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BOUCHE-TROU, substantif masculin.

Publié le 04/11/2015

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BOUCHE-TROU, substantif masculin.  

Familier.  Généralement personne, plus rarement chose, servant à combler un vide, à boucher un trou (confer boucher1 ). 

A.—  Personne à qui l'on ne fait appel que pour se tirer d'embarras, pour occuper une place accidentellement vacante, pour simplement figurer, faire nombre (par sa présence, son travail, etc.) ou encore pour dissimuler une lacune. Jouer le rôle de bouche-trou; être invité en bouche-trou (Dictionnaire de l'Académie Française). Le vide du coeur ne s'accommode point d'un bouche-trou (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 244) : 

Ø 1. Il me reste encore les grands chemins, les voies toutes faites, les habits à vendre, les places, les mille trous qu'on bouche avec des imbéciles. Je serai donc bouche-trou dans la société, j'y remplirai ma place, je serai un homme honnête, rangé, et tout le reste si tu veux;...

GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1839, page 54. 

Ø 2.... je n'inspire pas la salutaire appréhension, qui commande un certain respect, de quelque éclat fâcheux. Un figurant, un bouche-trou, une ombre. Cet abaissement ne peut pas durer.

ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents.  1952, page 92. 

—   [En parlant d'une personne morale] :

Ø 3.... la Société des Nations et le Bureau International du Travail ont servi de bouche-trou pendant vingt ans... (G. Dumoulin).

L'Œuvre, 1er.  mars 1941. 

·    Emploi adjectival : 

Ø 4. Dans ce moment je ne peux donc rien pour vous, reprit Rastignac (...) nous sommes un ministère bouche-trou. Mais si vous vous distinguez au milieu de la bataille électorale (...) on accomplira votre désir.

HONORÉ DE BALZAC, Le Député d'Arcis,  1847, page 396. 

—  Rare : 

Ø 5. Pour notre génération, la bricabracomanie n'est qu'un bouche-trou de la femme qui ne possède plus l'imagination de l'homme...

EDMOND DE GONCOURT, La Maison d'un artiste,  1881, page 3. 

Ø 6. Les années passent sans que nous trouvions le nom de Beethoven sur aucun programme parisien (...) il arrivait qu'un mouvement de ses Symphonies y servît quelquefois de bouche-trou...

JACQUES-GABRIEL PROD'HOMME, Les Symphonies de Beethoven,  1921, page 120. 

·    En emploi adjectival: 

Ø 7. N'ai-je pas abusé de formules telles que celle-ci : « Je suis un être auquel son être même apparaît comme mystère »? Cette idée de mystère ne risque-t-elle pas comme celle de toi de devenir une idée bouche-trou? Il faudrait élucider plus que je ne l'ai fait la distinction entre le problème et le mystère.

DICTIONNAIRE DE CULTURE RELIGIEUSE ET CATÉCHISTIQUE  (LOUIS E. MARCEL), Journal métaphysique,  1923, page 286. 

—  Particulièrement.  [Pour accomplir une tâche à la fois nécessaire et ingrate] :

Ø 8.... nous étions de la véritable chair à canon, nous servions de bouche-trou et l'on nous envoyait dans tous les coins du front où il y avait un mauvais coup à faire ou tomber sur un bec-de-gaz...

BLAISE CENDRARS, Moravagine,  1926, page 320. 

B.—  Emplois spéciaux. 

1. ÉCOLES.  Élève doué, remplaçant au concours général le candidat de son lycée empêché de se présenter aux épreuves : 

Ø 9. Il manquait la goutte. On vendit des morceaux de composition, des tranches de copie à des bouche-trou de Stanislas et de Rollin qui avaient (...) de l'argent dans leurs goussets. Nous eûmes une bonne rincette...

JULES VALLÈS, Jacques Vingtras, L'Enfant, 1879, page 329. 

2. IMPRIMERIE, PRESSE.  

a) Journaliste de second ordre dont les articles ne sont utilisés qu'en cas de nécessité : 

Ø 10. « S. voyant qu'on avait placé très-mal un de ses articles dans la Revue, dit au rédacteur en chef : (...) me prenez-vous pour un bouche-trou. » (Mirecourt, 1855).

LES EXCENTRICITÉS DU LANGAGE FRANÇAIS  (LORÉDAN LARCHEY)  1872, page 57. 

b) Article, fait divers, etc., gardé en réserve et que l'on utilise seulement pour combler un vide et compléter une page (Confer Gilberte et Henry Coston, L'A.B.C. du journalisme, 1952, page 191 et 198). 

3. THÉÂTRE.  Acteur de second ordre, à qui on peut indifféremment confier tous les petits rôles, notamment pour remplacer un absent (Confer Hubert Genin, Le Langage  des planches, 1911, page 19). 

—  Par métonymie.  Petit rôle (Confer Charles de Bussy, L'Art dramatique, 1866, page 57). 

 

 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5. 

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