ARGUMENT1, substantif masculin.

ARGUMENT1, substantif masculin.  

A.—  LOGIQUE.  vieilli, le plus souvent au singulier.  Forme plus ou moins typisée que prend un raisonnement lorsqu'il est construit suivant des règles définies : 

Ø 1. Il [Socrate] est dans le faux lorsqu'il repousse le seul genre d'arguments et de preuves ou plutôt d'inductions, que la raison puisse employer pour faire la critique de nos sensations, et pour infirmer la validité des jugements qu'elles nous suggèrent.

AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 557. 

·    Argument cornu. Dilemme. Argument en forme, en règle. Syllogisme. Argument vicieux. Sophisme. Argument a priori*, a posteriori*. 

SYNTAXE : Argument de Descartes, de Leibniz, des rhéteurs, des sophistes. 

—  Par analogie.  DROIT.  Argument à pari. \" Raisonnement par lequel on applique un texte à une hypothèse non prévue par ce texte, parce qu'il y a autant de raisons de le faire que dans l'hypothèse énoncée par le texte. \" (Vocabulaire juridique (HENRI CAPITANT)). 

—  Spécialement.  MATHÉMATIQUES.  Argument d'un nombre complexe. Angle polaire θ  du rayon vecteur représentant le nombre complexe Z avec l'axe des nombres réels; Z = ρ  (cos θ  + sin  θ ). 

Remarque : En informatique, dernière zone d'un mot machine. 

B.—  LOGIQUE et LANGAGE COURANT.  au singulier et au pluriel.  Affirmation particulière présentée à l'appui d'une démonstration : 

Ø 2. C'était une verve, des arguments, une éloquence, une science de dire merveilleuse et qui me confondait et par laquelle j'étais ravi comme par la plus étonnante scène de théâtre.

EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1859, page 628. 

Ø 3. Bornons-nous ici à des considérations très générales. Personne n'admet sérieusement que le monde s'évanouit quand on cesse de le regarder. L'argument ne paraît pas très philosophique, mais il n'en est pas moins bon.

RAYMOND RUYER, Esquisse d'une philosophie de la structure,  1930, page 18. 

SYNTAXE : Argument convaincant, décisif, douteux, facile, grossier; arguments contradictoires, irréfutables, raisonnables; bel, bon, faux, pauvre, puissant, unique — ; —  pour, contre quelque chose, en faveur de quelqu'un, de quelque chose; —  sans réplique; avancer, admettre, réfuter, repousser un — ; aligner des arguments; être à bout, être à court d'arguments. 

—  Par extension.  Indice, preuve tirée des faits, de l'expérience : 

Ø 4. —  Hé, capitaine Morhange, —  cria M. Le Mesge à mon compagnon qui dégustait posément son grondin, —  que dites-vous de cet acanthoptérygien? Il a été pêché aujourd'hui dans le lac de l'oasis. Commencez-vous à admettre l'hypothèse de la mer saharienne?

—  Ce poisson est un argument, —  dit mon compagnon.

PIERRE BENOÎT, L'Atlantide,  1919, page 193. 

—  Par analogie.  Moyen (autre que le raisonnement, la preuve logique) auquel on a recours pour convaincre, pour influencer la conduite de quelqu'un : 

Ø 5. Il ne reste plus maintenant que la lâcheté gouvernementale à vaincre, et comme elle ne trouve plus d'autres arguments que les coups de bâton des argousins de l'empire sur des prisonniers sans défense, je compte qu'il en sera bientôt fait justice.

GEORGES CLEMENCEAU, Vers la réparation,  1899, page 270. 

·    [Argument d'ordre affectif] :

Ø 6. Il est assez singulier que les objections se présentassent en foule, et que je n'aie pas eu le courage d'en faire une seule. La prière d'une femme a toujours été pour moi l'argument irrésistible. Je me résignai; nous partîmes.

VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 2, 1812, page 68.