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BIJOU, substantif masculin.

Publié le 03/11/2015

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BIJOU, substantif masculin.  

A.—  Petit objet servant à la parure, précieux par sa matière (or, argent, ivoire, etc.), la façon dont il est travaillé ou simplement son originalité. Beau bijou, bijou précieux : 

Ø 1. Si le nouveau-né devait vraiment porter les signes visibles des désirs de sa mère, n'en doutez pas, on verrait plus d'une fois apparaître sur son corps d'autres images que ces innocentes fraises et ces gouttes de café dont s'amuse la niaiserie des matrones. —  Je vous comprends, dit M. De Terremondre : les femmes aimant les bijoux, beaucoup d'enfants naîtraient avec des saphirs, des rubis, des émeraudes aux doigts et des bracelets d'or aux poignets; des colliers de perles, des rivières de diamants leur couvriraient le cou et la poitrine.

ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail,  1897, page 137. 

Ø 2. J'aime beaucoup ce petit bracelet... cette mince chaîne à votre cou... ces gentils petits bijoux de rien... C'est un éléphant qui pend à votre bracelet... oui... un éléphant, une clochette, un sabot...

JACQUES CHARDONNE, L'Épithalame,  1921, page 68. 

Ø 3. Il avait envie d'aller jusqu'au coffre, d'en faire jouer la mécanique et de contempler les bijoux, les colliers, les anneaux, les perles, les pendeloques, les bracelets, les boucles, les joyaux et les barres de métal rare, les pierres nues dans de petits sachets.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Passion de Joseph Pasquier, 1945, page 73. 

SYNTAXE : Bijou ancien, faux, fourré; bijou de famille, de fantaisie, en toc; porter des bijoux; mettre ses bijoux en gage. 

—  Vieux.  Se dit des petites curiosités qui servent à orner une chambre ou un cabinet. Il a un cabinet tout plein de bijoux (Dictionnaire de l'Académie française.  1835). 

B.—  Par métaphore ou au figuré. 

1. [En parlant d'un objet]  Objet comparable à un bijou pour son élégance, un travail délicat, sa valeur. 

a) [En parlant d'un objet élégant et ouvragé, d'un logement petit et joliment orné]  Cette montre est un vrai bijou. 

—   [En construction de qualificatif antéposé]  Un bijou de + substantif. Un bijou de calèche, de voiture; un bijou d'appartement (HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot,  1835, page 195 ). 

b) [En parlant d'un monument]  Une façade travaillée en bijou; le sanctuaire... bijou taillé, surtaillé, sculpté (MAXIME DU CAMP, Le Nil, Egypte et Nubie,  1854, page 230) : 

Ø 4. —  Non, elle [l'église de Balbec] n'est pas mal, mais enfin elle ne peut soutenir la comparaison avec ces véritables bijoux ciselés que sont les cathédrales de Reims, de Chartres et, à mon goût, la perle de toutes, la Sainte-Chapelle de Paris.

MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs,  1918, page 464. 

c) [En parlant des oeuvres de l'esprit, des qualités]  Le poème en prose est un bijou (MAX JACOB, Le Cornet à dés, 1923, page 17) : 

Ø 5.... il met une sorte de coquetterie à cacher ses connaissances. C'est ce qu'il appelle ses bijoux secrets. Il dit qu'il n'y a que les rastas qui se plaisent à étaler aux yeux de tous leur parure, et surtout quand celle-ci est en toc.

ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs,  1925, page 1105. 

2.  [En parlant d'une personne] 

a) Terme d'affection : 

—   [En parlant d'une femme, d'un enfant]  Personne gracieuse et charmante. Notre petit bijou (EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres,  1846, page 490) : 

Ø 6. Les indifférents ne comprendront pas qu'on ait été si prolixe, ou plutôt minutieux. Mais il faut songer qu'ici c'est une femme aimée, très pure et très vierge, mon bijou et mon enfant

JULES MICHELET, Journal,  1857, page 355. 

—   [En construction d'apostrophe]  Mon bijou : 

Ø 7. Elle l'appelait : « Ma petite fleur, mon chérubin, mon ange adoré, mon divin bijou. »

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, L'Orphelin, 1883, page 838. 

b) Péjoratif, vieux. Bijou de la foire Saint-Ovide. Homme de rien. Bijou du parvis. Individu condamné à une peine infamante (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)). 

C.—  Sens spécial. 

—  FRANC-MAÇONNERIE.  Ornement ou décoration qui est le signe d'une fonction et que les francs-maçons portent dans leurs cérémonies. Bijoux mobiles (équerre, niveau, perpendiculaire); bijoux immobiles (pierre, planche à tracer). 

·    Bijou de loge. \" Celui qui se porte au côté gauche \" (Alfred Delvau, Dictionnaire de la langue verte, 1867, page 41). 

·    Bijou de l'ordre (Alfred Delvau, Dictionnaire de la langue verte, 1867, page 41):): 

Ø 8. Écoute, petit, écoute... Vois combien ma vieillesse t'implore. Immole ta jeune impatience des jeux au désir de réaliser le plus beau voeu d'un triste moribond... Et je te laisserai, par héritage, ma truelle, mon marteau, tous mes bijoux de maçon... si tu veux apprendre sagement ce que j'enseigne...

PAUL ADAM, L'Enfant d'Austerlitz,  1902, page 110. 

—  Argot et populaire. 

1. À Paris, desserte des plats constituant un bénéfice pour les plongeurs. Synonyme : arlequins. Transformer les bijoux en arlequins pour les rendre appétissants (HOGIER-GRISON  (PSEUDONYME COLLECTIF), Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887, page 62) : 

Ø 9. Les voleurs de bijoux opérant chez les restaurateurs leurs patrons... les bijoux qu'ils dérobent sont seulement les restes de la cuisine... bijoux (tel est le nom donné à ces détritus).

HOGIER-GRISON  (PSEUDONYME COLLECTIF), Les Hommes de proie, Le Monde où l'on vole, 1887 page 61. 

2. Sexe de la femme. Spécialement. Bijou de famille (P. LECLAIR, Les Méditations d'un hussard,  1809, page 16 ). 

Remarque : On nomme bijou la résine qui découle du pin sans incision. Synonyme : périnet vierge. 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 350. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 544, b) 2 325; XXe.  siècle : a) 2 502, b) 1 671. 

DÉRIVÉS : 1.  Bijoutaille,  substantif féminin.  néologisme d'auteur, péjoratif.  Collection de bijoux : Bijoux de famille (JEAN GIONO, Manosque des plateaux,  1930, page 110 ). 2.  Bijouter,  verbe transitif.  Voler adroitement des bijoux à quelqu'un (Confer Dictionnaire français-argot (ARISTIDE BRUANT), 1901, Dictionnaire de la langue verte (Hector France) 1907). Il faut que tu les bijoutes (LÉON PAILLET, Voleurs et volés,  1855, page 75 ). 3.  Bijouté, -ée,  adjectif argotique.  Couvert de bijoux [Servigny] était... brodé, passementé, bijouté, rasé au velours (GEORGES D'ESPARBÈS, La Guerre en dentelles,  1896, page 230); 

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