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ANARCHISME (Anarchism)

Publié le 03/04/2015

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ANARCHISME (Anarchism)

Conception de la société qui prône la disparition de l'Etat., et l'élimination de tout pouvoir qui ne repose pas sur la spontanéité des masses et des individus. La pensée anarchiste trouve sa première formulation avec les théories de Max Stirner (1806¬1856), auteur de l'Unique et sa propriété, et surtout de Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), dont on retient les appels à un fédéralisme généralisé à tous les niveaux (des continents aux unités de production) et des formules : « Dieu., c'est le mal «, « la propriété, c'est le vol «.

L'anarchisme, ou courant libertaire, a pour symbole le drapeau noir. Il repoussa toute action. politique qui n'a pas pour but

17. A ce sujet, voir Didier Anzieu : l'Auto-analyse (P.U.F., Paris, 1959) ; Karen Horney : l'Auto-analyse (Gonthier, Paris, 1966).

 

immédiat la victoire des travailleurs sur le capital. Cela signifie un refus très violent de l'électoralisme (« Voter, c'est abdiquer «, dit Elysée Reclus), une opposition constante au système parle¬mentaire et à ceux qui y participent (socialistes et communistes compris). Toute action revendicative est une duperie, la grève partielle ne doit être qu'une répétition préparant une grève géné¬rale révolutionnaire. Tout pouvoir ne peut être que délégué et perpétuellement révocable. Le rôle de la minorité anarchiste consiste à éveiller les masses par l'action directe et la provoca¬tion, puis à laisser ces masses prendre en main leur destin —dans leur spontanéité — par la grève illimitée et l'autogestion.

L'anarchisme est fondamentalement anti-autoritaire, il s'est opposé, dès le début, aux conceptions marxistes., puis léninistes, de l'organisation du parti révolutionnaire, de l'Etat socialiste, du centralisme et de la dictature du prolétariat. Le Congrès anar¬chiste international de Saint-Imier (1872) déclare : « Toute organi¬sation d'un pouvoir politique soi-disant provisoire et révolution¬naire pour amener cette destruction (du pouvoir politique bour¬geois) ne peut être qu'une tromperie de plus et serait aussi dangereuse pour le prolétariat que tous les gouvernements exis¬tant aujourd'hui. «

Les différents courants anarchistes. La pensée anarchiste a eu des incarnations très diverses depuis la fin du XIX' siècle. Elle a inspiré les partisans de la « propagande par le fait «, c'est-à-dire de l'attentat et du terrorisme : la Bande noire, Ravachol, Vail¬lant, Emile Henry, les nihilistes russes, puis Jules Bonnot et sa « bande «. Une tendance plus politique, sous l'influence de Ba¬kounine, de Pierre Kropotkine, de Louise Michel, s'affirme dans les organisations ouvrières, en France, en Russie tsariste, dans les Balkans. Ainsi se constitue le courant anarchosyndicaliste ; le syndicat devient un terrain privilégié d'agitation.

Certains anarchistes individualistes (Lorulot, Libertad) tenteront de s'opposer à l'entrée dans les syndicats, qui sont à leurs yeux une

adaptation à l'ordre capitaliste «. La tendance syndicaliste l'em-porte de loin. Avec Pelloutier, secrétaire général de la Fédéra¬tion des bourses du travail, et Griffuels, elle va donner nais¬sance au syndicalisme révolutionnaire : de terrain privilégié, le syndicat devient l'incarnation de l'action anarchiste. Il doit rester à l'écart de la politique parlementaire, du socialisme officiel et des sectes anarchistes. La Charte d'Amiens (1906) est le manifeste de cette idéologie : « Le syndicat, aujourd'hui groupement de résistance, sera, dans l'avenir, le groupement de production et de répartition, base de la réorganisation sociale. « Des idées sem¬blables animeront la Centrale des travailleurs (C.N.T.) en Espa¬gne (singulièrement lors de la guerre civile de 1936-1939), qui se heurtera violemment aux organisations social-démocrates et sur¬tout communistes.

L'anarchisme se manifeste enfin dans le surgissement de certains soviets de Russie (en 1905 et 1917), de la République de

 

Makhno18, en Ukraine (1918-1919) seule expérience de prise de pouvoir par un fédéralisme anarchiste (la République de Makhno fut écrasée par l'armée rouge de Trotsky), de la révolte de Kronstadt contre le pouvoir de Lénine. (mars 1921), de certains conseils ouvriers à Budapest (1956).

Après une longue éclipse, les idées anarchistes réapparaissent avec une grande force — quoique souvent formulées de manière sim¬pliste — dans les révoltes étudiantes de ces dernières années. Le drapeau noir flotte de nouveau à Berlin, à Rome, à Paris surtout. L'idéologie libertaire, anti-autoritaire et anti-bureaucratique, s'im¬pose assez naturellement comme l'expression d'une révolte vio¬lente lors de la constitution de nouveaux courants politiques et sociaux — prolétariens de la fin du XIX' et du début du XX` siècle, étudiants d'aujourd'hui.

Ouvrages de référence : Daniel Guérin : Ni dieu ni maître (antho¬logie des grands textes anarchistes, Editions de Delphes, Paris) ; Daniel Guérin : l'Anarchisme (coll. « Idées «, Gallimard, 1965) ; Jean Maitron : Histoire du mouvement anarchiste en France (So¬ciété universitaire d'édition et de librairie, Paris, 1951) ; Jean Maitron : Ravachol et les anarchistes (coll. « Archives «, Jul-liard, Paris, 1964) ; Bernard Thomas : la Bande à Bonnot (Tchou, Paris, 1968) ; Magazine littéraire, « les Anarchistes « (juillet 1968, n° 19) ; André Nataf : la Révolution anarchiste (André Balland, Paris, 1968) ; Irving Louis Horowitz : The Anarchist (New York, Dell) ; Bertrand Russell : Roads to Freedom, Socia-lism, Anarchism and Syndicalism (Londres, G. Allend and Unavin).

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