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Définition: AFFAIRE, substantif féminin.

Publié le 07/10/2015

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Définition: AFFAIRE, substantif féminin. I.- Action en projet ou en cours, à laquelle une ou plusieurs personnes (agents) sont directement ou indirectement intéressées. A.- L'action est un projet ou se trouve à son stade initial. 1. Avec une idée d'obligation, de responsabilité : ce que l'on a à faire. [L'agent est exprimé] a) [Par le sujet du verbe] J'ai affaire : Ø 1.... « Il le faut, monsieur. Je vais rejoindre mon mari à Paris; nos places sont retenues pour mardi prochain. - Je suis mortifié que votre départ soit aussi prompt! J'ai affaire où vous allez; je vous aurais accompagnée. » NICOLAS-EDME RESTIF, DIT RESTIF DE LA BRETONNE, Monsieur Nicolas, 1796, page 111. Ø 2. Aussitôt madame Servigné s'écria : « Mais, ma nièce, nous irons tous!... » - Non pas moi, dit Charles avec un embarras visible, car j'ai précisément affaire à cette heure-ci. HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, tome 1, 1824, page 138. b) [Par un adjectif possessif] C'est votre affaire : Ø 3. Toutes les choses qui sont aisées à bien dire ont été parfaitement dites; le reste est notre affaire ou notre tâche : tâche pénible! JOSEPH JOUBERT, Pensées, tome 1, 1824, page 433. Ø 4.... la politique! C'était son affaire, après tout. EUGÈNE DABIT, L'Hôtel du Nord, 1929, page 194. Remarque  : On trouve au XIX e. siècle dans la langue familière c'est affaire à + pronom personnel : Ø 5. Ce Godefroid était un malin compère, il les savait toutes, monsieur. Ah! c'était affaire à lui pour découvrir un voleur. FRANÇOIS VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, chef de la Police de sûreté jusqu'en 1827, tome 4, 1828-1829, page 17. - [Avec un complément prépositionnel (de) marquant l'objet de l'obligation ou de la responsabilité] Je fais mon affaire de quelque chose ou quelqu'un : Ø 6. - Votre mari?... Oh! Lui, j'en fais mon affaire! GEORGES FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, I, 10, page 17. c) [Par un complément] : Ø 7. L'art n'a point pour objet de vaincre les passions, ce qui est l' affaire de la morale, mais bien de les ordonner, par un besoin profond de notre esprit de conquête qui constitue précisément une passion. ÉLIE FAURE, L'Esprit des formes, 1927, page 277. 2. Avec une idée de simple (pré)occupation ou d'intérêt : ce à quoi on s'intéresse. [L'agent est exprimé] a) [Par le sujet et un adjectif possessif] Il est à son affaire : Ø 8. Aussi le comte avait-il toujours fort ménagé ses sujets. Pour ne les point mécontenter, il ne s'était pas jeté dans les guerres qui l'environnaient; mais il était très-adonné à ses plaisirs, et en faisait sa seule affaire. PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 1, 1824, page 153. - Locution . Être à son affaire : Ø 9. PETYPON. - Évidemment, parce qu'alors ce ne serait plus un duel; cela reviendrait à une opération chirurgicale : tu serais à ton affaire! ... GEORGES FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, III, 6, pages 60-61. Ø 10. Il semblait n'être pas à son affaire tant qu'il n'avait pas trouvé un prétexte pour rire, et tout lui était prétexte;... HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 994. b) [Par le possessif seul] : Ø 11. [BEAUCHÊNE. - ] Les blondes, pourtant, ne sont guère mon affaire. Mais, celle-ci, je suis curieux de la voir au lit. ÉMILE ZOLA, Fécondité, 1899, page 64. c) [Par le sujet seul] Avoir affaire à quelqu'un/quelque chose : Ø 12. Il avait avec lui deux hommes et se mit à l'oeuvre sans beaucoup de précautions, croyant n' avoir affaire qu' à des femmes. Mais il se trompait. Le frère de Carmen, don Juan, était arrivé le soir. JOSEPH ARTHUR COMTE DE GOBINEAU, Les Pléiades, 1874, page 219. Ø 13. Mais par un scrupule (dont je ne me fais pas gloire) je cherche à ne leur rien demander. Aussi ai -je affaire continuellement à ces petites taquineries de la médiocrité qui sont énervantes. Il faut que nous soyons riches. HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, JACQUES RIVIÈRE, Correspondance, lettre de Jacques Rivière à Alain-Fournier, novembre 1906, page 309. Ø 14. Il vaut mieux avoir affaire au bon Dieu qu'à ses saints. CHARLES PÉGUY, Le Porche du mystère de la 2e . vertu, 1911, page 202. Ø 15. C'était le capitaine de Hauteclocque. Il arrivait de France, par l'Espagne, la tête bandée sur une blessure qu'il avait reçue en Champagne et passablement fatigué. Il vint se présenter à moi qui, voyant à qui j' avais affaire , réglai sa destination sur-le-champ. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Appel, 1954, page 93. Remarque  : Ce dernier tour est facilement péjoratif . 3. Avec l'accent sur le temps nécessaire pour accomplir une action. C'est l'affaire d'une seconde : Ø 16. En considérant monsieur de Loewenstein, je ne pouvais concevoir qu'il allait acquérir sur moi un empire, en quelque sorte absolu; que ce ne serait plus de mon père, de ma mère, dont la domination est si douce, que je dépendrais; que tout cela serait l' affaire d'une minute, qu'il n'y aurait qu'un mot à prononcer, et que ce mot ferait le destin de ma vie. GABRIEL SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, page 1563. Remarque  : Dans cette construction, l'agent peut être exprimé par un complément prépositionnel (pour). B.- [L'agent est exprimé (adjectif possessif, sujet de la proposition) ou implicite] L'action est en cours. 1. Langue commune, légèrement familier . Il a pris l'affaire en main, etc. : Ø 17. Je crois vous avoir guérie pour toujours du désir de vous immiscer dans les affaires de votre mari, n'est-ce pas? LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, page 42. Ø 18. - Mais, reprit Amélie, diplomate ou forçat, l'abbé Carlos te désignera quelqu'un pour te tirer d' affaire. HONORÉ DE BALZAC, Splendeurs et misères des courtisanes, 1848, page 394. Ø 19. - C'est pour cela, dit Rocambole, que vous avez été léger en vous mettant une nouvelle affaire sur les bras. PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 2, Le Club des valets de coeur, 1859, page 502. Ø 20. Il ne faut pourtant pas croire que c'était facile de venir à bout de mon idée en 89, non! Et ce matin même, vers sept heures, au moment où Marguerite passait devant la forge avec son grand panier, pour aller vendre ses brochures, Valentin me rappela lui-même que ce n'était pas une petite affaire. ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 1, 1870, page 157. Ø 21. - Les sections de l'Institut, voilà leur patrie, leur foyer, leur drapeau. La France ne compte pas, mais ce fut une grande question de savoir si M. Séaille ou Séailles serait ou ne serait pas de l'Académie des sciences morales. Ça c'était une affaire, et une affaire d'État. CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913, page 1211. Ø 22. Et je la nomme ici une hérésie spirituelle et volontiers je la nommerais simplement une hérésie intellectuelle. Pour ne pas me faire d' affaire. Et pour fuir à mon tour les responsabilités. CHARLES PÉGUY, L'Argent, 1913 page 1289. Ø 23.... eh monsieur si c'est une affaire que vous me cherchez ayez donc l'obligeance de prendre mon livret militaire dans ma poche gauche. GUILLAUME APOLLINAIRE, Les Mamelles de Tirésias, 1918, I, 5, page 891. Ø 24. J'avais envie d'y dire : « c'est Mathieu Bomier, çui-là, et y connaît son affaire. » JEAN GIONO, Le Grand troupeau, 1931, page 102. Ø 25. - Dudule vous dira que quand je prends une affaire en main, on peut être tranquille. SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 288. Remarque : 1. Des adjectifs ou d'autres déterminants peuvent mettre en relief l'importance (ou l'insignifiance) d'une affaire : c'est toute une affaire; ce n'est pas une affaire; c'est une grosse, une petite affaire, une affaire d'État. Ou encore sa complexité (ou sa simplicité) : c'est une affaire délicate, compliquée, complexe, embrouillée, très simple, difficile, facile. 2. Avec des expressions comme être tiré + complément sans article, il apparaît une idée de danger : il est tiré d'affaire (exemple 18). 2. Fréquent au pluriel. Action ou ensemble d'actions ayant une certaine publicité ou notoriété. (Le sens se particularise suivant le domaine ou le contexte). - COMMERCE INDUSTRIE. Toute activité d'achat, d'échange, de vente,... : Ø 26. Nous avons maintenant un marché par semaine, il s'y conclut des affaires assez considérables en bestiaux et en blé. HONORÉ DE BALZAC, Le Médecin de campagne, 1833, page 52. Ø 27. Ce lendemain était un dimanche, jour où il n'y avait ni Bourse ni affaire; les deux époux passèrent alors la journée ensemble, se mettant plus avant au coeur l'un de l'autre qu'ils n'y avaient jamais été... HONORÉ DE BALZAC, Ferragus, 1833, page 77. Ø 28. - Allons, mon cher, on ne refuse pas comme cela... et ce que je t'offre! Je te dis, c'est une grosse affaire : il y a deux cent vrais mille francs derrière... Je te ferai un traité d'un an, si tu veux... une position, songe donc!... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, page 109. Ø 29. Au point de vue purement industriel, il est logique, dans l'appréciation des bénéfices, de tenir compte de ce que les commerçants appellent le chiffre d' affaires et de traduire en argent l'importance du trafic;... CHARLES BRICKA, Cours de chemins de fer, 1894, page 481. Ø 30.... l'emploi du pigeon comme pigeon-messager tomba en désuétude dans les deux derniers siècles; il ne fut repris qu'au commencement de ce siècle et cela au service des hommes d' affaires. ALFRED LEDIEU, ERNEST CADIAT, Le Nouveau matériel naval, tome 2, 1899, page 445. Ø 31. Les affaires, étant les affaires, sont traitées fort pratiquement. CHARLES MAURRAS, Kiel et Tanger, 1914, page 101. Ø 32. - Il est retraité? - Oui, maintenant il est retiré des affaires. - Comment, des affaires? PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 12. Ø 33. Je crois qu'elle nous méprisait un peu, mon père et moi, pour notre parti pris d'amusements, de futilités, comme elle méprisait tout excès. Seuls nous réunissaient des dîners d' affaires - elle s'occupait de couture et mon père de publicité - , le souvenir de ma mère et mes efforts, car, si elle m'intimidait, je l'admirais beaucoup. FRANÇOISE SAGAN, Bonjour tristesse, 1956, page 19. - JUSTICE. Procès. Le juge va instruire l'affaire; l'affaire Dreyfus : Ø 34. Cette pièce fut aussitôt transmise aux amis du dehors, qui la firent imprimer. Les religieuses signèrent de plus une procuration en règle qui fut mise aux mains d'un procureur pour agir en leur nom. Le procès, sur l'appel comme d'abus, fut près de s'entamer au Parlement; mais un arrêt du Conseil, comme on devait s'y attendre, évoqua l' affaire et coupa court aux procédures. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 4, 1859, page 112. Ø 35.... l'agression a eu lieu tout près d'un bec de gaz. On interroge le gendarme qui a aidé à instruire l' affaire; on interroge d'autres témoins : l'un place le bec de gaz à cinq mètres; l'autre à vingt-cinq. Un dernier va jusqu'à soutenir qu'il n'y a pas de bec de gaz du tout à cette partie de la rue. ANDRÉ GIDE, Souvenirs de la Cour d'assises, 1913, page 645. - ART MILITAIRE. vieux. Engagement au front, combat : Ø 36. Entre la Moskowa et Moscou, Murat engagea une affaire devant Mojaïsk. On entra dans la ville : on y trouva dix mille morts et mourants; on jeta les morts par les fenêtres pour loger les vivants. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 433. Ø 37.... il se fit jour, après avoir laissé défiler la masse de traînards et de blessés au pied de la côte que nous gardions. C'est la dernière affaire du bataillon avant le siège. ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 2, 1870, page 104. - POLITOLOGIE. Scandale. L'affaire du collier. Questions du ressort d'un gouvernement, d'un département ministériel, de l'administration publique,... Les affaires étrangères : Ø 38. Que dit M. Cottu de la marche des affaires publiques? Il me semble qu'elles s'embrouillent terriblement. FÉLICITÉ-ROBERT DE LAMENNAIS, Lettres inédites... à la baronne Cottu, 1827, page 183. Ø 39. M. le duc de Rauzan, nommé directeur des affaires politiques, pour tenir lieu d'un de ces sous-secrétaires d'État qui devraient exister dans les départements ministériels, seconda mes travaux et montra ce jugement rassis, qualité essentielle du diplomate. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 3, 1848, page 233. Ø 40. S'il avait tenu un emploi dans une administration privée, on s'en serait tout de suite aperçu; mais il est beaucoup plus difficile de reconnaître la démence ou le délire dans l' administration des affaires de l'État. À ce moment, les employés du Gouvernement formaient des associations et des fédérations, au milieu d'une effervescence dont s'effrayaient le Parlement et l'opinion;... ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, page 370. Ø 41. Quant à nos alliés, à Djibouti comme en Syrie, ils ont, au moins localement, des arrière-pensées et désirent toutes les combinaisons qui les introduiraient dans les affaires françaises. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Appel, 1954, page 465. 3. [Sans idée de publicité] a) Affaire (d'honneur). Duel : Ø 42. Il [M. de Charlus] n'avait jamais eu d' affaire sans se croire aussitôt valeureux, et identifié à l'illustre connétable de Guermantes, alors que pour tout autre ce même acte d' aller sur le terrain lui paraissait de la dernière insignifiance. MARCEL PROUST, À la recherche du temps perdu, Sodome et Gomorrhe, 1922, page 1070. b) Dans le langage de l'amour. Relations intimes : Ø 43. « Eh quoi! lui dit-elle, ne savez-vous pas que je suis en affaire avec M? - Belle raison, dit-il! Ne m'avez-vous pas laissé mes droits quand vous aviez L, S, N, B, T? - Oh! quelle différence! était-ce de l'amour que j'avais pour eux! Rien, pures fantaisies; mais avec M c'est un sentiment :... NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, page 150. c) Argot (Dans l' argot des malfaiteurs. ) Vol. L'affaire peut être majeure (considérable), exbrouffée (manquée), chouette (bien faite) [Jean-Joseph Clémens, Écrits composés au bagne de Rochefort, tome 2, 1876, page 441] , filée (coup prémédité) [Dictionnaire complet de l'argot, 1844, page 24] , mûre [Lorédan Larchey, Dictionnaire historique d'argot, 1878, page 4] , affaire d'Espagne (vol par correspondance) [Dictionnaire français-argot (Aristide Bruant), 1901, page 446] , affaire à la manque [Nouguier, Notes manuscrites interfoliées au dictionnaire de Delesalle, 10 janvier 1900, page 4] . On peut faire ou nourrir une affaire : Ø 44. [Elle] me demanda si j'avais quelque affaire en vue (un projet de vol). FRANÇOIS VIDOCQ, Mémoires de Vidocq, chef de la Police de sûreté jusqu'en 1827, tome 2, 1828-1829, page 381. 4. Au figuré . [En fonction d'attribut du sujet, avec ou sans article indéfini, avec un complément prépositionnel (de) sans article indiquant une valeur ou une catégorie] Ce qui est dans un rapport de dépendance causale par rapport à cette valeur (a) ou de classification par rapport à cette catégorie (b); ce qui regarde, ce qui relève de, ce qui intéresse. C'est une affaire : a) de goût, d'honneur, d'argent, d'intérêt, de temps; b) d'amour, de galanterie, de courtoisie, de plaisir : Ø 45.... mais le lecteur intelligent voit d'un seul regard que ma proposition transporterait dans les mariages la précision, la facilité, le bon sens, la bonne logique qui se rencontrent dans les affaires de bourse, et qui, par une bévue inexplicable, n'ont pas encore été introduits dans les affaires de coeur. HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, page 172. Ø 46. Ce jour-là, malgré l'importance exceptionnelle de la séance, le conseil fut d'ailleurs mené aussi rondement que les autres jours. C'était devenu une affaire d'habitude;... ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 266. Ø 47. Mais, alors, pourquoi tous les humains, fils d'Adam, n'ont-ils pas des vers dans les intestins? Est-ce affaire de tempérament, de climat, de régime, de genre de vie? Certaines humeurs, plus que d'autres, sont-elles propres au développement des vers? Enfin, pourquoi le créateur, dans sa bonté infinie, aurait-il délibérément, au départ, infligé ce désagrément à l'espèce humaine? JEAN ROSTAND, La Genèse de la vie, 1943, page 28. Remarque : 1. Si le temps est assimilé à une valeur, la construction c'est une affaire de temps est en opposition avec c'est l'affaire d'une seconde ( confer supra A 3) : Ø 48. De nos jours, un voyage en Russie, en Allemagne, en Italie, en France, en Angleterre, que dis-je? Autour du globe, n'est qu'une affaire de quelques semaines, de quelques mois, de quelques années calculées à une minute près. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Essai sur les Révolutions, tome 2, 1797, page 55. Ø 49. Son trépas est une affaire d'heures, au pauvre cher homme. Avant mon départ je ne manquerai pas de le lui dire, de façon à ce qu'il se prépare convenablement à faire le grand voyage et qu'il demande pardon au Seigneur d'avoir eu la main un peu lourde avec ces pauvres gens de Presnia... GASTON LEROUX, Rouletabille chez le tsar, 1912, page 47. Remarque : 2. En raison de sa construction en attribut et de sa valeur générale classificatrice, affaire de est, dans une certaine mesure, assimilable à une forme d'adjectif à laquelle le complément prépositionnel donne un contenu sémantique . Remarque : 3. Dans une affaire de goût on sent encore l'allégorie sous-jacente : c'est au goût à décider; peut-être cet emploi est-il apparenté à l'emploi judiciaire du mot affaire. II.- Chose abstraite ou concrète à laquelle une ou plusieurs personnes sont intéressées. A.- Chose abstraite . 1. [Avec un article indéfini] Affirmation précédemment exprimée : Ø 50. Un soir, il annonça qu'il voulait me parler d'homme à homme, les femmes se retirèrent, il me prit sur ses genoux et m'entretint gravement. J'écrirais, c'était une affaire entendue; je devais le connaître assez pour ne pas redouter qu'il contrariât mes désirs. JEAN-PAUL SARTRE, Les Mots, 1964, page 129. 2. [Avec un article défini] L'objet dont il est question dans un litige, une discussion, etc. : Ø 51. Je l'ai faite en vingt-deux jours, dans l'intervalle de longs travaux de poésie. On peut n'être pas de l'avis du Misanthrope, qui pense que le temps ne fait rien à l' affaire. NÉPOMUCÈNE LEMERCIER, Pinto, avertissement, 1800, page 3. Ø 52. Que j'aie copié, selon ce qu'il dit, tout le supplément sous sa dictée, ou que je lui aie déchiffré et expliqué les endroits qu'il n'avait pu lire, faute d'entendre le sens, comme le prouve cette copie même; tout cela ne fait rien à l' affaire. PAUL-LOUIS COURIER, Lettre à Monsieur Renouard, 1810, page 258. 3. [Avec un adjectif possessif ou l'article défini qui en tient lieu] Ce qu'une personne trouve conforme à son intérêt, ce qui répond à son besoin. Son échec fait mon affaire, cela fera l'affaire : Ø 53. C'est égal, deux ou trois douzaines de chemises feraient bien mieux notre affaire. ALPHONSE DAUDET, Le Petit Chose, 1868, page 182. Ø 54. J'ai là une belle rouelle de veau, ça fait mon affaire. MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 3, janvier -août 1904, page 195. - Archaïsme . Avoir affaire de.. Avoir besoin de : Ø 55.... mais le duc de Bourbon, le duc d'Alençon et les jeunes seigneurs ne voulaient point des gens des communes, et disaient que ceux qui n'étaient point de leur avis avaient peur. « Qu' avons-nous affaire de ces gens de boutique? disaient-ils; nous sommes déjà trois fois plus nombreux que les Anglais. » PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 4, 1824, page 64. Remarque  : La langue classique employait dans le même sens c'est son affaire : Ø 56. Quand un gouvernement nous prodigue de grands spectacles, et de l'héroïsme, et des créations, et des destructions sans nombre, on serait tenté de lui répondre : « le moindre grain de mil serait mieux notre affaire », et les plus éclatants prodiges, et leurs pompeuses célébrations, ne sont que des cérémonies funéraires où l'on forme des danses sur des tombeaux. [Citation incomplète, modifiée de La Fontaine, I, 20 : « Mais le moindre grain de mil/ Serait bien mieux mon affaire . »] BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, De l'Esprit de conquête et de l'usurpation, 1813, page 166. 4. Faire son affaire à quelqu'un, lui régler son affaire. Lui infliger un châtiment : Ø 57. Alors, la bataille faillit s'engager. Des imprécations montaient, une voix cria qu'il fallait faire son affaire à ce cochon de paysan, qui, comme tous les autres, aurait noyé son pain, plutôt que d'en donner une bouchée au soldat. ÉMILE ZOLA, La Débâcle, 1892, page 158. Ø 58. Il [Ragu] hurlait : - Tu oses me dire ça, bougre de saleté!... Et le nom de l'homme, dis-moi le nom de l'homme, pour que j'aille lui régler son affaire? ÉMILE ZOLA, Travail, 1901, page 19. Remarque : Argot : Avoir son affaire. Être ivre : Ø 59. Je propose l'absinthe... Après quoi j' avais mon affaire, là, dans le solide. (Monselet.) Les excentricités du langage français (LORÉDAN LARCHEY) 1861. B.- Objet concret . 1. COMMERCE. Objet correspondant à un désir. (Le vendeur au client) : j'ai votre affaire. 2. Langage familier; généralement au pluriel . a) Objet d'un usage habituel. Je n'aime pas qu'on fouille dans mes affaires : Ø 60.... dans le placard on ne voyait plus rien de toutes les affaires de Virginie! GUSTAVE FLAUBERT, Trois contes, Un Coeur simple, 1877, page 65. b) Objets dont l'identité ou le nom précis n'est pas connu ou n'importe pas : Ø 61. Il [le révolver] a deux crans de sûreté, six coups, une baguette, un tas d' affaires. GABRIELLE COLLETTE, DITE COLETTE, Claudine s'en va, 1903, page 300. Remarque : Affaires est dans ce dernier cas un synonyme noble de mots comme truc, machin, etc. 3. Par euphémisme. Pour désigner des états passagers que la pudeur empêche de désigner par le mot propre : a) [En parlant d'une femme] Règles : Ø 62. [Margot] : - ... Sabordas m'a examinée sur ma demande, parce que l'époque de mes affaires était dépassée depuis deux mois et demi. Il n'y a plus de doute. Je suis chipée. LÉON DAUDET, Phryné, 1937, page 21. b) Besoins naturels : Ø 63.... des processions de bêtes... s'en allaient à leurs affaires. ÉMILE ZOLA, La Faute de l'abbé Mouret, 1875, page 1469. c) Argot, populaire. État de grossesse : Ø 64. Elle [une fille] marchait avec peine, poussant devant elle un ventre énorme de femme enceinte... [MONSIEUR GOURD] - ... on ne s'introduit pas chez les gens, avec une affaire pareille cachée sous la peau. ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882, page 254. Ø 65.... il fallait que les maîtres lui fissent un enfant [à une bonne] ... La voix étranglée, elle répétait, entre deux crises : - Salauds!... S'il est permis de vous coller une pareille affaire! ÉMILE ZOLA, Pot-Bouille, 1882 page 369. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 21 678. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 34 151, b) 34 604; XXe. siècle : a) 31 049, b) 25 836. Forme dérivée du verbe "affairer" affairer AFFAIRER (S'), verbe pronominal. [Le sujet désigne des êtres vivants, avec indication fréquente d'un lieu ou parfois du voisinage d'une personne (préposition : à, dans, autour, devant, etc.)] Faire montre d'empressement dans son travail et, le cas échéant, d'agitation : Ø 1. Et la vie continuait, dans l'antique atelier, toujours pareille et régulière, comme si les coeurs, un moment, n'y avaient pas battu plus vite. Tandis qu'Hubert s'affairait aux métiers, dessinait, tendait et détendait, Hubertine aidait Angélique, toutes les deux les doigts meurtris, quand venait le soir. ÉMILE ZOLA, Le Rêve, 1888, page 157. Ø 2. Une lampe sur la table dehors, le feu de la cuisine dans la maison, le tic-tac de la pendule marquaient seuls la pulsation du grand calme un peu oppressant Puis des gens s'affairèrent pour nos commissions;... HENRI, ALBAN FOURNIER, DIT ALAIN-FOURNIER, JACQUES RIVIÈRE, Correspondance, lettre de Alain-Fournier à Jacques Rivière, septembre 1908, page 50. Ø 3. La confusion devint générale, et, tandis que certains s'affairaient auprès de la présidente, qui continuait à gesticuler en poussant des glapissements aigus, d'autres entouraient Dhurmer qui criait : « Il ne m'a pas touché! Il ne m'a pas touché!... » ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1174. Ø 4. Un médecin du quartier se tenait au chevet de Mme. Duffieux qui gémissait ainsi, tandis qu'une vieille femme au ventre énorme, peut-être une parente, peut-être une voisine, s'affairait autour du fourneau. GEORGES SIMENON, Les Vacances de Maigret, 1948, page 92. Ø 5. Entrant par une petite porte latérale, les deux garçons se trouvèrent dans une vaste cuisine où s'affairaient plusieurs femmes en tabliers blancs. JULIEN GREEN, Moïra, 1950, page 196. Ø 6. Le Redoutable était à quai, ses ponts débarrassés de leur habituel désordre; des hommes s'affairaient auprès du tas de charbon. JULIEN GRACQ, Le Rivage des Syrtes, 1951, page 197. Ø 7. « C'est arrivé : me voilà étudiante! » me disais-je joyeusement. Je portais une robe écossaise, dont j'avais cousu moi-même les ourlets, mais neuve, et taillée à ma mesure; compulsant des catalogues, allant, venant, m'affairant, il me semblait que j'étais charmante à voir. SIMONE DE BEAUVOIR, Mémoires d'une jeune fille rangée, 1958, page 171. - S'affairer à + infinitif ou substantif d'action.. Être très occupé à : Ø 8. Aux fenêtres des roulottes, les forains regardaient, attendant l'heure. Certains s'affairaient encore à la toilette de leurs boutiques. LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 161. Ø 9.... un vilain, poussant son âne, passa un jour, dans la ville où il était venu vendre une charge de bois, devant la boutique d'un marchand d'épices, dont les valets s'affairaient à piler dans des mortiers leurs herbes et leurs graines odorantes : en respirant ces précieux parfums, qui agissent sur lui comme un air maléfique, il tombe raide à terre, évanoui;... EDMOND FARAL, La Vie quotidienne au temps de Saint Louis, 1942, page 120. Ø 10.... les hommes s'affairaient à plier les toiles de tente, à rouler les couvertures. JEAN-PAUL SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, page 220. - Rare . S'affairer de quelque chose (à propos de quelque chose). Être très préoccupé de. Synonyme : se faire (toute) une affaire de quelque chose : Ø 11. L'échec a, lui aussi, ses prédestinés : ils ne gardent jamais le souvenir que de ce qu'ils ont manqué ou souffert; ils s'affairent des difficultés de leurs entreprises avant même qu'elles ne s'offrent à eux;... EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 451. Remarque  : Le verbe, comme l'adjectif affairé, a sans doute désigné d'abord des activités serviles ou matérielles comme celles qui sont confiées à des domestiques, à des intendants ( confer les exemples d'Alphonse Daudet, d'Émile Zola, etc.). De là sans doute la note péjorative qui parfois s'attache au mot, qui est tout à fait sorti de ses humbles origines ( confer étymologie et historique) dans l'exemple 7. Dictionnaire de l'Académie Française tome 1 1932 l'ignore encore.   STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 86.

« ÉMILE ZOLA, Fécondité, 1899, page 64. c) [Par le sujet seul] Avoir affaire à quelqu'un/quelque chose :. »

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