BILAN, substantif masculin.

BILAN, substantif masculin.  

A.—  COMMERCE, FINANCES.  Inventaire de la situation financière, établi à un moment donné et dressant un état de l'actif et du passif. Bilan d'exploitation; faire un bilan; bilan positif : 

Ø 1. Je déposai mon bilan et obtins de l'argent de la faillite les premières sommes disponibles pour opérer ce retrait.

LOUIS REYBAUD, Jérôme Paturot à la recherche d'une position sociale,  1842, page 441. 

Ø 2. «... le bilan contiendra l'énumération et l'évaluation de tous les biens mobiliers et immobiliers du débiteur, l'état des dettes actives et passives, le tableau des profits et pertes, le tableau des dépenses. »

JEAN JAURÈS, Études socialistes,  1901, page 248. 

—  En particulier.  [En cas de faillite]  Déposer le bilan. 

SYNTAXE : Le bilan de la banque, d'une entreprise, d'une opération, d'une succession; le bilan des acquisitions, des denrées; bilan de faillite, de liquidation; bilan consolidé, annulé, définitif, optimiste, sommaire, économique, financier, fiscal; arrêter, déposer, établir, falsifier un bilan. 

B.—  Par extension. 

1. Inventaire général des éléments d'une situation. 

—  Spécialement.  MÉDECINE.  Bilan alimentaire, métabolique, nutritif, urinaire; bilan de santé. ASTRONOMIE.  Bilan thermique. Quotient de la chaleur qu'une planète reçoit du soleil et de la chaleur qu'elle rayonne. 

—  Par analogie.  Évaluation chiffrée d'une situation à l'occasion d'un événement. Bilan d'une bataille, d'une guerre, d'une catastrophe, etc. 

Remarque : D'une manière générale le sens A tend à être supplanté par le sens B, qui tend lui-même à se définir comme le compte numérique des pertes humaines. Exemple le bilan d'un accident, des inondations : douze morts. 

2. Par métaphore.  Balance positive ou le plus souvent négative d'une situation matérielle, morale, affective, etc. Bilan d'un séjour, d'une existence, d'une amitié; triste bilan : 

Ø 3. Le chagrin avait employé trois ans à détruire cette douce Allemande [madame Mignon] ... le bilan de cette douleur est facile à chiffrer. Deux enfants, morts en bas âge eurent un double ci-gît dans cette âme...

HONORÉ DE BALZAC, Modeste Mignon,  1844, page 26. 

Ø 4. L'isolement qui se fait autour de moi, le découragement littéraire, le dégoût que m'inspirent mes contemporains, les nerfs qui se tendent trop, la cinquantaine sonnée et les inquiétudes d'avenir, voilà mon bilan.

GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1872, page 450. 

Ø 5. Donc il se mit à faire le bilan de sa passion comme il faisait, chaque année, la balance des amitiés disparues ou nouvelles, des faits et des gens entrés dans son existence.

GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Étrennes, 1887, page 1066. 

Remarque : On rencontre dans la documentation le néologisme bilanisme, substantif masculin \" Préoccupation intense et permanente d'établir le bilan des gains et des pertes organiques, psychiques et matérielles \" (Glossaire de psychiatrie, de psychologie pathologique et de neuro-psychiatrie (LISE MOOR) 1966). [\" Bilanisme \" ou passion des comptes, des équilibres, des restitutions, des symétries, manie d'ordre, de la ponctualité, de la propreté, glacis de protection (sauvagerie, politesse affectée, hauteur, mutisme, etc.)] (Emmanuel Mounier, Traité du caractère, 1946, page 137). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 261. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 244, b) 174; XXe.  siècle : a) 508, b) 502.