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ALCÔVE, substantif féminin.

Publié le 20/10/2015

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ALCÔVE, substantif féminin.  

A.—  Anciennement.  Partie de la chambre où les Précieuses du xviie.  siècle recevaient et tenaient salon. Tenir alcôve. 

—  Par extension, littéraire.  Lieu de discussions littéraires quelque peu confidentielles : 

Ø 1.... il était las de n'entendre parler que de littérature, —  acteurs, auteurs, éditeurs, bavardages de coulisses ou d'alcôves littéraires... 

ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, La Foire sur la place, 1908, page 675. 

B.—  Enfoncement pratiqué dans une chambre pour y mettre un ou plusieurs lits : 

Ø 2. J'ai mis là un lit, dit Grindot en dépliant les portes d'une alcôve habilement cachée entre les deux bibliothèques. Vous ou Madame vous pouvez être malade, et alors chacun a sa chambre.

HONORÉ DE BALZAC, Histoire de la grandeur et de la décadence de César Birotteau,  1837, page 199. 

Ø 3. Une alcôve pour mon lit, un large cabinet pour le travail, faisant face au cabinet des muses, une belle lumière, le silence du jardin, un pan plus large du ciel pour horizon, parce que je dominais un peu les toits du couvent, faisaient de cette chambre de ma jeunesse une solitude à la fois sereine et recueillie.

ALPHONSE DE LAMARTINE, Nouvelles Confidences,  1851, pages 27-28. 

Ø 4. Il faisait nuit lorsqu'il s'éveilla. Transi de froid, il se tourna et se retourna sur sa couche, fripant et roulant sous lui sa blouse noire. Une faible clarté glauque baignait les rideaux de l'alcôve. S'asseyant sur le lit, il glissa sa tête entre les rideaux.

HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Le Grand Meaulnes,  1913, page 78. 

Ø 5. L'Hôtel des Vagues (...) est très vieille France aussi par sa cave fort convenable et je ne sais quelle bonhomie provinciale dans l'arrangement des massifs du jardin, le charmant bric-à-brac des couloirs. Il m'est même échu en partage un délicieux appartement bas-breton avec panneaux de lit clos, alcôve, hautes tentures d'étoffes et lit à baldaquin...

JULIEN GRACQ, Un Beau ténébreux,  1945, page 40. 

—  Par extension.  Lieu des rapports amoureux. Secrets d'alcôves, confessions d'alcôve : 

Ø 6. Là où le journalisme n'éponge pas les petits faits, les grands mensonges, les événements de la rue, la chronique de la maison, les indiscrétions de l'alcôve, chacun est une ligne vivante du journal que l'arrondissement n'a pas encore.

LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly,  1836, page 236. 

Ø 7. «... Ni les satisfactions de l'amour-propre, ni celles que procure la fortune, ni les fiévreuses pamoisons étouffées sous les rideaux lourds des alcôves mystérieuses, rien ne vaut et n'égale cette joie honnête et calme, ce légitime contentement de soi-même que le travail donne aux laborieux comme un premier salaire. »

HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème,  1851, page 275. 

Ø 8. Daniel Salomon, qui s'était joint à eux, leur soufflait à l'oreille, de sa voix chaste, des secrets d'alcôve. Et, à chaque révélation étrange sur Madame Raymond, sur Madame Berthier d'Eyzelles et sur la princesse Seniavine, il ajoutait négligemment : —  tout le monde le sait.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Lys Rouge,  1894, page 13. 

Ø 9. La dernière Parisienne, qui s'appelait, je crois, Sarah, circulait entre les pétales et les porcelaines de son petit musée d'hôtel. Elle régnait. Je me pensais revenu aux temps où selon un oncle à moi, les rois se glissaient, déguisés, mal rasés et mal chaussés, dans les alcôves où les cocottes de 1900 les réduisaient à l'état de jouets.

LÉON-PAUL FARGUE, Le Piéton de Paris,  1939, page 186. 

Remarque : Épithètes le plus fréquemment rencontrées sombre, profonde, obscure, mystérieuse, tiède, géante. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 549. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 478, b) 1 675; XXe.  siècle : a) 791, b) 553. 

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