Devoir de Philosophie

CANNE, substantif féminin.

Publié le 08/11/2015

Extrait du document

CANNE, substantif féminin.  

A.—  Plante à tige droite, cylindrique et noueuse, à feuilles engainantes : 

Ø 1. La plus jeune fille du roi Christophe, (...) repose libre sous les portiques du Campo-Santo, loin du champ des cannes et des mangliers à l'ombre desquels elle était née esclave.

FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 278. 

·    Par métonymie.  Bois de canne. [M. Fraisier] se leva de dessus un fauteuil de canne où il siégeait sur un rond en maroquin vert (HONORÉ DE BALZAC, Le Cousin Pons,  1847, page 177 ). 

—  En particulier. 

·    Canne à sucre, canne de sucre (vieux). Graminée à tige pleine cultivée dans les pays tropicaux pour le sucre qu'on extrait de sa sève. Un champ, une plantation de canne à sucre; la culture de la canne à sucre; du sucre de canne. Alcool de canne. Alcool obtenu par distillation de jus de canne à sucre ou de mélasse. 

·    Canne de Provence. Plante vivace à forte teneur en alpha-cellulose, qui pousse en Provence et en Italie. 

·    Canne-bamboche. Bambou (Confer Paul-Jean Toulet, Le Mariage de Don Quichotte, 1902, page 35). 

B.—  Par métonymie.  Bâton plus ou moins long, servant à divers usages et fait de bois de canne ou de toute autre matière pouvant remplir des fonctions similaires. 

1. Bâton parfois ouvragé qui, tenu à la main, sert d'appui à une personne qui marche : 

Ø 2. Je perçois, avec ma canne, des sensations que je n'obtiendrais pas avec ma main. Ma canne est une tige de résonance. C'est une antenne facultative, une antenne amovible,...

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, page 91. 

SYNTAXE : Canne d'épine, de jonc; canne d'ébène; canne à bec, à béquille; la crosse, la pomme, le pommeau d'une canne; s'appuyer sur sa/une canne; brandir, lever, poser, prendre sa/une canne. 

—  Spécialement. Canne-parapluie, parapluie à canne, ombrelle à canne : 

Ø 3. Bouvard préférait une canne-parapluie ou parapluie-polybranche, dont le pommeau se retire, pour agrafer la soie, contenue à part dans un petit sac.

GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 1, 1880, page 88. 

a) [La canne comme arme de défense ou de combat]  Frapper à coups de canne. 

—  Spécialement. Canne armée, canne à dard, canne à épée, canne-épée, canne-sabre. Canne creuse dissimulant un dard, une épée ou un sabre (Confer Benjamin Constant, Le Cahier rouge, 1830, page 62). Canne-fusil. Canne conçue de façon à pouvoir se transformer en fusil (Confer François Mauriac, Le Baiser au lépreux, 1922, page 149). Canne plombée. Canne à tête garnie de plomb pouvant servir de massue. Ce torrent d'hommes, armés de cannes plombées et de casse-tête, était irrésistible (JULES VERNE, Le Tour du monde en quatre-vingts jours,  1873, page 146 ). 

—  Par extension.  Sport de combat proche de l'escrime pratiqué avec une baguette résistante et flexible : 

Ø 4.... Crabb de Ramsgate vous a appris à boxer; Lacour de Paris vous a enseigné la canne, le chausson et l'argot, puisque cela vous était nécessaire pour vos excursions aventureuses.

EUGÈNE SUE, Les Mystères de Paris,  1842-43, page 57. 

b) [La canne comme signe distinctif, comme emblème, comme accessoire de parade] 

·    Canne blanche, canne d'aveugle. C'est le Londres de toute ma jeunesse, (...) avec ses aveugles à canne blanche (PAUL MORAND, Londres,  1933, page 112 ). 

·    Canne de compagnon, de compagnonnage : 

Ø 5. Mon père était mort dès avant la guerre. De lui, il ne restait plus dans notre cellule que sa canne de compagnonnage accrochée à la corniche de la grande armoire,...

JEAN GUÉHENNO, Journal d'un homme de 40 ans,  1934, page 237. 

·    Canne de tambour-major : 

Ø 6.... j'aperçois, derrière la canne tourbillonnante du tambour-major, les baguettes fougueuses des tapins, les clairons apoplectiques qui gonflent des joues de tritons;...

ROGER CRÉTIN, DIT ROGER VERCEL, Capitaine Conan,  1934, page 35. 

2. Usages spéciaux. 

a) Canne à pêche. Bâton ou perche de matière flexible, souvent en plusieurs pièces qui s'emboîtent et dont l'extrémité est munie d'une ligne de pêche. La mère, très forte, manoeuvrait avec grâce une charmante canne à pêche (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Les Dimanches d'un Bourgeois de Paris, 1880, page 304 ). 

b) Canne de golf. Bâton recourbé utilisé pour pousser la balle (Confer Gabrielle Roy, Bonheur d'occasion, 1945, page 69). Synonymes : crosse de golf, club. 

c) MÉTROLOGIE.  Ancienne mesure de longueur en usage dans différents pays, particulièrement dans le midi de la France et en Italie, variant de 1,70 m à 3 m selon les régions : 

Ø 7. —  « Ce travail donne une peine du diable, disait-il [mon père] un soir au souper; j'ai défoncé à peine trois cannes de terre,... »

PAUL ARÈNE, Jean des Figues,  1870, page 40. 

d) TECHNOLOGIE.  

—  ÉLECTRICITÉ.  Couple thermo-électrique enfermé dans un tube de quartz ou de fer servant surtout à mesurer la température dans un four (d'après Dictionnaire de la chimie et de ses applications (CLÉMENT DUVAL, RAYMONDE DUVAL, ROGER DOLIQUE), 1959). Canne pyrométrique. 

—  VERRERIE.  Tube creux en métal servant à prendre le verre en fusion dans le creuset et à le souffler (Confer Georges Bernanos, Journal d'un curé de campagne, 1936, page 1067). 

3. Argot. 

a) Vieux. Canne(-)major. Barre de fer qui, attachée aux pieds, aux mains et aux épaules d'un détenu, le force à se tenir debout et immobile (Confer L'Intérieur des prisons, 1846, page 111). 

b) Jambe. Avec quarante bornes dans les cannes (...) on voulait ronfler, récupérer (ALBERT SIMONIN, Touchez pas au grisbi,  1953, page 76 ). 

·    Mettre les cannes. S'en aller, se sauver : 

Ø 8. Maintenant que le colon nous avait plaqués et que les sergents mettaient les cannes, j'étais bien convaincu que mon affaire finirait en quenouille et que l'on allait me fiche la paix;...

BLAISE CENDRARS, La Main coupée,  1946, page 274. 

·    Casser sa canne, vieux. S'évader; rompre son ban. Au figuré.  Dormir. Vous savez le verbe dormir? (...) je dors (...) vous tapez de l'oeil, ils cassent leur canne (ÉMILE VILLARS, Les Précieuses du jour,  1866, page 31 ). 

Remarque : On rencontre dans la documentation a) Canne, substantif féminin Grand robinet placé sur les conduites de distribution d'eau, manoeuvré par l'intermédiaire d'une vis ou d'un volant Attesté dans Nouveau Larousse illustré-Grand Larousse de la langue française en six volumes b) Canne ou channe, substantif féminin Cruche (confer étymologie et historique). Autrefois, le lait (...) était recueilli dans les cannes placées dans des cages de bois (A.-F. Pouriau, La Laiterie, 1895, page 342). Leurs channes brillantes et rondes (Jean de La Varende, Nez-de-Cuir, gentilhomme d'amour, 1936, page 34). La forme channe est parfois au genre masculin : Elle lâcha le grand channe de cuivre où elle disposait ses pavots énormes (Idem, Le Troisième jour, 1947, page 240). c) Canetille, substantif féminin Petit tuyau. La petite motopompe communale ronronnait sagement (...) Toute l'eau de la mare y passait, aspirée par sa canetille (Hervé Bazin, L'Huile sur le feu, 1954, page 22). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 1 450. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 435, b) 2 437; XXe.  siècle : a) 3 272, b) 1 667. 

DÉRIVÉS : Cannaie,  substantif féminin.  Lieu généralement humide où poussent des cannes, des roseaux. 

 

Forme dérivée du verbe \"canner\"

 canner

CANNER, verbe transitif.  

A.—  Garnir (en particulier le fond, le dossier d'un siège), de lanières de canne, de jonc ou de rotin entrelacées. 

Remarque : On rencontre dans la documentation le participe passé adjectivé canné, ée. a) [En parlant d'un siège ou, plus rarement, d'un autre meuble]  Garni de lanières de canne, de jonc ou de rotin entrelacées. Fauteuil, lit, siège canné; chaise cannée. b) Par extension [En parlant d'une matière servant au cannage]  Entrelacé. Ces sièges longs en jonc canné qui garnissent les vestibules en Italie (PONSON DU TERRAIL, Rocambole, tome 1, L'Héritage mystérieux, 1859, page 53). 

B.—  Vieux, inusité.  Mesurer (des étoffes) à la canne (confer canne B 2 c). 

Remarque : 1. Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux du XIXe.  siècle ainsi que dans Larousse du xxe.  siècle en six volumes et DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. 2. On rencontre dans la documentation a) Canner, verbe intransitif, argotique et populaire (Sans doute à rattacher au sens B 3 de canne). —  Se dérober, céder. S'agissait pas de canner devant les potes, ni surtout devant les autres [les policiers] (AUGUSTE LE BRETON, Du Rififi chez les hommes, 1953, page 139). —  Mourir. Elle était cannée à l'hosto, dans les mains des toubibs! (ALBERT SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, page 207). b) Canné, ée, participe passé substantivé, argotique et populaire.  Cadavre. Quand il flottait, il devait avoir les nougats humides, le canné (AUGUSTE LE BRETON, Razzia sur la chnouf, 1954, page 169). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 

DÉRIVÉS : Cannage,  substantif masculin (confer supra A) a)  Action de garnir (le fond, le dossier d'un siège) de lanières de canne, de jonc ou de rotin entrelacées. À l'heure qu'il est, le cannage d'une chaise coûte au bas mot un franc cinquante (LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Le 6 octobre, 1932, page 59 ).  b)  Par métonymie.  Garniture cannée (d'un siège). À cheval sur une chaise au cannage fourbu, j'écoutais Valdemar et Cécile (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Jardin des bêtes sauvages, 1934, page 69 ). 

 

Liens utiles