ASTRAGALE1, substantif masculin. I.— ANATOMIE (HUMAINE et ANIMALE). " Os supérieur de la rangée postérieure des os du tarse " (Dictionnaire français de médecine et de biologie (ALEXANDRE MANUILA, LUDMILLA MANUILA, M. NICOLE, H. LAMBERT) tome 1 1970) : Ø 1. Parmi les édentés, le tarse du paresseux à trois doigts est très-remarquable par son articulation et par sa forme. Il n'est composé que de quatre os : l'astragal, le calcanéum et les deux cunéiformes. L'astragal s'articule avec le péroné, le calcanéum et le grand cunéiforme. Son articulation avec le péroné a lieu au moyen d'une fossette conique dont est creusée sa face supérieure, et dans laquelle est reçue l'extrémité de l'os dont la figure correspond en relief à celle en creux de l'astragal. GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 1, 1805, page 379. Ø 2. L'astragale est un os court, de forme cuboïde, articulé en haut avec la mortaise tibio-péronière, en bas avec le calcanéum, en avant avec le scaphoïde. GEORGES GÉRARD, Manuel d'anatomie humaine, 1912, page 203. Remarque : La forme astragal (sans e), confer supra, exemple 1, est exceptionnelle. — Par analogie. 1. HISTOIRE. " Osselet que l'on introduisait dans les cordelettes servant de menottes pour les prisonniers " (Dictionnaire français-français des mots rares et précieux 1965). Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française, Compléments 1842, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Nouveau Larousse illustré. 2. JEUX ROMAINS. Jeu des osselets : Ø 3. Les astragales ne roulent que sur 4 côtés marqués de points, les dés sur 6 côtés. Le jet des astragales est de 4 à la fois, le jet des dés de 3 à la fois. (...) Le 2 et le 5 ne sont pas marqués aux astragales (...) le jet de 4 faces différentes porte gain du jeu. P. Monet (GAY 1967). 3. DIVINATION : Ø 4. Si étrange que la chose puisse nous paraître, le jeu de dés se rattache souvent à des préoccupations sérieuses. Aux Indes, on jetait les dés pour prédire l'avenir et c'est surtout dans ce but que les nègres d'Afrique les utilisent. Les Thonga, par exemple, ont des séries compliquées d'astragales ainsi que d'autres objets et ont élaboré une véritable science de la divination; toutes les circonstances imaginables de leur existence sont liées d'une façon ou d'une autre aux combinaisons d'osselets, lesquels sont considérés comme trop sacrés pour être vendus. ROBERT HARRY LOWIE, Manuel d'anthropologie culturelle, 1936, page 192. Remarque : Confer astragalisme. II.— Dans différents domaines. Sorte de moulure. A.— ARCHITECTURE. " Moulure placée à la base des chapiteaux des ordres antiques et dont le profil est une demi-circonférence... " (Jules Adeline, Lexique des termes d'art, 1884) : Ø 5. On (...) voit des chapiteaux byzantins qui n'offrent d'autre forme que celle d'une pyramide tronquée dont la base occupe la partie supérieure; une légère courbure les relie à l'astragale de la colonne. ALBERT LENOIR, L'Architecture monastique, tome 1, 1852, page 364. Ø 6. C'est toujours la plus belle place du monde [celle de l'Hôtel-de-ville, à Bruxelles] (...) d'autant plus belle aujourd'hui qu'elle a conservé ses pignons ouvragés, découpés, festonnés d'astragales... GÉRARD DE NERVAL, Les Fêtes de Hollande, 1852, pages 271-272. — Cordon ornemental en cuivre ou en fer, au haut des barreaux d'une grille, d'une rampe, d'un balcon. Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Grand Larousse encyclopédique. — " Moulure fixée horizontalement à quelques dizaines de centimètres d'un plafond pour limiter la hauteur d'un revêtement mural " (Travaux d'aménagement dans la maison (PAUL BONNEL, JEAN TASSAN) 1966). " Petite moulure dont la succession offre une certaine ressemblance avec un chapelet d'osselets " (Dictionnaire illustré de la mythologie et des antiquités grecques et romaines (PIERRE LAVEDAN) 1964) : Ø 7. Après avoir compté à la lueur de ma veilleuse les astragales du plafond, regardé les gravures de la Jeune Milanaise, de la Belle Suisse, de la Jeune Française, de la Jeune Russe, du feu roi de Bavière, de la jeune reine de Bavière qui ressemble à une femme que j'ai connue et dont il m'est impossible de rappeler le nom, j'attrapai quelques minutes de sommeil. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 201. B.— ART MILITAIRE. " Sorte de moulure, de bourrelet, que l'on ménage autour d'une pièce d'artillerie " (Nouveau Larousse illustré). Remarque : Attesté dans DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Grand Larousse encyclopédique. C.— Au figuré. Faux brillants, fioritures d'un style pompeux, surchargé d'images : Ø 8. Stendhal (...) resta dans les traditions de style du XVIIIe. siècle, très choqué de la langue nouvelle, plein de railleries pour ce flot d'épithètes qu'il jugeait inutiles, pour ces festons et ces astragales sous lesquels la vieille phrase française perdait sa netteté et sa vivacité. ÉMILE ZOLA, Les Romanciers naturalistes, Henry Beyle, dit Stendhal, 1881, page 69. Ø 9. Les astragales de langage, dont je me servis pour ne pas l'accepter, [l'offre d'une dédicace de Jean Lorrain] , ne faisaient qu'augmenter l'affront qui cingle vif... ROBERT, COMTE DE MONTESQUIOU-FEZENSAC, Mémoires, Les Pas effacés, tome 3, 1921, page 80. Remarque : On rencontre dans la documentation le dérivé astragalien, ienne, adjectif (1866, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse); suffixe -ien*). Qui appartient, qui se rapporte à l'astragale (confer supra I). Articulation, luxation astragalienne.
