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dans Constantinople, il prend le titre de Kayser-i-Rum, c'est-à-dire « empereur des Romains ».

Publié le 06/01/2014

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dans Constantinople, il prend le titre de Kayser-i-Rum, c'est-à-dire « empereur des Romains ». On l'oublie toujours de notre côté de l'Europe : le rêve ottoman est, au nom de l'islam bien sûr, de refaire l'empire de Constantin. Cela nous paraît curieux. Pourquoi ? Charlemagne l'a bien refait. Pourquoi un Turc serait-il plus barbare et moins à même de restaurer la Rome antique qu'un guerrier franc ? Certains historiens prétendent qu'il était éventuellement prévu, dans l'alliance avec François Ier, un partage de l'Italie. Les Français au nord, les Turcsnouveaux-Romains au sud. Cela ne fut pas. Cela n'empêcha pas les Ottomans d'inventer un modèle d'empire qui n'eut pas que des inconvénients. Il n'avait rien d'un univers idéal : on y pratiquait l'esclavage, on avait le goût de la guerre. Mais aussi, au fil des conquêtes, on apprit à composer avec les différentes nations dans un jeu subtil et assez respectueux. Ainsi les Ottomans, musulmans, entendaient-ils que l'islam soit la religion prépondérante. Les chrétiens ou les Juifs avaient un statut qui les plaçait en position d'infériorité, mais, jusqu'à la fin du xixe siècle, ils ne furent jamais persécutés et purent toujours exercer leur culte et vivre leur foi. Par rapport à ce qui allait se passer bientôt en matière religieuse en Europe occidentale, c'était un luxe. 19 Les guerres religieuses Là où nous l'avions laissée, au tournant du xve siècle, l'Église catholique, écartelée entre deux et parfois même trois papes rivaux, était dans un piètre état. Cent ans plus tard, elle ne vaut guère mieux. Les pontifes ont quitté Avignon et sont revenus à Rome, mais la loi qu'ils y font régner a un rapport très particulier avec les prescriptions évangéliques. Alexandre VI Borgia est célèbre pour les orgies qu'il organise au Vatican et passe pour avoir fait jeter au Tibre un jeune gentilhomme qu'il venait de violer. Jules II, un de ses grands ennemis, lui succède un peu plus tard. Il est plus raisonnable : il se contente d'avoir trois filles. Le clergé, sans formation, est inculte. Partout règne la prévarication. Tout s'achète, tout se vend, les titres, les abbayes, les âmes. Pour financer les travaux pharaoniques qu'ils ont entrepris à Rome, les pontifes ont inventé un nouveau mode de financement : tous les donateurs se voient accorder en échange de leur obole un certificat leur garantissant un nombre plus ou moins élevé d'années de purgatoire à faire en moins après leur mort. C'est le « trafic des indulgences ». Tous les grands esprits du temps, ces humanistes dont nous avons parlé, sont convaincus qu'il faut « réformer » l'Église, c'est-à-dire, étymologiquement, lui faire retrouver sa forme d'origine. Souvent dans l'histoire de grands chrétiens ont rêvé d'un coup de balai qui viendrait dépoussiérer le vieux trône de saint Pierre. Pour la première fois se fait jour dans les esprits l'idée qu'il serait plus raisonnable de le balayer avec tout le reste. Repères - 1559 : mort d'Henri II ; règnes de ses fils François II (mort en 1560) puis Charles IX ; régence de Catherine de Médicis - 1562 : début des guerres de Religion en France - 1572 (24 août) : massacre de la Saint-Barthélemy - 1589 : mort sans descendance d'Henri III, dernier des Valois ; le protestant Henri de Navarre roi de France (Henri IV) - 1598 : édit de Nantes, fin des guerres religieuses Le plus fameux tenant de cette option radicale est un moine allemand, né dans une famille pauvre en Thuringe en 1483, devenu théologien : Martin Luther. Durant toute sa jeunesse, il est hanté par des angoisses profondes, il a peur de l'enfer. Puis un jour, à la suite de lectures assidues de saint Paul et de saint Augustin, la vérité éclate : la peur est inutile comme l'idée de la conjurer en se rachetant sans cesse, les oeuvres ne servent à rien, seule compte la foi, c'est-à-dire la confiance dans la miséricorde de Dieu. Un christianisme rénové sur cette base commence à germer dans son esprit. En 1517, il placarde sur la porte de l'église de Wittenberg, où il est professeur de théologie, « 95 thèses » qui interrogent de nombreuses vérités tenues pour acquises par les papes et critiquent violemment certaines pratiques, comme ce « trafic des indulgences » qui le révulse. La rupture est entamée. En juin 1520 arrive la réponse de Rome : une bulle d'excommunication. En décembre, Luther la brûle publiquement. La rupture est consommée. Le moine frondeur s'est affirmé. Rome ne veut pas de lui, quelle importance ? Un vrai chrétien doit se passer de Rome, cette « moderne Babylone » perdue par la débauche, où règne celui qui se dit pape et n'est que « l'antéchrist ». Son programme est simple : Sola fide, sola gratia, sola scriptura, solus christus. C'est-àdire une seule foi - celle de la confiance totale en Dieu -, une seule grâce - celle que Dieu seul détient -, une seule écriture - la Bible -, un seul Christ. Rien d'autre ne vaut. Ni l'interprétation du message de Jésus qu'a élaborée Rome depuis des siècles (ce que l'on appelle chez les catholiques « la Tradition »), ni la nécessité d'un clergé. Pourquoi faudrait-il des prêtres ? Pour Luther, tous les hommes sont appelés pareillement à conduire leur âme, c'est le « sacerdoce universel ». Tout ce qui n'est pas dans les Évangiles, comme le culte des saints, la dévotion à la Vierge ou la messe, est à jeter aux oubliettes. On le voit, la doctrine nouvelle est d'une audace extrême, elle jette à bas le catholicisme tout entier. D'autres avant Luther ont tenté parfois d'avancer des idées aussi risquées. Le petit moine bénéficie d'un avantage que ne connaissent que rarement les révolutionnaires : parmi les nombreux chrétiens avides de changement et de pureté qui se sentent séduits par ses thèses figurent quelques personnages puissants, prêts à le protéger. Un grand nombre de nobles de l'Empire adhèrent très vite à cette doctrine antiromaine. Beaucoup le font par conviction religieuse. Beaucoup y voient aussi le moyen radical d'en finir avec l'emprise scandaleuse à leurs yeux de la papauté sur les riches abbayes allemandes, dont les bénéfices sont toujours attribués à des familles italiennes qui
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« 19 Les guerres religieuses Là où nous l’avions laissée,autournant duxve  siècle, l’Église catholique, écarteléeentredeuxetparfois même trois papes rivaux, étaitdans unpiètre état.Centansplus tard, ellenevaut guère mieux.

Lespontifes ontquitté Avignon etsont revenus àRome, maislaloi qu’ils yfont régner aun rapport trèsparticulier aveclesprescriptions évangéliques.

Alexandre VIBorgiaestcélèbre pourlesorgies qu’ilorganise auVatican etpasse pouravoir faitjeter au Tibre unjeune gentilhomme qu’ilvenait devioler.

Jules II, undeses grands ennemis, luisuccède unpeu plus tard.

Ilest plus raisonnable : ilse contente d’avoirtroisfilles.

Leclergé, sansformation, estinculte.

Partout règnela prévarication.

Touts’achète, toutsevend, lestitres, lesabbayes, lesâmes.

Pourfinancer lestravaux pharaoniques qu’ils ontentrepris àRome, lespontifes ontinventé unnouveau modedefinancement : touslesdonateurs se voient accorder enéchange deleur obole uncertificat leurgarantissant unnombre plusoumoins élevéd’années de purgatoire àfaire enmoins aprèsleurmort.

C’estle« trafic desindulgences ».

Touslesgrands espritsdutemps, ces humanistes dontnous avons parlé,sontconvaincus qu’ilfaut« réformer » l’Église,c’est-à-dire, étymologiquement, luifaire retrouver saforme d’origine.

Souventdansl’histoire degrands chrétiens ontrêvé d’un coup debalai quiviendrait dépoussiérer levieux trône desaint Pierre.

Pourlapremière foissefait jour dans les esprits l’idéequ’ilserait plusraisonnable delebalayer avectoutlereste.

Repères – 1559 : mortd’Henri II ; règnesdeses filsFrançois II (morten1560) puisCharles IX ; régencedeCatherine deMédicis – 1562 : débutdesguerres deReligion enFrance – 1572 (24 août) : massacredelaSaint-Barthélemy – 1589 : mortsansdescendance d’Henri III,dernierdesValois ; leprotestant HenrideNavarre roideFrance (Henri IV) – 1598 : éditdeNantes, findes guerres religieuses Le plus fameux tenantdecette option radicale estunmoine allemand, nédans unefamille pauvre enThuringe en 1483, devenu théologien : MartinLuther.

Duranttoutesajeunesse, ilest hanté pardes angoisses profondes, ila peur del’enfer.

Puisunjour, àla suite delectures assidues desaint Pauletde saint Augustin, lavérité éclate : la peur estinutile comme l’idéedelaconjurer enserachetant sanscesse, les œuvres ne servent àrien, seule compte lafoi, c’est-à-dire laconfiance danslamiséricorde deDieu.

Unchristianisme rénovésurcette base commence àgermer danssonesprit.

En1517, ilplacarde surlaporte del’église deWittenberg, oùilest professeur de théologie, « 95thèses » quiinterrogent denombreuses véritéstenues pouracquises parlespapes etcritiquent violemment certainespratiques, commece« trafic desindulgences » quilerévulse.

Larupture estentamée.

En juin 1520 arrivelaréponse deRome : unebulle d’excommunication.

Endécembre, Lutherlabrûle publiquement. La rupture estconsommée. Le moine frondeur s’estaffirmé.

Romeneveut pasdelui, quelle importance ? Unvrai chrétien doitsepasser de Rome, cette« moderne Babylone » perdueparladébauche, oùrègne celuiquisedit pape etn’est que « l’antéchrist ».

Sonprogramme estsimple : Sola fide, solagratia, solascriptura, soluschristus . C’est-à- dire uneseule foi–celle delaconfiance totaleenDieu –,une seule grâce –celle queDieu seuldétient –,une seule écriture –la Bible –,un seul Christ.

Riend’autre nevaut.

Nil’interprétation dumessage deJésus qu’aélaborée Rome depuis dessiècles (ceque l’onappelle chezlescatholiques « laTradition »), nilanécessité d’unclergé.. »

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