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ANATHÈME, substantif masculin.

Publié le 21/10/2015

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ANATHÈME, substantif masculin. I.— ANTIQUITÉ. à l'origine, dans les croyances anciennes. A.— Offrande faite à une divinité : Ø 1.... il faut remarquer que les anciens donnaient le nom d'anathême à toutes les offrandes, mais principalement à celles qu'on suspendait aux piliers ou colonnes et aux voûtes des églises, comme des monumens de quelque grâce ou faveur particulière qu'on avait reçue du ciel. DICTIONNAIRE DE LA PÉNALITÉ (B. SAINT-EDME), page 328. B.— Objet détruit ou victime immolée, offerts en expiation à une divinité : Ø 2. On voit ici (...) pourquoi le mot anathème signifiait de même tout à la fois ce qui est offert à Dieu à titre de don, et ce qui est livré à sa vengeance... JOSEPH, COMTE DE MAISTRE, Éclaircissement sur les sacrifices, 1821, page 280. II.— RELIGION CATHOLIQUE. A.— Sentence de malédiction à l'encontre d'une doctrine ou d'une personne jugée hérétique; peine ecclésiastique qui consiste à retrancher publiquement quelqu'un pour cause d'hérésie de la communauté des fidèles, à l'excommunier en le maudissant : Ø 3. Les commissaires firent leur rapport le 1er. décembre; ils incriminèrent dans la lettre d'Arnauld les deux points déjà indiqués : 1. celui de la prétendue orthodoxie de Jansénius, comme étant une proposition téméraire et injurieuse au Saint-Siége; 2. celui de la grâce qui aurait manqué à saint Pierre, comme étant une proposition déjà frappée d'anathème et hérétique. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 532. Ø 4. Pie V avait donné de nombreuses bulles sur la agitatio taurorum, jusqu'à lancer l'anathème contre les toreros. Excommunication retirée par Grégoire XIII, mais rétablie par Sixte-Quint. HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, page 513. Remarque : Frapper quelqu'un d'anathème, frapper d'anathème une proposition; jeter, lancer l'anathème contre quelque chose ou quelqu'un, à quelque chose ou quelqu'un; prononcer un anathème, l'anathème contre quelqu'un. Anathème!, anathème à, anathème sur (quelque chose ou quelqu'un)! — En particulier. Anathème judiciaire, anathème abjuratoire; dire anathème à quelque chose ou quelqu'un : Ø 5. On distingua deux sortes d'anathême : les judiciaires et les abjuratoires. Les judiciaires ne pouvaient être prononcés que par un concile, un pape, un évêque, ou quelque autre personne ayant juridiction à cet égard : les solennités qui l'accompagnaient étaient les mêmes que celles de l'excommunication. L'abjuratoire faisait ordinairement partie de l'abjuration d'un hérétique converti; on l'obligeait toujours d'anathématiser l'erreur à laquelle il renonçait. DICTIONNAIRE DE LA PÉNALITÉ (B. SAINT-EDME), page 327. — Par extension. Condamnation, réprobation énergique, blâme sévère à l'adresse d'une personne, d'un acte, d'une opinion, etc.; malédiction : Ø 6. « Ne pas se faire montrer au doigt », voilà encore une loi terrible. Être montré au doigt, c'est le diminutif de l'anathème. Les petites villes, marais de commères, excellent dans cette malignité isolante, qui est la malédiction vue par le petit bout de la lorgnette. Les plus vaillants redoutent ce raca. On affronte la mitraille, on affronte l'ouragan, on recule devant Mme. Pimbêche. VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 120. Ø 7. Fille à Boches! Espionne! Tu t'es vendue! Oui, tu nous as trahis, c'est toi qui as tué ton mari, mes deux frères! Et je te maudis, maudis, maudis! Le visage tiré, marbré, jauni de Fannie s'était décomposé. Elle avait reçu l'anathème en pleine face, comme un crachat. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 259. B.— Par métonymie. [En fonction d'attribut ou d'apostrophe] Personne frappée d'anathème. Qu'il soit anathème : Ø 8. « Si quelqu'un dit qu'il ne peut y avoir de miracles (...), et que l'origine de la religion chrétienne n'est pas valablement prouvée par eux : qu'il soit anathème! Si quelqu'un dit qu'il peut se faire qu'on doive quelquefois, selon le progrès de la science, attribuer aux dogmes proposés par l'église un autre sens que celui qu'a entendu et qu'entend l'église : qu'il soit anathème! » ROGER MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, page 267. Remarque : Dans l'exemple suivant, le mot est employé comme adjectif, en parlant d'une personne « qui est retranchée de la communion des fidèles, excommuniée » : Ø 9. Car le moment de l'expulsion est arrivé. (...) Judas a déclaré solennellement qu'il n'en [le Christ] voulait pas et le moment est venu de l'éliminer. Cette bénédiction qui depuis des millénaires lui travaillait les entrailles, le moment est venu enfin pour toujours de s'en débarrasser. Non seulement condamné mais anathème. Il a blasphémé! Il ne peut plus rester avec nous! Qu'il sorte! Educ blasphemun, dit le lévitique XXIV, 14, extra castra. La tradition de Jésus-Christ à l'univers commence par cette extradition. C'est cette expulsion hors de la cité d'une âme, d'un animal expiatoire figurativement chargé de tous les péchés de la collectivité qu'avait pour but de représenter la cérémonie du bouc émissaire décrite dans le lévitique (chapitre XVI). PAUL CLAUDEL, Un Poète regarde la Croix, 1938, page 53. — Par métonymie : Ø 10. Du fond de ton cloître anathème, Parlais-tu comme ça, Nonne, à ce Français qui passa En te disant : « Je t'aime »? PAUL-JEAN TOULET, Vers inédits, 1920, page 125. — Par extension. Personne qui est objet d'exécration, de malédiction; qui est en marge de la société : Ø 11. — Je ne me reproche rien. Ce que j'ai fait, je le ferais encore. Je me suis fait anathème pour la patrie. Je suis maudit. Je me suis mis hors l'humanité : je n'y rentrerai jamais. Non! la grande tâche n'est pas finie. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, page 281. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 309. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 702, b) 404; XXe. siècle : a) 395, b) 259.

« HENRI DE MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, page 513.

Remarque : Frapper quelqu'un d'anath?me, frapper d'anath?me une proposition; jeter, lancer l'anath?me contre quelque chose ou quelqu'un, ? quelque chose ou quelqu'un; prononcer un anath?me, l'anath?me contre quelqu'un.

Anath?me!, anath?me ?, anath?me sur (quelque chose ou quelqu'un)! ? En particulier.

Anath?me judiciaire, anath?me abjuratoire; dire anath?me ? quelque chose ou quelqu'un?: ? 5.

On distingua deux sortes d'anath?me?: les judiciaires et les abjuratoires.

Les judiciaires ne pouvaient ?tre prononc?s que par un concile, un pape, un ?v?que, ou quelque autre personne ayant juridiction ? cet ?gard?: les solennit?s qui l'accompagnaient ?taient les m?mes que celles de l'excommunication.

L'abjuratoire faisait ordinairement partie de l'abjuration d'un h?r?tique converti; on l'obligeait toujours d'anath?matiser l'erreur ? laquelle il renon?ait. DICTIONNAIRE DE LA P?NALIT? (B.

SAINT-EDME), page 327.

? Par extension.

Condamnation, r?probation ?nergique, bl?me s?v?re ? l'adresse d'une personne, d'un acte, d'une opinion, etc.; mal?diction?: ? 6.

? Ne pas se faire montrer au doigt ?, voil? encore une loi terrible.

?tre montr? au doigt, c'est le diminutif de l'anath?me.

Les petites villes, marais de comm?res, excellent dans cette malignit? isolante, qui est la mal?diction vue par le petit bout de la lorgnette.

Les plus vaillants redoutent ce raca.

On affronte la mitraille, on affronte l'ouragan, on recule devant Mme.

Pimb?che. VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 120.

? 7.

Fille ? Boches! Espionne! Tu t'es vendue! Oui, tu nous as trahis, c'est toi qui as tu? ton mari, mes deux fr?res! Et je te maudis, maudis, maudis! Le visage tir?, marbr?, jauni de Fannie s'?tait d?compos?.

Elle avait re?u l'anath?me en pleine face, comme un crachat. MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 259.

B.? Par m?tonymie.

[En fonction d'attribut ou d'apostrophe] Personne frapp?e d'anath?me.

Qu'il soit anath?me?: ? 8.

? Si quelqu'un dit qu'il ne peut y avoir de miracles (...), et que l'origine de la religion chr?tienne n'est pas. »

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