Devoir de Philosophie

ANTHROPOLOGIE (Anthropology)

Publié le 03/04/2015

Extrait du document

ANTHROPOLOGIE (Anthropology),

Par opposition à la science du monde. (cosmologie) et à la science de Dieu. (théologie), l'anthropologie désigne la science de l'homme ; elle ne fut longtemps qu'une partie de la théodicée19, dans la mesure où l'étude de l'homme se référait nécessairement à celle de son créateur. Au contraire Quatrefages de Bréau, natu­raliste et anthropologue français, définit au XIX' siècle l'anthro­pologie comme une « histoire naturelle de l'homme «. Aujour­d'hui, cette définition concernerait plutôt l'anthropologie physique, c'est-à-dire l'étude des caractères morphologiques des diverses races humaines.

L'anthropologie culturelle étudie les cultures, c'est-à-dire qu'elle comprend l'homme dans sa référence au milieu social, les caractéristiques psychologiques elles-mêmes étant considérées comme des fonctions de la structure. d'un groupe : par exemple, le plaisir et la douleur varient en fonction du groupe de référence et ne peuvent être étudiés ou mesurés en eux-mêmes. L'école américaine dite « culturaliste « (Margaret Mead, Ruth Benedict, Erik Fromm, etc.) interprète les faits de culture à l'aide des données de la psychanalyse., tout en préservant la spécificité de chaque culture. Elle classe les cultures par rapport à des modèles construits, dans une perspective qu'on peut rapprocher de celle de Nietzsche dans la Naissance de la tragédie : ainsi il y aurait des cultures « apolliniennes «, en harmonie calme, et des cultures « dionysiaques «, à prédominance d'« ivresse «, de mouve­ment. L'interprétation des faits culturels renverrait donc aux structures sociales qui elles-mêmes rendraient possible la saisie de l'humain. L'anthropologie culturelle pose donc le problème du « relativisme culturel « : en effet, si les hommes sont intégra­lement fonction de leur milieu, de leur groupe, l'unité du genre humain risque de ne plus être perceptible.

Ce problème semble actuellement mener à un retour au sens primitif de l'anthropologie, comme étude morphologique : ainsi, Leroi-Gourhan2° utilisant les ressources de la paléontologie et de la technologie. cherche à relier le fait humain à des caractéristi­ques proprement biologiques (la station verticale et la libération de la main, et la faculté de symbolisation qu'est le langage.). Les cultures seraient les diverses voies où s'engage l'humanité dans un processus de particularisation, d'individualisation (cha­que culture cherchant à se différencier des autres), mais en même temps ce qu'il y a de spécifiquement humain dans cette diversité serait lié à un fondement. biologique : la libération de la main, permettant la fabrication d'outils, et la station verticale,

19.Au sens propre, « justification de Dieu « (de sa bonté). Métaphysique d'inspiration théologique.

20.Leroi-Gourhan : l'Homme et la matière (Albin Michel, Paris, 1943) : Milieu et techniques (Albin Michel, Paris, 1945) : le Geste et la parole (Albin Michel, Paris, 1965).

abolissant les contraintes mécaniques pesant sur la nuque, auraient permis le développement du cerveau jusqu'aux aires corticales du langage. Sous ce rapport, l'anthropologie moderne poursuit donc l'effort initial de Broca (chirurgien neurologue, anthropologue français, 1824-1880) et de Quatrefages de Bréau. Dans une autre direction, l'anthropologie structurale (en France, Lévi-Strauss.) cherche à saisir la logique symbolique des cultu­res, celles-ci étant considérées comme des langages possédant une logique interne à laquelle l'homme se conformerait dans ses actes et institutions., le plus souvent de façon inconsciente : ce n'est donc plus l'aspect biologique ou matériel de la culture qui est envisagé, mais son aspect immédiatement symbolique, l'an­thropologie ayant ici pour modèle non plus une science natu­relle, mais la linguistique. structurale (de Saussure.) : les phé­nomènes d'échange (de marchandises, de mots, de femmes, etc.) et jusqu'à la cuisine (C. Lévi-Strauss : le Cru et le Cuit) exprime­raient un code dont la compréhension est possible par l'interpré­tation des mythes.. En ce dernier sens, l'anthropologie culturelle se confond avec l'ethnologie.

 

Ouvrages de référence : Leroi-Gourhan : le Geste et la parole (Albin Michel, Paris, 1965) ; Lévi-Strauss : l'Anthropologie struc­turale (Pion, Paris, 1958) ; les Structures élémentaires de la parenté (P.U.F., Paris, 1949).

Liens utiles