Définition: BUTTE1, substantif féminin. I.— [Sans idée d'agression] A.— GÉOGRAPHIE. Faible élévation de terrain naturelle ou artificielle. Monter sur une butte; un moulin sur sa butte. Un pays clair, facile à comprendre : une butte, un vallon, une butte, un vallon (JULES RENARD, Journal, 1906, page 1068) : Ø 1. Nous montâmes sur une butte pour découvrir au delà; mais l'horizon s'arrêtait vite, enclos par une autre colline, ou bien étendait de nouvelles plaines. GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, 1848, page 254. PARADIGMES. et SYNTAXE : a) Colline, dune, éminence, hauteur, mamelon, monticule, tertre. b) Butte artificielle, boisée, crayeuse, rocheuse, volcanique; butte de charbon, de sable; butte résiduelle, butte témoin; sol à buttes. Remarque : C'est de ce sens que relèvent les syntagmes géographiques où butte acquiert une valeur de nom propre et s'écrit avec majuscule : les buttes Chaumont, la butte Montmartre et par ellipse la Butte, les petites rues de la Butte; les artistes, les cabarets, les enfants de la Butte. B.— JARDINAGE. Tas de terre meuble amoncelée au pied d'une tige ou d'un arbuste pour en favoriser l'extension et le développement. Marcottage en butte. Les rejets de cognassier, de douçain et de paradis sont multipliés au moyen du marcottage en butte ou en cépée (ALPHONSE DU BREUIL, Culture des arbres et arbrisseaux à fruits de table, 1876, page 11) : Ø 2. Les mottes étaient ensuite pulvérisées avec des massues et débarrassées de leurs racines. Les indigènes formaient alors de petites buttes et y plantaient leurs patates douces. ROBERT HARRY LOWIE, Manuel d'anthropologie culturelle, 1936, page 42. C.— TRAVAUX PUBLICS. Travail en butte par opposition à travail en fouille. II.— [Avec une idée d'agression] A.— ART MILITAIRE. Butte de tir. Petite élévation de terre ou de maçonnerie à laquelle est fixée ou adossée la cible destinée aux exercices de tir. La butte du polygone de tir. Remarque : Attesté dans la plupart des dictionnaires généraux. — Par métonymie. 1. HISTOIRE. Exercice de tir à l'arquebuse. Poudre de butte. Poudre employée au cours des exercices de tir. Roi des buttes. Archer qui avait remporté le prix au tir. 2. La maison ou le local où ces exercices avaient lieu. Aller à la butte. B.— Figuré. [En parlant d'une personne ou de son expression] Être la risée de, être exposé à (quelqu'un, quelque chose). 1. Vieilli. Être la butte des désirs, des calomnies : Ø 3. C'est par là que je suis venu à avoir de l'esprit, chose qui était (...) la butte de mes mépris... HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Souvenirs d'égotisme, 1832, page 12. 2. Locution. Être en butte à + substantif. a) Être en butte à une personne Elle se croyait en butte à des ennemis secrets (FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 2, 1848, page 35 ). b) Être en butte à une chose. — [Un agent extérieur contraignant concret] En butte aux offres incessantes des cireurs de bottes et des revendeurs de billets de loterie (ROBERT HARRY LOWIE, Manuel d'anthropologie culturelle, 1936, page 11 ). — [Un agent extérieur provoquant une agression physique et morale] Être en butte aux persécutions, aux attaques. Tu t'étonnes d'être en butte à tant de calomnies, d'attaques, d'indifférence, de mauvais vouloir (GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1853, page 237 ). SYNTAXE : Être en butte aux convoitises, à la curiosité, à l'envie, à la fureur, à la haine, à l'hostilité, à (aux) l'humiliation(s), aux menaces, au mépris, aux provocations, aux plaisanteries, aux railleries, aux reproches, aux vexations de quelqu'un. — Vieilli. Être en butte à un état d'âme, au désespoir, à l'obsession, à la jalousie. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 448. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 538, b) 650; XXe. siècle : a) 671, b) 693. Forme dérivée du verbe "butter" butter BUTTER, verbe transitif. AGRICULTURE, ARBORICULTURE, JARDINAGE. (Confer butte II A). A.— Butter la (des) terre(s). Mettre la terre en petits tas pour faciliter l'écoulement des eaux ou l'ameublir pour entourer la base d'une plante. Synonyme : chausser. B.— Butter un arbre. (Pronominal) les arbres se buttent. C.— Butter des pommes de terre; butter des cardons, des céleris; butter des artichauts. Il faut butter les pieds (ÉMILE ERCKMANN ET ALEXANDRE CHATRIAN, DITS ERCKMANN-CHATRIAN, Histoire d'un paysan, tome 1 1870, page 48 ); les femmes [ont] placé et butté les boutures racinées (JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1925, page 36) : Ø Quand il [le maïs] atteint cinquante centimètres, on le butte. On retourne largement la terre, on l'adosse aux tiges, comme si l'on dressait un remblai continu, en offrant ainsi à la plante une assise pour s'ériger et un amas d'aliments à sa portée. JOSEPH DE PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, page 191. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 4. DÉRIVÉS : 1. Buttage, substantif masculin. a) Action d'amonceler de la terre meuble au pied d'une tige ou d'une plante afin d'en favoriser l'extension et le développement. Buttage des cognassiers, de la vigne. Le buttage à la mode chinoise, qui consiste à entourer le pied de chaque tige d'un amas de terre pour favoriser la multiplication des tiges secondaires (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 322 ). b) Action de mettre la terre en butte. 2. Butteur, -euse, substantif. Synonyme moins usité : buttoir. Les houes (...) peuvent être transformées en butteuses, en adjoignant des corps butteurs ou des socs cintrés formant versoirs (TONY BALLU, Machines agricoles, 1933, page 251 ). 3. Buttoir, substantif masculin. Outil à main ou petite charrue employée pour butter les plantes disposées en ligne. Le buttoir est constitué (...) par deux corps de charrue symétriques montés sur le même age (G. PASSELÈGUE, Les Machines agricoles, 1930, page 48 ).
