Définition du terme: CORBEAU, CORBEAUX, substantif masculin.

Définition du terme: CORBEAU, CORBEAUX, substantif masculin. I.— ORNITHOLOGIE. Grand oiseau (Passereaux) au plumage noir, au bec fort et légèrement recourbé, réputé charognard : Ø 1. Ainsi avait-elle vu faire jadis aux voraces corbeaux, s'abattant dans un tumulte fantastique de cris sur une charogne à demi décomposée de bête, et sur un lièvre blessé, cerné, achevé à coups de bec et dévoré sur place. LOUIS PERGAUD, De Goupil à Margot, 1910, page 203. SYNTAXE : Noir(s), vieux corbeau(x); bande(s), croassement(s), nuée(s) de corbeaux. — [Par allusion à la Genèse, 8, 6-7 : " Or, au bout de quarante jours, Noé ouvrit la fenêtre de l'arche qu'il avait faite et lâcha le corbeau. Celui-ci sortit, allant et revenant, jusqu'à ce que les eaux eussent séché de dessus la terre " (La Bible, traduit par E. Osty, Paris, éditions du Seuil, 1973)] Elle [la jeunesse] va, elle part un matin, comme l'essaim qui ne doit plus revenir, comme le corbeau de l'arche qui ne rapporta pas le rameau (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Volupté, tome 1, 1834, page 140 ). — [Par allusion à la fable de La Fontaine Le Corbeau et le renard (Fables choisies mises en vers, I, 2, Paris, Les Belles Lettres, 1934, tome 1)] : Ø 2.... il chercha à expliquer, (...), ce que c'était qu'être dupe. — Je comprends, dit Stanislas, c'est le corbeau qui a la sottise de laisser tomber son fromage, que prend le renard, qui était un flatteur. HENRI BEYLE, DIT STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, page 144. II.— Par analogie. A.— [Par référence à l'aspect du corbeau] 1. [Par référence à l'aspect de son bec] Avec son nez en bec de corbeau et son crâne d'oeuf (ROGER VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, page 250 ). — Spécialement. a) ANTIQUITÉ, TECHNIQUE MILITAIRE. Pièce de bois munie d'un crochet de fer, utilisée dans les sièges pour arracher les pierres des remparts d'une ville assiégée. En particulier (dans les combats sur mer). Grappin en forme d'échelle munie de crochets, servant à aborder les vaisseaux ennemis : Ø 3. Ou parlons-nous du Dieu militaire (...) (...) qui veut pour rites et pour cultes Glaives, piques, corbeaux, scorpions, catapultes (...). VICTOR HUGO, Dieu, 1885, page 33. b) ARCHITECTURE. Grosse pierre, pièce de bois ou de fer mise en saillie sur un mur et servant à supporter une poutre, une corniche ou un encorbellement. Les solives (...) soutenues par des corbeaux (ANATOLE-FRANÇOIS THIBAULT, DIT ANATOLE FRANCE, L'Orme du mail 1897, page 121) : Ø 4. Enfin, ces figures étranges de vieux prophètes, de jeunes femmes, ou de moines accroupis, (...) qui font saillie aux angles supérieurs des ouvertures gothiques, elles sont là pour remplir l'office d'un support avancé, d'un corbeau, qui, en diminuant la portée du linteau, le soulage... CHARLES BLANC, Grammaire des arts du dessin, 1876, page 300. 2. [Par référence à son aspect général] ASTRONOMIE. Constellation de l'hémisphère austral. Remarque : Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1878, DICTIONNAIRE UNIVERSEL DE LA LANGUE FRANÇAISE (LOUIS-NICOLAS BESCHERELLE) 1845, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. B.— [Par référence à la couleur de son plumage] 1. Noir comme un corbeau. Le soleil, qui l'avait frappé toute la journée, lui avait rendu le visage noir comme un corbeau (JEAN-ANTELME BRILLAT-SAVARIN, Physiologie du goût ou Méditations de gastronomie transcendante, 1825, page 135 ). Par ellipse. Noir corbeau (en emploi adjectival invariable). Une grande femme aux cheveux noir corbeau (ÉMILE HERZOG, DIT ANDRÉ MAUROIS, Ariel ou la vie de Shelley, 1923, page 87 ). Remarque : On rencontre aussi, par allusion aux reflets bleutés du plumage, la variante bleu corbeau. Des cheveux bleu corbeau (JEAN GIRAUDOUX, Simon, 1926, page 236). 2. Par métonymie. a) [Dans la désignation de personne] — Homme, femme de race noire. Adieu l'obligatoire compartiment aux « corbeaux » dans les tramways! (...) Nous voyageons en pullmann et le nègre porte nos valises (PAUL MORAND, Magie noire, 1930, page 103 ). — Personne qui, en temps d'épidémie, transportait les corps des pestiférés : Ø 5. On rencontrait des voitures enveloppées d'une banne précédées d'un corbeau, ayant en tête un officier de l'état civil vêtu d'un habit de deuil, tenant une liste en main. FRANÇOIS-RENÉ DE CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 4, 1848, page 64. Remarque : Attesté également dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798 sans marque historique et, dans Dictionnaire de l'Académie Française 1835, 1878, Nouveau Larousse illustré et DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965, avec une marque de vieillissement. — Vieux, populaire. Employé des pompes funèbres. Remarque : 1. Attesté dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Nouveau Larousse illustré, DELVAU 1972 [1883] , Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, Arsène Darmest eter), et Grand Larousse de la Langue française en six volumes, qui spécifie " vieux " et " populaire " 2. On rencontre dans la documentation le mot composé homme-corbeau appliqué à un individu qui évoque un employé de pompes funèbres. Quelle affreuse hideur à la fois de magistrat et d'employé des pompes funèbres, et il se trouve même avoir une croix au ruban noir! Est-ce bien la décoration de cet homme-corbeau! (EDMOND ET JULES DE GONCOURT, Journal, 1889, page 929). — Populaire. Prêtre revêtu d'une soutane noire : Ø 6.... il n'aimait pas les corbeaux, ça lui crevait le coeur de porter ses six francs à ces galfatres-là, qui n'en avaient pas besoin pour se tenir le gosier frais. Mais un mariage sans messe, on avait beau dire, ce n'était pas un mariage. Il alla lui-même à l'église marchander; et, pendant une heure, il s'attrapa avec un vieux petit prêtre, en soutane sale, voleur comme une fruitière. ÉMILE ZOLA, L'Assommoir, 1877, page 433. b) [Dans la désignation de choses] VITICULTURE. " Cépage à raisins noirs, cultivé dans le sud-est de la France " (Vocabulaire de géographie agraire (PAUL FÉNELON) 1970). Remarque : Attesté aussi dans DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse) Supplément 1878-Grand Larousse encyclopédique en dix volumes, DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. — En particulier. · Noir comme l'aile d'un corbeau. De longues mèches de cheveux noirs comme l'aile d'un corbeau (PROSPER MÉRIMÉE, Colomba, 1840, page 74 ). Couleur aile de corbeau. Des cheveux couleur aile de corbeau (HENRI DE MONTHERLANT, Les Jeunes filles, 1936, page 1021 ). Par ellipse. Aile de corbeau (invariable). De quelle couleur avez-vous les cheveux? (...) hier vous les aviez aile de corbeau! (OCTAVE FEUILLET, Scènes et proverbes, 1851, pages 6-7 ). Le luisant, au-dessus des tempes, de ses bandeaux aile de corbeau (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1882, page 180 ). · [Avec, en outre, une idée de forme] La raie blanche (...) partageait ses cheveux en deux bandeaux semblables aux ailes d'un corbeau (HONORÉ DE BALZAC, Le Lys dans la vallée, 1836, page 47 ). Par ellipse. Ailes de corbeau. Bandeaux de cheveux très noirs. Leurs cheveux partagés sur le front en ailes de corbeau (GÉRARD DE NERVAL, Lorely, 1852, page 98 ). Par métaphore. Coiffée d'une aile de corbeau (JEAN COCTEAU, Portraits-souvenirs, 1935, page 219 ). 3. [Par référence au comportement de l'animal] a) Recors. Le petit camaro qui va crosser un peu les corbeaux (PAUL FÉVAL, Le Fils du diable, tome 6, 1847, page 141; attesté également dans HAUTEL tome 1 1972 [1808] ). b) Personnage avide d'argent et sans scrupule. Voyez-vous, quand les hommes d'affaires arrivent derrière un mort, on peut bien dire : v'là les corbeaux! Ils ne laissent que ce qu'ils ne peuvent pas emporter (HENRY BECQUE, Les Corbeaux, 1882, IV, 1, page 214) : Ø 7.... dès qu'on sut qu'il [Albéric] avait gagné le gros lot et avant même qu'il l'eût touché, — (...) — il devint le lion du jour. (...) Et tout de suite, la nuée épaisse des corbeaux parisiens s'abattit sur l'homme heureux. FRANÇOIS COPPÉE, Les Vrais riches, 1891, page 147. c) " Auteur de lettres anonymes " (Grand Larousse encyclopédique en dix volumes). III.— Rare. Terme d'affection ou d'injure. Celle [Madame de Parabère] que le Régent appelait « mon petit corbeau noir » (EDMOND DE GONCOURT, JULES DE GONCOURT, Journal, 1859, page 636 ). Ma petite Clotilde, (...) mon petit corbeau noir (LÉON BLOY, La Femme p, 1897, page 54 ). Hue! vieux corbeau d'Alsace!... Elle vous aime à peu près comme on aime la peste! (HONORÉ DE BALZAC, Spendeurs et misères des courtisanes, 1844, page 343 ). Remarque : On rencontre dans la documentation le dérivé corbillat, corbillot, substantif masculin, au sens de « petit du corbeau ». Attesté dans Dictionnaire de l'Académie Française 1798-1932, Grand dictionnaire universel du XIXe. siècle (Pierre Larousse)-Grand Larousse de la Langue française en six volumes, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE FRANÇAISE (ÉMILE LITTRÉ), Dictionnaire général de la langue française (Adolphe Hatzfeld, ARSÈNE DARMESTETER), DICTIONNAIRE DES DICTIONNAIRES (SOUS LA DIRECTION DE PAUL GUÉRIN) 1892, DICTIONNAIRE ALPHABÉTIQUE ET ANALOGIQUE DE LA LANGUE FRANÇAISE (PAUL ROBERT), DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE QUILLET 1965. STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 826. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 991, b) 1 825; XXe. siècle : a) 1 618, b) 714.