BOUGRE, -ESSE, substantif.

BOUGRE, -ESSE, substantif. A.— Vieux. Sodomite : Ø 1. Il [Ravaillac] entendit en pleine chaire les prêtres et les moines traiter ce Roi [Henri IV] de bâtard et de bougre qui traînait derrière lui des bandes de larrons incestueux, de faussaires et d'athées... JEAN THARAUD, JÉRÔME THARAUD, La Tragédie de Ravaillac, 1913, page 18. B.— Par extension, familier. Mauvais drôle ou (en bonne part) brave homme. Oh! un de ces bons garçons... qui sont au fond de mauvais bougres (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1895, page 769 ). Il a l'air d'un bandit et d'un pauvre bougre. Je lui donne vingt sous (JULES RENARD, Journal, 1907, page 1120 ). SYNTAXE : Sacré, vieux bougre; ne pas être un mauvais bougre. Remarque : Surtout péjoratif au féminin, ce terme marque souvent au masculin la sympathie mêlée d'indulgence. · Bougre de + adjectif ou substantif : Ø 2. Il [Hippolyte] criait, perdant sa dignité : — Bougre d'ivrogne! vous le [le mort] mettez la tête en bas! ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 216. C.— Populaire, familier. Juron exprimant, suivant le ton de voix, la surprise, la colère, etc. Synonyme : bigre! Bougre de bougre de bougre! (RENÉ TARDIVAUX, DIT BOYLESVE, La Leçon d'amour dans un parc, 1902, page 142) : Ø 3. « Le marquis de Saint-Loup-en-Bray! Ah! bougre! » s'était-il écrié, usant du juron qui était chez lui la marque la plus forte de la déférence sociale. MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 747. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 611. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 74, b) 777; XXe. siècle : a) 2 184, b) 804.