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Définition du mot: ALIÉNÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif.

Publié le 21/10/2015

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Définition du mot: ALIÉNÉ, -ÉE, participe passé, adjectif et substantif. I.— Participe passé de aliéner* II.— Emploi adjectival. A.— [En parlant d'une chose] DROIT. Qui a été cédé par aliénation. Bien, domaine, terre aliéné(e) : Ø 1. 766. En cas de prédécès des père et mère de l'enfant naturel, les biens qu'il en avait reçus, passent aux frères ou soeurs légitimes, s'ils se retrouvent en nature dans la succession; les actions en reprise, s'il en existe, ou le prix de ces biens aliénés, s'il est encore dû, retournent également aux frères et soeurs légitimes. Code civil des Français (ou Code Napoléon) 1804, pages 140-141. Ø 2. Mes arbres vendus tombent un à un. Je parle au possessif par un reste d'habitude, bien que je sache qu'ils ne m'appartiennent plus, un pli de pensée et de langue dont je ne puis pas si vite me défaire. Ils occupent encore leur place sur le vieux domaine, debout ou couchés, et je ne les sépare que malaisément du fonds natal qu'ils embellissaient et enrichissaient, et, tant qu'ils reposeront dessus, même démembrés, je ne les croirai pas tout à fait aliénés. Ils me semblent toujours faire partie du bien, puisqu'ils ne l'ont pas quitté... JOSEPH DE PESQUIDOUX, Le Livre de raison, tome 2, 1928, page 43. B.— [En parlant d'une personne, d'une partie de la personne] 1. [En parlant d'une personne considérée dans ses rapports avec elle-même] Devenu étranger à soi-même. a) PSYCHIATRIE. Devenu fou : Ø 3. Sans doute la plupart des maladies mentales s'aggravent par l'opinion du spectateur. Car le plus grand mal chez un fou, c'est qu'il se croit fou, j'entends isolé, étranger, « aliéné », qui veut dire étranger, différent des autres. ÉMILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1913, page 159. b) PSYCHOLOGIE. [Sans idée de folie] Devenu autre, privé de sa personnalité : Ø 4. Je suis aliéné, altéré, autre, et à côté de moi-même. PAUL VALÉRY, ANDRÉ GIDE, Correspondance, lettre de Paul Valéry à André Gide, novembre 1922, page 494. Ø 5. J'étais comme aliéné de mon propre destin. Ce qui pouvait m'arriver ne me concernait plus. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, Verdun, 1938, page 227. 2. [En parlant d'une personne considérée dans ses rapports avec la nature ou avec autrui] a) Vieilli. Devenu moralement étranger, hostile. Coeur(s), esprit(s) aliéné(s). Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1878, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. b) PHILOSOPHIE, SOCIOLOGIE. [Surtout dans la philosophie marxiste] Devenu esclave des choses ou d'autrui : Ø 6. Tel est l'homme marxiste, toujours pensant et agissant, participant librement à une dialectique de la nécessité. S'il a tellement d'action c'est que sa mentalité est celle même de l'ouvrier qui, quelles que soient ses idées philosophiques et religieuses, se sent aliéné, exploité et aspire à la libération et à la délivrance; ce ne sont pas les masses qui ont compris le marxisme, c'est le génie de Marx qui les a devinées. Le monde gris, mécanique, déterminé du marxisme, le prolétaire le vit tous les jours, en vit tous les jours dans les usines et les quartiers miséreux où la concentration urbaine l'exile. JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 41. Remarque : S'emploie aussi dans un contexte non politique : Ø 7. Sans réciprocité, il n'y a pas d'alter ego, puisque le monde de l'un enveloppe alors celui de l'autre et que l'un se sent aliéné au profit de l'autre. C'est ce qui arrive dans un couple où l'amour n'est pas égal des deux côtés : l'un s'engage dans cet amour et y met en jeu sa vie, l'autre demeure libre, cet amour n'est pour lui qu'une manière contingente de vivre. Le premier sent fuir son être et sa substance dans cette liberté qui demeure entière en face de lui. MAURICE MERLEAU-PONTY, Phénoménologie de la perception, 1945, page 410. III.— Emploi comme substantif. A.— PSYCHIATRIE. Personne affectée d'aliénation mentale. Asile, hospice, maison d'aliénés. Synonymes : dément, déséquilibré, fou : Ø 8. Ordinairement, ces victimes finissent par la folie. Les maisons d'aliénés en regorgent. Les médecins, la plupart des prêtres même ne se doutent pas de la cause de leur démence, mais ces cas-là sont guérissables. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, Là-bas, tome 1, 1891, page 225. Ø 9. L'un d'eux devint tellement furieux de ne plus boire après avoir trop bu qu'on dut l'hospitaliser à l'asile d'aliénés de Châlons où il retrouva de nombreux camarades de métier, car 90 pour 100 des internés avaient travaillé dans les caves. Reims occupait quatre mille ouvriers aux besognes du vin et vingt mille à celles de la laine, mais les trois quarts des délirants traités par les aliénistes venaient des maisons de champagnisation. PIERRE HAMP, Vin de Champagne, 1909, page 156. Ø 10. Le dément demeure de la sorte parfaitement conscient et responsable de ses actes jusqu'à l'instant où la première phase de son mal cède la place soit à la fureur de l'agité, soit à la prostration du mélancolique. La plupart de nos voleurs, de nos assassins et de nos politiques appartiennent à la catégorie des aliénés au premier degré. OSCAR VLADISLAS DE LUBICZ-MILOSZ, L'Amoureuse initiation, 1910, page 161. Remarque : " La terminologie psychiatrique contemporaine (...) préfère le vocable de psychopathe, de malade mental, voire de malade sans qualificatif. Le mot d'aliéné est refusé même dans l'usage administratif et relégué avec le mot d'asile parmi les archaïsmes d'une ère préscientifique ... " (VOCABULAIRE DE PSYCHOPÉDAGOGIE ET DE PSYCHIATRIE DE L'ENFANT (ROBERT LAFON) 1963). B.— PHILOSOPHIE. rare. Personne devenue esclave : Ø 11. Et non seulement la liberté est créatrice de valeurs, mais encore la liberté est libératrice : sa vocation n'est pas d'être libre pour elle toute seule, sa vocation est d'irradier la liberté et de délivrer ce qui l'entoure; aussi l'homme libre est-il responsable pour les serfs et les aliénés à ses côtés. Et l'on trouverait sans peine que le faire par excellence de cette liberté libératrice est un acte d'amour. VLADIMIR JANKÉLÉVITCH, Le Je-ne-sais-quoi et le presque-rien, 1957, page 224. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 254. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 343, b) 285; XXe. siècle : a) 310, b) 446. Forme dérivée du verbe "aliéner" aliéner ALIÉNER, verbe transitif. I.— Emploi transitif. A.— [L'objet est une chose] 1. DROIT. Céder par aliénation. Aliéner un bien, une propriété : Ø 1. Ils se rendirent chez Marescot, pour qu'il leur trouvât de l'argent, soit par la vente des écales, ou par une hypothèque sur leur ferme, ou en aliénant leur maison qui serait payée en rentes viagères et dont ils garderaient l'usufruit. GUSTAVE FLAUBERT, Bouvard et Pécuchet, tome 2, 1880, page 97. 2.— Par analogie : Ø 2. Attirées et gagnées à force d'argent, trois fortes nourrices bretonnes lui prêtèrent tour à tour leurs mamelles. Elle se refit du sang avec leur lait et conserva précieusement ce qu'elles avaient, à leur insu, pour toujours aliéné, à son profit, la santé. LÉON CLADEL, Ompdrailles, le tombeau des lutteurs, 1879, page 108. B.— [L'objet est une personne, une partie de la personne] 1. [L'objet est une personne considérée dans ses rapports avec elle-même] PSYCHIATRIE. Aliéner la raison, l'esprit. Rendre étranger à soi, égarer, troubler jusqu'à la folie : Ø 3.... c'est le genre de mort, ce sont ses détails affreux qui ravagent son imagination et aliènent presque son esprit. S'il n'en parle pas, dit-elle, s'il s'efforce d'écouter des discours indifférens, s'il n'entend pas parler des affaires de France, les sombres idées qui le dominent s'affaibliront. La douleur qui naît d'un profond sentiment est bien plus difficile à calmer. C'est son esprit qui est malade bien plus que son coeur. GABRIEL SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, page 1855. Ø 4. Je me promenais à grands pas; l'agitation que j'éprouvais, l'affreuse idée de la quitter peut-être pour jamais, aliénait ma raison... BARBARA JULIANE VON VIETINGHOFF, BARONNE DE KRÜDENER, Valérie, 1803, page 180. Remarque : Pet IT DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT) note ce sens comme vieux. 2. [L'objet est une personne considérée dans ses rapports avec les choses ou avec autrui] a) Aliéner quelqu'un (ou les facultés morales de quelqu'un) à soi (de soi). Rendre moralement étranger à, détacher, détourner de, susciter l'hostilité. Aliéner les affections, les coeurs, les esprits (Dictionnaire de l'Académie Française); Aliéner la bienveillance, la sympathie de : Ø 5. La timidité nous concentre en nous-mêmes, et ressemble quelquefois à la fierté et au dédain : elle nous aliène ceux devant qui nous tremblons précisément parce que nous ambitionnons trop leurs suffrages. MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, page 30. Ø 6. Rien ne doit aliéner de moi les autres hommes; je ne suis le rival d'aucun d'eux; je ne puis pas plus les envier que les haïr; je refuserais ce qui les passionne, je refuserais de triompher d'eux, et je ne veux pas même les surpasser en vertu. ÉTIENNE PIVERT DE SENANCOUR, Obermann, tome 1, 1840, page 26. Ø 7. Elle fut fort intimidée de l'avoir pour voisin de table; et malheureusement, sa timidité se traduisit par ce flot de paroles, qui lui aliéna du premier coup les sympathies de Christophe. ROMAIN ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, page 252. Remarque : 1. — La construction avec de est rare et vieillie. 2. Le complément secondaire peut anciennement rester sous-entendu : Ø 8. — En se prononçant pour les quatre articles, il pouvait donner une légère satisfaction au roi, d'ailleurs si aliéné de lui; mais il aliénait certainement le pape qui, pour le moment, lui était assez favorable ainsi qu'à ses amis. CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 5, 1859, page 156. b) PHILOSOPHIE, SOCIOLOGIE, surtout chez Hegel, Marx. (Se) déposséder de certains droits naturels ou caractères humains, (se) rendre esclave des choses ou d'autrui. Aliéner sa liberté, son indépendance : Ø 9.... l'autorité des princes n'est qu'une portion de la souveraineté du peuple mise en dépôt entre leurs mains; ils ne peuvent donc ni la vendre, ni l'aliéner en aucune manière. Le peuple même ne le peut pas, parce qu'il ne peut se dépouiller de ces droits essentiels, attachés à la nature de l'homme, que la société a pour but de protéger et de maintenir, et qu'elle ne peut jamais détruire. MAXIMILIEN DE ROBESPIERRE, Discours, Sur la pétition du peuple avignonais, tome 6, 1790, page 587. Ø 10. L'homme a ainsi un but réel : sa délivrance, échapper à la fausse catégorie de l'avoir, qui lui rend impossible tout rapport humain authentique et le place sous la domination d'une puissance à laquelle il ne peut échapper, l'aliène. De son aliénation à la délivrance toute une marche progressive ouvre le champ de ses possibilités et le rend de plus en plus libre. JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 15. II.— Emploi pronominal. A.— [L'objet est une chose] DROIT. Se transmettre par aliénation : Ø 11. La valeur courante des fonds productifs susceptibles de s'aliéner s'établit sur les mêmes principes que la valeur de toutes les autres choses, c'est-à-dire en proportion de l'offre et de la demande. JEAN-BAPTISTE SAY, Traité d'économie politique, 1832, page 344. B.— [L'objet est une personne, une partie de la personne] 1. [L'objet est une personne considérée dans ses rapports avec elle-même] Devenir étranger à soi-même. a) PSYCHIATRIE. Devenir fou : Ø 12.... ses forces ne résistèrent point à tant de fatigues, de chagrins et d'affronts : sa tête s'aliéna... SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 231. b) PSYCHOLOGIE. [Sans idée de folie] Perdre sa personnalité, modifier son caractère : Ø 13. Changer mon caractère, ce serait proprement devenir un autre, m'aliéner; je ne peux me défaire de moi-même. PAUL RICOEUR, Philosophie de la volonté, 1949, page 345. 2. [L'objet est une personne considérée dans ses rapports avec autrui] a) S'aliéner quelqu'un (ou les facultés morales de quelqu'un). Rendre quelqu'un moralement étranger à soi, éloigner de soi. S'aliéner les coeurs, les esprits (Dictionnaire universel de la langue française (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, Nouveau Larousse illustré) : Ø 14.... ils le laissèrent travailler aux études qui lui plaisaient et négliger les autres, ne voulant pas s'aliéner cet esprit indépendant, par des tracasseries de pions laïques. GEORGES-CHARLES, DIT JORIS-KARL HUYSMANS, À rebours, 1884, page 5. b) PHILOSOPHIE. S'aliéner à quelqu'un, quelque chose. Se rendre ou devenir esclave des choses ou d'autrui : Ø 15. Le triomphe de la volonté ne saurait donc être dans une sorte de réserve jalouse ou d'apothéose sacrilège, mais plutôt dans une apparente abdication; elle tend à des fins impersonnelles et inconscientes. Pour agir, il faut en quelque façon s'aliéner à d'autres, se livrer à des forces que nous ne dominerons plus. À peine paraissions-nous, au sortir de lentes formations, nous élever à la réflexion et la liberté que nous voici ressaisis dans un engrenage capable, ce semble, d'émietter l'individualité naissante... MAURICE BLONDEL, L'Action, Essai d'une critique de la vie, 1893, page 200. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 219. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 503, b) 166; XXe. siècle : a) 240, b) 268.

« autres.

?MILE-AUGUSTE CHARTIER, DIT ALAIN, Propos, 1913, page 159.

b) PSYCHOLOGIE.

[Sans id?e de folie] Devenu autre, priv? de sa personnalit?: ? 4.

Je suis ali?n?, alt?r?, autre, et ? c?t? de moi-m?me.

PAUL VAL?RY, ANDR? GIDE, Correspondance, lettre de Paul Val?ry ? Andr? Gide, novembre 1922, page 494. ? 5.

J'?tais comme ali?n? de mon propre destin.

Ce qui pouvait m'arriver ne me concernait plus. LOUIS FARIGOULE, DIT JULES ROMAINS, Les Hommes de bonne volont?, Verdun, 1938, page 227.

2.

[En parlant d'une personne consid?r?e dans ses rapports avec la nature ou avec autrui] a) Vieilli.

Devenu moralement ?tranger, hostile.

Coeur(s), esprit(s) ali?n?(s).

Remarque?: Attest? dans Dictionnaire de l'Acad?mie Fran?aise 1798-1878, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRAN?AISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRAN?AISE (?MILE LITTR?), DICTIONNAIRE ENCYCLOP?DIQUE QUILLET 1965.

b) PHILOSOPHIE, SOCIOLOGIE.

[Surtout dans la philosophie marxiste] Devenu esclave des choses ou d'autrui?: ? 6.

Tel est l'homme marxiste, toujours pensant et agissant, participant librement ? une dialectique de la n?cessit?.

S'il a tellement d'action c'est que sa mentalit? est celle m?me de l'ouvrier qui, quelles que soient ses id?es philosophiques et religieuses, se sent ali?n?, exploit? et aspire ? la lib?ration et ? la d?livrance; ce ne sont pas les masses qui ont compris le marxisme, c'est le g?nie de Marx qui les a devin?es.

Le monde gris, m?canique, d?termin? du marxisme, le prol?taire le vit tous les jours, en vit tous les jours dans les usines et les quartiers mis?reux o? la concentration urbaine l'exile. JEAN LACROIX, Marxisme, existentialisme, personnalisme, 1949, page 41.

Remarque?: S'emploie aussi dans un contexte non politique?: ? 7.

Sans r?ciprocit?, il n'y a pas d'alter ego, puisque le monde de l'un enveloppe alors celui de l'autre et que l'un se sent ali?n? au profit de l'autre.

C'est ce qui arrive dans un couple o? l'amour n'est pas ?gal des deux c?t?s?: l'un s'engage dans cet amour et y met en jeu sa vie, l'autre demeure libre, cet amour n'est pour lui. »

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