Définition: BOUDINÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Définition: BOUDINÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif. Familier. I.— Participe passé de boudiner* II.— Emploi adjectival. A.— [S'appliquant à une personne] Serré dans un vêtement au point de ressembler à un boudin. 1. [Généralement construit avec la préposition dans] Corps de soixante-dix ans boudiné dans un complet trop juste (FRANÇOIS MAURIAC, Journal 2, 1937, page 183) : Ø 1. Boudiné dans des petits vêtements étriqués qui faisaient ressortir ses formes de mauviette, il [Poirier] jouait à l'athlète... LÉON DAUDET, Devant la douleur, 1931, page 76. 2. Absolument... des femmes du trottoir, boudinées et les cheveux beurrés (LOUIS ARAGON, Les Beaux Quartiers, 1936, page 353) B.— [S'appliquant à une partie du corps, et plus généralement aux mains ou aux doigts] Boursouflé, épais. ... il m'étale sa grosse main boudinée, la main du portier des Chartreux dessinée par Boucher (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1862, page 1023 ). III.— Emploi comme substantif, très familier. Élégant prétentieux de la fin du XIXe. siècle portant une redingote étriquée. Guy de Quéant, ce boudiné qui sourit comme un sphinx (JOSÉPHIN PÉLADAN, Le Vice suprême, 1884, page 63) : Ø 2. « Voici que les ex-lions, les anciens dandys, les feus crevés, les ci-devant gommeux prétendent au nom élégant de boudinés. Ce vocable leur paraît rendre d'une façon imagée, l'étroitesse de leur costume; il répond... à cet ensemble de tenue qui leur donne l'air de boudins montés sur pattes » (Richepin). HECTOR FRANCE, Dictionnaire-journal; les compléments, vocabulaire de la langue verte, 1907. Remarque : Lancé, semble-t-il, par Richepin a connu quelques succès vers les années 1883-85 (d'après les dictionnaires d'argot de l'époque : Les excentricités du langage français (LORÉDAN LARCHEY) 1880; Gustave Fustier, Suppl, au dictionnaire de la langue verte d'Alfred Delvau, 1883; Rossignol, Dictionnaire d'argot, argot-français et français-argot, 1901). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 21. Forme dérivée du verbe "boudiner" boudiner BOUDINER, verbe transitif. A.— Langage technique. Exécuter l'opération du boudinage. 1. INDUSTRIE TEXTILE. (Confer boudinage A). 2. TECHNOLOGIE. (Confer boudinage B). Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux. B.— Usuel, familier. [Par analogie avec la forme du boudin] 1. Emploi transitif, rare. a) [Le sujet désigne une personne] Serrer exagérément quelqu'un. Il est un peu étriqué [Charlemagne] , le tailleur n'a pu s'empêcher de le boudiner légèrement (SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, O province, 1890, page 25 ). — Emploi absolu, argot des artistes " Dessiner sans modeler comme il le faudrait, faire par exemple des bras ronds et unis comme des boudins " (Dictionnaire des dictionnaires (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892). Remarque : Attesté dans Alfred Delvau, Dictionnaire de la langue verte, 1866; Dictionnaire de la langue verte (Hector France) 1907. b) [Le sujet désigne un vêtement (veston, corset, etc.)] même sens : Ø Elle n'avait sauvé de sa jeunesse que des épaules magnifiques et de beaux cheveux blonds qui n'étaient pas encore rares. Tout le reste avait sombré dans un de ces embonpoints impitoyables que la quarantaine déchaîne, et que les corsets, selon l'heureuse expression d'une femme, boudinent vainement. Sa beauté ressemblait à une ville enfouie : il fallait s'orienter pour retrouver l'emplacement de sa taille. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, page 53. 2. Emploi pronominal. a) Emploi réfléchi (au sens B 1 a) Il se boudinait dans une pelisse à col d'opossum (JEAN COCTEAU, La Difficulté d'être, 1947, page 59 ). b) [Le sujet désigne une partie du corps] Enfler de manière à ressembler à un boudin. Ses jambes enflaient; ses doigts se boudinaient (PAUL MORAND, Les Extravagants, 1936, page 239 ). Remarque : Dans ce sens, on trouve aussi l'emploi intransitif absolu : Ses doigts plutôt boudinent (JEAN GIRAUDOUX, La Folle de Chaillot, 1944, page 49). DÉRIVÉS : Boudinement, substantif masculin. néologisme d'auteur. Action de boudiner. « On le sentait très fort, sous le boudinement de ses petites jaquettes; ses pantalons paraissaient toujours trop étroits et ses bras se terminaient trop tôt par des mains moins longues que larges » (ANDRÉ GIDE, Si le grain ne meurt, 1924, page 537 ).