Devoir de Philosophie

Définition: CENSURE, substantif féminin.

Publié le 10/11/2015

Extrait du document

censure
Définition: CENSURE, substantif féminin. I.— HISTOIRE ROMAINE. Dignité et fonction de censeur*. Durant la censure de Caton (Dictionnaire de l'Académie Française). — Par analogie. [Sous la Révolution] La Censure publique : Ø 1. La censure publique, un tribunal d'état, et un tribun du peuple, un dictateur momentané, pouvaient seuls terminer nos malheurs, nous délivrer des ennemis de la patrie, établir la liberté et cimenter la félicité publique;... JEAN-PAUL MARA, DIT MARAT, Les Pamphlets, Appel à la Nation, 1790, page 159. II.— [Avec une valeur généralement péjorative] A.— Action de critiquer quelque chose ou quelqu'un. 1. Action de critiquer, de façon le plus souvent sévère en émettant un blâme, la conduite ou les oeuvres de quelqu'un. Synonymes : blâme, critique, reproche. La modeste Mathilde craint beaucoup de mal faire aux yeux des hommes, et de s'attirer leur censure (SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 158 ). Écrivant (...) une censure sévère du roman de M. de Vigny (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 6, 1863-69, page 414 ). — SOCIOLOGIE. Blâme qu'un milieu social exerce sur ses membres quand ils ne se conforment pas aux règles morales ou aux valeurs admises dans le groupe, cette forme de censure pouvant aller jusqu'à l'exclusion des déviants (d'après Vocabulaire pratique des sciences sociales (ALAIN BIROU) 1966). 2. Par extension. Critique spontanée capable de distinguer le bon du mauvais en vertu de critères plus ou moins implicites. Considéré singulièrement le lecteur [au XVIIe. siècle français] s'appelle « honnête homme » et il exerce une certaine fonction de censure que l'on nomme le goût (JEAN-PAUL SARTRE, Situations II, 1948, page 134 ). — PSYCHANALYSE. (Selon Freud) mécanisme de contrôle analogue au refoulement qui empêche que certains désirs accèdent à la conscience, soit parce qu'ils menacent l'équilibre du sujet, soit parce qu'ils sont contraires aux interdits sociaux (d'après Dictionnaire de la psychologie moderne (FRANÇOIS RICHAUDEAU) 1969). La censure est un barrage psychique qui aboutit à un compromis, exige le remaniement, le déguisement des désirs refoulés (PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 359 ). B.— Examen d'une doctrine, d'un écrit ou d'une activité par une autorité instituée à cet effet. La censure d'une pièce de théâtre, d'un film. Par métonymie. Organes d'exécution de cet examen. 1. Au singulier, le plus souvent péjoratif. a) Institution créée par une autorité, notamment gouvernementale, pour soumettre à un examen le contenu des différentes formes d'expression ou d'information avant d'en permettre la publication, la représentation ou la diffusion. Censure préalable; soumettre à la censure; le bureau, la commission de censure. Demain, la censure sera levée, et les journaux vont parler en toute liberté (ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE, Journal, 1827, page 483) : Ø 2. La censure est mon ennemie littéraire, la censure est mon ennemie politique. La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale. J'accuse la censure. VICTOR HUGO, Correspondance, 1830, page 465. Ø 3. La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1852, page 59. — Par personnification : Ø 4.... j'entends aboyer au seuil du drame auguste La censure à l'haleine immonde, aux ongles noirs, Cette chienne au front bas qui suit tous les pouvoirs ... VICTOR HUGO, Les Chants du crépuscule, 1835, page 104. Remarque : Quand elle concerne plus particulièrement, la censure des publications, la censure personnifiée sous les traits d'une femme acariâtre maniant de gros ciseaux est parfois appelée Anastasie : " " Et il me souvient qu'Anastasie, cette vieille prude qui donne si facilement son visa aux ordures débitées dans tous nos beuglants, interdit une ravissante chanson d'Henry Rubois... " (G. Nasim.) " (Dictionnaire français-argot (ARISTIDE BRUANT), 1901). Peut-être par référence à Ste Anastasie, martyre du début du ive. siècle, que la tradition hagiographique représente avec les seins coupés; confer L. Réau, Iconographie de l'art chrétien, Iconographie des Saints 1, Paris, Presses Universitaires de France, 1958, au mot Cette tradition, qui représente aussi la Sainte à côté du bûcher sur lequel elle fut brûlée concerne cependant la victime de la répression et non la répression elle-même. Pour le rôle actif de la Sainte on pourrait penser à sa présence chez certains hagiographes, auprès de la Vierge au moment de la naissance de Jésus; mais aucun texte n'indique qu'elle tenait les ciseaux coupant le cordon ombilical. — Par métonymie. · Groupe de personnes chargé de cet examen; bureau où s'assemble ce groupe. Présenter la pièce au visa préventif de la censure (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1868, page 458 ). · Rare. C'était une censure, c'est-à-dire une copie destinée au ministère, et non un premier manuscrit (GEORGES GRISON, Paris horrible et Paris original, 1882, page 92 ). b) En particulier. [Censure + adjectif spécifiant la matière sur laquelle s'exerce la censure] Censure ecclésiastique, militaire; censure dogmatique, dramatique : Ø 5.... il vous [au Ministre de la guerre] appartient en particulier, pour ce qui regarde la censure militaire, d'apprécier dans quelle mesure doivent être limitées, en temps de guerre, les libertés de publication, d'affirmation et de critique, auxquelles notre presse s'est habituée en temps de paix. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 385. c) Par analogie. Contrôle exercé par la direction d'un parti politique ou de tout autre groupement idéologique sur des publications ou déclarations publiques de ses membres. 2. Au singulier et au pluriel. Jugement prononcé par l'autorité exerçant la censure. La peine de la censure. a) DROIT CANON. Jugement qui porte condamnation d'un ouvrage, d'une doctrine; par extension mesure disciplinaire telle que excommunication, interdiction ou suspension d'exercice et de charge ecclésiastique, prononcée par une autorité ecclésiastique contre un de ses membres coupables, en vue de l'amendement (censure médicinale). Encourir les censures ecclésiastiques. Il releva le prêtre repentant des censures, de l'excommunication et de l'interdit pour hérésie et schisme, et prononça la sentence d'absolution (MAURICE BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, page 332) : Ø 6. Quand un mouvement ou une école comporte pour ses adhérents des dangers d'erreur ou de déviation dans l'ordre de la pensée et dans l'ordre de l'action (...) ceux-ci, quand ils sont assez pressants et assez graves, suffisent évidemment à motiver les censures de l'église. JACQUES MARITAIN, Primauté du spirituel, 1927, page 197. b) ADMINISTRATION et INSTITUTIONS. Peine disciplinaire prononcée par un corps à l'égard d'un officier ministériel, d'un magistrat ou d'un membre d'une assemblée politique qui auraient gravement manqué aux devoirs de leur charge : Ø 7. La peine de rappel à l'ordre avec inscription au procès-verbal est rendue applicable à tout député qui a adressé à un ou plusieurs de ses collègues des injures, provocations ou menaces. Il n'apparaît pas, cependant, que le dernier paragraphe de l'article 106, qui prescrit la peine de la censure comme sanction pour ces faits, ait été annulé. DAVID-WILLIAM-SHUCKBURGH LIDDERDALE, Le Parlement français, 1954, page 293. — Spécialement. Désaveu public de l'action du gouvernement formulé par une assemblée parlementaire dans une motion et sanctionné par un vote. Motion de censure : Ø 8.... en droit, le gouvernement n'est tenu de démissionner que si, dans certaines conditions très précises et à une majorité spéciale l'Assemblée vote une motion de censure ou un rejet de la confiance. Ceci transforme la portée juridique des ordres du jour. GEORGES VEDEL, Manuel élémentaire de droit constitutionnel, 1949, page 458. Forme dérivée du verbe "censurer" CENSURER, verbe transitif. A.— Blâmer, critiquer sévèrement une personne, ses actions, ses ouvrages. On a fort censuré la conduite de quelqu'un (Dictionnaire de l'Académie Française). Ils [les courtisans] censurèrent hautement ses démarches, et décrièrent à l'envi ses moeurs et son caractère (STÉPHANIE FÉLICITÉ DUCREST DE SAINT-AUBIN, COMTESSE DE GENLIS, Les Chevaliers du cygne, tome 3, 1795, page 11) : Ø 1. C'est contre le scepticisme que Descartes invoque la véracité divine, et Reid, après avoir tant critiqué Descartes, en est réduit à faire comme lui. Ce n'était pas la peine de le censurer avec tant de hauteur. VICTOR COUSIN, Cours d'histoire de la philosophie moderne, tome 4, 1847, page 516. — En emploi absolu. Le droit de censurer, de régenter, juger, condamner (PAUL BOURGET, Physiologie de l'amour moderne, 1890, page 34 ). — Rare. Censurer quelqu'un de quelque chose. Une amitié dévouée m'a de nouveau relancé sur le chapitre matrimonial et censuré de mes délais et de mes inquiétudes budgétaires (HENRI-FRÉDÉRIC AMIEL, Journal intime, 1866, page 92 ). B.— Exercer une activité officielle de censure*. 1. [En parlant de la censure officielle, l'objet étant une publicité, un spectacle ou leurs auteurs] : Ø 2. Les examinateurs dramatiques, (...) ne doivent pas même savoir quelle est la couleur littéraire de l'ouvrage qu'ils censurent. Hors de l'affaire ministérielle, ils n'ont rien à voir. VICTOR HUGO, Correspondance, 1830, page 463. — Par extension, absolument : Ø 3. Imaginez un peintre de portraits à qui son modèle dirait : « Avant d'exposer au Salon mon portrait, je veux que vous me le soumettiez. » Le peintre envoie, le modèle censure. Il caviarde un oeil, une oreille... MAURICE BARRÈS, Mes cahiers, tome 2, 1914-18, page 216. — Populaire. Ménager quelqu'un par la censure de l'information. Censurer le bon coeur de quelqu'un. " C'est empêcher que la vérité ne perce jusqu'à son trop bon coeur " (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT)); Confer aussi Denis Poulot, Le Sublime, 1872, page 210. 2. Prononcer un jugement en vertu du droit de censure. a) [En parlant de l'autorité ecclésiastique] Blâmer, condamner une personne, ses doctrines ou sa conduite. Les parties furent mises dos à dos avec défense de se censurer mutuellement (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 1, 1840, page 262 ). Les provinciales sont censurées, mises à l'index à Rome, brûlées à Paris (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 3, 1848, page 148) : Ø 4.... ancien professeur [l'abbé Corneille] d'exégèse dans un grand séminaire, et récemment censuré par Rome, pour son esprit moderniste. Il avait accepté le blâme, sans se soumettre au fond,... ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, Dans la maison, 1909, page 964. b) [Dans certains corps constitués ou assemblées parlementaires] Prononcer un blâme public, une sanction disciplinaire contre un de ses membres : Ø 5. Tout instituteur privé pourra, sur la plainte de l'inspecteur d'académie, être traduit pour faute grave dans l'exercice de ses fonctions, pour inconduite ou immoralité, devant le conseil départemental et être censuré ou privé de l'exercice de sa profession, soit dans la commune où il exerce, soit dans le département, selon la gravité de la faute commise. Encyclopédie pratique de l'éducation en France (IPN ET SEDE, 1960) 1960, page 70. — Spécialement. Censurer le gouvernement. Adopter contre lui une motion de censure. Le [pouvoir] délibératif (...) selon la nature du bicaméralisme adopté (égalitaire ou inégalitaire) peut, ou non, censurer le gouvernement (GÉRARD BELORGEY, Le Gouvernement et l'administration de la France, 1967, page 19 ). DÉRIVÉS : Censurable, adjectif. Qui peut être censuré, qui mérite censure. Proposition censurable, conduite, action censurable (Dictionnaire de l'Académie Française).
censure

« mon ennemie politique.

La censure est de droit improbe, malhonnête et déloyale.

J'accuse la censure. VICTOR HUGO, Correspondance, 1830, page 465. Ø 3.

La censure, quelle qu'elle soit, me paraît une monstruosité, une chose pire que l'homicide; l'attentat contre la pensée est un crime de lèse-âme. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1852, page 59. — Par personnification : Ø 4....

j'entends aboyer au seuil du drame auguste La censure à l'haleine immonde, aux ongles noirs, Cette chienne au front bas qui suit tous les pouvoirs ... VICTOR HUGO, Les Chants du crépuscule, 1835, page 104. Remarque : Quand elle concerne plus particulièrement, la censure des publications, la censure personnifiée sous les traits d'une femme acariâtre maniant de gros ciseaux est parfois appelée Anastasie : " " Et il me souvient qu'Anastasie, cette vieille prude qui donne si facilement son visa aux ordures débitées dans tous nos beuglants, interdit une ravissante chanson d'Henry Rubois...

" (G.

Nasim.) " (Dictionnaire français-argot (ARISTIDE BRUANT), 1901).

Peut- être par référence à Ste Anastasie, martyre du début du ive. siècle, que la tradition hagiographique représente avec les seins coupés; confer L.

Réau, Iconographie de l'art chrétien, Iconographie des Saints 1, Paris, Presses Universitaires de France, 1958, au mot Cette tradition, qui représente aussi la Sainte à côté du bûcher sur lequel elle fut brûlée concerne cependant la victime de la répression et non la répression elle-même.

Pour le rôle actif de la Sainte on pourrait penser à sa présence chez certains hagiographes, auprès de la Vierge au moment de la naissance de Jésus; mais aucun texte n'indique qu'elle tenait les ciseaux coupant le cordon ombilical. — Par métonymie. · Groupe de personnes chargé de cet examen; bureau où s'assemble ce groupe.

Présenter la pièce au visa préventif de la censure (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1868, page 458 ). · Rare.

C'était une censure, c'est-à-dire une copie destinée au ministère, et non un premier manuscrit (GEORGES GRISON, Paris horrible et Paris original, 1882, page 92 ). b) En particulier.

[Censure + adjectif spécifiant la matière sur laquelle s'exerce la censure] Censure ecclésiastique, militaire; censure dogmatique, dramatique : Ø 5....

il vous [au Ministre de la guerre] appartient en particulier, pour ce qui regarde la censure militaire, d'apprécier dans quelle mesure doivent être limitées, en temps de guerre, les libertés de publication, d'affirmation et de critique, auxquelles notre presse s'est habituée en temps de paix. MARÉCHAL JOSEPH JOFFRE, Mémoires, tome 2, 1931, page 385. c) Par analogie.

Contrôle exercé par la direction d'un parti politique ou de tout autre groupement idéologique sur des publications ou déclarations publiques de ses membres. 2.

Au singulier et au pluriel.

Jugement prononcé par l'autorité exerçant la censure.

La peine de la censure. a) DROIT CANON.

Jugement qui porte condamnation d'un ouvrage, d'une doctrine; par extension mesure disciplinaire telle que 2. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles