Définition: ADOLESCENCE, substantif féminin.

Définition: ADOLESCENCE, substantif féminin. A.- [Concerne le plus souvent un être humain] Âge de la vie qui suit l'enfance et qui s'étend jusqu'à l'âge adulte. Être encore dans l'adolescence; la fleur de l'adolescence (Dictionnaire de l'Académie Française) : Ø 1. Dans le même espace de temps, ils [les habitants de Jupiter] vivent plus d'une fois plus de jours et douze fois moins d'années. Leur adolescence commence à un an, leur jeunesse à deux, leur virilité à quatre, leur vieillesse à six, leur décrépitude à huit. JACQUES-HENRI BERNARDIN DE SAINT-PIERRE, Harmonies de la nature, 1814, page 357. Ø 2. Le second degré consiste en ce qu'instruits par les vingt ou vingt-cinq années de leur enfance, adolescence ou jeunesse, les mondains défroqués, si j'ose dire, ont d'habitude un sens très en éveil et merveilleusement subtil pour subordonner et percer à jour la formation des autres snobismes, non plus mondains cette fois, mais artistiques, intellectuels, philosophiques, etc. CHARLES DU BOS, Journal, juin 1928, page 132. Ø 3. Les adolescences trop chastes font les vieillesses dissolues. ANDRÉ GIDE, Journal, 1929, page 909. Ø 4. L'éidétique serait seulement la psychologie de l'adulte, c'est-à-dire la description d'une sorte d'« acmé » psychologique située grossièrement entre deux phases d'intégration et de régression, l'être-adulte se situant entre le devenir-adulte ou adolescence et le devenir-vieux ou sénescence. PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 401. Ø 5. Je rêvais de décrire les premières songeries et les tendres élans d'une adolescence féminine; puis, les aventures, les joies, les déceptions, les souffrances de la jeune femme, de l'épouse, de la mère; puis, l'épanouissement de la maturité et ses derniers feux; enfin, le lent acheminement de l'être qui vieillit; l'abdication progressive, traversée d'ultimes révoltes, jusqu'à l'heure mélancolique de la résignation. ROGER MARTIN DU GARD, Souvenirs autobiographiques et littéraires, Marise, 1955, page LIV. - Emploi collectif. Ensemble de(s) personnes qui sont dans l'âge de l'adolescence : Ø 6. Comment tairions-nous l'influence que le merveilleux Walter Scott a exercée sur la sensibilité de l'adolescence française? CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Appel, 1954, page 610. Remarque : 1. Adolescence désigne, dans le langage ordinaire, avec les transformations physiques et psychiques qui se produisent entre l'enfance et l'âge adulte, la première partie de la jeunesse (exemple 1, 2). Selon Dictionnaire de la langue française (Émile Littré), adolescence et jeunesse sont synonymes dans le langage scientifique. Du point de vue logique, le terme jeunesse est plus généralement que le terme adolescence; il peut être considéré comme classificateur par rapport à ce dernier. L'exemple 5 confirme les données des dictionnaires contemporains, selon lesquels adolescence ne s'applique plus seulement aux personnes de sexe masculin; sur ce point les dictionnaires du 19 e. siècle hésitaient : pour Nouveau dictionnaire de la langue française (Jean-Charles Laveaux) 1820 et Dictionnaire général et grammatical des dictionnaires français (Napoléon Landais) 1834 le mot s'appliquait aux garçons; Dictionnaire universel de la langue française (Pierre-Claude-Victoire Boiste) 1834, Grammaire (François-Joseph-Michel Noël, Charles-Pierre Chapsal) 1826, Dictionnaire de la langue française (Émile Littré) ne font pas allusion à cette restriction de sens. 2. Groupe associatif fréquent : sorti(r) de l'adolescence (Georges Duhamel, Chronique des Pasquier, Cécile parmi nous, 1938, pages 104-232; etc.). 3. Dans l'exemple suivant, emploi métonymique rare (adolescence pour " lui, pendant toute son adolescence ") : Ø 7. Il [Augustin] n'habitait plus la petite chambre où toute son adolescence avait couché. JOSEPH MALÈGUE, Augustin ou le Maître est là, tome 2, 1933, page 29. B.- Rare . [En parlant d'un être vivant, animal ou végétal] : Ø 8. La mue opérée, un grand changement se fait en elle [l'oie] . Un accroissement spontané s'opère, elle passe de l' enfance à l' adolescence comme sous un coup de baguette magique, et, débarrassée de sa poule, elle se dandine seule désormais dans la vie. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 1, 1921, page 47. Ø 9. Mais comme l'on a affaire à un cep où les nodosités de l' adolescence s'accusent déjà, on le traite hardiment. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, tome 1, 1921 page 110. C.- Au figuré . L'adolescence d'une chose (qui a une histoire, une évolution). Le commencement, les premiers temps : Ø 10. Vous poursuivez cependant, messieurs, et vous me rappelez une pensée qui a longtemps tourmenté l' adolescence de ma raison. PÈRE HENRI-DOMINIQUE LACORDAIRE, Conférence de Notre-Dame, 1848, page 86. Ø 11. Notez que cette attitude-là, je l'ai connue en Russie en 1917, en France il n'y a pas six mois. C'est l' adolescence de la révolution. Il est tout de même temps de se rendre compte que les masses sont une chose, et que les partis en sont une autre : nous le voyons depuis le 18 juillet! ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 610. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 648. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 607, b) 579; XXe. siècle : a) 685, b) 1 514.