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ALÉA, substantif masculin.

Publié le 20/10/2015

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ALÉA, substantif masculin.  

A.—  Vieilli.  Chance, hasard favorable ou défavorable, dont dépend la réussite ou l'échec de quelque chose ou de quelqu'un : 

Ø 1. L'article fit grand bruit. Presque tous les journaux le reproduisirent, et les actions de Phileas Fogg baissèrent singulièrement. Pendant les premiers jours qui suivirent le départ du gentleman, d'importantes affaires s'étaient engagées sur « l'alea » de son entreprise. On sait ce qu'est le monde des parieurs en Angleterre, monde plus intelligent, plus relevé que celui des joueurs. Parier est dans le tempérament anglais.

JULES VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, 1873, page 22. 

Ø 2. Porel dit qu'il a l'intention de faire passer la pièce samedi prochain. Cette fixation de la représentation à une date si prochaine, cette première jusqu'alors lointaine et vague devenant une certitude avec son alea redoutable, fait entrer en moi une émotion, une espèce de ramollissement dans les jambes, qui me fait marcher sur les pavés, en sortant de l'Odéon, comme si je marchais sur un tapis.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  février 1885, page 422. 

Remarque : L'Académie Française n'enregistre ce mot que dans l'édition de 1932. Signalé comme \" néologisme \" dans Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse). Noter les guillemets dans l'exemple de Jules Verne, indiquant que le mot n'est pas encore reçu dans le bon usage courant, confer aussi infra exemple 4. 

—   Dans l'exemple suivant, aléa semble être encore employé dans un sens très proche de son étymologie : 

Ø 3. «... C'est à ce prix que la certitude parfaitement raisonnable ne manque jamais à la volonté droite et que même à travers les ombres de notre vie itinérante, la finalité initiale s'achemine sans risques vers le suprême aboutissement de la condition humaine. Il s'agit donc non d'un aléa, d'un pari, d'une option arbitraire, mais d'une sécurité véritable qu'un examen rationnel et expérimental tout ensemble éclaire et confirme. »

JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 116. 

B.—  Courant.  [Souvent au pluriel et avec un adjectif ou un complément déterminatif]  Risque, inconvénient que l'on envisage sans pouvoir l'imaginer avec précision ou le situer avec exactitude dans le temps : 

Ø 4. Elle m'entretenait souvent de mon avenir, m'expliquait diverses professions, leurs avantages, leurs « aléas »,...

JACQUES DE LACRETELLE, Silbermann,  1922, page 17. 

Remarque : Syntagmes rencontrés léger aléa, —  imprévu, petit -, sans aléas, les aléas du métier, du sort; offrir, présenter, comporter trop d'aléas. 

—   Il semble que la notion de risque tende à supplanter celle d'imprévisibilité : 

Ø 5. Je ne pouvais admettre que nos troupes restassent l'arme au pied, pour un temps indéterminé, tandis que le sort du monde se jouait dans les batailles. Plutôt que d'en venir là, je préférais prendre l'aléa d'un changement d'orientation.

CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Appel, 1954, page 252. 

Remarque : Aléa devient ainsi un synonyme noble et superlatif de risque, avec peut-être une nuance d'« aventure ». 

C.—  Spécialement.  MATHÉMATIQUES.  Aléa numérique. Synonyme : variable aléatoire*. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 48. 

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