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CLASSE, substantif féminin.

Publié le 13/11/2015

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CLASSÉ, -ÉE, participe passé et adjectif.  

I.—  Participe passé de classer* 

II.—  Emploi adjectival. 

A.—  Mis en ordre selon des critères définis. 

1. Rangé avec méthode, mis en ordre. Documents, papiers classés. Une odeur de bureau, de cartons verts et de papiers classés (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Le Colporteur, 1893 page 1167 ). Fiches maniables, (...) classées par auteur et par matières (PAUL MORAND, New-York,  1930, page 126 ). 

—  Par analogie. 

a) [Appliqué à un inanimé concret]  Ils ont les dents belles, bien classées (Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU)  tome 4, 1797, page 74 ). 

b) [Appliqué à un inanimé abstrait]  C'étaient (...) des hommes qui avaient des idées précises et bien classées (ALBERT CAMUS, La Peste, 1947, page 304 ). 

2. En particulier.  Distribué par classes scientifiques. Des animaux classés comme d'espèces différentes peuvent se reproduire (GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 1, 1880, page 82 ). 

—  Au figuré. Me tenez-vous pour un animal, un petit animal classé? (JULES LAFORGUE, Moralités légendaires,  1887, page 199 ). 

—   [Appliqué à des phénomènes de même nature]  Mal, maladie classée (confer classer I B 2 b). Mirlababi ne souffrait d'aucune maladie étiquetée et classée (ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents 1952, page 257 ). 

3. Réglé, jugé définitivement. 

a) Emploi juridique. Affaire classée. Instruction classée, dossier à fourrer dans le plus sombre tiroir de la conscience (ALEXANDRE ARNOUX, Les Crimes innocents 1952 page 268 ). 

—  Langue courante. Réglé. Entendu. Classé (ANDRÉ MALRAUX, La Condition humaine,  1933, page 236 ). 

b) Souvent péjoratif.  [Appliqué à une personne dont on ne peut ou veut plus rien attendre de bon]  Il ne se relèvera pas de ce coup; c'est un homme classé (Grand dictionnaire universel du XIXe.  siècle (Pierre Larousse)). 

B.—  [Avec une idée de valorisation] 

1. [Appliqué à des animés]  Réparti selon un ordre hiérarchique ou de mérite. Élève, candidat classé. 

—  Spécialement.  TURFISME.  Cheval classé. \" Cheval que ses performances placent à la tête de sa classe ou de sa génération \" (Nouveau Larousse illustré). 

—  Par extension.  Qui a de la classe, de la distinction. 

2. [Appliqué à des choses]  Rangé dans une catégorie d'objets valorisés. 

a) Demeure classée, monument classé (Confer classer II B 2). Les édifices classés sont seuls protégés par la loi (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 10, 1913-14, page 42 ). 

b) Cru classé (Confer classer II B 1). 

—  Par analogie.  [Appliqué à un auteur]  Grand cru classé de la littérature (ALBERT THIBAUDET, Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours, 1936, page 116 ). 

 Fréquence absolue littéraire : 415. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 358, b) 460; XXe.  siècle : a) 897, b) 672. 

 

Forme dérivée du verbe \"classer\"

 classer

CLASSER, verbe transitif.  

I.—  [Le sujet désigne habituellement une personne]  Ranger, distribuer dans des catégories distinctes selon des critères définis. 

A.—  Courant. 

1. [Le complément désigne une personne ou un ensemble d'individus]  Placer quelqu'un dans une catégorie selon des critères empiriques. Juger, c'est classer. Juger exactement un individu, c'est le classer correctement (DICTIONNAIRE DE CULTURE RELIGIEUSE ET CATÉCHISTIQUE  (LOUIS E. MARCEL), Journal métaphysique,  1919, page 161) : 

Ø 1. George Sand dit qu'on peut classer les hommes suivant qu'ils aspirent à vivre dans une chaumière ou dans un palais. Mais la question est plus complexe : qui a château rêve chaumière, qui a chaumière rêve palais. Mieux encore, nous avons chacun nos heures de chaumière et nos heures de palais.

GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace,  1957, page 70. 

—   [Suivi d'une préposition indiquant l'appartenance]  Classer dans, parmi. Ranger, compter au nombre de. Quel dommage qu'un homme d'une si large intelligence (...) ait consenti à se laisser classer, étiqueter, enfermer dans des titres et dans des Académies (ÉMILE ZOLA, Paris, tome 1, 1898, page 193) : 

Ø 2. Jean-Paul a ouvert la voie du romantisme : on peut le « classer » parmi les romantiques véritables, ou l'en isoler, c'est le petit jeu des historiens de la littérature, et il suffit de se donner d'abord les définitions nécessaires.

ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve,  1939, page 190. 

Remarque : Emploi pronominal Tout homme médiocre (...) ne parviendra jamais à se classer du côté du talent (REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, page 388). 

—  Par extension.  Placer dans un certain ordre. Le curé classait les enfants sur les bancs (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 252 ). 

2. ADMINISTRATION, GESTION, etc..   [Le complément désigne une chose et plus spécialement des papiers, des documents]  Distribuer, ranger méthodiquement selon un certain ordre, de manière à en faciliter la consultation. Classer des archives, des auteurs, des dossiers, des fiches, des manuscrits. Elle passait des heures à classer les dossiers, à leur choisir des chemises multicolores (MARCEL ARLAND, L'Ordre,  1929, page 219) : 

Ø 3. M. Chalgrin écrit beaucoup. Il a besoin de quelqu'un pour lui tenir ses fiches, faire des recherches dans les bibliothèques, lire et classer les articles intéressants, recopier les manuscrits.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, page 103. 

Remarque : 1. Emploi absolu. Depuis vingt ans je classe, je mets en ordre, je bourre ma mine : voilà mon oeuvre (Georges Bernanos, L'Imposture, 1927, page 432). 2. Emploi pronominal (à valeur passive). Les anciennes archives commencent à peine à se classer (Jules Michelet, Journal, 1835, page 197). 

—  Par analogie. Classer des idées, des impressions, des souvenirs. Les mettre en ordre dans son esprit. Je m'assis sur la première marche de l'escalier pour tâcher de classer un peu mes idées (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Ma femme, 1882, page 669 ). 

Remarque : Emploi pronominal Ses idées se classent, se groupent et se coordonnent (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, De la Création de l'ordre dans l'humanité, 1843, page 400). 

B.—  En particulier langage scientifique et technique. 

1. [Le sujet désigne un savant naturaliste, l'objet désigne des entités naturelles]  Répartir des êtres ou des plantes en catégories selon des critères scientifiques. Classer les palmipèdes, les papillons. Les naturalistes ont appris à classer méthodiquement les individus, d'après des caractères déterminés, faciles à saisir (ANTOINE MARQUIS DE CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain,  1794, page 181) : 

Ø 4. Il fera examiner la nature du sol et les productions des différents pays, et tout ce qui est relatif à la physique du globe. Il fera recueillir les curiosités naturelles, terrestres et marines; il les fera classer par ordre, et fera dresser, pour chaque espèce, un catalogue raisonné...

Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU)  tome 1, 1797, page 49. 

—  Absolument. Le plaisir de donner des noms et de classer est fatal à ces savants (EUGÈNE DELACROIX, Journal,  1852, page 109 ). 

—  Par comparaison. En classant ma vie comme une collection de plantes, je trouverai... (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 34 ). 

2. Ranger dans une catégorie définie des phénomènes ou des éléments de même nature. 

a) GRAMMAIRE.  Classer des noms, des prépositions. Ce qui me fait préférer de les classer [ces mots] parmi les noms, c'est que dans l'usage ordinaire, ils en ont le caractère réellement essentiel (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 2. Grammaire, 1803, page 85 ). 

b) MÉDECINE.  Classer une maladie, un mal. La (le) définir par l'étude de ses syndromes, de son évolution, de son issue : 

Ø 5. Il était parfaitement possible de reconnaître les maladies, de les décrire, de les classer, d'indiquer leur marche, leur terminaison heureuse ou funeste et d'arriver ainsi à un pronostic sans savoir ni l'anatomie, ni la physiologie, de même qu'on a pu très bien décrire les animaux, les reconnaître et tracer leurs moeurs avant de connaître leur organisation intérieure.

CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale,  1878, page 298. 

c) PHILOSOPHIE : 

Ø 6.... Rechercher sans aucun préjugé systématique, par l'observation seule, avec simplicité et bonne foi, les phénomènes de l'entendement dans leur état actuel, et tels que nous les présente aujourd'hui la conscience, en les divisant et les classant d'après les lois connues des divisions et des classifications scientifiques...

VICTOR COUSIN.  Histoire de la philosophie du XVIIIe.  siècle   1829, page 112. 

C.—  [Avec une idée d'irréversibilité]  Ranger définitivement quelque chose. 

1. Emploi juridique. Classer une affaire, un dossier. Considérer la cause comme entendue, prononcer un non-lieu : 

Ø 7. Que me veut-on? Oui, que veut-on que je sache d'un crime commis dans un pays inconnu de moi, sur une malheureuse personne dont, il y a deux semaines, j'ignorais jusqu'à l'existence? La victime est morte. Un autre juge que vous a reçu l'aveu du criminel et, je l'espère, son repentir. Le mal commis est donc irréparable, et la société ne saurait même plus s'en venger sur son auteur. Alors? J'aurais cru que la justice classait rapidement ces sortes d'affaires.

GEORGES BERNANOS, Un crime,  1935, page 786. 

2. Langue courante. C'est classé. C'est terminé. L'affaire est arrangée. Vous voulez que ce qui était fini, classé, se remette en marche (JEAN COCTEAU, Les Parents terribles,  1938, III, 2, page 277 ). 

Remarque : S'emploie quelquefois péjorativement à propos d'une personne au sens de « juger définitivement, cataloguer ». Elle a peur de paraître méprisable dans sa gaucherie, d'être jugée, classée dès ses premiers efforts (MICHEL BUTOR, Passage de Milan, 1954, page 103). 

II.—  [Le sujet désigne habituellement une personne] 

A. [Le complément désigne une personne]  Attribuer officiellement un rang, une place, selon le mérite ou la valeur, le rang étant exprimé ou suggéré par le contexte. Classer un élève, un candidat. Sanctionner sa valeur en lui attribuant une place sur une liste officielle. M. m'a classé cinquième (...) sur trente huit (...) pour une composition à toute vapeur (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1906, page 256) : 

Ø 8. Jusque dans ces examens, dans ces concours où il s'agit de classer des candidats nombreux d'après leur savoir et leur intelligence, n'est-on pas amené à faire usage des nombres? Comme si l'on pouvait évaluer en nombres l'érudition, la sagacité et la finesse de l'esprit!

AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 304. 

—  Emploi pronominal avec valeur passive. Se classer (dans une épreuve scolaire, sportive ou autre). Être classé. Se classer premier, deuxième, parmi les premiers, les derniers. [Quelquefois sans indication de place]  Prendre la tête d'une épreuve, d'un classement. Si vous m'aviez vu skier, il y a vingt ans, quand je m'étais classé dans le grand concours de Saint-Moritz (GEORGES MAGNANE, La Bête à concours,  1941, page 392 ). 

—  Par métonymie.  [Le sujet désigne un attribut humain]  Donner de la classe, de la distinction à quelqu'un. Il a montré là cette élévation d'âme qui honore et classe les gens (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 210 ). 

B.—  [Le complément désigne un inanimé concret]  Placer une chose sur une liste officielle en raison de sa valeur. 

1. Classer un cru, un vin. Le faire entrer dans la catégorie des vins fins d'appellation contrôlée. 

2. Classer un monument, un site, un édifice. Le faire enregistrer dans la catégorie des monuments historiques. 

Ø 9. Nous avons déjà classé, nous classerons encore beaucoup d'édifices religieux comme monuments historiques. Si vous connaissez des églises qui méritent d'être classées, vous n'avez qu'à nous les signaler et la loi de 1887 les protégera.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 8, 1909-11, page 33. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 856. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 971, b) 1 016; XXe.  siècle : a) 1 554, b) 1 335. 

DÉRIVÉS : Classage,  substantif masculin.  Action de classer. Synonyme rare de classement. Qu'est-ce qui désabuse? Sinon (...) les classages et les formules intelligentes de Barrès (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1906, page 297 ). Attesté dans Grand Larousse encyclopédique en dix volumes et DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT) Supplément 1970 dans un sens technique (textile). 

 

CLASSE, substantif féminin.  

I.—  Ensemble d'êtres ou d'objets réunis en raison des traits qui leur sont communs. 

A.—  Dans la langue courante. 

1. Vieilli.  Catégorie de personnes d'âge, de sexe, de goût, de facultés ou de spécialité identiques. La classe des jolies femmes (HONORÉ DE BALZAC, Physiologie du mariage,  1826, page 87 ). La classe des vieux (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Mes poisons, 1869, page 21) : 

Ø 1. C'était vraiment trop simple, de dire qu'il y a deux classes d'hommes : les imbéciles et les gens intelligents, et de se ranger, naturellement, au nombre de ces derniers!

VALÉRY LARBAUD, Fermina Marquez,  1911, page 135. 

2. Catégorie de choses, collection d'objets ayant un ou plusieurs points communs. 

—   Domaine concret  Je (...) me disais que la mer appartenait à la classe des objets verts (JEAN-PAUL SARTRE, La Nausée, 1938, page 162 ). 

—   Domaine abstrait  Une classe d'idées, une classe d'habitudes. Le hachish appartient à la classe des joies solitaires (CHARLES BAUDELAIRE, Les Paradis artificiels,  1860, page 343 ). 

B.—  Emplois scientifiques et techniques.  Division par catégories spécifiques, d'êtres ou d'éléments ayant un ou plusieurs caractères ou fonctions communs. 

1. BOTANIQUE, MINÉRALOGIE, ZOOLOGIE (usuel).  Grande division de la classification comprenant des sous-classes et plusieurs ordres. La classe des mammifères, des insectes, des poissons, des oiseaux. Linné a (...) tiré les caractères principaux de son système botanique, divisé en vingt-quatre classes (JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature,  1814, page 75 ). Une classe de minéraux (ALFRED DE MUSSET, Fantasio,  1834, I, 2, page 192) : 

Ø 2. Quant aux mots collectifs de règne, de classe, d'ordre, de famille, de genre, d'espèce et de variété, dont se servent les naturalistes, ils ont sans doute beaucoup d'insignifiance, d'arbitraire et de confusion. Le règne ne convient qu'à Dieu, comme nous l'avons dit dès le commencement de ces harmonies. La classe ne signifie qu'une agrégation qui se rapporte autant aux genres qu'aux ordres mêmes. L'ordre s'applique à tout ce qui est ordonné. La famille comporte l'idée de parenté, et convient encore mieux aux individus de la même variété, aux variétés de la même espèce, et aux espèces du même genre, qu'à des genres rapprochés,...

JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 270. 

2. DÉMOGRAPHIE.  Classes d'âge. Répartition de la population selon les âges : jeunes (de 1 à 19 ans), adultes (20 à 64), vieillards (65 et plus). 

3. LINGUISTIQUE.  Division des unités linguistiques selon leur fonction ou leur sens. Classe grammaticale, lexicale, sémantique; classe de verbes, de substantifs. La classe des mots invariables (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 2. Grammaire, 1803, page 149 ). 

—  Spécialement. Classe de mots. Ensemble de mots ayant des éléments et plus spécialement des suffixes communs appelés indices de classe (d'après Lexique de la terminologie linguistique français, allemand, anglais, italien (JULES MAROUZEAU)). 

SYNTAXE : Classe distributionnelle, nominale; classe de morphèmes, d'équivalence (confer Ling. 1972). 

4. MATHÉMATIQUES (ALGÈBRE, GÉOMÉTRIE, TRIGONOMÉTRIE).  Ensemble de figures ou de fonctions présentant des propriétés communes. La classe des parallélogrammes, des polyèdres, des prismes, des rectangles. 

—  MATHÉMATIQUES MODERNE.   [Dans la théorie des ensembles]  Collection d'objets dont chacun représente un élément envisagé de manière individuelle. Une classe x est un ensemble s'il existe une classe y dont x est un élément (DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET SUPPLÉMENT.  1971). 

5. PÉDOLOGIE.  Classe de sols. Ensemble des sols dans lesquels l'infiltration des eaux de pluie et des substances qu'elle entraîne s'effectue de la même façon (d'après Dictionnaire des sols (GEORGES PLAISANCE, ANDRÉ CAILLEUX) 1958). 

—  Spécialement.  SYLVICULTURE.  Classe d'âge. \" Ensemble des arbres d'un peuplement dont l'âge est à peu près identique \" (Vocabulaire forestier (QUÉBEC), 1946). Classe d'arbres. \" Ensemble des arbres ayant approximativement les mêmes dimensions \" (Vocabulaire forestier (QUÉBEC), 1946); attesté en outre dans le Dictionnaire des sols (Georges Plaisance, André Cailleux) 1958. 

C.—  Domaine de la vie sociale.  Ensemble de personnes formant groupe en raison d'une certaine communauté de moeurs ou d'intérêts. 

1. Vieux.  [Dans l'Antiquité romaine]  Division hiérarchique de la société d'après le critère de la naissance ou de la richesse. La classe des patriciens; la classe des plébéiens : 

Ø 3. Avant Servius, on ne distinguait à Rome que deux sortes d'hommes, la caste sacerdotale des patriciens avec leurs clients, et la classe plébéienne. On ne connaissait nulle autre distinction que celle que la religion héréditaire avait établie. Servius marqua une division nouvelle, celle qui avait pour principe la richesse. Il partagea les habitants de Rome en deux grandes catégories : dans l'une étaient ceux qui possédaient quelque chose, dans l'autre ceux qui n'avaient rien. La première se divisa elle-même en cinq classes, dans lesquelles les hommes furent répartis suivant le chiffre de leur fortune.

NUMA-DENIS FUSTEL DE COULANGES, La Cité antique,  1864, page 371. 

2. Moderne. Classe sociale. Division de la société fondée sur des considérations d'ordre économique ou culturel et tendant à grouper les individus selon leur profession, leur niveau de vie, leurs intérêts communs, leur idéologie. Classe inférieure, moyenne, supérieure; classe bourgeoise, ouvrière; classe riche, pauvre. La société est composée de deux grandes classes : ceux qui ont plus de dîners que d'appétit, et ceux qui ont plus d'appétit que de dîners (NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Maximes et pensées,  1794, page 38) : 

Ø 4. Je ne crois pas plus que vous aux distinctions des classes. Les castes sont de l'archéologie. Mais je crois que les pauvres haïssent les riches et que les riches ont peur des pauvres. Cela sera éternellement. Prêcher l'amour aux uns comme aux autres est inutile. Le plus pressé est d'instruire les riches, qui, en somme, sont les plus forts. Éclairez le bourgeois, d'abord, car il ne sait rien, absolument rien. Tout le rêve de la démocratie est d'élever le prolétaire au niveau de bêtise du bourgeois. Le rêve est en partie accompli. Il lit les mêmes journaux et a les mêmes passions.

GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance,  1871, page 287. 

Ø 5.... depuis un demi-siècle, la bourgeoisie semble bien avoir cessé d'exister comme classe, —  pourvu que l'on entende par là le groupe social conscient de ses droits et de ses devoirs, qui a gardé sa tradition propre, ce que les militaires appellent d'un nom magistral : l'esprit de corps.

GEORGES BERNANOS, La Grande peur des Bien-Pensants,  1931, page 81. 

Ø 6. S'il existe une vérité à laquelle j'ai toujours cru, c'est qu'aucune classe n'a le privilège de la vertu, ni d'ailleurs de la pourriture. Au vrai, ceux qui dénoncent avec horreur la pourriture bourgeoise, nous doutons qu'ils puissent croire sincèrement à ce monopole de la classe moyenne. Hélas! les barrières sociales n'ont rien à voir avec la corruption de la nature : c'est dans le mal que le communisme d'abord se manifeste. En dépit des inégalités de caste qui frappent à la surface, une nappe souterraine d'égoïsme et de férocité alimente impartialement toute la race des hommes.

FRANÇOIS MAURIAC, Journal 1,  1934, page 46. 

Ø 7. L'historien et le philosophe cherchent une définition objective de la classe ou de la nation : la nation est-elle fondée sur la langue commune ou sur les conceptions de la vie? La classe est-elle fondée sur le chiffre des revenus ou sur la position dans le circuit de la production? On sait qu'en fait aucun de ces critères ne permet de reconnaître si un individu relève d'une nation ou d'une classe. Dans toutes les révolutions, il y a des privilégiés qui rejoignent la classe révolutionnaire et des opprimés qui se dévouent aux privilégiés. Et chaque nation a ses traîtres.

MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception,  1945, page 417. 

—   [Dans la philosophie marxiste]  Lutte des classes. Antagonisme des deux classes principales d'une société (bourgeoisie et prolétariat) considéré comme le moteur essentiel de l'évolution sociale : 

Ø 8. Aux yeux du plus grand nombre, la lutte des classes est « le principe de la tactique socialiste ». Cela veut dire que le parti socialiste fonde ses succès électoraux sur les hostilités d'intérêts qui existent à l'état aigu entre certains groupes et qu'au besoin il se chargerait de les rendre plus aigus; les candidats demanderont à la classe la plus nombreuse et la plus pauvre de se regarder comme formant une corporation et ils s'offriront à devenir les avocats de cette corporation;...

GEORGES SOREL, Réflexions sur la violence,  1908, pages 72-73. 

SYNTAXE : Basse(s), haute(s) classe(s); classe aisée, aristocratique, dirigeante, dominante, élevée, indigente, industrielle, laborieuse, montante, opprimée, opulente, possédante, privilégiée, prolétarienne, travailleuse; classes de la nation, du peuple, de la société; conscience, intérêts, préjugés de classe. 

Remarque : Sur les difficultés de définir le concept de classe (différent selon les pays, les époques, les tendances politiques) voir l'article de P. SOROKIN, Qu'est-ce qu'une classe sociale? dans Cahiers internationaux de sociologie, 1947, page 57. 

D.—  ENSEIGNEMENT.  

1. Division de l'enseignement selon l'âge, le degré de connaissances des élèves ou les matières enseignées. Les classes enfantines, primaires, secondaires, terminales, supérieures. 

a) Ensemble des élèves suivant le même cours. Classe de sixième, de première; classe de mathématiques, de philosophie, de rhétorique : 

Ø 9. On était divisé en deux sections, la petite classe et la grande classe. Par mon âge, j'appartenais réellement à la petite classe, qui contenait une trentaine de pensionnaires de six à treize ou quatorze ans. Par les lectures qu'on m'avait fait faire et par les idées qu'elles avaient développées en moi, j'appartenais à une troisième classe qu'il aurait peut-être fallu créer pour moi et pour deux ou trois autres : mais je n'avais pas été habituée à travailler avec méthode, je ne savais pas un mot d'anglais.

AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Histoire de ma vie, tome 3, 1855, page 78. 

Ø 10. L'École Alsacienne, excellente dans les basses classes, passait en ce temps pour insuffisante dans les classes supérieures. La rhétorique allait encore, mais pour la philosophie, ma mère se laissa persuader que les cours d'un lycée seraient préférables, et décida que je ferais la mienne à Henri-IV.

ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt,  1924, page 518. 

SYNTAXE : Conseil, délégué, responsable de classe; le premier, le dernier de la classe; redoubler, sauter une classe; tenir la tête de la classe; les basses, les hautes classes d'application, de perfectionnement, de rattrapage, de transition; classes pratiques. 

—  Spécialement. Classes de neige. Forme d'enseignement temporaire dispensé dans les stations de sport d'hiver et se composant d'un mi-temps pédagogique et d'un mi-temps sportif (pratique du ski). 

Remarque : Sur le même modèle fonctionnent les classes de mer, les classes de plein air se déroulant dans des établissements spécialisés. 

b) L'enseignement, le cours comprenant une ou plusieurs matières. Les heures de classe; les intervalles de classe. Quatre heures de classe par jour, des salles d'étude, des récréations (MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance,  1834, page 175) : 

Ø 11. Pendant la classe, c'était autre chose. Trop faible pour avoir de bonnes places, j'étais toujours à côté des plus mauvais sujets; et, comme ils n'écoutaient jamais le professeur, ils me persécutaient pour se désennuyer.

JULES MICHELET, Mémorial,  1820-22, page 202. 

—  Par métaphore. La vie c'est une classe dont l'ennui est le pion (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Voyage au bout de la nuit,  1932, page 437 ). 

c) Salle de classe et par ellipse la classe. La salle où les cours sont dispensés. Les murs, les bancs de la classe. Les élèves avaient lâché méchamment un hibou dans la classe (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY, Les Souffrances du professeur Delteil, 1855, page 232 ). 

—  Par extension (des sens a et b) Classes du conservatoire. Unités de l'enseignement musical réparties par spécialités. Classes de solfège, d'harmonie, de chant, de violon, etc. 

2. Par extension. 

a) L'école où se tiennent les cours. Aller en classe, sortir de classe. Un prince étudier, aller en classe! Un prince avoir des camarades! (PAUL-LOUIS COURIER, Pamphlets politiques, Simple discours à l'occasion d'une souscription pour l'acquisition de Chambord, 1821, page 77 ). Les chers petits livres de classe (JULES MICHELET, Journal,  1849, page 32 ). 

b) Au pluriel.  Ensemble des études. Faire, finir ses classes. Réussir dans ses classes (Confer Ernest Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse, 1883, page 153) : 

Ø 12. Un prédicateur s'efforce de mettre en garde contre le monde les petites jeunes filles qui ont fini, cette année, leurs classes et qui vont commencer leurs existences très-basses de boutiquières ou de bourgeoises sans profession.

LÉON BLOY, Journal,  1901, page 75. 

—  Au figuré. Faire ses classes. Acquérir de l'expérience dans une spécialité donnée. M. Taine, un homme ayant fait ses classes et voyagé (PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine,  1883, page 180 ). 

Remarque : S'emploie aussi dans l'armée (en parlant d'une jeune recrue).  Suivre les cours d'instruction militaire. 

3. Par analogie. Classe de l'Institut. Chacune des cinq académies qui composent l'Institut de France (confer académie II A) : 

Ø 13. J'ai assisté à une séance de l'Académie des Inscriptions, 3e.  classe, en ma qualité de correspondant qui ne me donne plus de titres d'après les nouveaux règlements. Je suis rentré triste et glacé.

MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal,  1816, page 235. 

E.—  ARMÉE, MARINE.  

1. Vieux.  MARINE.  Ensemble des gens de mer soumis à l'inscription maritime. Bureau des classes. Colbert distribua les pilotes et les matelots en trois, quatre ou cinq divisions, qui furent appelées classes, pour servir alternativement dans les armements de mer (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ) ). 

Remarque : Dans l'armée, l'équivalent de la classe était alors la conscription, appel au service par voie de tirage au sort. 

2. Moderne. 

a) Classe de recrutement. Ensemble des effectifs devant être appelés sous les drapeaux la même année. La classe (de) 1928, 1953; le départ de la classe. Ma parole, ces bougres-là se croient avec des bleus de leur classe! (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 1888, 1re partie, V, page 50 )   Être de la (même) classe. Appartenir au même contingent, être conscrits. Nous sommes deux anciens, deux de la classe (ALPHONSE DAUDET, L'Immortel,  1888, page 197 ). 

—  Classe de mobilisation. Ensemble des effectifs réellement appelés, et comprenant un certain nombre d'appelés avant ou après la date de leur recrutement légal : 

Ø 14. Qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire, armer le peuple. Je me demande réellement ce que ça peut bien représenter. Et surtout représenter pour eux. Comme si armer le peuple n'était point précisément constituer des classes d'active, des classes de réserve et de territoriale.

CHARLES PÉGUY, L'Argent,  1913, page 1254- 

b) Familier.  Libération. Fin du service militaire. Synonyme argotique : quille. La classe! Mot magique! Cautère moral du troupier! (GEORGES MOINAUX, DIT GEORGES COURTELINE, Le Train de 8 h 47, 2e.  partie, X, 1888page 210: 

Ø 15.... la guerre est finie. Des paysans qui sont venus. comme tous les jours, travailler aux champs, les re, gardent passer en s'appuyant sur leurs bêches; Lambert s'égaye, il leur crie : « salut, papa! c'est la classe. » Dix voix, cent voix répètent avec une sorte de défi : « c'est la classe, c'est la classe! on rentre chez nous ».

JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme,  1949, page 201. 

—  Au figuré. C'était enfin la classe, pour pas mal de vertus ou de péchés! (JEAN GIRAUDOUX, Bella,  1926, page 51 ). 

F.—  Argot (par extension de E 2 b) 

1. C'est classe. C'est terminé. [Juliette trépassa] Roméo (...) biglant qu'tout était classe, [s'empoisonna] (LÉON STOLLÉ, Douze récits historiques racontés en argot,  1947, page 1 ). 

2. C'est classe. C'est suffisant En avoir classe. En avoir assez. Class' qu'il en avait de se trouver là (AUGUSTE LE BRETON, Du Rififi chez les hommes,  1953, page 147 ). 

II.—  [À l'idée de groupement s'ajoute une idée de valorisation] 

A.—  1. Division hiérarchisée de personnes ou de choses que distingue la valeur (grade, solennité, confort etc.). Classes d'enterrement; classe de wagons de chemin de fer. Les messes et féries du Temporal et du Sanctoral, comme les Messes votives, sont réparties uniformément en quatre classes seulement (Dictionnaire de la foi chrétienne (OLIVIER DE LA BROSSE, ANTONIN-MARIE HENRY, PHILIPPE ROUILLARD)  tome 1  1968). 

—  ADMINISTRATION.  Division en échelons à l'intérieur d'un grade. Entrer en 1re classe, en classe exceptionnelle. Hors classe. \" Échelon le plus élevé d'un grade \" (Vocabulaire de l'administration (AGENCE DE COOPÉRATION CULTURELLE ET TECHNIQUE) 1972). 

2. Syntagmes usuels.  (Être) de première, de grande classe, d'une classe supérieure, exceptionnelle, hors classe. 

a) Usuel. 

—   [En parlant de pers]  Appartenir à une catégorie d'individus qui excellent dans leur spécialité. Un adversaire de grande classe (MARCEL AYMÉ, Maison basse,  1934, page 226 ). Un savant de première classe (GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, La Nuit de la Saint-Jean, 1935, page 147 ). 

Remarque : Connaît une certaine vitalité dans le vocabulaire des sports. Un joueur de grande classe. 

—   [En parlant de choses]  Objet de première, de seconde classe. Article de bonne qualité, de qualité moyenne. Son chalet (...) fut primé hors classe (LOUIS-FERDINAND DESTOUCHES, DIT CÉLINE, Mort à crédit,  1936, page 442 ). 

Remarque : Certains dictionnaires mentionnent l'emploi abusif que l'on fait parfois du tour : de (grande, haute) classe, appliqué à des personnes mais surtout à des choses. DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965 note \" Un spectacle de classe (néologisme à éviter) \". NOUVEAU DICTIONNAIRE DES DIFFICULTÉS DU FRANÇAIS  (JEAN-PAUL COLIN) 1971 \" Le tour avoir de la classe (...) ne doit pas s'appliquer à un objet. On évitera donc de dire : un mobilier de classe (d'autant plus que cette tournure est ambiguë) \". 

b) Emplois spéciaux. 

—  ARMÉE et MARINE.  Soldat, marin de première, de seconde classe. Soldat, marin appartenant aux échelons les plus bas de la hiérarchie militaire. On en fit un matelot de la dernière classe, le souffre-douleur des équipages (JULES VERNE, Les Enfants du capitaine Grant, tome 3, 1868, page 20 ). 

—  LITURGIE CATHOLIQUE.  

·    Vieilli.  Degré de pompes extérieures accompagnant à l'église les cérémonies de mariage ou d'enterrement. Enterrement, mariage de première, de seconde, de troisième classe. Il y a des enterrements de première classe comme si on allait au paradis par le chemin de fer (JULES RENARD, Journal,  1903, page 848 ). 

—  TRANSPORTS et (principalement CHEMIN DE FER).  Degré de confort dans certains moyens de transport (avions, bateaux, chemin de fer) selon les tarifs pratiqués. Wagon, compartiment de première, de seconde classe. Billet de première, de seconde classe; par ellipse une première, une seconde (classe). Tu t'en iras, à dix heures, prendre le train omnibus et les troisièmes classes du chemin de fer du Havre (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 3, Le Club des Valets de coeur, 1859, page 316 ). 

Remarque : Actuellement, on ne distingue plus que deux classes dans les chemin de fer (première, deuxième classe), les transports aériens (première classe, classe touriste ou économie) et généralement trois classes sur les bateaux (1re.  classe, classe touriste, classe pont ou classe économique). 

B.—  Distinction, élégance. Avoir de la classe. Être, avoir un haut degré de perfection, de distinction, d'élégance. Cette femme belle, ardente, et chez qui tout était classe (PAUL VIALAR, La Chasse aux hommes, Les Faux fuyants, 1953, page 214) : 

Ø 16.... comme elle [Mme Lambert] avait une tête à chapeaux, ils prenaient sur elle un éclat, une classe, une fantaisie irrésistibles...

PAUL MORAND, La Clef du souterrain,  1956, page 60. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 7 252. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 12 483, b) 8 914; XXe.  siècle : a) 10 312, b) 9 206. 

 

Forme dérivée du verbe \"classer\"

 classer

CLASSER, verbe transitif.  

I.—  [Le sujet désigne habituellement une personne]  Ranger, distribuer dans des catégories distinctes selon des critères définis. 

A.—  Courant. 

1. [Le complément désigne une personne ou un ensemble d'individus]  Placer quelqu'un dans une catégorie selon des critères empiriques. Juger, c'est classer. Juger exactement un individu, c'est le classer correctement (DICTIONNAIRE DE CULTURE RELIGIEUSE ET CATÉCHISTIQUE  (LOUIS E. MARCEL), Journal métaphysique,  1919, page 161) : 

Ø 1. George Sand dit qu'on peut classer les hommes suivant qu'ils aspirent à vivre dans une chaumière ou dans un palais. Mais la question est plus complexe : qui a château rêve chaumière, qui a chaumière rêve palais. Mieux encore, nous avons chacun nos heures de chaumière et nos heures de palais.

GASTON BACHELARD, La Poétique de l'espace,  1957, page 70. 

—   [Suivi d'une préposition indiquant l'appartenance]  Classer dans, parmi. Ranger, compter au nombre de. Quel dommage qu'un homme d'une si large intelligence (...) ait consenti à se laisser classer, étiqueter, enfermer dans des titres et dans des Académies (ÉMILE ZOLA, Paris, tome 1, 1898, page 193) : 

Ø 2. Jean-Paul a ouvert la voie du romantisme : on peut le « classer » parmi les romantiques véritables, ou l'en isoler, c'est le petit jeu des historiens de la littérature, et il suffit de se donner d'abord les définitions nécessaires.

ALBERT BÉGUIN, L'Âme romantique et le rêve,  1939, page 190. 

Remarque : Emploi pronominal Tout homme médiocre (...) ne parviendra jamais à se classer du côté du talent (REYBAUD, Jérôme Paturot, 1842, page 388). 

—  Par extension.  Placer dans un certain ordre. Le curé classait les enfants sur les bancs (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Oblat, tome 1, 1903, page 252 ). 

2. ADMINISTRATION, GESTION, etc..   [Le complément désigne une chose et plus spécialement des papiers, des documents]  Distribuer, ranger méthodiquement selon un certain ordre, de manière à en faciliter la consultation. Classer des archives, des auteurs, des dossiers, des fiches, des manuscrits. Elle passait des heures à classer les dossiers, à leur choisir des chemises multicolores (MARCEL ARLAND, L'Ordre,  1929, page 219) : 

Ø 3. M. Chalgrin écrit beaucoup. Il a besoin de quelqu'un pour lui tenir ses fiches, faire des recherches dans les bibliothèques, lire et classer les articles intéressants, recopier les manuscrits.

GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, page 103. 

Remarque : 1. Emploi absolu. Depuis vingt ans je classe, je mets en ordre, je bourre ma mine : voilà mon oeuvre (Georges Bernanos, L'Imposture, 1927, page 432). 2. Emploi pronominal (à valeur passive). Les anciennes archives commencent à peine à se classer (Jules Michelet, Journal, 1835, page 197). 

—  Par analogie. Classer des idées, des impressions, des souvenirs. Les mettre en ordre dans son esprit. Je m'assis sur la première marche de l'escalier pour tâcher de classer un peu mes idées (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Ma femme, 1882, page 669 ). 

Remarque : Emploi pronominal Ses idées se classent, se groupent et se coordonnent (PIERRE-JOSEPH PROUDHON, De la Création de l'ordre dans l'humanité, 1843, page 400). 

B.—  En particulier langage scientifique et technique. 

1. [Le sujet désigne un savant naturaliste, l'objet désigne des entités naturelles]  Répartir des êtres ou des plantes en catégories selon des critères scientifiques. Classer les palmipèdes, les papillons. Les naturalistes ont appris à classer méthodiquement les individus, d'après des caractères déterminés, faciles à saisir (ANTOINE MARQUIS DE CONDORCET, Esquisse d'un tableau historique des progrès de l'esprit humain,  1794, page 181) : 

Ø 4. Il fera examiner la nature du sol et les productions des différents pays, et tout ce qui est relatif à la physique du globe. Il fera recueillir les curiosités naturelles, terrestres et marines; il les fera classer par ordre, et fera dresser, pour chaque espèce, un catalogue raisonné...

Voyage de la Pérouse autour du monde (MILET DE MUREAU)  tome 1, 1797, page 49. 

—  Absolument. Le plaisir de donner des noms et de classer est fatal à ces savants (EUGÈNE DELACROIX, Journal,  1852, page 109 ). 

—  Par comparaison. En classant ma vie comme une collection de plantes, je trouverai... (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 34 ). 

2. Ranger dans une catégorie définie des phénomènes ou des éléments de même nature. 

a) GRAMMAIRE.  Classer des noms, des prépositions. Ce qui me fait préférer de les classer [ces mots] parmi les noms, c'est que dans l'usage ordinaire, ils en ont le caractère réellement essentiel (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 2. Grammaire, 1803, page 85 ). 

b) MÉDECINE.  Classer une maladie, un mal. La (le) définir par l'étude de ses syndromes, de son évolution, de son issue : 

Ø 5. Il était parfaitement possible de reconnaître les maladies, de les décrire, de les classer, d'indiquer leur marche, leur terminaison heureuse ou funeste et d'arriver ainsi à un pronostic sans savoir ni l'anatomie, ni la physiologie, de même qu'on a pu très bien décrire les animaux, les reconnaître et tracer leurs moeurs avant de connaître leur organisation intérieure.

CLAUDE BERNARD, Principes de médecine expérimentale,  1878, page 298. 

c) PHILOSOPHIE : 

Ø 6.... Rechercher sans aucun préjugé systématique, par l'observation seule, avec simplicité et bonne foi, les phénomènes de l'entendement dans leur état actuel, et tels que nous les présente aujourd'hui la conscience, en les divisant et les classant d'après les lois connues des divisions et des classifications scientifiques...

VICTOR COUSIN.  Histoire de la philosophie du XVIIIe.  siècle   1829, page 112. 

C.—  [Avec une idée d'irréversibilité]  Ranger définitivement quelque chose. 

1. Emploi juridique. Classer une affaire, un dossier. Considérer la cause comme entendue, prononcer un non-lieu : 

Ø 7. Que me veut-on? Oui, que veut-on que je sache d'un crime commis dans un pays inconnu de moi, sur une malheureuse personne dont, il y a deux semaines, j'ignorais jusqu'à l'existence? La victime est morte. Un autre juge que vous a reçu l'aveu du criminel et, je l'espère, son repentir. Le mal commis est donc irréparable, et la société ne saurait même plus s'en venger sur son auteur. Alors? J'aurais cru que la justice classait rapidement ces sortes d'affaires.

GEORGES BERNANOS, Un crime,  1935, page 786. 

2. Langue courante. C'est classé. C'est terminé. L'affaire est arrangée. Vous voulez que ce qui était fini, classé, se remette en marche (JEAN COCTEAU, Les Parents terribles,  1938, III, 2, page 277 ). 

Remarque : S'emploie quelquefois péjorativement à propos d'une personne au sens de « juger définitivement, cataloguer ». Elle a peur de paraître méprisable dans sa gaucherie, d'être jugée, classée dès ses premiers efforts (MICHEL BUTOR, Passage de Milan, 1954, page 103). 

II.—  [Le sujet désigne habituellement une personne] 

A. [Le complément désigne une personne]  Attribuer officiellement un rang, une place, selon le mérite ou la valeur, le rang étant exprimé ou suggéré par le contexte. Classer un élève, un candidat. Sanctionner sa valeur en lui attribuant une place sur une liste officielle. M. m'a classé cinquième (...) sur trente huit (...) pour une composition à toute vapeur (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1906, page 256) : 

Ø 8. Jusque dans ces examens, dans ces concours où il s'agit de classer des candidats nombreux d'après leur savoir et leur intelligence, n'est-on pas amené à faire usage des nombres? Comme si l'on pouvait évaluer en nombres l'érudition, la sagacité et la finesse de l'esprit!

AUGUSTIN COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, page 304. 

—  Emploi pronominal avec valeur passive. Se classer (dans une épreuve scolaire, sportive ou autre). Être classé. Se classer premier, deuxième, parmi les premiers, les derniers. [Quelquefois sans indication de place]  Prendre la tête d'une épreuve, d'un classement. Si vous m'aviez vu skier, il y a vingt ans, quand je m'étais classé dans le grand concours de Saint-Moritz (GEORGES MAGNANE, La Bête à concours,  1941, page 392 ). 

—  Par métonymie.  [Le sujet désigne un attribut humain]  Donner de la classe, de la distinction à quelqu'un. Il a montré là cette élévation d'âme qui honore et classe les gens (EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 2, 1823, page 210 ). 

B.—  [Le complément désigne un inanimé concret]  Placer une chose sur une liste officielle en raison de sa valeur. 

1. Classer un cru, un vin. Le faire entrer dans la catégorie des vins fins d'appellation contrôlée. 

2. Classer un monument, un site, un édifice. Le faire enregistrer dans la catégorie des monuments historiques. 

Ø 9. Nous avons déjà classé, nous classerons encore beaucoup d'édifices religieux comme monuments historiques. Si vous connaissez des églises qui méritent d'être classées, vous n'avez qu'à nous les signaler et la loi de 1887 les protégera.

MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 8, 1909-11, page 33. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 856. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 971, b) 1 016; XXe.  siècle : a) 1 554, b) 1 335. 

DÉRIVÉS : Classage,  substantif masculin.  Action de classer. Synonyme rare de classement. Qu'est-ce qui désabuse? Sinon (...) les classages et les formules intelligentes de Barrès (HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, Correspondance [avec Jacques Rivière] , 1906, page 297 ). Attesté dans Grand Larousse encyclopédique en dix volumes et DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE  (PAUL ROBERT) Supplément 1970 dans un sens technique (textile). 

 

CLASSEMENT, substantif masculin.  

Action de classer; résultat de cette action. 

A.—  Répartition par classes. 

1. [La répartition concerne des entités naturelles] 

a) [Par classes sociales]  Répartition des personnes dans les différentes classes de la société. Il (...) bouleverse tout, en faisant de la vertu et du mérite le principe du classement et de la hiérarchie des citoyens (JEAN GUÉHENNO, Jean-Jacques, Grandeur et misère d'un esprit, 1952, page 295 ). 

b) [Par classes scientifiques]  Répartition des animaux, végétaux, minéraux à l'intérieur d'une classification théorique. Le classement des insectes : 

Ø 1. Mais l'homme n'a pas de plus nécessaire divertissement (...) que d'établir (...) des classements scientifiques et rationnels d'un univers qui ne paraît guère s'y prêter de bonne grâce...

ALEXANDRE ARNOUX, Visite à Mathusalem.  1961, page 903. 

2. [La répartition concerne des choses] 

a) Classement des routes. Répartition des routes en nationales, départementales et chemins vicinaux (Confer Henri Bacquias, Le Conseil général et le conseil d'arrondissement, 1934, page 56 et 111). 

b) [Dans différents domaines d'activité et principalement les administrations, archives, bibliothèques, centres de documentation]   Rangement de dossiers, de fiches dans un ordre déterminé. État qui en résulte. Un bon classement et des catalogues bien rédigés facilitent l'intelligence des oeuvres d'art (LOUIS RÉAU, Archives, bibliothèques, musées,  1909, page 36 ). 

SYNTAXE : a) Syntaxe générale. Classement des archives, des documents, des dossiers, des fiches, des lettres, des périodiques; classement commode, définitif, général, logique, méthodique, provisoire, rationnel; ordre de classement. Mon père s'extasiait sur le système de classement de ses fiches (GIDE, L'École des femmes, 1929, page 1281). b) [Se rapportant aux procédés courants de classement]  Classement horizontal, de chant, vertical, suspendu. c) [Se rapportant aux modes de classement selon différents ordres]  Classement alphabétique, chronologique, décimal, géographique, numérique (classement par cotes); classement par auteurs, par matières, par thèmes. 

Remarque : Confer JÉLÉNOR PETHOUD, Principes moderne d'organisation industrielle et commerciale, 1931. 

—  Par analogie. Aristote (...) dans ses catégories, ne traite que du classement des idées et non de leur formation (ANTOINE-LOUIS-CLAUDE DESTUTT DE TRACY. Élémens d'idéologie, 3. Logique, 1805, page 114 ). 

B.—  Attribution d'une place, d'un rang à quelqu'un ou à quelque chose selon son mérite ou sa valeur. 

1. [Appliqué à des personnes, généralement à des élèves ou des concurrents d'une compétition sportive]  Être en tête, prendre la tête d'un classement, classement général, classement des candidats; rang, ordre de classement. Le choix de l'école est effectué par les candidats suivant l'ordre de classement sur la liste d'admission (Encyclopédie pratique de l'éducation en France (IPN ET SEDE, 1960)  1960, page 382 ). 

—  Spécialement.  SPORTS.  Classement par équipes, par points ( Jeux et sports (sous la direction de Roger Caillois)  1968, page 1548, 1632 ). 

—   [Dans les administrations]  Ordre des candidats sur la liste d'avancement (confer avancement exemple 10) : 

Ø 2. Je suis loin d'admirer le travail des commissions de classement. Chacun sait quelle sorte de marchandage y est en faveur. On se passe mutuellement ses candidats. Chacun, pour faire triompher le sien, acceptant —  yeux fermés —  celui de son collègue.

GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité,  1899, page 176. 

2. [Appliqué à des choses] 

a) Admission d'un établissement public (hôtel, restaurant) dans une des catégories de l'hôtellerie (Confer Louis-Michel Jocard, Le Tourisme et l'action de l'État, 1966, page 73). 

b) Classement des monuments (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 9, 1913-14, page 423 ). 

c) Classement des vins : 

Ø 3. Depuis le classement de ses différents clos, ses vignes, grâce à des soins constants, étaient devenues la tête du pays...

HONORÉ DE BALZAC, Eugénie Grandet,  1834, page 11. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 17 

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