Définition: ÉTIQUETTE, substantif féminin. A.— [Par référence à une dénomination précise concernant un objet ou une personne] 1. Petit écriteau généralement en carton ou en papier que l'on fixe sur un objet pour donner la dénomination, la provenance, la destination, le prix, etc. Étiquettes gommées; l'étiquette d'un magasin. On passa au cou de chaque prisonnier une étiquette avec un numéro (MAXENCE VAN DER MEERSCH, Invasion 14, 1935, page 231 ). Deux longues valises jaunes, criblées de flatteuses étiquettes internationales (HERVÉ BAZIN, Vipère au poing, 1948, page 34) : Ø 1. Je veux leur léguer mon squelette, mais à condition que l'on colle sur mon crâne une étiquette avec cette mention : « Un libre penseur repenti. » ALBERT CAMUS, Les Possédés, 1959, 2e. partie, 8e. tableau, page 1015. — DROIT. vieilli " Petit écriteau qu'on attachait sur un sac de procès, indiquant les noms du demandeur, du défendeur, du procureur " (Dictionnaire de l'Académie Française). Il faut mettre une étiquette à ce sac (Dictionnaire de l'Académie Française). — Expression figurée. Juger, condamner sur l'étiquette (du sac). Sans examiner les pièces, les raisons, en ne s'en tenant qu'aux apparences. — Argot, au pluriel. Oreilles. D'un coup de gourmi derrière les étiquettes, Charlot avait endormi le caissier (JULES SIMON, Petit Simonin illustré par l'exemple, Paris, Gallimard, 1968, page 115 ). 2. Au figuré. Appellation, terme générique qui classe la manière de penser, d'agir ou d'être d'une personne, ou d'un groupe de personnes. L'étiquette électorale, politique. Dépouillez-vous au moins de l'étiquette, du vêtement, de l'épithète de socialistes (JEAN JAURÈS, Le Guêpier marocain, 1914, page 141 ). Il y avait des étiquettes qui s'accrochaient à vous un beau matin et il fallait les porter toute sa vie (JEAN-PAUL SARTRE, Le Mur, 1939, page 183) : Ø 2. Inconscience et conscience ne sont pas deux étiquettes qu'on puisse coller machinalement, l'une sur toute cellule végétale, l'autre sur tous les animaux. HENRI BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, page 113. SYNTAXE : L'étiquette de l'idéalisme; étiquettes idéologiques, sociales; porter une, se présenter sous une, sans étiquette; adopter une étiquette commune. — Expression figurée. Mettre sous l'étiquette de. Sous le couvert de. Mettre du déplaisir sous l'étiquette de contentement (MARCEL PROUST, À l'ombre des jeunes filles en fleurs, 1918, page 678 ). Servir d'étiquette. Déguiser, camoufler. Cet inexact mot d'envie qui sert d'étiquette à des hostilités irraisonnées (PAUL BOURGET, Le Disciple, 1889, page 111 ). B.— [Par référence à une coutume qui utilisait des étiquettes pour désigner un ordre de préséances] Cérémonial en usage dans une cour, auprès d'un chef d'État, d'un grand personnage. L'étiquette du palais; les lois de l'étiquette. La reine va venir, et l'étiquette exige que vous vous écartiez (ALEXANDRE DUMAS PÈRE, Christineou Stockolm, Fontainebleau ou Rome. 1830, I, 1, page 207 ). J'avais d'instinct l'horreur de tout ce qui est étiquette, décorum et protocole (SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Souvenirs d'une petite fille, 1928, page 14) : Ø 3.... la figure pâle et souffreteuse (...) les petites mains délicates et blanches, font de suite reconnaître dans ces infantes cette triste éducation de la cour d'Espagne où les rigueurs de l'étiquette réglementent jusqu'au sourire... LOUIS MÉNARD, Histoire des Beaux-Arts, 1882, page 185. SYNTAXE : Étiquette impériale, républicaine; le code, les exigences, les règles, le respect de l'étiquette; commettre une infraction à l'étiquette. — Par extension. [En parlant des usages qui règlent la vie en société] 1. [À l'occasion d'un événement dans la vie privée] L'étiquette du duel, des mariages; faire des visites d'étiquette : Ø 4.... l'étiquette absolue du deuil : cachemire noir et crêpe pendant les six premiers mois, soie noire et crêpe lisse noir pendant les six autres; enfin du gris, du violet ou du noir et blanc pendant les six dernières semaines. STÉPHANE MALLARMÉ, La Dernière mode, 1874, page 757. 2. [Dans la vie quotidienne] Le savoir-vivre. Il [Mario] mit l'étiquette de côté (...) et l'embrassa [Lauriane] sur les deux joues (AURORE DUPIN, BARONNE DUDEVANT, DITE GEORGE SAND, Les Beaux Messieurs de Bois-Doré, tome 1, 1858, page 287 ). L'étiquette paysanne. Les esprits de cette sorte [Fourier] ont un culte pour les finesses de la politesse, pour l'étiquette (MAURICE BARRÈS, L'Ennemi des Lois, 1893, page 94 ). · Expression. Être sur l'étiquette. A. de Vigny était volontiers formaliste et sur l'étiquette (CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE, Nouveaux lundis, tome 6, 1863-69, page 434 ). Être à cheval sur l'étiquette. Prenez garde!... le maréchal est susceptible... À cheval sur l'étiquette (GUILLAUME-VICTOR-ÉMILE, DIT ÉMILE AUGIER, La Pierre de touche, 1854, III, page 104 ). La faire à l'étiquette (familier). Faire des manières : Asseyez-vous n'importe comment!... nous n'allons pas la faire à l'étiquette ici, n'est-ce pas?... (SIBYLLE-GABRIELLE-MARIE-ANTOINETTE DE RIQUETTI DE MIRABEAU, COMTESSE DE MARTEL DE JANVILLE, DITE GYP, Une Passionnette, 1891, page 83 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 652. Fréquence relative littéraire : XIXe. siècle : a) 1 006, b) 849; XXe. siècle : a) 968, b) 876. Forme dérivée du verbe "étiqueter" étiqueter ÉTIQUETER, verbe transitif. A.— Fixer une étiquette en l'attachant avec une ficelle ou en la collant Étiqueter un flacon. L'apothicaire (...) passait seul de longues heures à étiqueter, à transvaser, à reficeler (GUSTAVE FLAUBERT, Madame Bovary, tome 2, 1857, page 93 ). B.— Au figuré. Caractériser quelqu'un, quelque chose d'un mot, comme par une étiquette. Une impression que j'étiquette du terme de beauté (PAUL BOURGET, Essais de psychologie contemporaine, 1883, page 177 ). Il ne me connaît pas du tout, mais ça l'amuse de m'étiqueter comme si j'étais une chose (JEAN-PAUL SARTRE, L'Âge de raison, 1945, page 98) : Ø — Quel dommage qu'un homme d'une si large intelligence (...) ait consenti à se laisser classer, étiqueter, enfermer dans des titres et dans des Académies! ÉMILE ZOLA, Paris, tome 1, 1897, page 193. — Expression. Être étiqueté comme... Être rangé sous l'étiquette d'une école, d'un parti, etc. Être étiqueté comme intégriste, gauchiste. Decamps se plaignait amèrement d'être étiqueté par certains critiques comme peintre de turqueries et de singeries (LOUIS RÉAU, L'Art romantique, 1930, page 145 ). — Emploi pronominal à sens passif. Se nommer, se définir. Entre Monique et moi, règne ou va régner un état de grâce qui ne peut s'étiqueter (HERVÉ BAZIN, La Mort du petit cheval, 1949, page 208 ). · À valeur réfléchie. Dès la quarantaine, il [Coppée] s'étiqueta vieux, malgré la jeunesse de son rire (LÉON DAUDET, Fantômes et vivants, 1914, page 100 ). STATISTIQUES : Fréquence absolue littéraire : 12 DÉRIVÉS : Étiquetage, substantif masculin. Action d'étiqueter. L'étiquetage des plantes, des bouteilles. Légalement, l'étiquetage est obligatoire en France (Vocabulaire de la publicité (AGENCE DE COOPÉRATION CULTURELLE ET TECHNIQUE) 1976).
