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Définition: AMANT, -ANTE, substantif.

Publié le 21/10/2015

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Définition: AMANT, -ANTE, substantif. I.— [Sans relation explicite ou implicite avec le mariage] A.— Vieilli ou littéraire. 1. Amant(e). Personne qui aime une personne de l'autre sexe et en est aimée (avec ou sans relations physiques). Synonymes : amoureux, (euse); bien-aimé(e) : Ø 1. C'est une triste chose pour une jeune fille de s'apercevoir que son amant n'est pas le premier des hommes et que tout le monde ne partage pas son admiration et son amour pour lui. L'estime des autres pour celui qu'elle aime est pour beaucoup dans l'amour d'une femme, parce que dans son amant elle cherche un appui et un protecteur, parce qu'elle sent qu'elle s'identifie à lui, qu'elle ne devient plus qu'une partie de lui-même, et s'absorbe en lui, et n'aura plus d'autre considération que la sienne, d'autre bonheur que le sien. ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, page 112. Ø 2. Jadis, aux jours de passion, leur différence de tempérament avait fait de cet homme et de cette femme un couple puissamment lié, en établissant entre eux une sorte d'équilibre, en complétant pour ainsi dire leur organisme. L'amant donnait de son sang, l'amante de ses nerfs, et ils vivaient l'un dans l'autre, ayant besoin de leurs baisers pour régulariser le mécanisme de leur être. ÉMILE ZOLA, Thérèse Raquin, 1867, page 145. Ø 3. Et elle l'aimait, elle le désirait certainement davantage, depuis qu'il n'ignorait plus rien. C'était une passion insatiable, la femme enfin éveillée, une créature faite uniquement pour la caresse, tout entière amante, et qui n'était point mère. Elle ne vivait plus que par Jacques, elle ne mentait pas, lorsqu'elle disait son effort pour se fondre en lui, car elle n'avait qu'un rêve, qu'il l'emportât, qu'il la gardât dans sa chair. Très douce toujours, très passive, ne tenant son plaisir que de lui, elle aurait voulu des sommeils de chatte sur ses genoux, du matin au soir. ÉMILE ZOLA, La Bête humaine, 1890, page 198. Ø 4. Elle l'appelait de tout son orgueil, de toute sa passion fouettée par la lutte et le danger, de toutes les tendresses enfantines qui survivaient dans un coin féminin de son coeur; elle le voulait, de toutes les attaches secrètes qui s'étaient formées, pour et par cet amant, au plus intime de la femme, de l'amante furieuse qu'elle pouvait être sous ses baisers, uniquement sous ceux-là... EUGÈNE MELCHIOR, VICOMTE DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, page 321. — En particulier. Amant Amoureux idéal : Ø 5. Une jeune fille, croyant que son amant a péri dans les guerres, s'est faite religieuse à Jérusalem, dans un ordre consacré à servir les malades. On amène dans son couvent un chevalier dangereusement blessé : elle vient couverte de son voile, et, ne levant pas les yeux sur lui, elle se met à genoux pour le panser. Le chevalier, dans ce moment de douleur, prononce le nom de sa maîtresse; l'infortunée reconnoît ainsi son amant. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, De l'Allemagne, tome 3, 1810, page 166. Ø 6. C'était Léandre, la bête noire des pères, des maris, des tuteurs, l'amour des femmes, des filles et des pupilles; l'amant en un mot, celui qu'on rêve, qu'on attend et qu'on cherche, qui doit tenir les promesses de l'idéal, réaliser la chimère des poèmes, des comédies et des romans, être la jeunesse, la passion, le bonheur, ne partager aucune misère de l'humanité, n'avoir jamais ni faim, ni soif, ni chaud, ni froid, ni peur, ni fatigue, ni maladie; mais toujours être prêt, la nuit, le jour, à pousser des soupirs, à roucouler des déclarations, à séduire les duègnes, à soudoyer les suivantes, à grimper aux échelles, à mettre flamberge au vent en cas de rivalité ou de surprise, et cela, rasé de frais, bien frisé, avec des recherches de linge et d'habits, l'oeil en coulisse, la bouche en coeur comme un héros de cire. THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 111. — Péjoratif : Ø 7. La morale des chansons populaires est à la fois très légère et très sombre : le peuple y apparaît comme uniquement en quête du plaisir, et principalement de l'amour. Si l'amour est souvent tragique, le mariage est grotesque ou terrible : tromper ses parents, voilà l'affaire de la fille; tromper son mari, voilà l'affaire de la femme; tromper son amant, tromper sa maîtresse, voilà l'affaire des amantes et des amants. RÉMY DE GOURMONT, Esthétique de la langue française, 1899, page 271. · Amant transi. Homme timide qui n'ose déclarer son amour ou souffre des rigueurs de la personne aimée : Ø 8. L'erreur de leur vie (aux don Juan) est de croire conquérir en quinze jours ce qu'un amant transi obtient à peine en six mois. Ils se fondent sur des expériences faites aux dépens de ces pauvres diables qui n'ont ni l'âme qu'il faut pour plaire, en révélant ses mouvements naïfs à une femme tendre, ni l'esprit nécessaire pour le rôle de don Juan. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, De l'Amour, 1822, page 237. Ø 9. Elle m'a désolé. Elle a conçu pour moi un peu d'amour sans parvenir à faire exister en elle mon souvenir. J'ai compris que mon amour serait une sorte de calvaire. Je ne me suis pas dérobé à cette souffrance. Il m'a semblé que je devais connaître aussi les impressions d'un amant transi et négligé. JOE BOUSQUET, Traduit du silence, 1935-1936, page 205. 2. Au masculin pluriel. Amants. Couple s'aimant d'amour réciproque : Ø 10. Quand un homme et une femme ont l'un pour l'autre une passion violente, il me semble toujours que, quels que soient les obstacles qui les séparent, un mari, des parents, etc., les deux amants sont l'un à l'autre de par la nature; qu'ils s'appartiennent de droit divin, malgré les lois et les conventions humaines. NICOLAS-SÉBASTIEN ROCH, DIT DE CHAMFORT, Maximes et pensées, 1794, page 61. Ø 11. On comprendra le regard que les deux amants échangèrent, ce fut de la flamme, car les amoureux vertueux n'ont pas la moindre hypocrisie. HONORÉ DE BALZAC, La Cousine Bette, 1847, page 79. Ø 12. Racine nous avertit que s'il n'a pas fait suicider celle-ci [Bérénice] , c'est qu'elle n'a pas eu avec celui qu'elle aime « les derniers engagements » que Didon avait avec Énée. Mais justement, il faut songer alors à enrichir, à alourdir les rencontres d'amants platoniques de tout ce que nous livre aujourd'hui un art moins secret. ROBERT BRASILLACH, Pierre Corneille, 1938, page 216. B.— Littéraire, masculin, féminin, singulier ou pluriel. Personne unie à une autre personne par un amour passionné et profond : Ø 13. Henry se sentait fier et fort comme le premier homme qui a enlevé une femme, qui l'a saisie dans ses bras et qui l'a entraînée dans sa tanière. Alors l'amour se double de l'orgueil, le sentiment de sa propre puissance s'ajoute à la joie de la possession, on est vraiment le maître, le conquérant, l'amant; il la contemplait d'une manière calme, sereine, il n'avait rien dans l'âme que d'indulgent et de rayonnant, ils se plaisait à penser qu'elle était faible et sans défense au monde, qu'elle avait tout abandonné pour lui, espérant tout trouver en lui, et il se promettait, de n'y pas manquer, de la protéger dans la vie, de l'aimer encore davantage, de la défendre toujours. GUSTAVE FLAUBERT, La Première éducation sentimentale. 1845, page 174. Ø 14. Ignorant tout, sachant tout, à la fois vierge et amante, Ève innocente, Ève tombée, l'enchanteresse par qui me venait ma folie était un mélange de mystères et de passions : je la plaçais sur un autel et je l'adorais. L'orgueil d'être aimé d'elle augmentait encore mon amour. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1, 1848, page 131. Ø 15.... Quand, au fond du hallier farouche, Dans une nuit pleine de jour, Une bouche sur une bouche Baise de mot divin : amour! Quand l'homme contemple la femme, Quand l'amante adore l'amant, Quand, vaincus, ils n'ont plus dans l'âme Qu'un muet éblouissement, Ce profond bonheur solitaire, C'est le ciel que nous essayons. VICTOR HUGO, Les Chansons des rues et des bois, Trop heureux, 1865, page 186. Ø 16.... celui qui aime trouve dans les choses de quoi rendre hommage à ce qu'il aime. L'amant offre le monde à sa maîtresse et lui-même s'offre aussi. « Tout cela t'appartient ». GABRIEL MARCEL, Journal métaphysique, 1918, page 158. Ø 17. Par là s'explique assez la liberté de Goethe avec l'amour. On sait bien qu'il montrait aisément une curieuse magnificence dans l'indépendance du coeur. Ce grand lyrique est le moins fou des hommes; ce grand amant en est le moins égaré. Son démon très lucide lui commande d'aimer; mais aimer, c'est pour lui : tirer de l'amour tout ce que l'amour peut offrir à l'esprit, tout ce que la volupté personnelle, les émotions et les énergies intimes qu'elle excite, peuvent enfin livrer à la faculté de comprendre, au désir supérieur de s'édifier... PAUL VALÉRY, Variété IV, 1938, page 107. Remarque : 1. Dans cet emploi, amante s'oppose parfois à maîtresse au sens signalé infra II A 2 : Ø 18. Là était l'explication des tendresses nouvelles des amoureux. Guillaume fut surpris et charmé de découvrir ainsi dans Madeleine une femme qu'il ne connaissait point. Jusqu'à ce jour, elle avait été sa maîtresse; elle devint son amante. C'est-à-dire que, jusqu'à ce jour, il l'avait aimée chez lui, et que, dès lors, il alla l'aimer chez elle. Cette différence décida de leur bonheur. ÉMILE ZOLA, Madeleine Férat, 1868, page 95. Ø 19.... il ne pouvait douter que celle qui criait ici sa détresse, ne fût cette amante éplorée dont Olivier lui parlait la veille au soir, la maîtresse abandonnée de Vincent Molinier. ANDRÉ GIDE, Les Faux-monnayeurs, 1925, page 1032. Remarque : 2. Cet emploi peut comme le précédent devenir péjoratif : Ø 20. Là, les deux amants s'ensevelirent dans l'océan de ces joies languides et perverses où l'esprit se mêle à la chair mystérieuse! Ils épuisèrent la violence des désirs, les frémissements et les tendresses éperdues. Ils devinrent le battement de l'être l'un de l'autre. En eux, l'esprit pénétrait si bien le corps, que leurs formes leur semblaient intellectuelles. PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Vera à Madame la comtesse d'Osmoy, 1883, page 25. Ø 21. Quand le feuillage épars Tremble, commence à fuir, pleure de toutes parts, Tu vois du sombre amour s'y mêler la tourmente, L'amant brûlant et dur ceindre la blanche amante, Vaincre l'âme... et tu sais selon quelle douceur Sa main puissante passe à travers l'épaisseur Des tresses que répand la nuque précieuse, S'y repose, et se sent forte et mystérieuse; Elle parle à l'épaule et règne sur la chair. Alors les yeux fermés à l'éternel éther Ne voient plus que le sang qui dore leurs paupières; Sa pourpre redoutable obscurcit les lumières D'un couple aux pieds confus qui se mêle, et se ment. PAUL VALÉRY, Charmes, Fragments du Narcisse, 1922, page 127. Ø 22. Aucun être, même le plus aimé, et qui nous le rende le mieux, n'est jamais en notre possession. Sur la terre cruelle où les amants meurent parfois séparés, naissent toujours divisés, la possession totale d'un être, la communion absolue dans le temps entier de la vie est une impossible exigence. Le goût de la possession est à ce point insatiable qu'il peut survivre à l'amour même. Aimer, alors, c'est stériliser l'aimé. La honteuse souffrance de l'amant, désormais solitaire, n'est point tant de ne plus être aimé que de savoir que l'autre peut et doit aimer encore. ALBERT CAMUS, L'Homme révolté, 1951, page 323. C.— MYSTIQUE RELIGIEUSE. 1. Amante. Femme vouant tout son amour à Dieu : Ø 23. Je me figurais encore la plus sainte des amantes et la plus amante des saintes, Thérèse d'Avila, au moment où son coeur, chastement embrasé, s'écrie : « soyons fidèle à celui qui ne peut nous être infidèle! »... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 166. 2. Amant Dieu en tant qu'objet aimé et aimant : Ø 24. J'ai parlé tout à l'heure des tisserands de Flandre au Moyen Âge, des lollards, béghards, comme on les appelait. L'Église, qui souvent les persécuta comme hérétiques, ne reprocha jamais à ces rêveurs qu'une seule chose : l'amour; l'amour exalté et subtil pour l'invisible amant, pour Dieu... JULES MICHELET, Le Peuple, 1846, page 86. Ø 25. Les comparaisons de fiancé, d'époux, d'amant céleste et de mariage éternel qui reviennent dans les sermons lui soulevaient au fond de l'âme des douceurs inattendues. GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 1, 1857, page 40. Ø 26. À l'idée de ce dieu de sa philosophie avait succédé en elle un autre redoutable Dieu de sa foi, le tout-puissant, Dieu le père, qui, par une lente et miraculeuse transformation, s'adoucissait lentement en ce Dieu humain, Dieu le fils, ce Dieu notre pareil, ce Dieu de nos maux et de nos souffrances, ce Dieu amant : Jésus-Christ... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Madame Gervaisais, 1869, page 252. Ø 27. Tout le monde sait que Catherine avait épousé le Christ. Ah, si Tu pouvais, un jour, Te retirer de moi après m'avoir blessée! comme la Sainte est pliée en deux, et Lui comme il est au contraire raidi avec son corps qui forme un cercle, et tout-puissant avec son bras levé. Ô mon doux amant Jésus, disait sainte Catherine. PIERRE-JEAN JOUVE, Paulina 1880, 1925, page 29. II.— Usuel. [En relation explicite ou implicite avec le mariage] A.— Amant. 1. Homme avec lequel une femme mariée ou non entretient hors mariage et pour un temps plus ou moins long des relations surtout d'ordre physique. Avoir, prendre un amant Synonyme : (en style noble) ami; antonyme : maîtresse : Ø 28.... une jeune femme ne prend pas un amant sans faire de sérieuses réflexions. HONORÉ DE BALZAC, Physiologie du mariage, 1826, page 100. Ø 29. Votre femme s'ennuie et le bonheur permis n'a plus d'attrait pour elle; ses sens, son imagination, le caprice appellent un amant; cependant, elle n'ose pas encore s'embarquer dans une intrigue dont les conséquences et les détails l'effrayent : vous êtes encore là pour quelque chose; vous pesez dans la balance, mais bien peu. De son côté, l'amant se présente paré de toutes les grâces de la nouveauté, de tous les charmes du mystère; un combat s'élève dans le coeur de votre femme. Bientôt, plus il y a de dangers et de risques à courir et plus elle brûle de se précipiter dans cet abîme de craintes, de jouissances, d'angoisses, de voluptés. HONORÉ DE BALZAC, Physiologie du mariage, 1826, page 100. Ø 30. La profondeur, l'inconnu du caractère de Julien eussent effrayé, même en nouant avec lui une relation ordinaire. Et elle en allait faire son amant, peut-être son maître! Quelles ne seront pas ses prétentions, si jamais il peut tout sur moi? eh bien! je me dirai comme Médée : au milieu de tant de périls, il me reste moi. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le noir, 1830, page 328. Ø 31. Mais enfin, dit l'Amour se masquant en paradoxe, qu'est-ce qu'un amant? C'est un instrument auquel on se frotte pour avoir du plaisir. M. Cuvier me disait : « votre chat ne vous caresse pas, il se caresse à vous. » Eh! bien, dans ce moment le seul plaisir que puisse me donner ce petit monsieur, c'est celui de lui écrire. Que n'importe sa sensation? La mienne sera du plaisir, dit-elle avec une joie féroce, et c'est ce qui m'importe. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 3, 1836, page 383. Ø 32. Mme. Gabrielle Chabrière ayant un mari intelligent, spirituel, gai, laborieux, dévoué et très-tendre, veut partir avec un amant, parce que son amant lui parle de passion et son mari d'affaires; mais, tout d'un coup, son mari ayant été plus éloquent que son amant, elle remarque que l'amant « n'est qu'un enfant, » et que « le mari est un homme. » Sur quoi, elle reste au logis, et dit : « ô père de famille, ô poëte, je t'aime! »... HYPPOLYTE-ADOLPHE TAINE, Notes sur Paris, Vie et opinions de Monsieur Frédéric-Thomas Graindorge, 1867, page 210. Ø 33. Quand on aime une femme, on ne devrait pas l'épouser, parce qu'en l'épousant on est sûr qu'elle vous trompera, comme vous avez fait à mon égard. La preuve est là. Tandis qu'il est indiscutable qu'une maîtresse reste fidèle à son amant avec tout l'acharnement qu'elle met à tromper son mari. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, La Revanche, 1884, page 984. Ø 34. Oui! j'ai un amant! pourquoi n'aurais-je pas un amant comme tout le monde, comme toi, comme ma mère et mes tantes, comme la dernière des Égyptiennes? Pourquoi n'aurais-je pas un amant, puisque je suis femme depuis six mois et que tu ne me donnes pas de mari? PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 170. Ø 35. La Mérone était d'une mélancolie égale à la mienne; elle appartenait à l'espèce de femmes qui trouvent plus d'agrément à la laideur d'un amant bel esprit qu'à la beauté d'un galantin vulgaire; nos penchants naturels s'appariaient à merveille. OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 63. Ø 36. Nos épouses devraient adopter ces chapeaux-souvenirs, avec les photos, en pendants, de leur mari et de leur amant, cette dernière, bien entendu, du côté gauche, qui est celui du coeur et des liaisons extraconjugales. ALBERT T'SERSTEVENS, L'Itinéraire espagnol, 1933, page 245. Ø 37. La Voix Céleste. — Adieux d'Alcmène et de son amant Jupiter. ALCMÈNE. — Vous avez entendu? JUPITER. — J'ai entendu. ALCMÈNE. — Mon amant Jupiter? JUPITER. — Amant veut dire aussi ami; une voix céleste peut employer le style noble. JEAN GIRAUDOUX, Amphitryon 38, 1929, III, 5, pages 205-206. Ø 38. Tout ce qui se place pour moi dans votre aura n'a plus son sens ordinaire. Amant, maîtresse, liaison, amour irrégulier, ces mots ne signifient plus rien : il y a l'amour. Et, à l'intérieur de l'amour, toutes les libertés, toutes les audaces, dévorées par son rayonnement. HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 1002. Ø 39. Mon amant! ce nom me remplit la bouche. Il est trop grand pour ma bouche. Il y fond, comme un fruit. Il m'y fait un froid adorable. HENRI DE MONTHERLANT, Pasiphaé, avant-propos à la 1re représentation, 1936, page 114. · Amant de coeur. Amant apprécié pour lui-même et en dehors de ses présents : Ø 40. Ce garçon-là a toujours le ridicule d'être un amant de coeur cocu. Il est trompé comme s'il payait. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, août 1862, page 1117. Ø 41. Il est certain que Racine, vers le temps de Phèdre, ne tire plus que de la douleur. Peut-être supporta-t-il moins aisément de n'être pas le seul aimé, quand il s'aperçut qu'il n'était pas le plus-aimé. Les amants de coeur ne se résignent jamais à ne plus l'être. FRANÇOIS MAURIAC, La Vie de Jean Racine, 1928, page 122. Ø 42. Il y avait aussi dans pro patria tous les amants de coeur de ces dames du « panier fleuri », car ces dames étaient très regardantes, socialement, pour leurs amants de coeur, et elles les prenaient dans la jeunesse dorée de la ville. Naturellement sans tenir compte des amants qu'elles pouvaient avoir à Paris, à Marseille ou à Toulouse, qui les avaient fait placer au « panier fleuri », et qui étaient d'une autre sorte. LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 45. · Amant en titre. Amant publiquement agréé et privilégié : Ø 43. Madame Pourras, qui avait été galante toute sa vie, avait encore un amant en titre. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Le "Cahier rouge", 1830, page 37. Ø 44. Claudie avait assuré à Henri que Dudule, l'amant en titre, était un grand honnête homme. Il avait en effet sous ses cheveux argentés ce visage reposé et droit qu'on ne rencontre que chez les coquins d'envergure : ceux qui sont assez riches pour acheter leur propre conscience... SIMONE DE BEAUVOIR, Les Mandarins, 1954, page 288. 2. Péjoratif ou restrictif. Homme avec lequel une femme entretient des relations seulement physiques ou sans amour réel : Ø 45.... les femmes ont deux façons d'aimer qui peuvent résulter l'une de l'autre : elles aiment avec le coeur ou avec les sens. Souvent une femme prend un amant pour obéir à la seule volonté de ses sens, et apprend sans s'y être attendue le mystère de l'amour immatériel et ne vit plus que par son coeur... ALEXANDRE DUMAS FILS, La Dame aux camélias, 1848, page 129. Ø 46. Ses sens, disait-elle à Edmond, ont été usés par son premier amant, le Prince de Syracuse. Elle n'a plus de plaisir qu'à la tendresse, à embrasser. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, mai 1861, page 914. Ø 47. Elle me raconta sa vie et sa misère, Et comment sans amour elle avait un amant Quand elle était petite, — et qu'elle devint mère Comme à peine elle avait cessé d'être un enfant HENRI MURGER, Les Nuits d'hiver, Courtisane, 1861, page 166. Ø 48. Une vieille ouvrière qui la vit une fois chanter et rire de cette façon dit : — Voilà une fille qui finira mal. Elle prit un amant, le premier venu, un homme qu'elle n'aimait pas, par bravade, avec la rage dans le coeur. C'était un misérable, une espèce de musicien mendiant, un oisif gueux, qui la battait, et qui la quitta comme elle l'avait pris, avec dégoût. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, pages 227-228. Ø 49. Notre amour-propre a beau s'insurger là contre, nous ne sommes le plus souvent que des prétextes, et combien d'amants pourraient dire de leur maîtresse ce que Rivarol disait de sa chatte : qu'elle ne les caresse pas, mais qu'elle se caresse à eux!... Il fallait quelqu'un à cette femme. Je passais. Elle m'a pris... PAUL BOURGET, Nouveaux Essais de psychologie contemporaine, 1885, page 56. Ø 50. L'amour n'a pas grand'chose à voir avec les gestes sensuels. Une femme parfaite se choisirait un amant plein d'ardeur dans l'élite de la cavalerie française et, pour l'aimer d'amour, un prêtre austère, comme notre divin Lacordaire, dont le seul regard la pénétrera plus qu'aucune caresse dans aucun lit. MAURICE BARRÈS, Le Jardin de Bérénice, 1891, page 152. Ø 51. ELLE. — (...) que je devienne sa maîtresse? TOUS. — Oui! oui! oui! ELLE. — Ah! mais non... TOUS. — Pourquoi? ELLE. — Mais parce que j'ai dix amoureux fervents... Or, le jour où l'un des dix sera devenu mon amant... ce sera fini! LA BLONDE FANÉE. — Quoi, fini? ELLE. — Ils ne me feront plus la cour! Celui qui sera devenu mon amant ne me fera plus la cour, parce qu'il n'aura plus rien à obtenir de moi, et les neuf autres cesseront de m'adorer parce que je les aurai délaissés! SACHA GUITRY, Le Veilleur de nuit, 1911, I, page 4. Ø 52. JUPITER. — Pourquoi ne veux-tu pas d'amant? ALCMÈNE. — Parce que l'amant est toujours plus près de l'amour que de l'aimée. Parce que je ne supporte ma joie que sans limites, mon plaisir que sans réticence, mon abandon que sans bornes. Parce que je ne veux pas d'esclave et que je ne veux pas de maître. Parce qu'il est mal élevé de tromper son mari, fût-ce avec lui-même. JEAN GIRAUDOUX, Amphitryon 38, 1929, I, 6, page 65. Ø 53. EUGÉNIE. — La vie est dure pour les femmes comme Paola, Lucile. Elles ne demanderaient pas mieux que d'offrir une vierge à chacun de leurs nouveaux amants. Mais elles ont vingt amours, et elles n'ont qu'un corps. LUCILE. — Elles ont vingt corps, et pas d'amour. JEAN GIRAUDOUX, Pour Lucrèce, 1944, I, 6, page 47. Ø 54. La femme fonctionnaire (...) est protégée par son statut, elle est assurée de « gagner sa vie » par son travail; les caprices de son chef de bureau n'ont qu'une influence très limitée sur son destin : il lui est permis, tout comme à un homme, de considérer l'amour comme un plaisir; elle peut prendre un amant, elle n'est pas nécessairement prise. Elle est l'égale de son partenaire, il la respecte puisqu'il ne l'achète pas... ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 135. Remarque : 1. Exceptionnellement, la même valeur péjorative s'attache au féminin amante : Ø 55. Bientôt ils furent au courant des petits scandales du coin parisien qu'ils fréquentaient. Ils surent que telle dame était l'amante de tel monsieur, et que le mari connaissait et tolérait cette liaison; ils apprirent qu'un autre mari vivait avec sa maîtresse chez sa femme, ce qui permettait à celle-ci d'aimer où bon lui semblait. Ces histoires les étonnèrent profondément. ÉMILE ZOLA, Madeleine Férat, 1868, page 266. Remarque : 2. Amante peut être opposé à épouse : Ø 56.... chez ces simples, il y a le sentiment, le respect inné de la majesté de l'épouse; un abîme la sépare de l'amante, chose de plaisir, à qui, dans un sourire de dédain, on a l'air ensuite de rejeter les baisers de la nuit. Gaud était l'épouse, elle, et, dans le jour, il ne se souvenait plus de leurs caresses, qui semblaient ne pas compter tant ils étaient une même chair tous deux et pour toute la vie. JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, page 270. · Amant de hasard, de passage, d'un jour : Ø 57. Clara était un scandale, avait trois entreteneurs, disait-on, sans compter la queue d'amants de hasard, qu'elle traînait derrière elle... ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 514. Ø 58. Lui, s'était arrêté, regardant la maison, un discret hôtel meublé, lorsque, dans une petite femme blonde, voilée, qui sortait à son tour, il reconnut positivement Mme. Conin, la jolie papetière. C'était donc là, quand elle avait un coup de tendresse, qu'elle amenait ses amants d'un jour, tandis que son bon gros garçon de mari la croyait en course pour des factures! ÉMILE ZOLA, L'Argent, 1891, page 113. Ø 59. Elle ne revoyait pas ses amants passagers; elle savait se plaire à eux et les quittait vite avant de les aimer. PIERRE LOUÿS, Aphrodite, 1896, page 16. Ø 60. Emma Rouault, dès le couvent, s'identifie aux héroïnes de Walter Scott. Fiancée, elle se fait de l'amour une conception que le mariage déçoit. Elle cherche alors à percevoir dans un amant de passage « un fantôme, écrit Flaubert, fait de ses plus ardents souvenirs, de ses lectures les plus belles, de ses convoitises les plus fortes ». EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 378. 3. Au masculin pluriel. Couple uni hors ou avant mariage par des relations d'ordre physique : Ø 61. Plus loin sont deux amants; on en juge par l'empressement de l'un, les petites mignardises de l'autre et la gourmandise de tous les deux. Le plaisir brille dans leurs yeux; et par le choix qui préside à la composition de leur repas, le présent sert à deviner le passé et à prévoir l'avenir. JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 286. Ø 62. Parmi ces couples de la noce, eux seuls étaient des étrangers l'un pour l'autre; ailleurs dans le cortège, ce n'était que cousins et cousines, fiancés et fiancées. Des amants, il y en avait bien quelques paires aussi; car, dans ce pays de Paimpol, on va très loin en amour, à l'époque de la rentrée d'Islande. (Seulement on a le coeur honnête, et l'on s'épouse après.) JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Pêcheur d'Islande, 1886, page 46. Ø 63. Quand les corps se sont pris et que les coeurs se sont donnés et que les amants ont échangé tout l'amour, ils demeurent aussi séparés, aussi cachés l'un à l'autre! On ne se possède jamais. HENRY BERNSTEIN, Le Secret, 1913, III, 5, page 37. Ø 64.... Tristan ne hait pas Isolde, ni Isolde Tristan, et si les amants cherchent la mort c'est pour échapper aux séparations que cette vie leur impose. JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 193. B.— Plus rare, littéraire. [En parlant des relations intimes entre époux] Amant, amante, amants : Ø 65. J'en dirais davantage peut-être si le mouvement de ta lettre ne m'en ôtait pas le courage. Si tu m'aimes en amant, fuis donc ces airs de mari qui étouffent l'amour et font bien mal à l'amitié. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Lettres de jeunesse, 1786, page 81. Ø 66. Je t'écris, ma bonne amie, bien souvent, et toi peu. Tu es une méchante et une laide, bien laide, autant que tu es légère. Cela est perfide, tromper un pauvre mari, un tendre amant! Doit-il perdre ses droits parce qu'il est loin, chargé de besogne, de fatigue et de peine? Sans sa Joséphine, sans l'assurance de son amour, que lui reste-t-il sur la terre? NAPOLÉON 1ER, Lettres à Joséphine, 1796, page 57. Ø 67.... au temps où vous étiez plongés l'un et l'autre dans les délices de l'aurore conjugale, votre femme, en véritable amante, fit constamment votre volonté : heureuse de pouvoir vous prouver son amour, elle aurait désiré que vous lui eussiez commandé de marcher sur le bord des gouttières, et, sur-le-champ, agile comme un écureuil, elle eût parcouru les toits. HONORÉ DE BALZAC, Physiologie du mariage, 1826, page 104. Ø 68. Léonide et son mari sont encore amants : la preuve peut-être, c'est que depuis une grande demi-heure que le déjeuner est commencé, ils ne se parlent pas, ils se boudent. LÉON GOZLAN, Le Notaire de Chantilly, 1836, page 18. Ø 69. La meute, qui est au loin et qu'on entend à peine, mêlée au cor et perdue profondément dans les halliers, dit tout bas avec un vague bruit de fanfare : songe à ton amant. Le rouet, qui force la belle rêveuse à baisser les yeux, dit tout haut et sans cesse avec sa petite voix douce et sévère : songe à ton mari. Et, quand le mari et l'amant ne font qu'un, tout va bien. Mariez donc la fileuse au chasseur, et ne craignez rien. VICTOR HUGO, Le Rhin, 1842, page 187. Ø 70. MARCELINE. — Je sais que tu m'aimes comme je veux être aimée. Les premiers jours de notre mariage, tu as su être mon amant. Tu n'avais pas encore oublié tes amours anciennes. Après, tu m'aimais trop, tu m'aimais mal. Tu m'adorais. Tu m'as ennuyée. MARCEL ACHARD, Jean de la Lune, 1929, III, 4, page 30. Ø 71.... il s'était glissé comme un amant dans la chambre de sa femme. Pour la première et la seule fois peut-être, il avait été vraiment son amant. En une minute, tout était rentré dans l'ordre de la passion d'Agnès. Elle était, elle serait toujours à lui. PIERRE DRIEU LA ROCHELLE, Rêveuse bourgeoisie, 1939, page 184. Remarque : Cet emploi rappelle parfois l'emploi signalé supra I B. III.— Emplois figurés, littéraires. A.— Par métaphore. Personne qui éprouve ou manifeste un goût prononcé pour une chose. 1. Concrète. Amant de la nature : Ø 72. Ces voyageurs illustres, amants ardents de la nature, souvent sans moyens, sans secours, l'ont suivie aux déserts, observée et surprise dans ses mystérieuses retraites, s'imposant la soif et la faim, d'incroyables fatigues, ne se plaignant jamais, se croyant trop récompensés, pleins d'amour, de reconnaissance à chaque découverte... JULES MICHELET, L'Oiseau, 1856, page 37. Ø 73.... Le pâtre, sur son grand bâton Penché, les mains sous le menton, Est l'amant rêveur de la lande; Le bûcheron chérit les bois, Le matelot l'onde marine; De tous leurs amours à la fois Le poète emplit sa poitrine! ARMAND PRUDHOMME, DIT SULLY PRUDHOMME, La Justice, Veille 10, 1878, page 251. Ø 74. Ses pères avaient été les jaloux amants des pins et de la vigne. Son père, Numa Cazenave, avait voulu qu'on mît sur sa tombe l'argile grasse d'une propriété qu'il chérissait entre toutes. Au moment de prendre femme, il dut demander à un ami comment on se sert d'une femme. FRANÇOIS MAURIAC, Génitrix, 1923, page 365. Ø 75. Et cependant, nous avons aimé le désert. S'il n'est d'abord que vide et que silence, c'est qu'il ne s'offre point aux amants d'un jour. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, page 187. 2. Abstraite. Amant de la gloire : Ø 76. Si quelque nouveau venu se présente, la flagornerie seule peut lui ouvrir les portes; et comme les confrères ne sont pas ennemis de la bonne chère, ils donnent toujours la préférence aux favoris de la fortune. Pris individuellement, ils se ressemblent tous. Faux amants de la vérité, apôtres sincères du mensonge, adorateurs de la fortune; peu appliqués, peu instruits, peu dociles; mais très dissipés, très présomptueux, très entêtés, ils sont curieux de distinctions et passionnés pour l'or... JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Les Charlatans modernes, 1791, page 289. Ø 77. La guerre n'était donc plus ce noble et commun élan d'âmes amantes de la gloire qu'il s'était figuré d'après les proclamations de Napoléon! HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 49. Ø 78. Qu'il en reste encore un peu sur la terre, de ceux qui aiment le beau. Hein! les pauvres amants du style, comme ils s'en vont! GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1869, page 46. Ø 79.... Napoléon (par exemple) est un héros; il est un modèle d'énergie, d'imagination, de volonté, une grande âme pourvue d'un intellect prodigieusement net, un amant de la grandeur idéale, qui aime la puissance et la gloire d'une amour passionnée à la Stendhal. PAUL VALÉRY, Variété II, 1929, page 84. Ø 80. LA FOLLE. — Êtes-vous percepteur, ou amant de la vie? LE SERGENT DE VILLE. — Amant de la vie? LA FOLLE. — Oui, qu'est-ce qui vous plaît, à vous, dans la vie, sergent! Pour avoir choisi d'être son champion, et en uniforme, il faut bien que vous y ayiez des joies, secrètes ou publiques... Dites-les-lui... Et n'en rougissez pas. LE SERGENT DE VILLE. — Je n'en rougis pas. J'ai des passions. J'aime le piquet. JEAN GIRAUDOUX, La Folle de Chaillot, 1944, I, page 63. — Péjoratif : Ø 81. « Amant efféminé de la paresse orientale, amoureux de mes rêves, sensuel, j'ai toujours travaillé, me refusant à goûter les jouissances de la vie parisienne. Gourmand, j'ai été sobre; aimant et la marche et les voyages maritimes, désirant visiter plusieurs pays, trouvant encore du plaisir à faire, comme un enfant, ricocher des cailloux sur l'eau, je suis resté constamment assis, une plume à la main... » HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 104. — Spécialement. Amant des muses. Artiste, poète : Ø 82.... Chion, Léonidas en poignardant Cléarque, Ont montré qu'ils étaient disciples de Platon; Harmodius n'avait point de poil au menton Quand il dit : je tuerai le tyran; il le tue; Et la Grèce lui fait dresser une statue Qui tenait à la main une épée et des fleurs. On peut frapper le roi qui vit de vos malheurs, L'usurpateur armé de forfaits et de ruses; C'était l'opinion des Grecs amants des muses, Peuple si délicat que, sous ces nobles cieux, Les orfèvres, sculpteurs des métaux précieux, Moulaient les coupes d'or sur la gorge des femmes. VICTOR HUGO, La Légende des siècles, tome 6, Les Quatre jours d'Elciis, 1883, pages 134-135. Ø 83. D'autres [poètes] retrouvaient savamment la naïveté et les grâces spontanées de l'ancienne poésie populaire. La philologie, la phonétique étaient citées aux débats éternels de ces rigoureux amants de la muse. PAUL VALÉRY, Variété I, 1924, page 107. B.— Par personnification ou allégorie. 1. [En parlant d'animaux] : Ø 84.... Rodolphe entendit dans l'escalier un miaulement prolongé, auquel son chat écarlate répondit par un autre miaulement, en essayant avec subtilité une évasion par la porte entre-bâillée. — Pauvre Roméo! dit Rodolphe, voilà sa Juliette qui l'appelle; allons, va, fit-il en ouvrant sa porte à la bête enamourée qui ne fit qu'un bond de l'escalier jusque entre les pattes de son amante. HENRI MURGER, Scènes de la vie de bohème, 1851, page 153. — En particulier. [En parlant d'oiseaux, d'insectes, etc.] : Ø 85.... je le sens qui glisse en moi dans une nuit enchantée par la voix du rossignol. Rapprochez-vous, c'est un amant; mais éloignez-vous, c'est un dieu. La mélodie, ici vibrante et d'un brûlant appel aux sens, là-bas grandit et s'amplifie par les effets de la brise; c'est un chant religieux qui emplit toute la forêt. De près, il s'agissait du nid, de l'amante, du fils qui doit naître; mais, de loin, autre est cette amante, autre est le fils; c'est la nature, mère et fille, amante éternelle, qui se chante et se célèbre; c'est l'infini de l'amour qui aime en tous et chante en tous; ce sont les attendrissements, les cantiques, les remercîments, qui s'échangent de la terre au ciel. JULES MICHELET, L'Oiseau, 1856, page 263. Ø 86.... les ouvrières, par une sorte d'indulgence oublieuse, ou peut-être par une prévoyance excessive, tolèrent quelque temps encore la présence importune et ruineuse des mâles. — Ceux-ci se conduisent dans la ruche comme les prétendants de Pénélope dans la maison d'Ulysse. Ils y mènent, en faisant carrousse et chère lie, une oisive existence d'amants honoraires, prodigues et indélicats... MAURICE MAETERLINCK, La Vie des abeilles, 1901, page 247. Ø 87.... un ballet de papillons palpitait comme la chaleur. Quand l'aimée se posait sur une branche, autour d'elle l'amant tournoyait, et chaque fois qu'il s'approchait davantage, l'aimée frémissait dans ses ailes... Ils s'enfuirent et, tandis qu'elle volait, rythmiquement il la bouclait de son vol. HENRI DE MONTHERLANT, Encore un instant de bonheur, 1934, page 720. 2. [En parlant de choses concrètes ou abstraites] : Ø 88. Je livrerai les hommes à leur propre raison; je leur enverrai mon fils, l'Athéisme, amant de la mort et ennemi de l'espérance. Ils en viendront jusqu'à nier l'existence de celui qui les créa. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Les Martyrs ou le Triomphe de la religion chrétienne, tome 2, 1810, page 50. Ø 89. J'étais mollement couché sur les bords du fleuve, ou plutôt sur les bords de ce rivage mixte qui voit tout à coup la Saône s'unir aux flots du Rhône, ses flots limpides résister aux flots jaunâtres de son amant, résister plus mollement ensuite, puis enfin, s'avouant vaincue, se mêler entièrement avec son maître et rouler dans le même lit. JULES JANIN, L'Âne mort et la femme guillotinée, 1829, page 121. Ø 90.... La mort a rencontré sur terre un amoureux, Un être qui l'adore, un amant vigoureux Qui la serre en ses bras d'une étreinte profane, L'asseoit sur ses genoux comme une courtisane, L'entraîne avec ivresse à sa table, à son lit, Et comme un vieux satyre avec elle s'unit! Hideux accouplement! Aussi de préférence À tout autre pays la mort aime la France... AUGUSTE BARBIER, Ïambes et poèmes, Ïambes, 1840, page 72. Ø 91. « Trop noble pour être courtisane, trop gracieuse pour être mère, Venise l'ensorceleuse est amante et seulement amante; belle à faire pleurer, elle connaît, au par-dessus, le pouvoir des vieux charmes païens, et elle se plaît à régner sur nos coeurs par le mystère autant que par la grâce... » OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 74. Ø 92. C'était un de ces premiers jours où la forêt, comme une femme qui a longtemps résisté, se laisse enfin aller toute aux caresses de l'amant, où elle chante de toutes ses sèves, où les grands baisers du soleil l'ont investie comme un amour victorieux et conquise et pénétrée toute... LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, page 109. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 6 388. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 11 471, b) 10 875; XXe. siècle : a) 9 153, b) 6 045.

« soir. ?MILE ZOLA, La B?te humaine, 1890, page 198.

? 4.

Elle l'appelait de tout son orgueil, de toute sa passion fouett?e par la lutte et le danger, de toutes les tendresses enfantines qui survivaient dans un coin f?minin de son coeur; elle le voulait, de toutes les attaches secr?tes qui s'?taient form?es, pour et par cet amant, au plus intime de la femme, de l'amante furieuse qu'elle pouvait ?tre sous ses baisers, uniquement sous ceux-l?... EUG?NE MELCHIOR, VICOMTE DE VOG??, Les Morts qui parlent, 1899, page 321.

? En particulier.

Amant Amoureux id?al?: ? 5.

Une jeune fille, croyant que son amant a p?ri dans les guerres, s'est faite religieuse ? J?rusalem, dans un ordre consacr? ? servir les malades.

On am?ne dans son couvent un chevalier dangereusement bless?: elle vient couverte de son voile, et, ne levant pas les yeux sur lui, elle se met ? genoux pour le panser.

Le chevalier, dans ce moment de douleur, prononce le nom de sa ma?tresse; l'infortun?e reconno?t ainsi son amant. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STA?L, De l'Allemagne, tome 3, 1810, page 166.

? 6.

C'?tait L?andre, la b?te noire des p?res, des maris, des tuteurs, l'amour des femmes, des filles et des pupilles; l'amant en un mot, celui qu'on r?ve, qu'on attend et qu'on cherche, qui doit tenir les promesses de l'id?al, r?aliser la chim?re des po?mes, des com?dies et des romans, ?tre la jeunesse, la passion, le bonheur, ne partager aucune mis?re de l'humanit?, n'avoir jamais ni faim, ni soif, ni chaud, ni froid, ni peur, ni fatigue, ni maladie; mais toujours ?tre pr?t, la nuit, le jour, ? pousser des soupirs, ? roucouler des d?clarations, ? s?duire les du?gnes, ? soudoyer les suivantes, ? grimper aux ?chelles, ? mettre flamberge au vent en cas de rivalit? ou de surprise, et cela, ras? de frais, bien fris?, avec des recherches de linge et d'habits, l'oeil en coulisse, la bouche en coeur comme un h?ros de cire. TH?OPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 111.

? P?joratif?: ? 7.

La morale des chansons populaires est ? la fois tr?s l?g?re et tr?s sombre?: le peuple y appara?t comme uniquement en qu?te du plaisir, et principalement de l'amour.

Si l'amour est souvent tragique, le mariage est grotesque ou terrible?: tromper ses parents, voil? l'affaire de la fille; tromper son mari, voil? l'affaire de la. »

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