COURTAUD, -AUDE, adjectif et substantif.

COURTAUD, -AUDE, adjectif et substantif.  

I.—  [En parlant d'un animal] 

A.—  Adjectif, rare.  Qui a une queue courte. Lièvres courtauds. Valermes s'enorgueillit de ses melons (...), Valoire, de ses lièvres courtauds et de ses grives au genièvre (PAUL ARÈNE, Veine d'argile,  1896, page 201 ). 

B.—  En particulier. 

1. Vieux. Cheval courtaud, et par ellipse, courtaud, substantif masculin. 

a) Cheval à qui on a coupé la queue. Une sorte de tintement musical, qui montait des petits sabots du courtaud (JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Heureux les humbles, La Cavalière, 1942, page 172 ). 

b) FÉODALITÉ.  Cheval de selle, court et fort, qui servait de monture auxiliaire de voyage aux chevaliers. Il [M. de Beaupréau] était incapable de distinguer une bête de sang d'un courtaud (PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, 1859, page 590 ). 

2. Chien courtaud, et par ellipse, courtaud, substantif masculin Chien à qui on a coupé la queue et les oreilles. 

II.—   [En parlant d'une personne] 

A.—  Adjectif, familier.  [En parlant d'une personne ou d'une partie du corps humain]  Qui est de taille courte et un peu épaisse. [En Flandre, le corps humain] (...) est souvent courtaud ou surnourri; la chair blanche, molle, flasque, aisément rougie, à besoin d'être habillée (HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Philosophie de l'Art, tome 2, 1865, page 30 ). Jambes épaisses et courtaudes (PAUL DUVAL, DIT JEAN LORRAIN, Sensations et souvenirs,  1895, page 300 ). Une grosse main courtaude se posa sur l'épaule de Carassan (GEORGES MAGNANE, La Bête à concours,  1941, page 429 ). 

—  Emploi comme substantif. Un gros courtaud, une courtaude. Un personnage long et maigre et un courtaud d'embonpoint notable (ALEXANDRE ARNOUX, Roi d'un jour,  1956, page 148) : 

Ø Un gros courtaud, de bonne mine, ayant l'épée au côté, la chair fleurie, le triple menton, la panse bien ronde et le collet brodé, les précédait [les valets] ...

HONORÉ DE BALZAC, Œuvres diverses, tome 1, 1850, page 559. 

B.—  Substantif masculin, vieux et littéraire.  [Par référence aux vêtements plus courts que ceux des nobles et des grands bourgeois]  Courtaud de boutique et elliptiquement courtaud. Commis de magasin. Le parterre, où se tenaient debout les petits bourgeois, courtauds de boutique, clercs de procureur, apprentis, écoliers, laquais et autres canailles (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse,  1863, page 232 ). Alain, également vêtu comme un jeune courtaud de boutique, conduit l'âne par la bride (FRANÇOIS COPPÉE, La Guerre de cent ans,  1878, page 287 ). 

—  Péjoratif.  Terme d'injure lancé à une personne aux façons rustres. Les gens de goût et les critiques me tiendraient pour une bête, un lourdaud, un courtaud, et, ce qui est bien pire que tout, un réactionnaire rétrograde (MARCEL AYMÉ, Le Confort intellectuel,  1949, page 192 ). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 41. 

DÉRIVÉS : Courtauder,  verbe transitif.  rare.  Rendre courtaud (un cheval ou un chien), couper la queue à. L'opération [de la marque] terminée, le chef tire son machete à manche d'argent et courtaude l'animal (PAUL MORAND, Air indien,  1932, page 56 ).