FARAUD, -AUDE, substantif et adjectif.

FARAUD, -AUDE, substantif et adjectif.  

A.—  Vieux, populaire.  Personne (en particulier homme) qui affiche des prétentions à l'élégance. Synonymes : fat, freluquet, gommeux. Un pantalon de casimir... qu'il avait acheté à la Belle Jardinière —  le faraud! —  (JULES VALLÈS, L'Insurgé, 1885, page 144 ). Son costume de faraud imbécile, le mauvais goût de ses cravates à galons d'or, ses pantalons gris-perle à bandes noires, ses redingotes à gigots, ses gants crispins, le carnaval enfin qu'il promenait toute l'année dans les rues sur sa personne! (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal,  1889, page 964 ). 

—  Locution. Faire le faraud, la faraude. Afficher des prétentions à l'élégance, tirer vanité de son aspect physique. Synonymes : parader, pavaner (se), plastronner. Va, poudre-toi, coiffe-toi, brosse-toi, fais le faraud, aie du linge, sois pincé, frisé, calamistré, tu n'en iras pas moins en place de Grève... (VICTOR HUGO, Quatre-vingt treize,  1874, page 151 ). D'autres, qui ont déjà touché les nouvelles capotes bleu horizon font les farauds. On dirait qu'ils vont faire la guerre en habit des dimanches (ROLAND LECALELÉ, DIT ROLAND DORGELÈS, Les Croix de bois,  1919, page 65 ). 

B.—  Usuel, familier. 

1. Personne infatuée d'elle-même, en particulier homme qui se donne des airs avantageux auprès des femmes. Synonymes : bellâtre, fanfaron, prétentieux. Je ne connais personne qui soit plus fort que moi! dit-il en battant les cartes avec une prétention à la grâce, digne de ces farauds d'estaminet si bien rendus par Bellangé dans ses caricatures (HONORÉ DE BALZAC, Œuvres diverses, tome 2, 1830, page 25 ). Vexée de voir sa favorite valser, malgré ses objurgations, avec un grand faraud blond qui la serre, qui l'effleure de ses moustaches et de ses lèvres, sans qu'elle bronche (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école,  1900, page 315 ). Il est enfermé, malade, ne veut pas se laisser voir. Cela n'étonne pas. Il a du beau-de-village, du faraud. Du héros, il ne veut pas être vu diminué (MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 7, 1908, page 127) : 

Ø 1. Il [l'homme] marche lourdement, avec assurance, en se dandinant.. Il a ce mouvement des épaules que gardent toujours les farauds de village.

JEAN-BALTHASAR MALLARD, COMTE DE LA VARENDE, Le Roi d'Écosse,  1941, page 167. 

—  Locution. Faire le faraud, la faraude. Se donner des airs avantageux. Synonymes : crâner, faire le malin, fanfaronner, poser. Les gars, dans les rues, font les farauds pour elle (GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine à l'école,  1900, page 79 ). Il parlait à tort et à travers, il riait, il faisait le faraud (ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Le Buisson ardent, 1911, page 1295 ). Remerciez donc ceux qui s'emploient à vous aider plutôt que de faire la faraude (MAURICE DRUON, La Loi des mâles,  1957, page 89 ). 

2. Emploi adjectival.  [En parlant d'une personne ou de son comportement]  Qui manifeste la fatuité, en particulier le souci qu'a un homme de paraître à son avantage auprès des femmes. Airs farauds. Un homme à bonnes fortunes, un peu faraud, beau marjolin et faisant grande fricassée de coeurs (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, La Vie littéraire.  1891, page 97 ). Ils la regardaient avec des sourires farauds (LOUIS HÉMON, Maria Chapdelaine,  1916, page 12) : 

Ø 2. Il avait une façon à lui de prendre un air crâne, de rejeter son chapeau en arrière, de marcher les mains dans les poches, faraud, les épaules balancées. Il portait des cravates voyantes, une blouse bien repassée dont il laissait le col entr'ouvert, il ramenait sur son front ses boucles soigneusement arrangées. Et il regardait les filles sous le nez avec une telle effronterie que les plus délurées baissaient les yeux...

ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines,  1907, page 10. 

Remarque : La documentation atteste les dérivés rares a) Farauder, verbe intransitif, familier  Afficher un comportement faraud. Un morveux qui faraudait comme un homme! (JEAN RICHEPIN, Glu, 1881, page 196). b) Farauderie, substantif féminin  Caractère suffisant et ostentatoire. J'ai un domestique mâle, une voiture au mois, et je ne suis pas plus faraude que ça? Pour Mélie, la farauderie doit se porter à l'extérieur (COLETTE, Claudine en ménage, 1902, page 99). 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 45.