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Définition et usage du mot: BÉAT, -ATE, substantif et adjectif.

Publié le 02/11/2015

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Définition et usage du mot: BÉAT, -ATE, substantif et adjectif. I.— Substantif. A.— RELIGION. 1. Vieux. Moine ou religieuse portant l'habit, mais vivant hors du cloître, soit en particulier soit en famille. Faire des aumônes aux béats (Larousse du XXe. siècle en six volumes) : Ø 1. — Violaine, non, je ne suis clerc, ni moine, ni béat. Je ne suis pas le tourier et le convers de Monsanvierge. PAUL CLAUDEL, L'Annonce faite à Marie, 1re. version, 1912, II, 3, page 53. 2. Rare. Personne béatifiée par l'Église : Ø 2. Par ses promotions successives de saints nouveaux et de nouveaux béats, l'église catholique tente d'une part de garder le contact avec la nouvelle religion civique (annexion de Jeanne d'Arc). Elle cherche en outre à offrir aux dernières masses populaires qui lui restent fidèles, en France, des petites divinités locales, rurales, cantonales, appropriées aux possibilités de rayonnement de cette menue clientèle (curé d'Ars, sainte Thérèse de Lisieux, etc.). JEAN-RICHARD BLOCH, Destin du siècle, 1931, page 157. — Par extension, péjoratif. Personne qui fait le dévot ou qui éprouve une satisfaction niaise de soi-même : Ø 3. « Tu pouvais bien tant faire ta béate, avoir un chapelet de silence, — c'était une enfilée de perles qu'on portait au côté, et l'on en ajoutait une pour chaque heure de silence gardé, — tu pouvais bien te relever la nuit pour défiler des prières! Tu n'es qu'une voleuse! » HENRI POURRAT, Gaspard des montagnes, À la belle bergère, 1925, page 97. B.— Par analogie. JEUX. vieux. Joueur " qui dans une partie est exempt de jouer avec les autres et de payer sa part " (Dictionnaire de l'Académie Française 1835 et 1878). Faire un béat (Dictionnaire historique des argots français (GASTON ESNAULT) 1966, au mot béatitude. ). II.— Adjectif. A.— RELIGION. 1. " Titre donné autrefois à différents religieux et religieuses. Notre béate mère " (Larousse du XXe. siècle en six volumes). 2. Familier. D'une sérénité douce et bienheureuse : Ø 4. On retrouve cette même bonne conscience spontanée chez les sujets d'asile, dont l'inertie et la déchéance mentale ont évacué toute autre perspective spirituelle qu'une extase béate et inefficace. EMMANUEL MOUNIER, Traité du caractère, 1946, page 691. B.— Par extension, généralement péjoratif. 1. [En parlant d'une attitude] Qui témoigne de la satisfaction. Air béat : Ø 5.... le pli est pris chez moi de rester bouche béate à vous écouter de sorte que la bizarrerie en question (...), ne me viendrait que sur le palier, me crisperait profondément le coeur et j'en aurais encore pour un an avant de revenir. PHILIPPE AUGUSTE MATHIAS DE VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Correspondance, 1873, page 176. Ø 6. La machine aussitôt s'est mise en action : Mongicourt reçoit comme un choc qui le fait sursauter et le voilà immobilisé dans son attitude dernière, les yeux joyeusement ouverts, un sourire béat sur les lèvres. GEORGES FEYDEAU, La Dame de chez Maxim's, 1914, I, 19, page 22. 2. [En parlant d'un comportement moral] Satisfait et serein. Quiétude béate, optimisme béat; béate somnolence : Ø 7.... en regard de cette béate jubilation du bonhomme, il y a, dans la bouche de l'ami janséniste, l'éloquente et vive Parabole de l'Église comparée à un homme en voyage, qui est attaqué et blessé par des voleurs :... CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Port-Royal, tome 2, 1842, page 563. — Stupidité, niaiserie béate : Ø 8. Son visage décharné était secoué par des tics; un sourire d'une béate stupidité relevait de temps en temps ses lèvres sur ses gencives. MAURICE BARRÈS, La Colline inspirée, 1913, page 127. Remarque : Un exemple insolite où béat (d'admiration) fonctionne par plaisanterie étymologie, comme synonyme de bouche bée*, confer béant* exemple 10.

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