Définition: bravoure BRAVOURE, substantif féminin.

Définition: bravoure BRAVOURE, substantif féminin. I.— Vieilli. Synonyme : braverie*. Nous égalons en bravoure d'ajustements ceux qui s'en piquent le plus (THÉOPHILE GAUTIER, Le Capitaine Fracasse, 1863, page 96 ). II.— Usuel. Qualité d'une personne qui est brave. A.— Courage que manifeste une personne en des occasions diverses. Fantine avait la farouche bravoure de la vie (VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 1, 1862, page 188 ). C'est-à-dire [la qualité] qui consiste à affronter la vie. [Être] d'une bravoure d'entreprise toujours en éveil (ÉMILE ZOLA, Travail, tome 2, 1901, page 146 ). C'est-à-dire [la qualité] pour entreprendre quelque chose. Je me trouve posséder une bravoure littéraire comme je n'en connais aucune (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1890, page 1139) : Ø 1. D'un naturel généreux, son premier mouvement le portait à défendre les opprimés. Sa bravoure allait jusqu'à la témérité (...). Il n'y avait pas son pareil, dans un incendie, pour arracher un enfant des flammes et le rapporter à sa mère. ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Petit Pierre, 1918, page 75. · Avoir la bravoure de demander quelque chose (François-René de Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 427). B.— En particulier. Courage guerrier, vertu mêlée de grandeur et de générosité. L'antique bravoure française (GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 112) : Ø 2. Oswald, pendant ce temps, se distingua dans la guerre par des actions d'une bravoure éclatante; il exposa mille fois sa vie, non-seulement par l'enthousiasme de l'honneur, mais par goût pour le péril. GERMAINE NECKER, BARONNE DE STAËL, Corinne ou l'Italie, tome 3, 1807, page 334. — Par métonymie et par plaisanterie. [En parlant d'une personne] Le colonel Delmare, vieille bravoure en demi-solde (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Indiana, 1832, page 17 ). Par métonymie de politesse. Demander (quelque chose) à votre bravoure (HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Lucien Leuwen, tome 2, 1836, page 209 ). Par métonymie, poétique. Les Rolands sonnent leur bravoure (ARTHUR RIMBAUD, Les Illuminations, 1873, page 276 ). — Au pluriel. Exploits guerriers, prouesses : Ø 3.... la volonté, c'est bien là ce personnage : l'action faite homme. Il semble qu'il n'y ait, dans cet officier rompu à tous les exercices du corps, prêt à toutes les bravoures, aucune rupture d'équilibre entre penser et agir, et que son être passe toujours tout entier dans ses moindres gestes. PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 109. III.— Qualité d'un artiste qui fait preuve d'une technique brillante. Dans le « Développement » [de la sonate opus 27] (...) nulle bravoure de virtuose (ROMAIN ROLLAND, Beethoven, édition du Sablier, 1928, page 168 ). A.— Par métonymie. domaine des Beaux-Arts, musique, littérature. Caractère d'une oeuvre, d'un style particulièrement brillant : Ø 4. En dépit de quelques rythmes de bravoure frappés avec une certaine puissance, malgré même d'incontestables éclairs de simplicité, cette musique de vertige et de tétanos, qui devait assurer à son producteur le suffrage de toutes les névroses contemporaines, parut, ce soir-là, très puérile... LÉON BLOY, La Femme pauvre, 1897, page 148. — Au pluriel. Procédés audacieux et brillants. Il comprit (...) ces bravoures de rythme (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, Le Génie latin, 1909, page 315 ). B.— Spécialement. 1. MUSIQUE. Air de bravoure. " [C'] est un air brillant possédant tous les éléments pour mettre en lumière le talent d'un artiste, lequel provoque les applaudissements des auditeurs et ses bravos admiratifs " (Dictionnaire général de l'art musical (PAUL ROUGNON) 1935). — Péjoratif. Air destiné seulement à mettre en valeur l'interprète : Ø 5. D'abord elle fredonna son air tout bas; elle chanta plus haut ensuite; elle y mit enfin toute sa voix : c'était un air insignifiant, un air de bravoure, une bonne fortune de chanteur de carrefour aux sons ambigus de l'orgue;... JULES JANIN, L'Âne mort et la femme guillotinée, 1829, page 159. SYNTAXE : Ariette de bravoure (L.-B. PICARD, Les Comédiens ambulants, tome 2, 1799, page 98); chant de bravoure (M. GARCIA, Traité complet de l'art du chant, 1840, page 92); morceau de bravoure (A. BRUNEAU, Musiques d'hier et de demain, 1906, page 5). 2. Par analogie. a) Littéraire. Air/morceau de bravoure (souvent péjoratif). Passage écrit ou parlé particulièrement brillant destiné à attirer l'attention ou à susciter l'enthousiasme. Le ministre se tirait d'embarras par un air de bravoure sur la patrie et l'armée (JEAN JAURÈS, La Paix menacée (1903-1906), 1914, page 224 ); les morceaux de bravoure, les passages à effet sont la marque des oeuvres inférieures (PAUL LÉAUTAUD, Passe-temps, 1929, page 207 ). b) BEAUX-ARTS. (dans le domaine du cinéma, également, le morceau de bravoure étant alors, souvent, un morceau à suspense) : Ø 6.... en architecture, les morceaux de bravoure que le gothique flamboyant ajoute aux grandes cathédrales paraissent n'être que des fantaisies personnelles;... LOUIS HOURTICQ, Histoire générale de l'art, La France, 1914, page 129. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 486. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 941, b) 690; XXe. siècle : a) 975, b) 306.