15. Allume-la le soir, ta lampe d'albâtre; regarde sa lueur blanche et pâle en te ressouvenant de ce soir où nous nous sommes aimés.

GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1846, page 263. 

Ø 16. Sur le lit on distingue une figure d'homme en cire, sans barbe, avec une longue chevelure blonde et couchée à plat dos comme un cadavre; tout autour du lit sont alternativement rangées de petites corbeilles en filigrane d'argent et des urnes d'albâtre de forme ovale; dans les corbeilles il y a des pieds de laitues et dans les urnes une pommade rose.

GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine,  1849, pages 466-467. 

Ø 17. Et par toute la chambre, sur la cheminée, sur les consoles, sur les guéridons, étaient posés, pressés, mêlés toutes sortes de menus objets, des réductions d'obélisques, des échantillons de marbre, des coupes d'albâtre, des colonnettes portant des figurines de bronze, un lion Canova en terre cuite, des « dunkerques » étrusques...

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Madame Gervaisais,  1869, pages 12-13. 

Ø 18. Tu n'as pas vu les murs de cette cité musulmane rougir le soir, s'éclairer faiblement la nuit. Murs profonds où la lumière, durant le jour, s'est déversée; murs blancs comme le métal, à midi la lumière s'y thésaurise; dans la nuit vous sembliez la redire, la raconter très faiblement. —  Cités, vous m'avez semblé transparentes! Vues de la colline, de là-bas, dans la grande ombre de la nuit enveloppante, vous luisiez, pareilles à ces creuses lampes d'albâtre, images d'un coeur religieux —  pour la clarté qui les emplit, comme poreuses, et dont la lueur suppure autour, comme du lait. 

ANDRÉ GIDE, Les Nourritures terrestres,  1897, page 219. 

Ø 19.... l'oeil intéressé de la comtesse expertisait le salon. Il y régnait une modestie décourageante. (...) une table, une console d'acajou; devant le foyer, un tapis en chenilles de laine; sur la cheminée, des deux côtés d'une pendule en albâtre, sous globe, deux grands vases d'albâtre ajouré, sous globes, pareillement;...

ANDRÉ GIDE, Les Caves du Vatican,  1914, page 765. 

d) Domaine des objets funéraires.  Urne, vase d'albâtre : 

Ø 20. Octave et Marianne, auprès d'un tombeau. 

OCTAVE. —  Moi seul au monde je l'ai connu. Cette urne d'albâtre, couverte de ce long voile de deuil, est sa parfaite image. C'est ainsi qu'une douce mélancolie voilait les perfections de cette âme tendre et délicate. 

ALFRED DE MUSSET, Comédies et proverbes, Les Caprices de Marianne, 1834, II, 6, page 174. 

Ø 21. Aux angles du sarcophage était posés quatre vases d'albâtre oriental du galbe le plus élégant et le plus pur, dont les couvercles sculptés représentaient la tête d'homme d'Amset, la tête de cynocéphale d'Hapi, la tête de chacal de Soumaoutf, la tête d'épervier de Kebsbnif : c'étaient les vases contenant les viscères de la momie enfermée dans le sarcophage.

THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie,  1858, page 176. 

Ø 22. Trois vases en albâtre rubané, fixés au fond du cercueil, ainsi que la momie, par une couche de natrum, contenaient les deux premiers des baumes d'une couleur encore appréciable, et le troisième de la poudre d'antimoine...

THÉOPHILE GAUTIER, Le Roman de la momie,  1858 page 183. 

2. Au singulier et surtout au pluriel.  Objet en albâtre : 

Ø 23. J'ai vu successivement ma maison se remplir d'albâtres de Florence, de bronzes antiques, d'estampes anglaises, de figures en biscuit, de vases étrusques, de meubles en laque du Japon, et de tapis persans. Tous ces objets de fantaisie, relégués tour-à-tour dans le garde-meuble, en perdant de leur prix à ses yeux, n'en conservaient pas moins une valeur réelle,...

VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 5, 1814, page 242. 

Ø 24. Sa couche virginale étoit dérobée à tous les yeux par des rideaux doubles de mousseline, et, chez elle, aucun meuble parlant ne s'offroit aux yeux en apportant quelqu'idée malséante. Du plafond pendoit une coquille d'albâtre qui, la nuit, jetoit une lueur vaporeuse, la cheminée étoit de marbre blanc, et ornée d'albâtres. 

HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 1, 1824, page 60. 

Ø 25. « Déjà, mon jeune époux? Quoi! L'aube paraît-elle?

Non; la lumière, au fond de l'albâtre, étincelle

Blanche et pure, et suspend son jour mystérieux;

La nuit règne profonde et noire dans les cieux.

ALFRED DE VIGNY, Poèmes antiques et modernes, Le Somnambule, 1837, page 118. 

Ø 26. Je fermerai partout portières et volets

Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.

Alors je rêverai des horizons bleuâtres,

Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres 

...

CHARLES BAUDELAIRE, Les Fleurs du mal, Tableaux parisiens, 1857, page 78. 

3. [L'albâtre comme symbole] :

Ø 27. Mes amis, sais-je voir d'un oeil indifférent

Ou l'or des blonds cheveux sur l'albâtre courant,

Ou d'un flanc délicat l'élégante noblesse,

Ou d'un luxe poli la savante richesse?

ANDRÉ CHÉNIER, Élégies, Amitiés, Montigny et La Sablière, 1794, pages 145-146. 

Ø 28. En un mot attribuons au style de M. de Saint-Pierre la transparence et le poli de l'albâtre et à celui de M. de Chateaubriand la beauté et la richesse de ce métal qui, dans l'incendie d'une ville fameuse s'était formé du mélange de tous les autres métaux, je veux dire de l'airain de Corinthe. (...) Chateaubriand a une variété cachée. Saint-Pierre a une uniformité variée. 

CHARLES-JULIEN LIOULT DE CHÊNEDOLLÉ, Extraits du journal,  1807, page 19. 

Ø 29.... je me réfugiais vers les colonnes, les statues. Je prenais modèle sur elles. J'attendais, debout sous la lune, pendant des heures, immobile, comme elles, sans penser, sans vivre. Je l'attendais d'un coeur de pierre, de marbre, d'albâtre, d'onyx, mais qui battait et me fracassait la poitrine...

JEAN GIRAUDOUX, Électre,  1937, II, 5, page 156. 

II.—  Au figuré.  Blancheur très pure. 

A.—  Emploi absolu : 

Ø 30. Vois l'astre au front d'argent : son éclat tempéré

Charme ton oeil vers lui mollement attiré :

Plus doux que le soleil il caresse ta vue,

Et te laisse jouir d'une scène imprévue.

Vois comme ses rayons tremblent sur les ruisseaux,

Mêlent l'albâtre au vert des jeunes arbrisseaux,

Se glissent, divisés, à travers le feuillage,

Et blanchissent au loin les roses du bocage.

PIERRE-MARIE-FRANÇOIS-LOUIS BAOUR-LORMIAN, Les Veillées poétiques et morales,  1827, page 289. 

Ø 31. À l'occident, se déploie une chaîne de rochers, les uns couchés, les autres plantés dans le sol, ceux-ci perçant l'air de leurs pics arides, ceux-là de leurs sommets arrondis; leurs flancs verts, rouges et noirs, retiennent la neige dans leurs crevasses, et mêlent ainsi l'albâtre à la couleur des granits et des porphyres.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 321. 

B.—  [Suivi d'un complément prépositionnel de] 

1. [Le complément est un substantif concret (partie du corps)] :

Ø 32. Malgré quelques combats, bientôt après je vis

Loin jetés à l'écart et voiles et tapis,

Tout jusqu'au lin flottant, sa défense dernière,

Aux regards, aux fureurs la liv (rant) tout entière,

Étaler de ses flancs l'albâtre ardent et pur,

Lis, ébène, corail, roses, veines d'azur;...

ANDRÉ CHÉNIER, Élégies, Les Amours, Lycoris, 1794, pages 54-55. 

Ø 33. Sulmina, devançant l'aurore lumineuse,

Un carquois sur l'épaule, et son arc à la main,

Pressait d'un pas léger et la biche et le daim.

Le plumage du cygne et la neige nouvelle

N'égalaient point l'albâtre de son sein. 

PIERRE-MARIE-FRANÇOIS-LOUIS BAOUR-LORMIAN, Ossian, Olgar et Sulmina, 1827, page 47. 

2. [Le complément est un substantif abstrait] :

Ø 34. À son sourire, dédié au salon défunt qu'il revoyait, je compris que ce que Brichot, peut-être sans s'en rendre compte, préférait dans l'ancien salon, (...) c'était cette partie irréelle (...), cette partie qui s'est détachée du monde extérieur pour se réfugier dans notre âme, à qui elle donne une plus-value, où elle s'est assimilée à sa substance habituelle, s'y muant —  maisons détruites, gens d'autrefois, compotiers de fruits des soupers que nous nous rappelons —  en cet albâtre translucide de nos souvenirs, duquel nous sommes incapables de montrer la couleur qu'il n'y a que nous qui voyons,...

MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, La Prisonnière, 1922, pages 284-285. 

C.—  [Précédé d'un substantif]  D'albâtre. D'une blancheur très pure. 

1. [Souvent, en parlant d'une partie du corps humain, notamment féminin]  Cou d'albâtre : 

Ø 35.... mes yeux se portèrent vers une glace qui (...) m'offrit une femme vêtue de blanc; les cheveux épars et bouclés tombaient sur un cou d'albâtre entouré d'un rang de perles, une rose était à quelque distance et s'élevait et s'abaissait... Deux bras arrondis par l'amour étaient nuds jusqu'au coude, et des mains d'une blancheur éblouissante parfilaient des fils d'or.

GABRIEL SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré,  1797, page 1634. 

Ø 36. Salut, vierge aux beaux yeux, rayonnante de gloire,

Plus blanche que le cygne et que le pur ivoire,

Qui sur ton cou d'albâtre enroule tes cheveux;

CHARLES-MARIE LECONTE DE LISLE, Poèmes antiques, Bhagavat, 1852, page 348. 

·    Épaules d'albâtre : 

Ø 37. Enfin sa lourde robe bleue, toute roide d'or et de pierreries, glissant à ses pieds, laissa nues ses épaules d'albâtre, larges et rondes, avec une petite fossette au milieu. Et l'on vit son cou gracieux et cet endroit si blanc, si doux, où naît une chevelure brune, lisse et épaisse, élégamment relevée, peignée, lustrée...

EUGÈNE SUE, Atar Gull,  1831, page 19. 

·    Mains d'albâtre : 

Ø 38. Je ne distinguais rien dans cette obscurité

Qu'un front pâle et mourant sur l'oreiller jeté,

Et de longs cheveux blonds répandus en désordre,

Que sur un sein deux mains d'albâtre semblaient tordre,

ALPHONSE DE LAMARTINE, Jocelyn,  1836, page 761. 

Remarque : Dans ces exemples, albâtre évoque l'idée d'une blancheur délicate de la chair sous laquelle on devine la vie plutôt que d'une blancheur éclatante. 

2. [Moins fréquemment en parlant de paysages, plantes, etc.] :

Ø 39. Tel aux premiers feux du matin, le lys qui vient de s'épanouir déploie ses pétales d'albâtre, encore tout humides des larmes brillantes de la rosée :...

CHARLES-JULIEN LIOULT DE CHÊNEDOLLÉ, Extraits du journal,  18 juillet 1833, page 169. 

Ø 40.... la neige éblouissante change la campagne en d'immenses paysages d'albâtre...

EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris, tome 3, 1843, page 2. 

Ø 41.... l'abeille ménage la plante et, sans l'attaquer, lui emprunte les précieux matériaux dont son art tire les palais d'albâtre, d'ambre ou d'or, où vont dormir ses enfants.

JULES MICHELET, L'Insecte,  1857, page 318. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 259. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 672, b) 539; XXe.  siècle : a) 148, b) 148. 

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