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Définition: BOUE, substantif féminin.

Publié le 05/11/2015

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Définition: BOUE, substantif féminin. I.— A.— Mélange de terre ou de poussière et d'eau formant une couche plus ou moins épaisse et plus ou moins sale sur le sol. Synonymes littéraires : fange, vieux. crotte, familier gadoue : Ø 1. Le chemin où ces messieurs s'engagèrent était affreux. Il avait plu toute la nuit. Le sol détrempé devenait un fleuve de boue, entre les maisons écroulées, sur cette route tracée en pleines terres molles, où les tombereaux de transport entraient jusqu'aux moyeux. ÉMILE ZOLA, La Curée, 1872, page 581. — HISTOIRE : Ø 2. Leur projet était, disait-on, de s'emparer du roi, de tuer la reine de France, la reine de Sicile, le chancelier, le prévôt et beaucoup d'autres; de promener dans un tombereau de boue le duc de Berri et le roi de Sicile, la tête rasée et en méchans habits, et de les faire périr après les avoir livrés aux insultes de la populace. PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 4, 1821-24, page 97. — FINANCES ANCIENNES. Boues et lanternes. Taxe qu'on payait pour l'enlèvement des boues et l'éclairage des rues : Ø 3. En qualité de franc-bourgeois, tu n'auras à payer ni boues, ni pauvres, ni lanternes, à quoi sont sujets les bourgeois de Paris. VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 106. — Par métonymie, par plaisanterie. Lieu rempli de boue. Il vit dans les boues des environs (JULES BARBEY D'AUREVILLY, 1er. Memorandum, 1838, page 73 ). — Expression figurée (boue est employé comme terme de comparaison). Mettre plus bas que la boue; mépriser comme (plus que) la boue (de ses souliers) : Ø 4. Je m'humilierai de toutes mes forces, je m'abaisserai plus bas que la boue, plus bas que les fourmis et que les vers de terre. Toi seul es haut! Je ne cherche pas à te trouver, mais à t'aimer! GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 488. Remarque : Dans un contexte de guerre, boue est associé à sang. De la guerre, il avait surtout un souvenir de boue et de sang (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, Épilogue, 1940, page 830). B.— Par extension. Mélange extrêmement sale de terre, d'eau et d'immondices : Ø 5. Tout l'engrais humain et animal que le monde perd, rendu à la terre au lieu d'être jeté à l'eau, suffirait à nourrir le monde. Ces tas d'ordures du coin des bornes, ces tombereaux de boue cahotés la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux de la voirie, ces fétides écoulements de fange souterraine que le pavé vous cache, savez-vous ce que c'est? C'est de la prairie en fleur, c'est de l'herbe verte,... VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 506. · Par métaphore. Toujours entre ceux que j'ai voulu posséder et moi, s'étendait ce pays fétide, ce marécage, cette boue (FRANÇOIS MAURIAC, Le Désert de l'amour, 1924, page 211 ). C.— Spécialement. 1. Terre délayée utilisée comme matériau : Ø 6. Toutes les maisons sont en boue. Cette boue, prise dans les jardins, délayée, puis coupée par tranches et séchée au soleil, est superposée par assises, à peu près comme de la brique, et mastiquée avec la boue liquide, en guise de mortier. EUGÈNE FROMENTIN, Un Été dans le Sahara, 1857, page 143. · Par métaphore : Ø 7. Il faut mépriser le public, le violer, le scandaliser, quand en cela, on suit sa sensation et qu'on obéit à sa nature. Le public, c'est de la boue qu'on pétrit et dont on se fait des lecteurs. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1865, page 125. · Expression au figuré (marque le mépris) [En parlant d'une personne ou d'une chose] (Fait) de boue et de crachat. Fait de mauvais matériaux, peu solide. Ce misérable mur de boue et de crachat (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 138 ). 2. Terre détrempée qui possède certaines propriétés. a) Terre fertile que déposent certaines eaux. Synonymes : limon, alluvion. La boue fertilisante des crues du Nil (MICHEL CARON, SERGE HUTIN, Les Alchimistes, 1959, page 116 ). Par métonymie. [En parlant de l'eau même du Nil] : Ø 8. Le Nil plus bourbeux que jamais. Chocolat clair. La dahabieh et le chaland, qui nous suivent, labourent cette boue grasse et écumeuse. Je n'ai jamais vu d'eau plus riche en fertilité, plus épaisse. EUGÈNE FROMENTIN, Voyage en Égypte, 1869, page 54. b) Terre imprégnée d'éléments minéraux et, de ce fait, douée de propriétés médicales. Boue(s) thermale(s); prendre un (des) bain(s) de boue. On attribue chez nous une force curative à la boue de Paris (JULES MICHELET, Journal, 1854, page 268 ). II.— Par analogie. Matière dont la consistance rappelle celle de la boue naturelle. · Par métaphore. J'ai vu ton pied (...) enserrer dans l'horrible brodequin qui fait des membres d'un être vivant une boue sanglante (VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 379 ). — Dépôt des encriers. Des encriers plats, remplis à ras bord de boue mordorée (HERVÉ BAZIN, Lève-toi et marche, 1952, page 31 ). — TECHNOLOGIE (souvent au pluriel). Dépôts de produits industriels ayant subi des traitements particuliers. Les boues de brassage du malt ( EUGÈNE BOULANGER, Malterie, brasserie, 1934, page 307 ). Boues de raffinage des huiles de graissage (JEAN-JACQUES CHARTROU, Pétroles naturel et artificiels, 1931, page 101 ). Boues radio-actives. Résidus issus de centrales atomiques : Ø 9. Les eaux employées à l'alimentation des chaudières de locomotives ne sont jamais pures, quel que soit le soin apporté à leur choix. Elles donnent naissance dans la chaudière à des boues et des dépôts tartreux qui, en s'accumulant sur les tubes et sur les parois du foyer, nuisent à la transmission de la chaleur et peuvent même donner lieu à des coups de feu lorsque la couche en est trop épaisse. MAURICE BAILLEUL, Notions de matériel roulant des chemins de fer, 1951, page 49. III.— Au figuré. Chose vile et méprisable. A.— [D'un point de vue religieux] Ce qui est matériel, terrestre, opposé à l'immatériel, le divin. 1. [En parlant de la terre] (Confer Alphonse de Lamartine, Jocelyn, 1836, page 773). 2. [En parlant de l'homme, création de Dieu] : Ø 10. « Ce corps, en effet, Chrétiens, reprend Bossuet, n'est qu'une masse de boue... » Et voilà comment ces hommes terribles parlent de ce que Dieu a fait de plus beau. De la pourriture, une masse de boue. Michel-Ange pensait autrement. J'aime mieux Bossuet quand il nous dit que nous sommes les portraits de Dieu. JULIEN GREEN, Journal, 1950-54, page 272. — Spécialement. [D'un point de vue intellectuel] Ce qui est matériel, opposé à ce qui est spirituel : Ø 11. C'est au nom de la majesté de l'intelligence que je relève l'excitation de l'ivresse. On l'a tenue trop bas jusqu'ici, mais tout ce qui eut un esprit dans son corps de boue, un estro, éprouva le besoin de cette secousse produite par les breuvages, plus profonde, plus dominatrice que celle produite par les parfums. JULES BARBEY D'AUREVILLY, 2e. Memorandum, 1838, page 244. B.— [D'un point de vue moral] 1. [Désigne des actions viles et méprisables, des propos calomnieux] : Ø 12.... ce qui affolait Beauclair, c'était une violente campagne que menait le journal local... L'attaque d'ailleurs, se réduisait à un bombardement d'erreurs et de mensonges, toute la boue inepte qu'on jette au socialisme, en caricaturant ses intentions et en souillant son idéal. ÉMILE ZOLA, Travail, tome 1, 1901, page 259. 2. [Désigne un état — objectif ou subjectif — de grande déchéance, de grande bassesse] L'ambitieux se rêve au faîte du pouvoir tout en s'aplatissant dans la boue du servilisme (HONORÉ DE BALZAC, La Peau de chagrin, 1831, page 6) : Ø 13. Il fallait lui [la France] boucher les oreilles pour que l'insistance, l'inlassable voix du général de Gaulle ne l'arrachât pas à cette boue dans laquelle Vichy la maintenait agenouillée et prostrée. FRANÇOIS MAURIAC, Le Cahier noir, 1943, page 373. — Spécialement. [D'un point de vue moral et religieux] Synonymes : péché(s), tare(s) : Ø 14. Quand il eut confessé le dernier homme et fermé l'église, il éprouva le besoin, dans le crépuscule tiède où criaient des enfants, de marcher un peu. Il était content de lui. Il avait nettoyé l'île. Il avait débarrassé les uns et les autres de leurs saletés, de leurs boues, de leurs vases. Le calme de l'heure était à l'image de ces âmes rassérénées, à nouveau transparentes. HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 191. 3. Expressions. a) nominal. De (la) boue et de/du sang (confer Émile Zola, L'Argent, 1891, page 51). b) verbales. (Se) traîner (rouler, plonger, vautrer...) dans la boue. Synonymes : salir (au figuré), ravaler : Ø 15. L'homme par la honte duquel on entreprit de salir tout le sénat et de le traîner dans la boue, portait l'ignoble nom de Verrès. JULES MICHELET, Histoire romaine, tome 2, 1831, page 208. — [Par ellipse du participe passé du verbe] Il voyait son nom dans la boue, déshonoré (GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Ce cochon de Morin, 1882, page 847 ). 4. [Désigne une chose abstraite ou conçue abstraitement, explicite ou implicite] : Ø 16. La nation est de la boue. Laissons cette boue reposer, que l'eau soit plus claire. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Journaux intimes, 1816, page 401. — Goûter jusqu'à la boue les désagréments de l'adultère (Confer Émile Zola, Le Docteur Pascal, 1893, page 110); par référence à l'expression métaphorique boire le calice jusqu'à la lie*. — [En parlant d'un homme, de son comportement, de ses paroles...] " C'est une âme de boue, c'est une âme basse et vile " (Dictionnaire de l'Académie Française). Mille propos de miel ou de boue m'accueillaient au passage (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 123) : Ø 17. Et l'auguste Assemblée (...), qu'est-elle qu'un assemblage hideux d'hommes de boue, de prélats hypocrites et impudiques, de courtisans menteurs,... JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphets, L'Affreux Réveil, 1790, page 244. 5. [Désigne une personne] Ce mot (...) sur M. de Talleyrand : « C'est de la boue dans un bas de soie » (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 382 ). C.— [D'un point de vue social : désigne un état de profonde misère, le dernier rang dans l'ordre social] : Ø 18. Certes, aller chercher dans les bas-fonds de l'ordre social, là où la terre finit et où la boue commence, (...), ce vocabulaire pustuleux (...), ce n'est ni une tâche attrayante ni une tâche aisée. VICTOR HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, page 188. — Expression. Tirer quelqu'un de la boue. " Le tirer d'un état bas et abject " (Dictionnaire de l'Académie Française). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 2 336. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 2 093, b) 3 723; XXe. siècle : a) 4 799, b) 3 267.

« m?priser comme (plus que) la boue (de ses souliers)?: ? 4.

Je m'humilierai de toutes mes forces, je m'abaisserai plus bas que la boue, plus bas que les fourmis et que les vers de terre.

Toi seul es haut! Je ne cherche pas ? te trouver, mais ? t'aimer! GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 488.

Remarque?: Dans un contexte de guerre, boue est associ? ? sang.

De la guerre, il avait surtout un souvenir de boue et de sang (ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, ?pilogue, 1940, page 830).

B.? Par extension.

M?lange extr?mement sale de terre, d'eau et d'immondices?: ? 5.

Tout l'engrais humain et animal que le monde perd, rendu ? la terre au lieu d'?tre jet? ? l'eau, suffirait ? nourrir le monde.

Ces tas d'ordures du coin des bornes, ces tombereaux de boue cahot?s la nuit dans les rues, ces affreux tonneaux de la voirie, ces f?tides ?coulements de fange souterraine que le pav? vous cache, savez-vous ce que c'est? C'est de la prairie en fleur, c'est de l'herbe verte,... VICTOR HUGO, Les Mis?rables, tome 2, 1862, page 506.

? Par m?taphore.

Toujours entre ceux que j'ai voulu poss?der et moi, s'?tendait ce pays f?tide, ce mar?cage, cette boue (FRAN?OIS MAURIAC, Le D?sert de l'amour, 1924, page 211 ).

C.? Sp?cialement.

1.

Terre d?lay?e utilis?e comme mat?riau?: ? 6.

Toutes les maisons sont en boue.

Cette boue, prise dans les jardins, d?lay?e, puis coup?e par tranches et s?ch?e au soleil, est superpos?e par assises, ? peu pr?s comme de la brique, et mastiqu?e avec la boue liquide, en guise de mortier. EUG?NE FROMENTIN, Un ?t? dans le Sahara, 1857, page 143.

? Par m?taphore?: ? 7.

Il faut m?priser le public, le violer, le scandaliser, quand en cela, on suit sa sensation et qu'on ob?it ? sa nature.

Le public, c'est de la boue qu'on p?trit et dont on se fait des lecteurs. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1865, page 125.

? Expression au figur? (marque le m?pris) [En parlant d'une personne ou d'une chose] (Fait) de boue et de crachat.

Fait de mauvais mat?riaux, peu solide.

Ce mis?rable mur de boue et de crachat (VICTOR HUGO,. »

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