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Définition du mot: ALLÉE, substantif féminin.

Publié le 21/10/2015

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Définition du mot: ALLÉE, substantif féminin. I.— Vieux, rare. Action d'aller, marche. A.— [Employé seul] : Ø 1. Nous vaguons, nous errons, tous ces temps-ci, sous le coup d'une stupeur et d'une hébétude, pris d'un dégoût de tout, du gris dans les yeux et dans la tête, affectés d'une décoloration de toutes choses autour de nous, ne percevant du mouvement des rues que l'allée des jambes des passants et le tournoiement des roues. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, août 1862, page 1107. — Au figuré : Ø 2. Le moins surprenant est que dans une allée à l'extase, on ait l'illusion de connaître et de posséder, comme faisant oeuvre de science (on enrobe l'inconnu dans un connu quelconque, comme on peut). GEORGES BATAILLE, L'Expérience intérieure, 1943, page 236. Remarque : 1. On rencontre chez les Goncourt un néologisme (une) en-allée, « action de s'en aller », qui est une manière de renouvellement du sens ancien de allée : 3. Je suis triste, ce soir. J'avais un hérisson qui, depuis deux ans, avait fait son domicile de mon jardin et qui, à la nuit tombante, venait tous les soirs manger quelques restes qu'on lui mettait devant le perron. C'était pour moi un plaisir d'entendre le bruissement de sa marche dans la bordure des lierres, puis de voir son déboulement joyeux et gaminant sur le sable des allées, sa promenade hésitante autour de moi, puis son en-allée à l'assiette d'os, qu'il suçait avec le bruit après dîner d'un cure-dent dans les dents d'un gourmand asthmatique. E. et JULES DE GONCOURT, Journal, juillet 1889, page 998. Remarque : 2. Confer également Edmond et JULES DE GONCOURT, Journal, avril 1872, page 889 [en parlant du sommeil] Cette en-allée de soi-même et Edmond et JULES DE GONCOURT, Journal, avril 1887, page 668 [en parlant de la mort] Une en-allée de l'existence. B.— [Avec un substantif coordonné] 1. Rare. Allée et retour : Ø 4. Des deux côtés de la chaussée, gardée libre par la garde nationale, jusqu'à la barrière aux colonnes bleuissantes dans un coup de soleil d'hiver, deux foules s'étageant et formant çà et là, sur les tas de pierrailles, des monticules d'hommes et de femmes. La chaussée toute pleine de l'allée et du retour des voitures d'ambulance, des chariots d'obus, des camions de cartouches, des caissons de munitions, des voitures de toutes sortes, que fait refluer et cogne à chaque quart d'heure, dans un encombrement strident de ferraille, la fermeture de la barrière du chemin de fer. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, décembre 1870, page 686. 2. Allée et venue (confer aller et venir). a) Au singulier ou au pluriel. Mouvement physique : Ø 5. Partout, l'envahissement des soldats; et les nombreux pensionnats de demoiselles et les établissements pour les young ladies ont des mobiles roux en faction à leurs portes. Un passage incessant, un croisement, une allée et une venue continuelles... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, octobre 1870, page 648. Ø 6. Elle me regarda de nouveau. Elle ne se surveillait pas et je continuais de suivre dans ses yeux les mouvements qui l'agitaient comme on suit les allées et venues du mécanisme d'une montre à travers une boîte en cristal. PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 127. Ø 7. Il s'approcha de la porte de la cuisine : dans la fumée, il voyait les visages, des piles d'assiettes, l'allée et venue du balancier de cuivre. ALPHONSE DE CHATEAUBRIANT, Monsieur des Lourdines, 1911, page 251. b) Au pluriel seulement. Déplacements nombreux et en tous sens (que l'on fait pour une affaire). Faire des allées et venues, perdre son temps en allées et venues. — Au figuré : Ø 8. Dans ma vie il y a des alternatives, des contradictions, des allées et des venues, des chocs entre la pensée et l'action qui vont parfois l'une contre l'autre au lieu de procéder de concert et en bonne harmonie. MAURICE DE GUÉRIN, Correspondance, 1835, page 190. II.— Voie qui permet d'aller d'un lieu à un autre. A.— Vieux. Passage long et étroit, qui communique de l'entrée de la maison à une cour intérieure ou à un escalier. La porte de l'allée; allée obscure : Ø 9. Une seule fenêtre ouvrait sur une petite cour intérieure communiquant avec la rue par l'allée noire de la maison... ÉMILE ZOLA, Au Bonheur des dames, 1883, page 399. — Courant. [Dans une église] Passage libre pour la circulation dans une nef. Allée principale (ou centrale), allées latérales, allées transversales. — ARCHÉOLOGIE. Allée couverte. Dolmens disposés en couloir : Ø 10. L'allée couverte de Bagneux, large d'environ douze pas, longue d'à peu près trente, haute de huit pieds; pierres monstrueuses; la pluie tombait par les interstices et faisait des flaques d'eau dans l'intérieur; deux trous dans le pan du fond laissant passer un jour vif et blanc; les feuilles des arbres brillaient sous la pluie qui ruisselait; l'intérieur des pierres était vert par places, plus blanc dans d'autres. GUSTAVE FLAUBERT, Par les champs et par les grèves, Touraine et Bretagne, 1848, page 188. — MINÉRALOGIE. " Portion du chantier d'exploitation, parallèle au front de taille, délimitée par deux rangées de buttes " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). " Allée d'abattage. Allée de circulation. Allée de remblayage ou de foudroyage, allée en cours de remblayage ou de foudroyage. " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). B.— Voie bordée de verdure (arbres, arbustes, gazon), de fleurs ou de haies, qui permet le passage, sert de lieu de promenade ou d'accès dans un jardin, un parc, un bois, une agglomération; par extension large rue plantée d'arbres : Ø 11. Si vous voulez vous battre à dix minutes de chemin d'ici, je vous montrerai un endroit charmant; c'est une belle allée sablonneuse entre deux rideaux d'ormes; à trois pas, on ne vous verrait pas, c'est au milieu d'un petit bois... ALPHONSE KARR, Sous les tilleuls, 1832, page 92. Ø 12. Dans le parc, une longue allée d'arbres vénérables aux troncs gainés de velours noir et vert, une allée sombre et silencieuse qui fait songer aux avenues mélancoliques de nos plantations du Sud. On pourrait, en se promenant sous ces arbres, mûrir un grand dessein ou se consoler d'une grande douleur. JULIEN GREEN, Journal, 1938, page 151. Remarque : Syntagmes fréquents allée de tilleuls, d'arbres, de platanes, d'acacias, etc.; allées de jardin, de parc; allée(s) d'un bois; une grande allée, une longue allée, une petite allée, de larges allées; allée(s) droite(s), allée tournante; au bout de l'allée, au détour de l'allée, au milieu, au fond de l'allée, au bord de l'allée, à un tournant de l'allée; suivre une allée, se promener dans une allée; ratisser une allée, sabler une allée. — Au figuré : Ø 13. Tous ceux qui n'adopteront pas une attitude nette, sans compromission sur cette question, [judéo-maçonnique] se verront impitoyablement balayés des allées du Pouvoir. ROBERT PIERRET, Au Pilori, 7 février 1941. Remarque : On dit plus couramment les avenues du Pouvoir. — En particulier. · Allée cavalière. Allée, d'un parc, d'une forêt, ou bordant une voie principale, réservée aux cavaliers : Ø 14. André se dérobe à l'avenue, trop ensoleillée, et suit l'allée cavalière qui longe en contre-bas le mur de la terrasse. ROGER MARTIN DU GARD, Devenir, 1909, page 179. Ø 15. Une foule assez nombreuse dévalait l'avenue du Président-Wilson, couvrant la chaussée, le trottoir et l'allée cavalière, à la suite d'un taxi qu'un groupe de dix ou quinze personnes semblait vouloir prendre d'assaut. JULIEN GREEN, Journal, 1932, page 85. · Contre-allée. Allée latérale, parallèle à la voie principale : Ø 16.... entre les deux bordures vertes des contre-allées, l'avenue des Champs-Élysées montait tout là-haut, à perte de vue, terminée par la porte colossale de l'Arc de Triomphe, béante sur l'infini. ÉMILE ZOLA, L'Œuvre, 1886, page 77. — ARCHÉOLOGIE. Voie bordée de figures sculptées précédant certains temples de l'Égypte antique ou des pays d'Asie : Ø 17. Une allée de béliers et de sphinx réunissait autrefois les palais de Louksor à ceux de Karnac... MAXIME DU CAMP, Le Nil, Égypte et Nubie, 1854, page 216. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 3 459. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 3 368, b) 6 414; XXe. siècle : a) 6 149, b) 4 688. Forme dérivée du verbe "aller" allée ALLER1, verbe. I.— Emplois comme verbes intransitifs. A.— [Le verbe marque un déplacement depuis un point de l'espace jusqu'à un autre] Se mouvoir, se déplacer. 1. Emploi indéterminé. [Le terme du déplacement n'est pas indiqué] a) [Le sujet est un substantif désignant une personne ou un animal] : Ø 1. Elle marchait devant moi dans le sable, avec un pas déterminé et un mélange si charmant de délicatesse féminine et de témérité enfantine, que je m'arrêtais pour la regarder à chaque instant. Il semblait, une fois lancée, qu'elle eût à accomplir une tâche difficile, mais sacrée; elle allait devant comme un soldat, les bras ballants, et chantant à tue-tête; tout d'un coup elle se retournait, venait à moi et m'embrassait. ALFRED DE MUSSET, La Confession d'un enfant du siècle, 1836, page 252. Ø 2. Le couloir où Jean Valjean cheminait maintenant était moins étroit que le premier. Jean Valjean y marchait assez péniblement. Les pluies de la veille n'étaient pas encore écoulées et faisaient un petit torrent au centre du radier, et il était forcé de se serrer contre le mur pour ne pas avoir les pieds dans l'eau. Il allait ainsi ténébreusement. VICTOR HUGO, Les Misérables, tome 2, 1862, page 531. — Par métaphore : Ø 3. 21 octobre assez bien travaillé, mais je vais lentement. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Journaux intimes, octobre 1811, page 367. — Littéraire. [Aller suivi d'un participe présent marquant un procès qui accompagne l'action d'aller] : Ø 4. Comme il [le passant] tendra l'oreille aux rumeurs indécises! Comme il ira rêvant des figures assises Dans le buisson penché... VICTOR HUGO, Les Voix intérieures, 1837, page 244. · Laisser aller quelqu'un. Lui permettre de s'en aller, le relâcher : Ø 5.... quand j'ai vu qu'après mes livres on allait saisir ma personne, (...), et qu'on me livrait aux Italiens, me voyant enfin la corde au cou, j'ai dit comme j'ai pu ce que j'avais à dire pour qu'on me laissât aller. PAUL-LOUIS COURIER, Lettres de France et d'Italie, 1810, page 840. b) [Le sujet est un substantif désignant un moyen de locomotion] : Ø 6. Le tilbury allait bon train, mais le boulevard était encombré de voitures, et souvent il était forcé de ralentir sa marche, ce qui permit au cabriolet de régie de le suivre à courte distance. PIERRE-ALEXIS, VICOMTE PONSON DU TERRAIL, Rocambole, les drames de Paris, tome 1, L'Héritage mystérieux, 1859, page 309. Remarque : Dans son emploi indéterminé, aller est généralement accompagné d'un adverbe ou d'une locution adverbiale ou d'un complément circonstanciel indiquant les modalités du mouvement, soit : a) la vitesse d'exécution du mouvement aller vite, lentement, doucement, bon train, grand train. Plus particulièrement, si le sujet est une personne aller à grands pas; si le sujet est un animal (un cheval) aller au trot, au galop, au/le pas, aller l'amble; si le sujet est un bateau aller à pleines voiles; b) la nature de la direction du mouvement aller droit, tout droit, à reculons, au hasard; c) le moyen utilisé pour le mouvement aller à pied, en voiture, à cheval, en bateau; d) l'endroit par où passe le mouvement aller par terre, par mer, à travers champs, par le chemin le plus court, par un chemin de traverse; e) l'endroit où a lieu le mouvement aller sur (la) terre, en plaine, sur l'eau, dans les airs; en avant, en arrière, devant, derrière, à côté, à droite, à gauche de quelqu'un; en syntagme avec se laisser : se laisser aller contre un mur, sur le dos d'un fauteuil; f) la manière dont se fait le mouvement, relativement à d'autres agents de l'action (accompagnement) aller ensemble, de compagnie, côte à côte, en troupe, (tout) seul, à la file les uns derrière les autres, de front. · Aller et venir. Marque un mouvement de balancement, un mouvement alternatif (surtout quand le sujet est une chose). [Quand le sujet est une personne] Faire les cent pas. Confer aussi aller de long en large. c) Par analogie. [En parlant du temps] : Ø 7. 18 janvier travaillé. Les événements vont si vite que mon livre n'aura plus le mérite de l'audace. Allons toujours. BENJAMIN HENRI CONSTANT DE REBECQUE, Journaux intimes, janvier 1814, page 397. d) Emplois figurés. Aller avec quelqu'un, aller ensemble. Fréquenter quelqu'un, avoir des relations avec quelqu'un. · Aller de pair avec quelqu'un. · Aller (droit) son chemin et expressions similaires : aller son (petit) bonhomme de chemin, aller vite en besogne : Ø 8. Je me suis engagé, par sentiment du devoir, dans une rude voie. Je dédaigne les insultes, et je vais droit mon chemin. On me jugera quand on saura ce que j'ai à dire. GEORGES CLEMENCEAU, L'iniquité, 1899, page 8. · Se laisser aller. S'abandonner, se négliger. 2. Emploi déterminé. [Le terme du mouvement est envisagé; aller peut éventuellement être accompagné d'un adverbe ou d'un complément circonstanciel indiqué dans la remarque supra] a) [Le sujet désigne généralement une personne; le terme du mouvement est indiqué par un substantif désignant une personne] · Aller chez, auprès de, vers. Se rendre auprès de quelqu'un. Aller chez le coiffeur, chez le dentiste. (Familèrement ou populairement : Aller au coiffeur, au dentiste). · Aller au-devant de. Se porter au-devant de. · Figuré. Aller contre (à l'encontre de) quelqu'un. S'opposer à quelqu'un : Ø 9.... il faut aller au-devant du pauvre, du même mouvement par lequel on allait primitivement au martyre... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 1, 1840, page 312. — Littéraire. Aller à quelqu'un. S'adresser à, se tourner vers : Ø 10. Si un jour vous avez profondément besoin d'un autre être, (...) irez-vous à celui qui a souillé d'un hochement de tête un acte généreux ou simplement une tendance pure? Peut-être étiez-vous de ceux qui l'approuvèrent; mais dans ce moment grave où c'est la vérité qui frappe à votre porte, vous vous tournerez vers cet autre qui a su s'incliner et aimer. MAURICE MAETERLINCK, Le Trésor des humbles, 1896, page 255. · [Exceptionnellement le sujet est une chose] Être destiné à, être pour : Ø 11. La tante, fidèle à l'idée fixe de toute sa vie, laissait son million à leur premier né, avec la jouissance de la rente aux parents jusqu'à leur mort. Si le jeune ménage n'avait pas d'héritier avant trois ans, cette fortune irait aux pauvres. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 1, Un Million, 1882, page 392. b) [Le terme du mouvement est indiqué par un mot (substantif précédé d'une préposition, ou adverbe) désignant un lieu] — [Le sujet est un substantif désignant une personne ou un moyen de locomotion] Se rendre à. Aller à Paris, aller ailleurs : Ø 12. Il me dit comment. après avoir obtenu une place sur un vaisseau qui allait aux Indes, au milieu des délices que lui faisait éprouver son voyage, il s'était réveillé la nuit, croyant voir sa mère en rêve, qui lui reprochait son départ... BARBARA JULIANE VON VIETINGHOFF, BARONNE DE KRÜDENER, Valérie, 1803, page 212. Ø 13.... voici ce qu'il faut faire : (...) demain, au point du jour, tu monteras dans ton char, tu te feras conduire sur le bord de la mer. Tu iras jusques aux premiers rochers du Carmel, et tu ne les auras pas dépassés que tu seras sauvée. SOPHIE COTTIN, Mathilde, tome 2, 1805, page 224. Ø 14.... malgré toute sa science, le postillon douta de pouvoir arriver à Durantal. Aux premières maisons du village, le postillon fut contraint de s'arrêter; car il n'étoit pas possible d'aller plus loin. HONORÉ DE BALZAC, Annette et le criminel, 1824, page 247. Ø 15. Mess Lethierry alla à la fenêtre, l'ouvrit, la referma, revint à la table, prit les trois bank-notes, les plia, posa la boîte de fer dessus, se gratta les cheveux, saisit la ceinture de Clubin, la jeta violemment contre la muraille, et dit : — Il y a quelque chose. VICTOR HUGO, Les Travailleurs de la mer, 1866, page 419. Ø 16. Il faut aller au-dessus des lignes. Il faut survoler les troupes françaises et les troupes allemandes... ROGER MARTIN DU GARD, Les Thibault, L'Été 1914, 1936, page 681. Remarque : Constructions et syntagmes fréquents : aller à, en (dans), jusqu'(à), où aller?, y aller; aller vers, aller dans la direction de, aller du côté de; aller en haut (de), en bas (de); aller au-dessus de; aller dehors, dedans; aller au bord de; aller à une certaine distance, aller près (de), aller loin (de). — Aller à. · Aller à la ligne (au cours de la rédaction d'une page). Changer de ligne en commençant la ligne suivante selon la norme d'un début de paragraphe. · Par métonymie et familier. Aller au diable, à tous les diables, au diable Vauvert, au diable vert. Aller loin (de manière à disparaître de la vue de quelqu'un). · Au figuré. Aller à la gloire; (ne pas) aller loin (trop avant) dans la voie du devoir; aller jusqu'au bout (de quelque chose); aller trop loin (dans un certain domaine), aller plus loin, avant d'aller plus loin (dans un raisonnement); aller au devant de ces objections, les prévenir; ne pas aller à la cheville de quelqu'un, ne pas le valoir; aller jusqu'à une certaine somme, accepter de la dépenser. · Laisser aller quelqu'un à sa pente naturelle. L'abandonner à lui-même. — [Avec indication du point de départ] Aller de... à... : Ø 17. Après leur dîner, Lucien et Coralie allèrent à pied de la rue de Vendôme au Panorama-Dramatique, par le boulevard du Temple du côté du café Turc, qui, dans ce temps-là, était un lieu de promenade en faveur. HONORÉ DE BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, page 429. · Au figuré. Aller d'une chose à une autre : Ø 18. Il y a deux sortes de modulations : l'une par laquelle on va d'un ton à un autre ton qui lui est relatif; l'autre qui consiste dans le passage à un ton éloigné de son antécédent [en musique] . AUGUSTIN SAVARD, Cours complet d'harmonie théorique et pratique, 1853, page 92. — Aller sur. [Pour indiquer l'âge d'une personne] Aller sur ses [nombre cardinal] ans. Approcher de... ans. Il va sur ses soixante ans. · Locution proverbiale. Aller sur les brisées de quelqu'un. Empiéter sur son domaine (en termes de vénerie, et au figuré). — [Le sujet est un substantif désignant une chose qui sans être douée elle-même de mouvement, le permet] Aboutir à : Ø 19. L'aorte droite (...) fournit, peu à-près sa naissance, de petites artères qui vont à une glande orbiculaire, placée au-devant de la base du coeur... GEORGES CUVIER, Leçons d'anatomie comparée, tome 4, 1805, page 284. · [Avec indication du point de départ] Aller de... à... Partir d'un lieu et aboutir à un autre : Ø 20. Cherchez-moi, je vous prie, un logement rue de Bourbon ou de l'Université ou Saint-Dominique ou de Varenne, ou dans une des rues qui vont de la rue Saint-Honoré aux Champs-Élysées, fenêtres sur un jardin au midi, silence partout. ALPHONSE DE LAMARTINE, Correspondance générale. 1833, page 354. · Par analogie. [En parlant d'un espace de temps] : Ø 21. Je ne saurais nier en effet que je ne sois, depuis le début de janvier en particulier, le lieu d'un sourd malaise — qui, depuis juillet, m'avait de temps à autre effleuré de son aile (et fait plus que cela dans l'atroce période qui alla du 15 août au 23 septembre), mais qui maintenant implore solution. CHARLES DU BOS, Journal, 1928, page 33. — Au figuré. [Le sujet est un substantif désignant une chose, en particulier une chose abstraite (sentiment, action...)] Atteindre de manière à faire impression. Ces paroles me sont allées à l'âme, au coeur. · Aller jusqu'à. [Pour marquer l'aboutissement dans une gradation ou une progression] Monter à, atteindre : Ø 22. Les beautés qui peuplent la montagne Sainte-Geneviève, et se partagent les amours des écoles, lui inspiraient une sorte de répugnance qui allait jusqu'à l'aversion. ALFRED DE MUSSET, Mimi Pinson, profil de Grisette, 1845, page 216. Ø 23. Le cétacé, profondément engagé dans la vaste baie de l'Union, la sillonnait rapidement depuis le cap Mandibule jusqu'au cap Griffe, poussé par sa nageoire caudale prodigieusement puissante, sur laquelle il s'appuyait et se mouvait par soubresauts avec une vitesse qui allait quelquefois jusqu'à douze milles à l'heure. JULES VERNE, L'Île mystérieuse, 1874, page 306. — Par analogie. [En parlant d'une personne ou de la durée de sa vie] : Ø 24. Elle ne put guérir. Les poumons atteints profondément donnaient des inquiétudes pour sa vie. « Si elle reste ici, elle n'ira pas jusqu'aux froids », dit le médecin. GUY DE MAUPASSANT, Contes et nouvelles, tome 2, Première neige, 1883, pages 419-420. · Aller au delà de. Dépasser : Ø 25. Louis XVI (...) quitta Versailles, et ce fut un grand événement. Dans ces temps-là, un roi ne quittait jamais sa demeure; ses excursions n'allaient pas au delà d'une partie de chasse... EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 884. · Aller loin : Ø 26. Les gens connaissaient la Poule-Courte, son crédit n'allait pas loin. HENRI POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Château des sept portes, 1922, page 169. · Rare. [En parlant du montant d'une somme d'argent] Aller dans. S'élever à : Ø 27. « Que gagne votre fille avec ses leçons?... » (...) Justement elle [la mère] était en train d'examiner leurs petits comptes. Cette année, ça irait dans les quatre mille francs. ALPHONSE DAUDET, L'Évangéliste, 1883, page 137. c) [Le terme du mouvement est indiqué par un substantif désignant le lieu où se déroule une activité ou bien par un substantif d'action ou un substantif équivalent; aller est suivi de la préposition à, plus rarement de en et dans ce dernier cas avec substantif sans article] Aller au théâtre, aller en voyage : Ø 28.... à 8 h et demie, j'ai été à une séance du comité de l'intérieur où j'ai resté dans un grand état de malaise jusqu'après 11 h. Rentré chez moi; j'ai renoncé à aller à une soirée de M. Suard. MARIE-FRANÇOISE-PIERRE GONCTHIER DE BIRAN, DIT MAINE DE BIRAN, Journal, 1817, page 12. Ø 29. Moi, je me suis marié et j'ai eu des enfants, et il a fallu que j'aille aux champs. J'étais pas fait pour ce travail-là, j'ai mon certificat. Et ces gueux de propriétaires ne vous laissent rien. PAUL CLAUDEL, Tête d'or, 2e. version, 1901, page 262. Ø 30. Shelley pensa que le séjour de Londres, par les tentations qu'il offrait, était cause de tout le mal; il eut cette idée, si naturelle aux amants qui sentent dans le couple un trouble encore obscur, d'aller revoir les lieux où leur amour a été le plus vif. La fameuse voiture de Harriet fut équipée; (...) et, escortés par Eliza, ils allèrent en pèlerinage à Keswick et à Édimbourg. ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Ariel ou la Vie de Shelley, 1923, page 148. Ø 31. Les enfants grandissaient et Jonas était heureux de les voir gais et vigoureux. Ils allaient en classe, et revenaient à quatre heures. ALBERT CAMUS, L'Exil et le royaume, 1957, page 1644. Remarque : Syntagmes notés aller à la messe (à l'église), au bal, (au spectacle, au concert, au cinéma), à la chasse (à la pêche), au café, au bagne, à l'hôtel, au bureau (à son travail), au paradis; aller au bain, au marché; aller aux renseignements (aux nouvelles); aller aux urnes; aller à confesse; aller à la guerre, au combat, à l'assaut, au feu; aller à l'échafaud, au supplice, à la mort, à sa perte; aller à la découverte de, à la rencontre, au secours de quelqu'un; aller en prison (mais au bagne), en pélerinage, en enfer (mais au ciel), en quête de (mais à la recherche de). · Aller au(x) cabinet(s), aller à la selle, aller. · Proverbe. Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse. · [En parlant de poteries ou de plats qui ont la propriété de ne pas se détériorer au feu] Être mis dans : Ø 32. Les hygiocérames (...) que l'on fait sous le nom de poteries de santé jouissent éminemment de la propriété d'aller au feu. ADOLPHE BRONGNIART, Traité des arts céramiques ou des poteries considérées dans leur histoire, leur pratique et leur théorie, 1844, page 291. · Au figuré. Aller au plus pressé, aller (droit) au but, au fait. Se laisser aller à un état, un sentiment, une action. S'abandonner à : Ø 33. Il s'agit de voir si la vie me permettra de travailler avec intensité et si aussi, dans l'hypothèse qu'elle me le permette, je serai de mon côté assez sage pour ne me laisser aller à nul découragement. CHARLES DU BOS, Journal, octobre 1924, page 193. — [Avec l'adverbe y désignant l'action dont il est question, et un adverbe ou une locution circonstanciel précédant ou suivant le verbe pour en indiquer la manière] Y aller, Entreprendre une action d'une certaine manière. Ne pas y aller par quatre chemins; ne pas y aller avec le dos de la cuiller; y aller à tour de bras; y aller doucement, fort; (y) aller au culot; comme vous y allez! : Ø 34. LE CHIFFONNIER. — Oui, elle a raison, la petite dame. Je lui donnerais vingt sous, au sourd-muet, vingt francs, vingt millions... vous voyez, j'y vais carrément. JEAN GIRAUDOUX, La Folle de Chaillot, 1944, II, page 148. · Familier. Y aller de quelque chose Entreprendre une certaine action : Ø 35. Lacretelle me disait : « Allez-y! Nommez-vous. Allez-y d'une dédicace... » ANDRÉ GIDE, Journal, 1930, page 966. 3. [Aller est suivi d'un infinitif marquant le but, le plus souvent non précédé de la préposition pour; avec éventuellement un adverbe ou un complément de lieu entre aller et l'infinitif] Se mettre en mouvement pour faire quelque chose. Aller voir un ami : Ø 36. Il (...) ne revenait pas de sa surprise en apprenant que ces malheureux sortaient tous les jours de leur hospice, situé dans le fond du faubourg Saint-Antoine, traversaient Paris pour aller au Palais-Royal faire de la musique au café des aveugles, et retournaient chez eux, à minuit, sans guide et sans accident. VICTOR-JOSEPH ÉTIENNE, DIT DE JOUY, L'Hermite de la Chaussée d'Antin, tome 3, 1813, page 259. — [Avec la préposition pour devant l'infinitif] : Ø 37. Quand Marthe rentra, elle trouva son mari pâle et sérieux. — Qu'as-tu? — fit-elle, et elle alla pour l'embrasser. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Charles Demailly, 1860, page 329. Remarque : Dans ce dernier exemple la valeur du tour n'est pas loin de celui qui est signalé infra II C 1 a remarque : 2). — Au figuré. N'aller qu'à + infinitif Ne tendre qu'à : Ø 38. Ils (vos prêtres, dit Balkis à Soliman) ne vont à rien moins qu'à tout immobiliser, qu'à ternir la société dans les langes... GÉRARD DE NERVAL, Voyage en Orient, tome 3, 1851, page 149. 4. Emplois techniques. a) ESCRIME. Aller à l'épée. S'ébranlant sur un appel d'escrime, faire de trop grands mouvements avec l'épée et attaquer en étant découvert. b) JEUX. Y aller, prendre part au jeu (en misant); s'en aller d'une carte, s'en défaire, la jouer, l'écarter. c) MANÈGE. Aller de l'oreille, faire une inflexion de tête à chaque pas; aller étroit, aller large, s'approcher ou s'éloigner du centre du manège. d) VÉNERIE. Aller au bois, aller en quête (ou faire le bois). Se rendre au bois la veille ou de bon matin avec le limier pòur y détourner une bête. — [En parlant d'une bête] Aller de hautes erres, être passé il y a plusieurs heures; aller de bon temps, être passé il y a peu de temps; n'aller plus de temps, être passé depuis un ou deux jours; aller d'assurance, aller au pas, sans crainte; aller sur soi, revenir sur ses pas, sur ses erres en reprenant le même chemin. — [En parlant d'un chien de chasse] Aller au vent. Aller le nez haut, le nez au vent. B.— [Le verbe marque un mouvement, sans idée de déplacement d'une point à un autre] 1. [En parlant d'un mécanisme, d'un train de maison, etc.] Fonctionner, accomplir son mouvement ou son activité propre. Cette pendule va juste. · Faire aller. Faire fonctionner. Faire aller la maison; faire aller (la cuisson d'un aliment) à feux doux, à petit feu... · Laisser aller quelque chose L'abandonner à son mouvement propre, ne pas s'en préoccuper. · JEUX. [Pour indiquer la fin des mises] Les jeux sont faits, rien ne va plus : Ø 39.... tant pis pour les traînards, il n'y a plus de cartons [de loto] , le jeu est fait, rien ne va plus, commençons. LÉON VIDAL, J. DELMART, La Caserne, moeurs militaires, 1833, page 284. — Au figuré. Les langues vont bon train. Elles sont intarissables, en particulier pour dénigrer. 2. a) [En parlant d'affaires, d'une entreprise, généralement avec un adverbe qualificatif] Se dérouler : Ø 40. À l'Impératrice, à Mayence. Géra, le 13, à 2 heures du matin, 1806. Je suis aujourd'hui à Géra, ma bonne amie; mes affaires vont fort bien, et tout comme je pouvais l'espérer. NAPOLÉON 1ER, Lettres à Joséphine, 1806, page 108. · Aller (ne pas aller) tout seul; aller (ne pas aller) sans difficulté. — Au figuré. [En parlant d'une chose qui, parce qu'évidente ou spontanée, n'a pas besoin d'être établie ou soulignée] Aller de soi, aller sans dire : Ø 41.... à côté des multiples inconvénients qui vont de soi, et trop évidents pour qu'on en traite, il n'y a pour l'homme et pour la femme (...) qu'un avantage — mais réel — à être « du monde », je veux dire à y être né, à y avoir été élevé... CHARLES DU BOS, Journal, juin 1928, page 131. · [En parlant d'une chose et parfois d'une personne] (C'est) va comme je te pousse, il va comme je te pousse. Cela se fait, il agit au hasard, sans direction : Ø 42. [Madame Gruget] : — (...) Eh! bien non, ça vient, ça vous câline, ça vous dit : « Bonjour, ma mère. » Et voilà deux devoirs remplis envers l'auteur de ses jours. Va comme je te pousse. HONORÉ DE BALZAC, Ferragus, 1833, page 110. b) Par analogie. [En parlant d'une personne envisagée du point de vue de sa santé] · Aller (bien, mal, médiocrement, etc.). Se porter bien, mal, etc. : Ø 43. Il [Richard] rendait compte de tout cela à Joseph Quesnel, qui allait mieux, les coliques passées, mais que diverses complications tenaient encore à la chambre. (...). La chance allait couci-couça. LOUIS ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, page 433. · Expression proverbiale. Ne plus aller que d'une aile, que d'une (seule) patte. Avoir une santé fort compromise. c) Familier. [En parlant de la marche des affaires ou de la santé d'une personne] Comment ça va?; comment ça va-t-il? Ça va (bien, mal, médiocrement, etc.). Ça va (sans adverbe). Cela va convenablement. 3. [Le verbe marque un rapport de convenance entre le sujet et un objet secondaire personnel, ou un complément introduit par la préposition avec] Être (bien, mal) adapté, convenir à une chose ou à une personne : Ø 44. En arrivant à Longwood, il [l'Empereur] a quitté son petit uniforme vert de la garde; il n'a plus alors porté qu'un habit de ses chasses, dont on avait ôté le galon; il lui allait assez mal et commençait à être fort usé : on s'inquiétait déjà comment on le remplacerait. EMMANUEL DIEUDONNÉ, COMTE DE LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, tome 1, 1823, page 458. — Familier. · [En parlant d'une chose] Au propre et au figuré. Cela (ça) me va. Cela me convient : Cela me va comme un gant Cela me convient parfaitement. · [En parlant de 2 ou de plusieurs personnes ou choses] Aller (bien, mal) ensemble, aller ensemble. Être dans un (certain) rapport de convenance réciproque : Ø 45.... il est impossible de rien voir de plus jeune [que l'Accordée de village de Greuze] (...) et de plus coquettement virginal, si ces deux mots peuvent aller ensemble. THÉOPHILE GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, page 185. — Absolument, familier. Ça va, ça peut aller. Cela paraît suffisant et satisfaisant, ce n'est pas la peine de continuer. II.— Emplois grammaticaux spécialement. A.— Emplois impersonnels. 1. Il va de soi, il va sans dire que + indicatif (confer supra I B 2 a). Il est évident, il est manifeste que : Ø 46.... il va sans dire qu'il [Dietrich] reste bien loin de son prototype [Rembrandt] , car le serviteur marche derrière le maître, comme disait Michel-Ange. THÉOPHILE GAUTIER, Guide de l'amateur au Musée du Louvre, 1872, page 155. 2. Il en va de même (ou ainsi) de (ou pour), il en va (tout) autrement (de ou pour + nom de personne). La situation est la même ou tout autre (pour telle personne) : Ø 47.... qu'un sacristain s'installe dans un presbytère abandonné, la belle affaire! Cela ne gêne personne! Il en irait autrement si François dénonçait l'enterrement du grand-père et comme quoi les îliens se confessaient à Thomas et comme quoi Thomas disait secrètement la messe avec les enfants de choeur!... HENRI QUEFFÉLEC, Un Recteur de l'île de Sein, 1944, page 183. Remarque : Pour l'expression va pour (confer infra II B 1). 3. Il y va de + nom de chose. Ce qui est en cause, c'est... : Ø 48. L'accusation de trahison se trouve corroborée par des lettres ignobles où le même individu, laissant couler sa haine, déverse sur la France et sur son armée des outrages sans nom. Le misérable nia d'abord l'authenticité de ces documents, comme il fallait s'y attendre, et, chose étrange, ses juges militaires, tout en proclamant qu'il y allait de « l'honneur de l'armée » que la lumière fût faite sur cette affaire, s'abstinrent de tout effort pour découvrir la vérité. GEORGES CLEMENCEAU, L'Iniquité, 1899, page 380. B.— Emplois exclamatifs. [Pour exprimer des mouvements d'humeur, diversifiés par le ton] 1. À l'indicatif, familier. a) [Dans le dialogue, pour indiquer avec vivacité ou ironie au partenaire qu'il a assez parlé, qu'on l'a assez entendu] Ça va! arrêtez! (Confer supra I B 3). b) [Pour exprimer une résignation conditionnelle] À la forme impersonnelle sans il. Va pour + nom de chose, va pour + nom de personne. Cela est admissible pour (telle personne), mais pas pour telle autre! 2. À la forme positive de l'impératif. a) Allons, allez. Formule d'exhortation : allons, courage! · Ou formule d'impatience : allons, pressons (-nous)! · Ou formule d'agacement : Ø 49. Allons, le voilà qui s'emporte, Comme à son ordinaire! JEAN-FRANÇOIS COLLIN D'HARLEVILLE, Le Vieux célibataire, 1792, IV, 9, page 108. b) Va. Formule soulignant une constatation à laquelle on se soumet par résignation forcée : Ø 50. M'avoir laissé cinq ans avec cette conviction que mon ami Jack était un voleur!... Canaille, va!... ALPHONSE DAUDET, Jack, tome 2, 1876, page 149. c) Populaire. Va donc. Formule introduisant généralement une injure : va donc, espèce de... d) Familier. Impératif de locutions expressives pour exprimer l'impatience, la colère. Allez au diable, à tous les diables; qu'il aille au diable; allez vous promener; va te faire prendre ailleurs. 3. À la forme négative de l'impératif. [Pour détourner d'une opinion erronée] N'allez pas, (ne va pas) croire (penser, conclure) que... : Ø 51. De ce que je crois reconnaître un ordre, des lois, n'allez pas conclure que je crois en Dieu... ROGER MARTIN DU GARD, Jean Barois, 1913, page 285. C.— Emplois comme auxiliaires de mode. 1. [Aller suivi d'un infinitif] a) Pour exprimer un futur proche ou imminent. — [Au présent marquant l'action achevée] Je vais avoir fini dans un instant : Ø 52.... j'ai lu avidement toute la pièce, surtout le milieu, que je ne connaissais pas. Mais je me dépêchais; j'avais peur d'être dérangé. C'était dans ma chambre de Rouen. Quand je vais avoir fini cette lettre, je vais m'y mettre et la prochaine fois je t'enverrai mes observations. GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1846, page 348. Remarque : 1. Comme le futur simple, ce futur périphrastique peut exprimer un ordre (particulièrement énergique à cause de l'imminence de la réalisation) : Ø 53.... vous allez me parler raisonnablement, ou, morbleu! HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839, page 309. Remarque : 2. Aller pour + infinitif s'emploie pour marquer une action qu'on se dispose à faire dans l'immédiat mais qui n'est pas sûre d'aboutir. Elle va pour sortir (PAUL VALÉRY, Mon Faust, 1945, III, 7). b) [À l'imparfait; le plus souvent pour signifier l'action imminente manquée, ou empêchée par la survenance d'une autre] Il allait sortir quand (tout à coup)... : Ø 54. Cécile était seule, dans le salon de musique. Elle se tenait assise, tête basse, devant un grand clavecin et tournait le dos à la porte. — Je te dérange, murmura Laurent. Peut-être allais-tu jouer? Peut-être viens-tu de jouer? GEORGES DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Le Combat contre les ombres, 1939, page 249. c) [À l'imparfait, précédé de si conditionnel-interrogatif (pour marquer une action imminente redoutée)] : Ø 55.... pour remonter sans chandelle, si j'allais me tromper de porte? HENRI POURRAT, Gaspard des montagnes, À la belle bergère, 1925, page 240. Remarque : 1. Ces emplois sont en principe différents des emplois signalés supra I A 3; confer cependant des cas limites signalés en I A 3 Remarque : 2. Dans le syntagme aller chercher quelqu'un ou quelque chose " se rendre dans un endroit pour en ramener quelqu'un ou en rapporter quelque chose ", aller joue le rôle d'un réducteur sémantique qui fait perdre à chercher son sens ordinaire. 2. [Aller suivi de la forme invariable en -ant, d'un verbe indiquant une idée de développement ou de progression (positive ou négative)] a) Littéraire. [La forme en -ant n'est pas précédée de la préposition en] Aller croissant : Ø 56.... comme ce ciel qui te paraissait d'en bas obscurci par les nuées, toujours ton Dieu gardait dans l'ombre la plus grande partie de lui-même; car, pour l'accorder à ta tendresse, tu le décorais de tant de vertus que tu allais ramenant l'infini aux proportions de ta nature, tandis que ton âme, s'embourbant à part dans les préoccupations du salut, perdait de plus en plus le fil mince qui la rattachait à l'idée;... GUSTAVE FLAUBERT, La Tentation de Saint Antoine, 1849, page 413. b) Usuel. [La forme en -ant est précédée de en; le sujet est généralement un inanimé] Aller en s'accroissant, en diminuant, en augmentant, en (s') élargissant, en (s') affaiblissant, en grandissant : Ø 57. Chacun désirait le retour du duc de Bourgogne; mais il ne voulait revenir que lorsque le roi aurait recouvré quelque santé. Les souffrances de ce malheureux prince allaient toujours s'aggravant Les bons intervalles devenaient chaque année plus rares et plus courts... PROSPER DE BARANTE, Histoire des ducs de Bourgogne de la maison de Valois, tome 2, 1821-1824, page 276. Ø 58. Les paysans connaissaient Manuel depuis la propagande de Ramos dans la Sierra. Ils éprouvaient pour lui une sympathie prudente, qui allait s'accentuant au fur et à mesure qu'il était plus mal rasé et que ce visage de Romain un peu alourdi, aux yeux vert clair sous des sourcils très noirs, devenait une tête de matelot méditerranéen. ANDRÉ MALRAUX, L'Espoir, 1937, page 481. III.— S'en aller. [Une limite initiale de l'action est envisagée; le terme du mouvement est parfois implicite] Partir du lieu où se trouve le sujet en question (pour se rendre dans un autre lieu). A.— [Le sujet désigne une personne ou un moyen de locomotion] 1. [Avec indication du point de départ] S'en aller de : Ø 59. Ce cher frère me donne bien des sollicitudes, mais aussi beaucoup d'affection de son côté, ce qui paye au centuple. Il me veut à son mariage; je veux y être et je ne puis partir, m'en aller d'ici, laisser ma soeur, mon père pour longtemps. Cela attriste, attriste et me fait dire non. On convient qu'il faut que j'y aille, mais je ne sais qui pourra m'arracher d'ici. EUGÉNIE DE GUÉRIN, Lettres, 1838, page 181. 2. [Sans indication du point de départ] : Ø 60. Dans les larges bassins, fermés par une clôture de planches les bateaux attendaient le moment où ils s'en iraient, le long des chemins de halage, au frémissement des sonnailles suspendues au cou des chevaux. ÉMILE MOSELLY, Terres lorraines, 1907, page 48. 3. [Suivi d'un infinitif marquant le but] : Ø 61. Les bains nocturnes sont en honneur à Tahiti; au clair de lune des bandes de jeunes filles s'en vont dans les bois se plonger dans des bassins naturels d'une délicieuse fraîcheur. JULIEN VIAUD, DIT PIERRE LOTI, Le Mariage de Loti, 1882, page 45. — Familier. [Suivi d'un infinitif pour exprimer un futur proche] : Ø 62. Je m'en vais te faire une confidence... GUSTAVE FLAUBERT, Correspondance, 1850, page 202. Remarque : Ce dernier emploi se distingue de la construction aller + infinitif (confer supra II C 1) en ce qu'il est plus familier, se limite à la 1re. personne du singulier, et souligne la continuité entre le moment actuel et le moment futur. 4. [Suivi d'un verbe à la forme en -ant pour souligner l'aspect duratif du procès exprimé par ce verbe] : Ø 63.... — Quand il [l'artiste] s'en va cherchant Ces pensers de hasard que l'on trouve en marchant, ... Il retrouve, attristé, le regret morne et froid Du passé disparu, du passé quel qu'il soit. VICTOR HUGO, Les Feuilles d'automne, 1831, page 790. — Par euphémisme. Quitter ce monde, mourir : Ø 64. La pauvre Marthe Roux est morte dimanche dernier, voici quatre jours. Un peu avant de s'en aller, n'ayant plus sa tête, elle disait : « Comme c'est joli, ces enfants qui jouent là-bas! » Que voyait-elle? JULIEN GREEN, Journal, 1944, page 106. — Familier. S'en aller de la poitrine. Être mortellement malade de la poitrine. B.— [Le sujet désigne une chose] Disparaître progressivement, décliner (en parlant du jour); s'écouler (en parlant du temps); s'échapper (en parlant d'un liquide en ébullition), etc. : Ø 65. Ne survit-il pas, dans notre siècle d'impiété, assez de catholicisme pour qu'une âme d'enfant s'imprègne d'amour mystique avec une inoubliable intensité? La foi s'en ira, mais le mysticisme, même expulsé de l'intelligence, demeurera dans la sensation. PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 6. Ø 66. Du jour qui s'en allait, à peine s'il restait un incertain reflet, là-bas vers le couchant, avec un nuage tout noir d'un côté, qui se dédorait et qui s'écaillait, — et c'était tout à fait la nuit. CHARLES-FERDINAND RAMUZ, Aimé Pache, peintre vaudois, 1911, page 230. — [Avec un complément de manière ou de résultat] S'en aller à feu et à sang; s'en aller en ruine. — Au figuré. [En parlant d'un projet] S'en aller en fumée. Remarque : 1. Aux temps composés, en précède normalement l'auxiliaire : je m'en suis allé; je me suis en allé est familier. 2. Pour l'emploi littéraire il s'en fut, au lieu de il s'en alla, confer être.

« Remarque?: 2.

Confer ?galement Edmond et JULES DE GONCOURT, Journal, avril 1872, page 889 [en parlant du sommeil] Cette en-all?e de soi-m?me et Edmond et JULES DE GONCOURT, Journal, avril 1887, page 668 [en parlant de la mort] Une en-all?e de l'existence.

B.? [Avec un substantif coordonn?] 1.

Rare.

All?e et retour?: ? 4.

Des deux c?t?s de la chauss?e, gard?e libre par la garde nationale, jusqu'? la barri?re aux colonnes bleuissantes dans un coup de soleil d'hiver, deux foules s'?tageant et formant ?? et l?, sur les tas de pierrailles, des monticules d'hommes et de femmes.

La chauss?e toute pleine de l'all?e et du retour des voitures d'ambulance, des chariots d'obus, des camions de cartouches, des caissons de munitions, des voitures de toutes sortes, que fait refluer et cogne ? chaque quart d'heure, dans un encombrement strident de ferraille, la fermeture de la barri?re du chemin de fer. EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, d?cembre 1870, page 686.

2.

All?e et venue (confer aller et venir).

a) Au singulier ou au pluriel.

Mouvement physique?: ? 5.

Partout, l'envahissement des soldats; et les nombreux pensionnats de demoiselles et les ?tablissements pour les young ladies ont des mobiles roux en faction ? leurs portes.

Un passage incessant, un croisement, une all?e et une venue continuelles... EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, octobre 1870, page 648.

? 6.

Elle me regarda de nouveau.

Elle ne se surveillait pas et je continuais de suivre dans ses yeux les mouvements qui l'agitaient comme on suit les all?es et venues du m?canisme d'une montre ? travers une bo?te en cristal. PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 127.

? 7.

Il s'approcha de la porte de la cuisine?: dans la fum?e, il voyait les visages, des piles d'assiettes, l'all?e et venue du balancier de cuivre. ALPHONSE DE CHATEAUBRIANT, Monsieur des Lourdines, 1911, page 251.

b) Au pluriel seulement.

D?placements nombreux et en tous sens (que l'on fait pour une affaire).

Faire des. »

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