CANONISATION, substantif féminin.

CANONISER, verbe transitif.  

RELIGION CATHOLIQUE.   [Le sujet désigne l'autorité ecclésiastique compétente] 

A.—  Admettre, après procès canonique, une personne défunte au catalogue des saints, pour qu'elle soit l'objet d'un culte officiel : 

Ø 1. [Grégoire IX] avait déjà eu le bonheur de canoniser saint François d'Assise, et (...) en cette même année avait inscrit à côté de lui dans le ciel son plus illustre disciple, saint Antoine de Padoue,...

CHARLES, COMTE DE MONTALEMBERT, Histoire de Sainte Elisabeth de Hongrie, duchesse de Thuringe (1207-1231), 1836, page 286. 

—  Par métaphore, péjoratif.  [Le sujet désigne un agent, personne ou collectif; l'objet désigne une personne, ou un attribut d'une personne]  Glorifier comme sacré. Je ne canonise pas le non-sens (ABBÉ HENRI BREMOND. La Poésie pure,  1926, page 44) : 

Ø 2.... on a vu, à des époques différentes, les cabales exalter Pradon et dénigrer Racine; s'élever contre l'antimoine et préconiser le système de Law; poursuivre Voltaire et canoniser le diacre Pâris :...

VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin tome 2, 1812, page 193. 

—  Emploi pronominal. Et puis, on se canonise soi-même! Vraiment, tout cela fait horreur. Quelle ignominie! (FÉLIX ANTOINE PHILIBERT DUPANLOUP, Journal intime,  1851-76, page 116 ). 

B.—  DROIT CANON.  Codifier une décision dans un canon, un article du Code de droit canon. Formule universellement admise et déjà canonisée par le concile (Dictionnaire de théologie catholique (sous la direction de A. Vacant et E. Mangenot)  tome 14, 1re.  partie , 1938, page 611 ). 

Remarque : La plupart des dictionnaires généraux du XIXe.  et du XXe.  siècle enregistrent le dérivé canonisable, adjectif  [En parlant d'une personne] Digne d'être canonisé.]  Digne d'être canonisé. 

CANONISATION, substantif féminin.  

Action de canoniser. 

RELIGION CATHOLIQUE.  Déclaration solennelle par laquelle le pape inscrit un personnage au catalogue officiel des saints : 

Ø 1. 10 juin. —  La cérémonie d'hier était curieuse par cette quantité innombrable de costumes, de figures, de barbes de tous les pays. Au moment où la canonisation a été proclamée, le Te Deum a éclaté, accompagné des chants de tous les fidèles, des fanfares et du bruit du canon Saint-Ange. Cet instant a été imposant et émouvant

JEAN-JACQUES AMPÈRE, Correspondance,  1862, page 418. 

·    Procès de canonisation. Procédure canonique au cours de laquelle on étudie si une personne, généralement béatifiée*, est jugée digne d'être inscrite au dit catalogue (Confer Joris-Karl Huysmans, L'Oblat, tome 2, 1903, page 175). 

—  Par métaphore. Confer canoniser : 

Ø 2. Le crédit est la canonisation de l'argent, la déclaration de sa royauté sur tous les produits quelconques. Par conséquent, le crédit est le démenti le plus formel du système anti-prohibitionniste, la justification flagrante, de la part des économistes, de la balance du commerce.

PIERRE-JOSEPH PROUDHON, Système des contradictions économiques ou Philosophie de la Misère, tome 1, 1846, page 92. 

CANONISTE, substantif masculin.  

(Celui qui est) spécialiste de droit canon : 

Ø 1. Il [le Pape] avait répondu dans les commencements à Saint-Amour reçu par lui en audience particulière, et qui le voulait mettre sur le fond : « Et puis, voyez-vous, ce n'est pas là ma profession; outre que je suis vieux, je n'ai jamais étudié la Théologie ». —  « Le Pape n'est pas Théologien, il est Canoniste, disait à Saint-Amour le Père Ubaldino,... ».

CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 516. 

Remarque : On rencontre dans la documentation un emploi adjectival « qui est propre aux canonistes » : 

Ø 2. Ce passage d'une signification formelle à une signification matérielle de la raison, toujours manifeste lorsqu'il s'agit de légitimer un droit matériel et économique, rend bien compte des transformations que la théorie canoniste a fait subir à l'idée du justum pretium. 

JULES VUILLEMIN, L'Être et le travail,  1949, page 93.