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Définition: ANGOISSE, substantif féminin.

Publié le 22/10/2015

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Définition: ANGOISSE, substantif féminin. A.— 1. Vieilli. Sensation de resserrement, douleur physique localisée : Ø 1. La diète n'a pas une moindre influence sur le sommeil et sur les rêves. Celui qui a besoin de manger ne peut pas dormir; les angoisses de son estomac le tiennent dans un réveil douloureux, et si la faiblesse et l'épuisement le forcent à s'assoupir, ce sommeil est léger, inquiet et interrompu. JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 214. Ø 2. — Qu'as-tu? Qu'as-tu? lui disais-je, où souffres-tu? — Là, me répondit-elle d'une voix étranglée par la douleur, en portant la main à la région précordiale, j'éprouve là une angoisse inexprimable! Son pouls battait avec violence; des convulsions la secouaient tout entière. MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, page 193. 2. Locution. [Par référence à la sensation de resserrement] Poire d'angoisse. a) Poire d'un goût très âpre, qu'on a peine à avaler. — Au figuré, vieux et littéraire. Mauvais traitements, mortifications, vifs déplaisirs, grands chagrins : Ø 3. Les ennuis commencent : moires de sueur, siphons glacés, bâillements, morves, larmes, poire d'angoisse, noeud au plexus solaire. JEAN COCTEAU, Poésie critique 2, Monologues, 1960, page 38. · Familier. Avaler des poires d'angoisse. b) Vieux " La poire d'angoisse était une sorte de bâillon dont le centre était composé d'une poche de cuir remplie de son, qu'on pouvait mâcher à loisir sans pouvoir rendre au dehors aucune articulation sensible. " (Gérard de Nerval, Les Illuminés, 1852, page 51). Remarque : Une définition plus courante présente la poire d'angoisse comme un instrument en fer dont se servaient autrefois les voleurs pour bâillonner quelqu'un, et qui, introduit dans la bouche, s'ouvrait au moyen d'un ressort, se développait en forme de poire, et étouffait complètement les cris du supplicié. — Au figuré : Ø 4. Si la progression des soviets et l'action de leurs agents faisaient subir à certains gouvernements réfugiés le supplice de la poire d'angoisse, par contre le président Benès et ses ministres affectaient de s'en inquiéter peu pour la Tchécoslovaquie. CHARLES DE GAULLE, Mémoires de guerre, L'Unité, 1956, page 203. 3. Par extension, littéraire, généralement au pluriel. Toute souffrance physique très violente : Ø 5. Elle ressemblait ainsi à un criminel dans les angoisses de la question. HONORÉ DE BALZAC, La Muse du département, 1844, page 129. Ø 6. Nuit exécrable, malgré le soporifique nouveau que j'avais pris (recommandé par Berthelot). J'y ai même ajouté du gardénal, voyant que le « sédormid » n'obtenait rien. Gênes et angoisses respiratoires. Me suis relevé peut-être douze fois, ivre, chancelant, excédé... ANDRÉ GIDE, Carnets d'Égypte, 1939, page 1064. · Les dernières angoisses. L'agonie : Ø 7. Après tant de souffrances aiguës, il [mon mari] mourut presque doucement (...) M. d'Eblis (...) était venu l'assister dans ses angoisses suprêmes... OCTAVE FEUILLET, Le Journal d'une femme, 1878, page 239. B.— Langue courante. Inquiétude intense, liée à une situation d'attente, de doute, de solitude et qui fait pressentir des malheurs ou des souffrances graves devant lesquels on se sent impuissant Antonymes : sérénité, quiétude : Ø 8. Ce n'était plus l'apaisement du baiser de ma mère à Combray que j'éprouvais auprès d'Albertine, ces soirs-là, mais, au contraire, l'angoisse de ceux où ma mère me disait à peine bonsoir, ou même ne montait pas dans ma chambre, soit qu'elle fût fâchée contre moi ou retenue par des invités. MARCEL PROUST, La Prisonnière, 1922, page 111. Ø 9. Il [Amiel] est souvent un peu ridicule, et quelquefois touchant à force de sincérité. C'est sa lourdeur qu'il est difficile d'accepter, mais de temps à autre, on a l'impression qu'il a ressenti l'angoisse de vivre, l'inquiétude de se sentir seul dans un univers incompréhensible; et c'est ce qui réhabilite ce sentencieux personnage. JULIEN GREEN, Journal, 1941, page 147. Ø 10. L'angoisse est due à la perte d'une identité véritable. Si j'attends un message dont dépend mon bonheur ou mon désespoir, je suis comme rejeté dans le néant. Tant que l'incertitude me tient en suspens, mes sentiments et mes attitudes ne sont plus qu'un déguisement provisoire. Le temps cesse de fonder, seconde par seconde, comme il bâtit l'arbre, le personnage véritable qui m'habitera dans une heure. Ce moi inconnu marche à ma rencontre, de l'extérieur, comme un fantôme. Alors j'éprouve une sensation d'angoisse. ANTOINE DE SAINT-EXUPÉRY, Pilote de guerre, 1942, page 281. Ø 11. Une personne que j'aime m'a dit qu'elle avait grand-peine à s'endormir, à cause de l'angoisse qui l'étreint lorsqu'elle a éteint la lumière. C'est l'angoisse de la solitude, la peur de s'en aller dans la nuit. JULIEN GREEN, Journal, Le Bel aujourd'hui, 1955-1958, page 272. SYNTAXE : Une angoisse mortelle; une grande angoisse; une angoisse profonde, horrible, affreuse; une angoisse inexprimable, indicible; une angoisse sourde; une vague angoisse; une légère angoisse; un moment, des jours, des heures, des minutes d'angoisse; un sentiment, une sensation d'angoisse; un regard d'angoisse; être en proie à l'angoisse; attendre, vivre dans l'angoisse; éprouver de l'angoisse; connaître l'angoisse; augmenter, calmer l'angoisse (de quelqu'un); emplir (quelqu'un) d'angoisse; (demander) avec angoisse. — Locution vieillie. Être à l'eau d'angoisse et au pain de tribulation. " Se dit des moines que leurs supérieurs enferment, par punition, dans les cachots, et mettent au pain et à l'eau. " (Dictionnaire de la langue française (ÉMILE LITTRÉ)) : Ø 12. L'Église reconnut Simone hérétique et la mit, pour salutaire pénitence, au pain de douleur et à l'eau d'angoisse. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Les Contes de Jacques Tournebroche, 1908, page 85. Remarque : Attesté également dans DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, Nouveau Larousse illustré, Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmesteter). — Spécialement. PHILOSOPHIE (notamment existentialiste). Inquiétude spirituelle et morale en face de l'inconnu de l'existence personnelle et collective : Ø 13.... qu'entend-on par angoisse? L'existentialiste déclare volontiers que l'homme est angoisse. Cela signifie ceci : l'homme qui s'engage et qui se rend compte qu'il est non seulement celui qu'il choisit d'être, mais encore un législateur choisissant en même temps que soi l'humanité entière, ne saurait échapper au sentiment de sa totale et profonde responsabilité. Certes, beaucoup de gens ne sont pas anxieux; mais nous prétendons qu'ils se masquent leur angoisse, qu'ils la fuient;... JEAN-PAUL SARTRE, L'Existentialisme est un humanisme, 1946, pages 27-28. C.— MÉDECINE. Malaise caractérisé par une peur intense accompagnée de sensations de resserrement à la région épigastrique, d'oppression respiratoire et cardiaque, de sueurs, de frissons, ou au contraire d'une sensation de chaleur. Une angoisse nerveuse; un cri d'angoisse : Ø 14. Lorsque sept heures du soir s'approchèrent, les angoisses de Dantès commencèrent véritablement. Sa main, appuyée sur son coeur, essayait d'en comprimer les battements, tandis que de l'autre il essuyait la sueur de son front qui ruisselait le long de ses tempes. De temps en temps des frissons lui couraient par tout le corps et lui serraient le coeur comme dans un étau glacé. Alors il croyait qu'il allait mourir. ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Le Comte de Monte-Cristo, tome 1, 1846, page 249. Ø 15.... huit heures sonnèrent à l'horloge. J'entendis la Sorbonne et le Val-de-Grâce qui répétaient lentement ces huit coups qui m'avaient semblé ne devoir jamais venir. Une angoisse profonde me serrait la gorge, mes artères battaient violemment à mes tempes, mes paupières étaient chaudes, une insupportable chaleur brûlait mes mains desséchées, une émotion puissante me contractait le diaphragme, et, comme disent les malades, je ne pouvais rattraper ma respiration; enfin, pour parler le langage scientifique, le grand nerf pneumogastrique communiquait à tout mon être les inquiétudes qu'il puisait dans mon cerveau. MAXIME DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, page 63. Ø 16. Il reparle de son « taedium vitae », qui devient par instants une souffrance physique, une angoisse nerveuse et musculaire insupportable. ANDRÉ GIDE, Journal, 1923, page 751. Ø 17. Les troubles physiologiques et psychologiques de l'angoisse constitutionnelle sont à prédominance matinale. Les premiers sont si obsédants qu'on a longtemps voulu expliquer l'angoisse par ses seuls symptômes organiques. Mais chacun d'eux peut se présenter indépendamment de l'angoisse : c'est elle qui les groupe en un tableau psychique significatif. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 233. SYNTAXE : Une sueur d'angoisse; un frisson d'— ; une expression d'— ; crier, suer, frissonner d'— ; être saisi d'— ; être étreint, serré par l'angoisse. — PSYCHOLOGIE. Névrose d'angoisse : Ø 18. Cette névrose [la névrose d'angoisse] procède soit par crises, souvent soudaines et raptus, laissant le malade brisé et redoutant la mort subite, la folie, l'abolition de ses moyens d'existence ou de sa vie sociale, soit par périodes prolongées d'hyperémotivité, sans cause extérieure, évoluant souvent vers un état habituel d'inquiétude, sinon d'affolement, avec besoin de protection et d'assistance... Manuel alphabétique de psychiatrie clinique et thérapeutique (ANTOINE POROT) 1960. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 5 057. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 019, b) 6 207; XXe. siècle : a) 8 573, b) 10 448. Forme dérivée du verbe "angoisser" angoisser ANGOISSER, verbe transitif. A.— [Le sujet est un substantif désignant un état (le plus souvent affectif), une sensation, un événement, ou leur perception intellectuelle ou visuelle] Causer de l'angoisse, une inquiétude extrêmement vive à quelqu'un, à une faculté de l'âme, etc. : Ø 1. Cette pitié qui lui angoissait le coeur le faisait vivre encore avec Fanny, malgré la rupture. ALPHONSE DAUDET, Sapho, 1884, page 297. Ø 2. Quand la société traverse des circonstances qui l'attristent, l'angoissent ou l'irritent, elle exerce sur ses membres une pression pour qu'ils témoignent, par des actes significatifs, de leur tristesse, de leur angoisse, ou de leur colère. ÉMILE DURKHEIM, Les Formes élémentaires de la vie religieuse, Le Système totémique en Australie, 1912, page 389. Ø 3. Dans l'andante reparaît le génie formidable qui a saisi, angoissé notre âme dans l'Allegro [de la Ve. Symphonie] . JACQUES-GABRIEL PROD'HOMME, Les Symphonies de Beethoven, 1921, page 208. Ø 4. La lune m'angoisse. La crainte que j'en ai vient de mon enfance et d'une illustration de Jules Verne qui préfigurait celles de Max Ernst (...) Est-ce le mot docteur, la falaise, la silhouette sombre des deux personnages, toujours est-il que cette petite phrase me jetait dans les transes. Il n'en reste pas moins vrai que je ne puis voir la lune que les poètes décrivent, mais une boule, effrayante, une épave, une ruine éclairée au néon. JEAN COCTEAU, Poésie critique, 1959-60, page 239. — Absolument : Ø 5. D'ailleurs, la mort, parfois, tue d'un coup, sans souffrance, tandis que la faim vous talonne une armée pendant des jours. Elle ne terrorise ni n'anéantit. Elle angoisse, elle affole; et quand elle tient ses hommes et qu'elle en fait des loques ou des fauves, il n'y a plus d'obus qui comptent et l'ennemi n'est qu'un petit péril. RENÉ BENJAMIN, Gaspard, 1915, page 35. B.— Emploi pronominal. [Le sujet désigne une personne, son coeur, son âme...] Éprouver de l'angoisse, un tourment douloureux, une inquiétude vive. S'angoisser de quelque chose : Ø 6. La peur naît de la perception d'un danger que nous connaissons présentement ou que du moins nous pouvons identifier. Nous nous angoissons au contraire d'un danger que nous pressentons plutôt que nous ne le connaissons. Même, nous inventons des raisons de nous angoisser et nous créons des images qui nous effraient. JULES VUILLEMIN, Essai sur la signification de la mort, 1949, page 188. — Absolument : Ø 7. Il y a, pour les hommes, bien d'autres occasions [que la mort] de s'attrister ou de s'angoisser... ÉMILE DURKHEIM, Les Formes élémentaires de la vie religieuse, Le Système totémique en Australie, 1912, page 576. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 49.

« (G?rard de Nerval, Les Illumin?s, 1852, page 51).

Remarque?: Une d?finition plus courante pr?sente la poire d'angoisse comme un instrument en fer dont se servaient autrefois les voleurs pour b?illonner quelqu'un, et qui, introduit dans la bouche, s'ouvrait au moyen d'un ressort, se d?veloppait en forme de poire, et ?touffait compl?tement les cris du supplici?.

? Au figur?: ? 4.

Si la progression des soviets et l'action de leurs agents faisaient subir ? certains gouvernements r?fugi?s le supplice de la poire d'angoisse, par contre le pr?sident Ben?s et ses ministres affectaient de s'en inqui?ter peu pour la Tch?coslovaquie. CHARLES DE GAULLE, M?moires de guerre, L'Unit?, 1956, page 203.

3.

Par extension, litt?raire, g?n?ralement au pluriel.

Toute souffrance physique tr?s violente?: ? 5.

Elle ressemblait ainsi ? un criminel dans les angoisses de la question. HONOR? DE BALZAC, La Muse du d?partement, 1844, page 129.

? 6.

Nuit ex?crable, malgr? le soporifique nouveau que j'avais pris (recommand? par Berthelot).

J'y ai m?me ajout? du gard?nal, voyant que le ? s?dormid ? n'obtenait rien.

G?nes et angoisses respiratoires.

Me suis relev? peut-?tre douze fois, ivre, chancelant, exc?d?... ANDR? GIDE, Carnets d'?gypte, 1939, page 1064.

? Les derni?res angoisses.

L'agonie?: ? 7.

Apr?s tant de souffrances aigu?s, il [mon mari] mourut presque doucement (...) M.

d'Eblis (...) ?tait venu l'assister dans ses angoisses supr?mes... OCTAVE FEUILLET, Le Journal d'une femme, 1878, page 239.

B.? Langue courante.

Inqui?tude intense, li?e ? une situation d'attente, de doute, de solitude et qui fait pressentir des malheurs ou des souffrances graves devant lesquels on se sent impuissant Antonymes?: s?r?nit?, qui?tude?: ? 8.

Ce n'?tait plus l'apaisement du baiser de ma m?re ? Combray que j'?prouvais aupr?s d'Albertine, ces soirs-l?, mais, au contraire, l'angoisse de ceux o? ma m?re me disait ? peine bonsoir, ou m?me ne montait pas dans ma chambre, soit qu'elle f?t f?ch?e contre moi ou retenue par des invit?s.. »

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