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DÉCORATION, substantif féminin.

Publié le 12/12/2015

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DÉCORATION, substantif féminin.  

A.—  [Avec une idée d'embellissement, d'ornementation, de parure] 

1. Action, art de décorer. La décoration d'un appartement, d'un jardin, de la table. Quel art de la décoration dans cet album, quel art de la mise en page, quelle incessante variété dans les motifs de l'ornement (GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, L'Art moderne,  1883, page 223 ). Retour marqué vers la décoration. Les grandes surfaces s'animent tout à coup de peintures, les monuments se couvrent de fresques (LOUIS GILLET, Essais sur l'art français,  1938, page 214) : 

Ø 1. Un habile architecte (...) ne se contente pas de placer une colonne dans un bâtiment pour le soutenir : il tire des effets de décoration de ses proportions, de sa lumière et de ses ombres, de son élévation dans l'air, et de ses reflets mêmes dans les eaux; il la groupe quelquefois avec des bosquets ou avec d'autres colonnes;...

JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 195. 

2. Ensemble de ce qui sert à décorer, orner, parer, embellir... 

a) Ensemble des ornements d'architecture, peinture, sculpture, etc., employés pour embellir un édifice, un appartement, etc. (Quasi-)synonyme : décor (voir ce mot A 1). Changer la décoration d'un appartement. La décoration est-elle partie intégrante de l'édifice, ou n'est-elle qu'un vêtement plus ou moins riche dont on le couvre lorsque ses formes sont fixées? (EUGÈNE VIOLLET-LE-DUC, Entretiens sur l'architecture,  1872, page 177 ). Palais ornés (...) de décorations profuses (ÉLIE FAURE,  Histoire de l'art,  1921, page 133 ). 

—  Par analogie. Le grand jour apposait au mur sa décoration éclatante et passagère (MARCEL PROUST, À l'Ombre des jeunes filles en fleurs,  1918, page 834 ). 

b) En particulier.  Ensemble des dessins, peintures qui ornent certains objets ou certains meubles. (Quasi-)synonyme : décor (voir ce mot A 2) : 

Ø 2. La décoration extérieure des meubles anciens se réduit aux couleurs naturelles et aux accidents bizarres des veines du bois, et aux dessins linéaires formés par des incrustations plus ou moins riches; genre d'ornement borné et, par conséquent, monotone de répétition.

M. NOSBAN, Nouveau manuel complet du menuisier, de l'ébéniste, du layetier, du marqueteur, du sculpteur, tome 2, 1857, page 165. 

—  Par analogie.  [À propos de personne] (Quasi-)synonyme : décor (voir ce mot A 2 par analogie). Les décorations faciales (...) ont (...) une apparence asymétrique, tout en possédant le caractère essentiellement décoratif (CLAUDE LÉVI-STRAUSS, Anthropologie structurale,  1958, page 283 ). 

c) SPECTACLES.  vieilli (Quasi-)synonyme : décor (voir ce mot A 3). Les rideaux se séparèrent lentement, et laissèrent voir une décoration représentant une place publique (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse,  1863, page 110) : 

Ø 3. J'ai observé le public et je l'ai regardé en face pendant la représentation entière par le trou d'une décoration. Je ne me détachais de la toile que pour donner des instructions (...). J'examinais le public rangé sur son cirque, comme il m'examinait sur mon théâtre. 

ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète,  1835, page 1023. 

—  Par comparaison. La gigantesque silhouette de Saint-Jean-des-Vignes, hardiment posée sur le ciel, comme une décoration de théâtre (VICTOR HUGO, Le Rhin,  1842, page 40 ). 

—  Par métaphore, au figuré. Le Pont-des-Arts (...) n'est pour moi qu'un théâtre : j'examine un moment la décoration, mais je fais sur-tout attention à la pièce et aux acteurs (VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée-d'Antin, tome 5, 1814, page 130 ). Notre existence à scènes, à changements de décorations, est sans cesse menacée du coup de sifflet qui nous transporte d'un palais dans un désert, du cabinet des rois dans le grenier du poète (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Le Congrès de Vérone, tome 1, 1838, page 234) : 

Ø 4. La terre n'est rien qu'une décoration de théâtre et un panorama. J'en ferai le tour avec toi, mon amie, si tu le veux, mais nous irons où tu voudras, au nord, et au midi. Le paysage ne sera jamais que le fond d'un tableau qui sera ton portrait, ta figure; tu es l'âme du monde...

ALFRED DE VIGNY, Le Journal d'un poète,  1853, page 1311. 

3. Par extension.  Ce qui entoure quelque chose ou quelqu'un, milieu dans lequel on vit. (Quasi-)synonyme : décor (voir ce mot B), Ce fut un bonheur subit, complet, parfait, amené en un instant par un changement de décoration. Un voyage amusant de sept heures fait disparaître à jamais Séraphie, mon père (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Vie de Henry Brulard, tome 1, 1836, page 153 ). Ces sites (...) cet éden (...) toute cette décoration de notre bonheur et de nos amours! (ALPHONSE DE LAMARTINE, Raphaël,  1849, page 218 ). 

B.—  Insigne, marque extérieure d'une distinction honorifique, d'une récompense. Porter, recevoir une décoration. Absolument.  La croix de chevalier de la Légion d'honneur. C'est le chef de cabinet qui reçoit. Propositions pour les décorations (JEAN BARADAT, L'Organisation d'une préfecture,  1907, page 133 ). Une sorte de petite décoration, un bout de ruban, ou plutôt une rosette jaune qu'il portait à la boutonnière (ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs,  1925, page 998) : 

Ø 5. Les ordres militaires peuvent avoir leur utilité. La décoration civile, source intarie de cabotinage, est devenue, dans notre démocratie, pour les gouvernants une monnaie d'achat, et pour les gouvernés une excitation permanente à l'abaissement des caractères. Que Zola soit décoré ou non, cela n'ajoute rien à son oeuvre.

GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité,  1899, page 281. 

—  Par métaphore. Distingué (...) un mot qu'on met à toutes sauces : la distinction, c'est la décoration des gens médiocres (JULES FLEURY-HUSSON, DIT CHAMPFLEURY , Avent. Mlle.  Mariette,  1853, page 158) : 

Ø 6. On ne voyait en elle [la noblesse] qu'une décoration brillante, mais sans but précis; agréable à ses possesseurs, légèrement humiliante pour ceux qui ne la possédaient pas, mais sans moyens réels et sans force.

BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Principes de politique,  1815, page 36. 

STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 781. Fréquence relative littéraire : XIXe.  siècle : a) 1 121, b) 1 262; XXe.  siècle : a) 1 434, b) 825. 

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