CAPTURE, substantif féminin.

CAPTURE, substantif féminin.  

A.—  1. [L'auteur de l'action désigne un brigand, un soldat, un chasseur ou un pêcheur; le complément désigne une personne ou une chose]  Action de s'emparer sous la contrainte et avec des moyens généralement violents. Capture (...) rare de documents importants (MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 383 ). 

—  Par métonymie.  Personne, animal, objet pris, conquis. Grand oiseau de proie (...) sans capture (LÉON BLOY, La Femme pauvre,  1897, page 92 ). 

—  Par analogie. 

·    GÉOGRAPHIE.  Phénomène naturel selon lequel une rivière change de cours et se jette dans une autre rivière comme si elle était prise par elle (confer capter A 1 c). 

Remarque : Attesté dans Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965, Grand Larousse de la Langue française. 

·    PHYSIQUE NUCLÉAIRE.  Intégration d'une particule dans un système nucléaire ou atomique. Capture d'un neutron par un noyau (Histoire générale des sciences (sous la direction de René Taton)  tome 3, volume 2, 1964, page 349 ). 

2. [L'auteur de l'action est une autorité officielle] 

a) JUSTICE.  Action d'arrêter une personne pour un délit criminel ou politique, sur ordre de la justice; personne ainsi arrêtée. Précieuse capture. Il y avait dans cette capture quelque chose de plus important que l'arrestation d'un simple forçat (HONORÉ DE BALZAC, Le Père Goriot, 1835, page 211 ). 

b) DOUANES.  Action de saisir des marchandises de contrebande. 

c) MARINE.  Saisie d'un navire de commerce, ennemi ou neutre en infraction, en temps de guerre; bâtiment saisi : 

Ø 1. Pendant la guerre d'Espagne, ce Rodriguez (...) eut un navire (...) capturé dans le golfe de Gascogne (...). (...) l'officier d'administration conclut à la validité de la capture, sans en référer au Conseil des prises. 

ÉMILE ZOLA, Son Excellence Eugène Rougon,  1876, page 19. 

B.—  Au figuré. 

1. Action de gagner, de séduire avec force ou par surprise un homme, une femme; personne gagnée du point de vue sentimental, ou acquise à des idées. [Brentano] une proie facile pour celles qui ont le goût de la capture (ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve,  1939, page 271 ). 

2. Action de saisir quelque chose avec vivacité par l'intelligence, par le sens esthétique, de manière à l'introduire dans une oeuvre; ce qui est ainsi saisi, représenté : 

Ø 2.... la poésie de Chénier a transporté dans la poésie française ce que les livres nous font imaginer de plus grec, et même de plus athénien (...) la musique des êtres (...) la capture de mouvements, de figures, de scènes, d'humanité...

ALBERT THIBAUDET, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours, 1936, page 73. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 132. 

Forme dérivée du verbe \"capturer\"

 capturer

CAPTURER, verbe transitif.  

A.—  1. [Le sujet désigne un animé, parfois un inanimé concret, une collectivité; le complément désigne un animé, une collectivité, une chose]  S'emparer, plus particulièrement en temps de guerre, à la chasse ou à la pêche. Capturer une proie, des poissons. Cèdre qui capture [le soleil] dans ses branches (ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Citadelle, 1944, page 725) : 

Ø 1. De grands papillons inconnus naissent devant nos pas, (...) j'enrage de ne pouvoir m'en saisir. (J'en capture pourtant quelques-uns, mais les plus surprenants m'échappent.)

ANDRÉ GIDE, Voyage au Congo,  1927, page 706. 

—  Par analogie.  PHYSIQUE NUCLÉAIRE.   [Le sujet désigne un système nucléaire ou atomique]  Absorber une particule. Le noyau de lithium capture le proton (LOUIS LEPRINCE-RINGUET, Les Transmutations artificielles,  1933, page 18 ). 

—  Emploi pronominal passif. Les thons se capturent au milieu de l'été (CHARLES MAURRAS, Le Chemin de Paradis,  1894, page 130 ). 

2. [Le sujet désigne une autorité] 

a) JUSTICE.  [Le sujet désigne une personne]  Arrêter une personne sur ordre de justice. Capturer un criminel dangereux (Dictionnaire général de la langue française (ADOLPHE HATZFELD, ARSÈNE DARMESTETER)). 

b) MARINE.   [Le sujet désigne une personne ou un bâtiment]  Prendre un navire ennemi. Elle trouve (...) bon, que les Anglais aient capturé nos vaisseaux (JULES MICHELET, Sur les chemins de l'Europe,  1874, page 180 ). 

—  Emploi intransitif. D'autres [des marins] (...) capturent, s'enrichissent (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1846, page 360 ). 

B.—  Au figuré. 

1. [Le sujet désigne un animé ou un inanimé]  S'emparer moralement d'une personne, d'une de ses facultés en bien ou en mal, en particulier dans le domaine sentimental, la séduire ou l'asservir. Mais toi, ma chère Caroline (...) tu captures et tu captives un grand homme (HONORÉ DE BALZAC, Petites misères de la vie conjugale,  1846, page 119 ). Un bonheur (...) le capturant, le ravissant (JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 1, 1933, page 21 ). 

2. [Le sujet désigne une personne ou un attribut de la personne]  Cerner quelque chose avec vivacité par l'intelligence, éventuellement pour le représenter dans une oeuvre : 

Ø 2.... personne que Loti n'a éclairé pour nous les ténèbres de ces coeurs sauvages : Yves, Ramuntcho, (...) oiseaux farouches, grands albatros, qu'il a un instant capturés et retenus. 

FRANÇOIS MAURIAC, Mes grands hommes,  1949, page 211. 

Remarque : On rencontre dans la documentation le néologisme capturable, adjectif. Dont on peut s'emparer. Elle cherche dans l'amour un objet capturable (Saint-Exupéry, opere citato, page 865). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 101.