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CORPS

Publié le 02/04/2015

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CORPS_____________________________________

Manié par tous, le concept de corps ne semble pas être le lieu de problèmes particuliers. S'il nécessite une réflexion qui amène le philo­sophe à en préciser les déterminations, c'est la plupart du temps par son insertion dans une problématique plus vaste. On cherche ainsi à

définir ce qu'est la matière ou ce qu'est un individu, puisque le corps n'est qu'une forme spécifiée d'existence de la matière (seuls les

stoïciens en font un type d'être). Concernant la vie, on tentera d'appréhender ce qui constitue l'organisation d'un corps vivant, le rapport du corps au sentiment, et s'agissant de l'homme, on s'effor­cera de mettre au jour la relation d'un esprit ou d'un sujet, à un corps particulier. Ceci ouvre pourtant deux questions : est-ce que l'universalité d'emploi du concept est fondée ? Qu'est-ce pour un homme que son corps?

. L'utilisation universelle du concept de corps, si on s'en tient à l'unité du mot, présuppose que l'objet scientifique est un êtred(1), qu'il est le même être que l'objet de l'experience naïve ou de la réflexion philosophique. Pour l'expérience naïve, le corps c'est ce qui est maniable, ce qui resiste ; il possède une forme, il est relativement indépendant. La méca­nique classique donne un sens à cette indépendance ; le corps est conçu comme un être étendu dans les trois dimensions, impénétrable, limité, défini par une masse, et sur lequel on peut appliquer des forces pour le mouvoir. La philosophie, en déployant l'analyse de l'intériorité

(Descartes), assigne à certains êtres la qualité d'être perçus comme externes : le corps est alors l'extériorité perçue. Sinon la concordance, du moins la non-contradiction des déterminations, permettent à première vue de justifier l'uni­versalité du concept. Pourtant on remarque que :

1 — même pour la pensée classique, le corps comme concept physique et comme constituant métaphysique du monde n'est pas la même chose : ainsi Newton utilise dans les Principia des « corps théoriques « sous forme de masses ponctuelles (inétendues) et dans l'Optique, cherche à montrer que Dieu a formé la matière sous forme de corps premiers ;

2 — le concept classique de corps ne correspond pas néces­sairement au développement de la physique (la mécanique quantique lie le corpuscule à une longueur d'onde). L'unité du concept est-elle le fait momentané d'un étàt historique du savoir, ou provient-elle d'un langage.trompeur ?

2. Le dualisme de la métaphysique oppose le sujet à son corps, comme l'esprit à la matiere ; l'exteriorité, c'est alors le monde des corps ; dévalorisé par rapport à l'esprit, le corps devient pour le moraliste ce fond de nature rebelle à la volonté. Le problème qui occupe toute la métaphysique classique (2) est d'expliciter la distinction de ces deux types d'être (penser pourrait n'être qu'une propriété de la matière) et leurs rapports (comment pourraient-ils agir l'un sur l'autre ? ). La pensée contemporaine, issue de la phénomé­nologie de Husserl, insiste sur la particularité du corps propre qu'elle analyse à partir du vécu de conscience (mon corps, c'est ma façon d'être au monde, dit Merleau-Ponty) ; la médecine psycho-somatique, la psychiatrie, la psychanalyse en étudiant l'image que le sujet a de son corps, la corrélation des troubles psychiques et des affections corporelles, prolongent de façon positive cette orientation (3). Mais peut-on exclure le problème ontologique ?

1. Voir objectivité.

2. Voir Descartes, Leibniz, Spinoza, Malebranche.

 

3. Voir aussi la fin de l'article perception.

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